Journal de l'année Édition 1995

Du 01 janvier 1994 au 31 décembre 1994

Sommaire

  • Dossiers chronologie
    • Météo : l'Hiver

      Une influence océanique quasi exclusive se traduit par une grande douceur, des vents souvent violents et, en dehors des régions méditerranéennes, une forte pluviosité et un ensoleillement médiocre. La neige tombe à des altitudes très variables, tantôt jusqu'en plaine, tantôt seulement au-dessus de 2 700-2 800 m (les 19-20). Plusieurs régions connaissent un Noël blanc, ce qui ne s'était pas vu depuis longtemps.

    • Météo : le Printemps

      Sur la plus grande partie de la France, le temps est très printanier, doux et sec. Les températures moyennes sont de 1 à 4 °C supérieures aux normales ; en revanche, le thermomètre ne descend jamais au-dessous de 5,8 °C à l'île d'Yeu, 7 °C à Toulon, 8 °C à Sète et 9 °C au cap Béar. À l'exception des régions comprises entre le Nord et la Champagne, les précipitations sont déficitaires. Dans les régions méditerranéennes, il tombe moins de 20 mm et souvent moins de 10 mm. Les chutes de neige sont très déficitaires en montagne et même souvent nulles. L'épaisseur de la couche de neige ne cesse de diminuer au fil des jours.

    • Météo : l'Été

      Mois chaud avec îles orages fréquents. Des inondations provoquent d'importants dégâts dans une dizaine de communes, notamment à Auribeau ; en haute Maurienne et haute Tarentaise, des routes et des voies ferrées sont coupées et les cols du Galibier et de l'Iseran sont termes du fait de la neige.

    • Météo : l'Automne

      Mois frais, exceptionnellement pluvieux et peu ensoleillé. Les précipitations sont partout très excédentaires : deux fois les normales dans une grande moitié sud, plus de quatre fois en Provence occidentale, voire cinq à Salon et à Massiac.

  • Monde
    • Violence et espoir

      Cinq ans après la chute du mur de Berlin, la planète semble toujours à la recherche de son centre de gravité. Un peu partout, cette année aura fini comme elle a commencé : par des combats, des troubles, des attentats, des risques d'insurrection, des menaces de représailles. Pourtant, dans ce désordre du monde, quelques lueurs ont surgi, ici et là, qui semblent tracer les voies d'un nouvel équilibre.

    • Union européenne : un avenir flou

      L'Union européenne n'a pas encore acquis, en 1994, la maîtrise des transformations induites pour elle par l'effondrement du bloc communiste quelques années plus tôt. Sur le plan intérieur, la réalisation du programme qu'elle s'est fixé dans le traité de Maastricht est encore incertaine, notamment en ce qui concerne le calendrier de l'Union monétaire et l'objectif d'une monnaie unique avant la fin du siècle, qui, sans être répudiés, ne semblent plus concerner que quelques-uns des pays membres. L'indispensable réforme des institutions de l'Union, à laquelle contraignent les adhésions ou demandes d'adhésion de nouveaux pays, est toujours dans les limbes : la traditionnelle tension entre partisans de l'intégration et partisans d'une Europe du libre-échange « à l'anglaise » est plus profonde que jamais, aggravée par la problématique de l'élargissement aux pays de l'Est.

    • Europe de l'Ouest

      Souvent vilipendé dans son propre camp, John Major est un Premier ministre qui finit par surprendre, tant son parcours politique semble chaotique et tant il parvient, en fin de compte, à demeurer au pouvoir. L'année commence pour lui dans des conditions difficiles. Sur le théâtre européen, il maintient une position toujours hostile à l'intégration communautaire et contraint ses onze partenaires à élaborer un compromis byzantin sur le système de pondération des voix entre les pays de l'Union. Ce n'est pas suffisant pour ses amis politiques, qui l'accusent d'avoir « capitulé devant Bruxelles ». En mai, des élections partielles se soldent par une déroute des candidats conservateurs. La mort soudaine du leader travailliste John Smith permet l'arrivée à la tête du Labour du jeune et médiatique Tony Blair, chouchou des sondages. Cela n'empêche nullement M. Major de déclarer que la mendicité constitue un spectacle « très choquant », provoquant un tollé dans l'opinion. Début juin, la Cour de justice européenne condamne la Grande-Bretagne pour non-respect des règles communautaires en matière sociale. Quelques jours plus tard, les conservateurs essuient un nouvel échec aux élections européennes (27 % des voix, contre 43 % aux travaillistes). M. Major reste impassible, soulignant, comme une sorte de succès, la très faible participation des électeurs à ce scrutin. Dans les mois qui suivent, M. Blair s'attache à moderniser définitivement le Labour en tentant de le dégager un peu plus de la tutelle des syndicats, ce qu'il ne réalise d'ailleurs pas complètement tant les résistances de la vieille gauche demeurent puissantes. Pendant ce temps, le Parti conservateur et le gouvernement sont traversés par plusieurs scandales « sexuels » et financiers, tandis que l'aile droite du parti continue de se déchaîner contre l'Europe, utilisant un discours à la limite de la xénophobie. M. Major ne se démonte pas pour autant et marque des points sur deux fronts essentiels : l'économie et l'Irlande du Nord. Le PIB britannique continue sa progression au rythme annuel de 3 à 3,5 %, dopé par une consommation des ménages plus vigoureuse et par une baisse du chômage, qui se situe aux alentours de 9 % (ce qui n'arrête pas pour autant une progression inquiétante de la pauvreté). En Ulster, les activistes catholiques de l'IRÀ acceptent de déposer les armes en septembre, suivis quelques semaines plus tard par leurs homologues protestants.

    • Italie : les « faisceaux » de l'actualité

      Le 20 septembre 1994, un commando de députés du MSI-Alliance nationale, parti membre de la coalition des droites (avec Forze Italia et la Ligue du Nord) au pouvoir depuis les élections du 27 mars, agresse dans l'hémicycle du Parlement un collègue écologiste dont les propos ne leur conviennent pas. Une action dans le plus pur style fasciste, accompagnée de pitoyables vociférations telles que : « Ta gueule, pédé ! » C'est le point d'orgue de l'ascension des néofascistes dans les sphères du pouvoir et les sondages d'opinion. Relégués dans une opposition peu glorieuse depuis la Seconde Guerre mondiale, handicapés par un « pacte antifasciste » fort de 95 % des suffrages, ils n'avaient jamais pu s'approcher du pouvoir avant les municipales de novembre 93 dans la capitale. À cette occasion, Rome avait assisté, médusée, à la percée du jeune Gianfranco Fini, 43 ans, patron du MSI par volonté testamentaire du père fondateur du parti, Giorgio Almirante. Souriant, distingué, dur parfois, mais toujours correct avec ses adversaires dans les débats télévisés – exercice dans lequel il excelle –, M. Fini, avec 47 % des voix au second tour, avait failli s'emparer de la mairie, grâce entre autres au secours de Silvio Berlusconi, le magnat de la télévision privée et deuxième fortune de la péninsule, qui avait gardé jusque-là des rapports très étroits avec les partis dominants de celle qu'on appelle désormais la « première République » : la Démocratie chrétienne et le Parti socialiste. Moins d'un an plus tard, M. Fini était considéré dans les enquêtes comme « le meilleur leader du centre droit, le plus compétent et le plus honnête ». Aux législatives du 27 mars, l'Alliance nationale, paravent du MSI, était déjà le premier parti des moins de 25 ans. Au fil des mois, les sondages ont mesuré ses progrès et lui attribuent jusqu'à 20 % des intentions de vote. S'agit-il de suffrages fascistes pour un parti fasciste ? Les inquiétudes pour la démocratie italienne exprimées le 4 mai par le Parlement européen, qui avaient suscité l'indignation du président de la République – le très catholique M. Oscar Luigi Scalfaro – étaient-elles ou non dénuées de fondement ?

    • Allemagne : sur la voie du leadership ?

      L'année politique fut riche en élections de toutes sortes, régionales – le renouvellement des parlements des Länder –, nationale (Roman Herzog remplace, le 23 mai, Richard von Weizsäcker comme président fédéral), européenne. Elle se clôt sur la reconduction pour quatre ans de la coalition des chrétiens-démocrates et des libéraux, dirigée par le chancelier Helmut Kohl. La victoire de la CDU/CSU et du FDP aux élections du 16 octobre est d'abord à porter au crédit personnel du « chancelier de l'unité », garant de la stabilité politique et bénéficiaire d'un redressement inespéré de l'économie allemande. Le 12 juin, les élections européennes voyaient les chrétiens-démocrates et les chrétiens-sociaux bavarois s'adjuger plus de 40 % des suffrages – et une avance de 8 % sur les sociaux-démocrates –, démentant tous les sondages qui prédisaient leur effondrement. Certes, la majorité obtenue par Kohl au Bundestag est faible : 10 sièges seulement sur un total de 672. Mais cette faiblesse même apparaît comme un gage de pondération des électeurs et de fiabilité du système politique, en ce qu'elle conforte l'équilibre existant entre Bundestag et Bundesrat. Dans ce dernier, en effet, les sociaux-démocrates du peu charismatique Rudolf Scharping contrôlent non seulement les gouvernements de 9 des 13 Länder, mais dirigent aussi les 4 Länder restants dans le cadre de « grandes coalitions » régionales avec la CDU (Berlin, Bade-Wurtemberg, Thuringe et Mecklembourg). Or, dans toutes les questions importantes, le chancelier devra obtenir l'aval du Bundesrat : on verra alors se dessiner la recherche de compromis entre les positions des conservateurs et celles des sociaux-démocrates, bref, une sorte de grande coalition nationale, informelle. Comme on sait, de plus, que la culture politique allemande est échaudée par son expérience historique et peu portée sur les aventures, on peut s'attendre à ce que le consensus politique fonctionne à plein et que la « Commission de conciliation » censée régler les différends entre Bundestag et Bundesrat soit amenée dans les prochaines années à jouer un rôle de premier plan.

    • Europe centrale : la « restauration »

      L'année restera marquée dans cette partie du Vieux Continent par deux phénomènes : le retour aux affaires des anciens communistes et les efforts, non récompensés, des gouvernements de ces États pour s'intégrer à l'Europe et au système de sécurité occidental. En janvier, Bill Clinton propose aux pays de l'ex-bloc soviétique, Russie comprise, un « Partenariat pour la paix », qui signifie en clair une adhésion franche et définitive à l'économie de marché en échange d'une participation limitée à l'OTAN. En encore plus clair, le président américain fait comprendre qu'il ne veut pas froisser son partenaire russe en acceptant les pays d'Europe centrale, pourtant très demandeurs, au sein de l'Alliance atlantique. Quant aux Européens, ils n'ont guère plus à proposer que de vagues procédures de préadmission conditionnelle à leur Union. Au mieux peuvent-ils offrir un statut de membres associés à l'UEO, étant bien précisé que cela ne vaut pas garantie de sécurité.

    • Ex-Yougoslavie : le drame continue

      Si, pendant quelques mois, on a pu croire que le conflit bosniaque (150 000 morts et 2 millions de personnes déplacées à la mi-1994) rentrait petit à petit dans le rang, l'actualité a été vite relancée, tant sur le terrain qu'autour des tables de négociations. Certains espoirs, fondés sur de froids calculs, ont été esquissés. Ils ont été vite démentis et l'année se termine dans la violence et l'expectative.

    • Turquie : la laïcité menacée ?

      On retiendra de l'année 1994 la percée des islamistes lors des élections municipales sur fond d'aggravation de la crise économique. Quant à la question kurde, force est de constater qu'elle demeure plus que jamais d'actualité. L'espoir d'un apaisement semblant s'éloigner, nombreux sont ceux qui s'interrogent, en Turquie et aussi à l'étranger, sur la survie même du régime civil d'Ankara.

    • Russie : recomposition ou décomposition ?

      L'année 1994 commence à Moscou par le solde des comptes politiques de 1993. Boris Eltsine est parvenu à faire adopter sa nouvelle Constitution par le peuple le 12 décembre. Les pouvoirs du Président sont accrus ; le principe de la « liberté de l'activité économique » est reconnu. Mais, le même jour, les électeurs russes ont infligé un camouflet aux démocrates au pouvoir en accordant près de 23 % de leurs suffrages au parti ultranationaliste de Vladimir Jirinovski. L'heure est donc au recentrage politique. Le 14 janvier, la Douma (chambre des députés) élit un communiste à sa tête : Ivan Rybkine, leader du groupe Communistes de Russie dans l'ancien Soviet suprême. Celui-ci réclame aussitôt la libération de son prédécesseur, Rouslan Khasboulatov, incarcéré depuis le putsch manqué d'octobre 1993. Le 17, les libéraux-démocrates du gouvernement tirent les conséquences de la nouvelle donne politique. Le vice-Premier ministre Egor Gaïdar, symbole de la privatisation à marche forcée de l'économie russe, et Boris Fiodorov, ministre des Finances, démissionnent. Leurs conseillers occidentaux, l'Américain Jeffrey Sachs et le Suédois Anders Aslund, les suivent aussitôt. Faut-il considérer ces départs comme un coup d'arrêt définitif à la grande réforme économique ? Certainement pas. Et d'abord parce que beaucoup a déjà été fait : plus de 7 500 grandes entreprises ont d'ores et déjà été privatisées, ainsi que 80 000 PME et commerces. Plus de la moitié des salariés russes travaillent déjà en dehors du secteur public. La vraie question est sans doute ailleurs. Elle porte sur la nouvelle priorité de la réforme, dont beaucoup pensent qu'elle doit désormais concerner les entreprises elles-mêmes – notamment les conglomérats publics – et non plus les seuls paramètres macroéconomiques (inflation, fixation des prix).

    • Maghreb : la désunion

      La Tunisie a expulsé plusieurs centaines de Marocains, qualifiés de clandestins. La crise couvant entre l'Algérie et le Maroc éclate en août avec l'attentat contre un hôtel de Marrakech (d'autres actions prévues ont avorté), commis par déjeunes Marocains et Français d'origine algérienne manipulés par des commanditaires non identifiés. Rabat privilégie la thèse du commando venu de l'étranger, sans lien avec les islamistes locaux mais téléguidé par des services algériens. Alger nie formellement. Est-ce la première manifestation violente de réseaux islamistes maghrébins nés dans les banlieues françaises ? L'obligation de visa imposée par le Maroc puis la fermeture des frontières décidée par l'Algérie se sont répercutées sur les vacanciers et travailleurs maghrébins bloqués chez leurs voisins et parfois bousculés par la police : l'idée du Maghreb recule parmi les peuples. Rivalité feutrée entre la Tunisie et le Maroc, opposition ouverte entre le Maroc et l'Algérie, qui persiste dans son soutien à la cause sahraouie, Libye hors jeu pour cause de sanctions, l'UMA, coquille vide, est moins que jamais un acteur de la vie internationale. Cette désunion entrave l'élaboration d'une stratégie anti-islamiste unifiée, alors que la Tunisie et le Maroc minimisent un danger pourtant bien présent à l'état latent et redoutent les répercussions inévitables d'un basculement de l'Algérie dans l'islamisme, hypothèse impossible à exclure.

    • Algérie : le fantôme de la guerre civile

      Maintes fois annoncé, mais toujours différé, le « dialogue sans exclusive » entre le régime et les islamistes aura été « l'Arlésienne » politique de cette année. Mais le millésime aura également été marqué par un emballement dramatique de la violence. Les affrontements ont en effet pris, à mesure que s'appesantissait le conflit, l'aspect d'une véritable « guerre privée » entre l'armée et le FIS, consacré par sa victoire électorale de décembre 1991. Conscients, de part et d'autre, qu'aucune victoire militaire n'interviendrait à courte échéance et que, dans le cas contraire, ils risqueraient même de se voir débordés sur leurs flancs les plus extrémistes, les deux principaux protagonistes ont tenté depuis le début de l'année de jeter les bases d'un futur accord. Ces tentatives de « dialogue » se sont toutefois accompagnées, de part et d'autre, d'une accentuation de la pression sur la population civile. À cet égard, l'automne 1993, début d'une nouvelle étape dans le cycle de la violence, représenta un tournant décisif. Sous l'effet des expéditions punitives conduites par l'armée dans les banlieues « vertes » de l'Algérois, nombre de jeunes – terrorisés – trouvèrent alors refuge dans leur région d'origine. La guérilla urbaine se transforma ainsi en véritable conflit armé. L'extension géographique du conflit à l'ensemble des wilayas imposa à l'armée l'installation d'un étroit quadrillage que le manque d'hommes – 60 000 tout au plus – rendit laborieux.

    • Afrique : démocratie différée

      Marqué par la présence du président sud-africain Nelson Mandela, le trentième sommet de l'OUA, ouvert le 13 juin à Tunis, a été dominé par la tragédie rwandaise et le génocide perpétré contre les Tutsis (voir article Rwanda). Quelques lueurs d'espoir apparaissent sur le front économique pour l'ensemble des pays, mais le mouvement général de démocratisation est à marée basse et l'ONU ne parvient pas à imposer le silence des armes.

    • Rwanda : le pire est arrivé

      Combien de Rwandais ont-ils payé de leur vie l'atroce guerre civile déclenchée instantanément après la mort, le 6 avril, des présidents du Burundi et du Rwanda, qui se trouvaient à bord d'un avion abattu par un missile à proximité de l'aéroport de Kigali ? Selon un rapport remis à l'ONU le 2 octobre, de 500 000 à un million de personnes, surtout des Tutsis, auraient péri, et la controverse persistait, fin octobre, à propos de nouveaux massacres qui auraient été commis contre des Hutus depuis la victoire des troupes du FPR (Front patriotique rwandais).

    • Afrique du Sud : la révolution par les urnes

      Pour les Sud-Africains, et pour l'ensemble de la communauté internationale, l'année 1994 restera comme un formidable signe d'espoir sur un continent plus meurtri que jamais. Un président noir, Nelson Mandela, a été porté au pouvoir au cours d'une élection à laquelle a pris part l'ensemble de la population sans distinction de race.

    • Proche-Orient : les dominos de la paix

      Du massacre d'Hébron au retour de Yasser Arafat à Gaza et à la signature du traité israélo-jordanien en octobre, l'année 1994 sur le front de la paix au Proche-Orient est faite d'une succession de crises et de brusques coups d'accélérateur. Seule est constante, au-delà des durcissements « stratégiques » et des coups de fièvre conjoncturels, la détermination des négociateurs à aller de l'avant.

    • Moyen-Orient : le retour de Saddam Hussein

      L'Irak, qui est entré dans sa quatrième année d'embargo, en ressent chaque jour davantage les effets. L'inflation est galopante et l'exécution « pour l'exemple » de quelques « profiteurs » n'améliore en rien la situation des Irakiens. En mai, le président Saddam Hussein a limogé son Premier ministre Ahmed Hussein El Khodair, accusé de mauvaise gestion, et a lui-même pris la tête du gouvernement. Cependant, les appels à la levée des sanctions, reconduites tous les deux mois par le Conseil de sécurité, se multiplient. Ils émanent notamment de trois voisins de l'Irak, la Turquie, la Jordanie et l'Iran, dont les économies souffrent aussi de cet embargo. Au sein du Conseil de sécurité, la France, la Chine et la Russie se sont montrées au fil des mois de plus en plus sensibles à ces appels, d'autant que, selon le rapporteur de la commission spéciale de l'ONU sur les armes de destruction massive, l'Irak a montré un esprit de coopération nouveau depuis le début de l'année. La Grande-Bretagne, les États-Unis, l'Arabie Saoudite et le Koweït se sont en revanche montrés farouchement opposés à une levée, même partielle, des sanctions. De toute façon, un point fait l'unanimité au Conseil : il ne saurait y avoir de levée de l'embargo tant que l'Irak ne reconnaîtra pas la souveraineté du Koweït dans ses frontières internationalement délimitées, ce que Bagdad s'est jusqu'à présent refusé à faire. C'est alors que, le 7 octobre, les Américains révèlent l'arrivée de plusieurs divisions blindées de la Garde républicaine à proximité de la zone démilitarisée qui borde les 207 kilomètres de la frontière irako-koweïtienne. Sans tarder, le président Bill Clinton décide de dépêcher au Koweït 36 000 soldats appuyés par des avions de chasse et des bombardiers. Le Conseil de sécurité, de son côté, approuve à l'unanimité le 15 octobre la résolution 949 qui demande le retrait des forces irakiennes sur leurs positions antérieures à la crise. Le gouvernement de Bagdad s'incline et accepte même verbalement de reconnaître la souveraineté du Koweït, mais le Parlement, réuni à cet effet le 17 octobre, s'est séparé sans prendre de décision. Après le redéploiement plus au nord des forces irakiennes, compte tenu de la baisse de tension, les États-Unis ont renoncé à envoyer dans le Golfe 17 000 marines ainsi que la plupart des bombardiers prévus. À la suite d'une médiation russe, le parlement italien décide finalement le 10 novembre de reconnaître la souveraineté du Koweït. Malgré cela, les Américains refusent d'accepter la levée de l'embargo, exigeant au préalable une démocratisation du régime irakien et l'acceptation par lui d'un contrôle international sur son armement. Français et Russes critiquent cette intransigeance américaine.

    • Yémen : la guerre de sécession

      La crise politique qui a éclaté en août 1993 entre le président Ali Abdallah Saleh, originaire de l'ancien Yémen du Nord (11 millions d'habitants), et son vice-président, l'ancien dirigeant socialiste du Yémen du Sud (3 millions d'habitants) Ali Salim Al Beidh, s'étant envenimée vers la fin de l'année 1993, diverses tentatives de médiation, conduites notamment par la Jordanie et le sultanat d'Oman, permettent de parvenir à un compromis le 18 janvier 1994. Ce document, qui prévoit de moderniser l'État yéménite, de décentraliser les institutions, notamment sur le plan économique, d'unifier l'armée et de démanteler les milices, fait la part belle aux revendications des Yéménites du Sud, qui estiment être les laissés-pour-compte de l'unification de 1990. Mais la méfiance, qui n'a pas disparu, loin de là, entre les « deux Ali », retarde la signature de ce document qui devait être le point de départ de la réconciliation nationale. En fin de compte, sur l'insistance du roi Hussein de Jordanie, c'est à Amman qu'Ali Salim Al Beidh et Ali Abdallah Saleh signent finalement cet accord, en compagnie de 32 autres dirigeants politiques yéménites.

    • Le sous-continent indien

      Mille jours au pouvoir : aucun observateur n'aurait énoncé cette prédiction lorsque Narasimha Rao, homme politique âgé d'audience régionale, a succédé à Rajiv Gandhi, en 1991. Pourtant, le relâchement des tensions internes qui affectent l'Inde en permanence renforce l'autorité du parti du Congrès-1, auparavant très contestée. Une croissance économique soutenue permet aussi de poursuivre la libéralisation de l'économie, qui semblait, au départ, un pari audacieux. En revanche, la lutte contre la résistance musulmane au Cachemire se solde par un échec. Aucun compromis n'est possible avec le Pakistan, malgré les propositions indiennes de démilitarisation partielle de la région.

    • Asie du Sud-Est

      Une scène de quelques secondes diffusée aux actualités de la télévision d'État, le 20 septembre, résume la principale évolution du régime des généraux au cours de cette année 1994. Mme Aung San Suu Kyi, chef de file de l'opposition démocratique, que les militaires ont maintenue en résidence surveillée depuis plus de cinq ans, était présentée dans une salle de réception du gouvernement, élégamment vêtue, s'entretenant avec les deux principaux dirigeants, le général Than Shwe, chef de la junte, et son premier secrétaire, le lieutenant général Khin Nyunt. Le 28 octobre, une seconde entrevue du même type a de nouveau réuni les dirigeants birmans et l'inspiratrice du mouvement démocratique. Le principe même de cette rencontre constitue un fait nouveau. Depuis le coup d'État militaire de septembre 1988, les représentants du SLORC (nom de l'organisation militaire qui dirige le pays) n'avaient pas même daigné dialoguer avec Aung San Suu Kyi, qui a remporté les élections de 1990 à la tête de sa Ligue nationale pour la Démocratie, sans jamais pouvoir exercer son mandat.

    • Chine : chronique d'une mort annoncée

      Lorsqu'ils l'ont vu apparaître sur tous les écrans de télévision le 9 février, à la veille du Nouvel An lunaire, les Chinois n'en ont pas cru leurs yeux. Deng Xiaoping, l'homme fort de la Chine depuis son accession au pouvoir en 1978, n'était plus qu'un vieillard présentant des signes avancés de sénilité. Selon la tradition millénaire, Deng devrait pourtant rester le maître incontesté de la Chine jusqu'à son dernier souffle. Mais dans les coulisses la compétition pour la succession est désormais lancée.

    • Corées : vers la détente ?

      La mort brutale du leader nord-coréen, Kim Il Sung, le 8 juillet 1994, est venue bousculer toutes les données dans la péninsule coréenne.

    • Japon : vers la recomposition

      Le Japon a renoué en 1994 avec deux de ses orientations traditionnelles : les libéraux démocrates sont revenus au pouvoir à la faveur d'une alliance avec les socialistes et l'économie a manifesté les premiers signes d'une reprise de croissance.

    • Océanie

      De multiples rencontres ont consolidé les relations entre les États riverains du Pacifique et dégagé de nouvelles perspectives de coopération. L'arrêt prolongé des expériences nucléaires françaises a amorcé une détente, mais a aussi modifié l'équilibre des ressources et des rapports de force politiques. La libéralisation de l'économie, entreprise depuis une décennie, porte maintenant ses fruits en Australie et en Nouvelle-Zélande ; en revanche, la situation des petits États insulaires ne s'améliore pas.

    • États-Unis : une puissance « aléatoire » ?

      L'Amérique est-elle en train de devenir une puissance « aléatoire », pour reprendre l'expression du chercheur Zaki Laïdi (voir Un monde privé de sens, Fayard, 1994), c'est-à-dire une puissance d'autant plus hésitante qu'elle est désormais seule à occuper une place prépondérante dans un monde de moins en moins maîtrisable ? L'Amérique perdrait petit à petit sa prétention à être le phare de l'univers au profit d'une politique d'interventions au coup par coup déterminées en fonction des sondages d'opinion et d'une évaluation stricte de la balance coûts/avantages. Le président Bill Clinton semble être en phase avec cette définition. On lui reproche son irrésolution en matière de politique étrangère, son flou idéologique mêlant le credo libéral des années 60 à un attachement affirmé à « la loi et l'ordre » (et notamment à la peine de mort), son opportunisme et son obsession des sondages, mais ne correspond-il pas ainsi à l'évolution profonde de son pays ?

    • Amérique latine : la norme et l'exception

      L'Amérique latine offre une image contrastée. Dans la plupart des pays du Sud, la régulation politique des conflits devient la norme, et l'on voit émerger, au sein des différentes classes politiques, un « consensus démocratique » propre à consolider les progrès économiques des dernières années. Le Mexique, à l'issue d'une année troublée, a lui aussi progressé dans cette voie (voir article). Mais, dans la zone caraïbe proche des États-Unis (Cuba et Haïti), l'absence de démocratie, le non-respect des droits de l'homme et le manque de progrès économiques ont en 1994 pris l'ampleur de problèmes internationaux.

  • France
    • Jeux de massacre

      Partis disloqués, idéologies en miettes, dirigeants suspectés, élus déconsidérés, citoyens déboussolés : 1994 aura bien été pour les professionnels de la chose publique l'annus horribilis. C'est à une véritable danse macabre de l'ancienne société politique qu'assiste depuis des mois une France partagée entre l'étonnement, l'indignation et la lassitude. Danse exécutée en quatre mouvements que rythme l'alternance des saisons.

    • Portraits politiques

      En amplifiant leurs traits de caractère et leurs défauts, les marionnettes en latex qui sévissent tous les soirs sur Canal Plus rendent nos hommes politiques plus vrais que nature. Si la critique est toujours féroce, elle peut aussi les rendre plus humains. À travers son « guignol », Jacques Chirac est sans doute le plus touchant des hommes politiques représentés. Angoissé au sujet de son « job » comme n'importe quel cadre supérieur (« mon boulot de dans deux ans ! », répète-t-il depuis 1993) et donc « loser » potentiel, il souffre devant nos yeux d'une amitié trahie (« Un ami de 30 ans ! », « Il est sournois, le bestiau ! ») qui le pose en victime.

    • Chroniques politiques

      Trois lettres synonymes de cauchemar pour Édouard Balladur. Trois lettres qui, pendant le mois de mars, ébranlent le gouvernement, font déferler dans les rues des dizaines de milliers de jeunes et permettent aux syndicats de retrouver leur unité. Le spectre de mai 1968 resurgit. Et, au bout du compte, pour éviter un krach social, un pouvoir qui recule sans gloire. Enterre un projet mal ficelé. Pour Balladur, les dégâts politiques sont considérables. Sa majorité en sort divisée et son image sérieusement écornée. À l'origine, rien ne laissait présager un tel séisme. Le contrat d'insertion professionnel (CIP) est une des nombreuses dispositions de la loi quinquennale sur l'emploi, mise en chantier par Michel Giraud, ministre du Travail. Objectif initial : favoriser l'insertion de jeunes non qualifiés en autorisant les employeurs à ne les rémunérer qu'à 80 % du Smic. Mais, face à la montée du chômage chez les jeunes diplômés, le pouvoir décide d'en étendre l'application aux étudiants. Quand, le 24 février, le décret d'application sort au Journal officiel, c'est l'explosion. Le CIP devient le « Smic jeunes ». Aussitôt, la machine étudiante et syndicale s'empare de l'affaire. Et une équation ravageuse fait son apparition : « Bac + 2 = Smic – 20 % ». Le 3 mars, comprenant son énorme bourde, Matignon tente, dans la précipitation, d'amorcer le recul, de vider de son contenu le fameux contrat : non, les diplômés ne recevront jamais moins que le salaire minimum. Trop tard, le mal est fait. L'incompréhension est totale entre la jeunesse et le gouvernement. Les manifestations se multiplient, à Paris et en province, pour en réclamer l'abrogation pure et simple. Le CIP, et c'est l'erreur du gouvernement de ne pas l'avoir compris, touche à deux tabous, deux principes sacro-saints de la société française : le salaire minimum et les diplômes. Après onze ans de rigueur, s'en prendre à ces deux mythes, reconnaître que les diplômes ne sont plus synonymes de promotion sociale et que le Smic peut être remis en cause, est une faute lourde. Et révélatrice aussi de la coupure existant entre l'équipe Balladur et la réalité du terrain. Mais comment réparer la casse ? Opérer un repli stratégique qui ne s'assimile pas – après les reculs sur la loi Falloux, en janvier, et à Air France, en octobre – à une véritable déroute. Le Premier ministre charge Nicolas Sarkozy, ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, qui a l'avantage de sa jeunesse (39 ans), d'entamer des négociations secrètes avec les organisations étudiantes et lycéennes. Le 28 mars, au cours d'une ultime tractation à l'hôtel Matignon, Balladur déclare que le CIP est suspendu et que Michel Bon, patron de l'ANPE, a pour mission, en une semaine, de trouver un autre système et de créer une « ANPE jeunes ». Deux jours plus tard, à la veille d'une manifestation monstre, il annonce le retrait pur et simple du contrat d'insertion professionnel. Le choix de la raison : en démocratie, un gouvernement ne peut faire durablement la « guerre » à sa jeunesse. Mais quel gâchis ! Politiquement, le bilan est sévère pour le Premier ministre et son équipe. D'abord, l'aventure du CIP a révélé un dysfonctionnement gouvernemental. Ensuite, elle a mis à mal l'unité de la majorité. Enfin, elle a fragilisé Édouard Balladur. Nicolas Sarkozy, que ses fonctions ministérielles ne destinaient pas à monter en première ligne, a dû se démultiplier pour éviter que Matignon ne soit trop exposé. Les ministères en charge de la jeunesse (Éducation, Enseignement supérieur, Jeunesse et Sports) ont été incapables de réagir et n'ont rien vu venir. Alors qu'il y a une fragilisation extrême du tissu social, le gouvernement manque cruellement de relais dans la société.

    • Corruption : l'année de tous les scandales

      1994 aurait pu être l'année Bernard Tapie : depuis la signature, le 13 mars, de l'accord par lequel le Crédit Lyonnais lui accordait cinq ans pour rembourser ses dettes jusqu'à la mise en liquidation judiciaire, le 14 décembre, de ses biens personnels, liquidation qui le rend inéligible pour cinq ans. Entre ces deux dates, l'enfant terrible de la banlieue parisienne était parvenu à rassembler sur son nom 12 % des suffrages exprimés lors des élections européennes du 12 juin, résultat qui lui permettait d'espérer jouer un rôle clef dans les élections présidentielles du printemps 1995. Cependant, en mélangeant les genres, les notables traditionnels de la politique et de l'économie, à leur corps défendant, lui ont volé la vedette et l'ont réduit au rôle de simple comparse dans cette tragi-comédie dont le scénario, largement rédigé par des juges d'instruction, ébranle les fondements de la Ve République.

    • Politique économique : enfin la reprise !

      Le taux de chômage baisse ! À elle seule, cette nouvelle, constatée en juin et juillet, a éclipsé toutes les autres sur le front économique et social. Certes, le taux de chômage était de nouveau légèrement en hausse dès août ; certes, les emplois créés – plus de 90 000 au premier semestre, selon l'INSEE – sont fragiles : beaucoup de CDD (contrats à durée déterminée), beaucoup d'intérim ; certes, le chômage de longue durée, bonne mesure des problèmes d'exclusion, a continué à progresser ; mais, pour l'opinion, la baisse du taux de chômage est apparue comme la première « vraie » éclaircie sur le terrain économique depuis quatre ans. Les Français n'ont donc pas boudé ce plaisir et ont porté Édouard Balladur aux nues dans les sondages : 63 % d'opinions favorables en septembre, avant que n'éclatent les « affaires »...

    • L'année diplomatique

      La querelle avec les États-Unis à propos des négociations sur le commerce mondial (GATT) vient d'être réglée, le traité de Maastricht a été ratifié, et le moment n'est pas propice à de nouvelles initiatives européennes. La diplomatie de la France, en 1994, sera presque tout entière consacrée à la gestion des crises qui ensanglantent cette année : Bosnie, Algérie, Rwanda. C'est aussi la dernière année à la présidence pour François Mitterrand, que la maladie oblige déjà à réduire son activité et que l'on sent soucieux de ce que sera le bilan de ses deux septennats : vigilant sur les engagements pris par la France dans le cadre de l'Union européenne et attentif à ne pas laisser remettre en cause les acquis de Maastricht ; désireux de laisser, pour la postérité, la marque de son action en faveur de l'Europe par d'ultimes gestes symboliques, comme l'invitation faite aux jeunes soldats allemands appartenant à l'Eurocorps de venir défiler, le 14 juillet, sur les Champs-Élysées ; opiniâtre à maintenir strictement, jusqu'au bout de son mandat, le statut particulier de la France dans l'Alliance atlantique – sa non-participation aux instances militaires de l'OTAN ; ardent enfin à défendre, contre des critiques émanant désormais de milieux intellectuels qui avaient été ses alliés, la politique qu'il a menée dans l'ex-Yougoslavie depuis le début du conflit.

    • Une défense toujours consensuelle

      En France, on cultive l'exception militaire. C'est du moins la tonalité générale qui se dégage de la loi de programmation militaire. Il est vrai que les armées françaises ont su très habilement jouer de la cohabitation en convainquant le gouvernement que si des changements devaient intervenir, cela pouvait éventuellement concerner l'organisation des forces, mais non les fondements structurels des armées. Ainsi, l'armée de terre a réussi à ralentir sensiblement le mouvement à la baisse de ses effectifs, tandis que toutes les armées confondues sont parvenues à ce qu'aucun de leurs programmes majeurs – lancés bien avant la fin de la guerre froide pour la plupart d'entre eux – ne soit touché.

    • Éducation : de l'affrontement au consensus

      Inscrite dans le programme électoral de l'UPF (union UDF-RPR), qui avait remporté les élections législatives des 21 et 28 mars 1993, la réforme de la loi Falloux du 15 juin 1850 devait permettre aux collectivités locales d'accorder aux établissements d'enseignement privé une aide aux investissements et d'en fixer librement le montant. Votée définitivement le 15 décembre 1993 – ce fut la loi Bourg-Broc –, elle est aussitôt critiquée par le chef de l'État et par les élus socialistes qui la défèrent au Conseil constitutionnel. Le 13 janvier 1994, celui-ci l'invalide, son article 2 ne respectant pas le principe de l'égalité entre les citoyens. C'est une défaite pour le gouvernement, une déception pour les défenseurs de l'école privée, mais une excellente occasion pour la gauche syndicale et politique de tester sa capacité mobilisatrice ; celle-ci maintient son appel à ses sympathisants à défiler le dimanche 16 janvier 1994 dans les quartiers de la rive droite jusqu'à la place de la Nation, non plus pour obtenir l'abrogation, désormais sans objet, de la loi Bourg-Broc, mais pour assurer « l'avenir de l'école publique ». La manifestation rassemble assez de participants (260 000 selon la préfecture de police ; plus de un million selon les organisateurs) pour que ces derniers puissent croire au réveil de la gauche, 10 mois après son cuisant échec électoral.

    • Social : le retour

      Alors que l'on croyait la « question sociale » enterrée sous la dureté des temps et l'exigence de la rigueur économique, la voilà qui revient à la une de l'actualité. Après les grandes manifestations des jeunes contre le CIP, au printemps, on assiste à un automne « chaud », avec multiplication des grèves, notamment chez Alsthom. Les candidats affirmés ou potentiels à l'élection présidentielle multiplient les déclarations en faveur d'une politique sociale plus résolue. Mais en direction de qui ? Des chômeurs et des laissés-pour-compte qu'il faudrait réintégrer dans le système en partageant l'emploi et les ressources ? Ou bien des salariés en place, fatigués de voir leurs fiches de paie toujours identiques, alors que leurs entreprises affichent souvent des bilans conquérants ?

    • Santé : rigueur bioéthique et budgétaire

      La santé, qui a occupé une large place dans l'actualité, s'est placée à plus d'un titre sous le signe de la rigueur. Toujours mobilisés par le gouffre des dépenses de santé, gouvernement et parlementaires ont, également, travaillé d'arrache-pied sur les problèmes d'éthique biomédicale. Cette année restera en effet celle où la France s'est dotée de règles visant à concilier éthique et progrès scientifique.

    • Police : les deux chantiers de Charles Pasqua

      Alors que les policiers avaient affiché leur déception après le retour de Charles Pasqua place Beauvau, l'accusant de privilégier l'Aménagement du territoire au détriment de l'Intérieur, le ministre d'État a présenté, en juillet, au Sénat, puis à l'Assemblée nationale, en octobre, un « projet de loi d'orientation et de programmation relatif à la sécurité ».

    • Aménagement du territoire

      L'image qui vient immédiatement à l'esprit des observateurs de la politique d'aménagement du territoire, au terme de cette année, est... culinaire : celle du soufflé qui, après avoir monté et gonflé magnifiquement, retombe progressivement devant les convives.

    • À travers les Régions

      Les Alsaciens ont bien cru que leur région allait être touchée par les « affaires », après la mise en examen du directeur général des services, Philippe Garing, bras droit du président du conseil général et membre du Conseil constitutionnel Marcel Rudloff (CDS). Alertés par la chambre des comptes d'Alsace, les enquêteurs strasbourgeois ont mis au jour tout un réseau de corruption et de blanchiment d'argent. Parmi les affaires dans lesquelles se trouve impliqué P. Garing, le projet « Rhexania » devrait faire de l'Alsace un pôle européen de production audiovisuelle : la chambre n'a pas acquis la certitude que les prestations fournies par la société Réflexion Média Riposte (RMR) – un rapport de 70 pages traitant de généralités – pouvaient justifier une dépense de 4,1 millions de francs... Le remplacement de Philippe Garing par André Klein, jusqu'alors directeur général du conseil général du Haut-Rhin et du comité d'action économique et sociale de ce département (CAHR), redonne au conseil général crédibilité et efficacité. C'est lui qui a le plus œuvré en Alsace, au travers du CAHR, pour attirer les investisseurs japonais. On lui doit indirectement les 3 000 emplois créés en Alsace par les firmes nippones depuis les années 1980 (Sony à Ribeauvillé, Ricoh à Wettelsheim, Sharp à Soultz, etc.). André Klein a toujours considéré que l'ouverture de l'Europe était nécessaire pour défendre le plein emploi. C'est encore plus vrai au moment où l'Alsace est confrontée à la crise : malgré les investissements allemands et suisses, malgré les 60 000 frontaliers, la proportion de chômeurs est passée de 5,2 % de la population active en 1980 à 7,8 % en 1994.

  • Société
    • L'état des Français à la veille des élections

      L'échéance de l'élection présidentielle est doublement exceptionnelle. D'abord par sa place dans le calendrier, qui la situe à la fin d'un millénaire. Ensuite parce qu'elle intervient à un moment où la France se trouve à un carrefour de son histoire sociale. Cette situation va évidemment jouer un rôle déterminant dans le choix qui sera fait par les électeurs. Celui-ci sera motivé par des raisons que l'on n'entend guère évoquer, tant par les acteurs de la vie politique ou économique que par les observateurs de la réalité sociale.

    • Le double langage des mots

      Les mots ne signifient pas seulement les choses, les lieux, les sentiments ou les idées, ils nous parlent aussi de ceux qui les utilisent et qui les choisissent selon des critères qui sont autant sémiologiques que sémantiques. Car les mots sont à la fois porteurs de sens et de signes. Pour l'observateur attentif, les vocables prononcés ou imprimés sont donc de précieux révélateurs des mentalités collectives et de la façon dont la société est structurée en classes ou en groupes. L'année écoulée a fourni plusieurs occasions de constater ce double langage des mots.

    • Les objets 94

      L'an 2000 commencerait-il déjà à nous effrayer ? On se le demande quand on voit l'extraordinaire quantité de tranquillisants, somnifères et antidépresseurs – comme l'incontournable Prozac – consommée chaque année par les Français. Nos esprits inquiets recherchent le bonheur dans l'oubli et aspirent à un monde nouveau débarrassé de ses impuretés. Le succès des produits « transparents » en est peut-être un signe. Ces valeurs en hausse de pureté et d'innocence sont d'ailleurs magistralement illustrées par le film Forrest Gump, qui fait un malheur aux États-Unis et dont le héros possède un QI ne dépassant pas 75.

    • Chronique judiciaire : le procès des assises

      Bien sûr, on ne saurait comparer les procès d'Omar Raddad et d'Élisabeth Cons-Boutboul avec celui de Paul Touvier. Il y a d'un côté deux affaires criminelles, mystérieuses mais somme toute classiques, et de l'autre le premier procès fait en France à un milicien, accusé et condamné pour complicité de crime contre l'humanité. Bref, la petite histoire contre la grande. Cependant, ces procès ont connu une couverture médiatique comme on en voit peu. De plus, par leurs verdicts contestés, par les étonnantes réactions qu'ils ont suscitées, tant en France qu'à l'étranger, par les débats qu'ils ont provoqués et surtout par la remise en cause de la vieille et classique cour d'assises qu'ils ont entraînée, les procès d'Élisabeth Cons-Boutboul et surtout d'Omar Raddad ont eu des résonances qui les dépassent.

    • Population : vers la stabilisation

      La Conférence du Caire (septembre 1994) était la troisième Conférence mondiale sur la population réunissant des responsables politiques, après celles de Bucarest (1974) et de Mexico (1984). Elle se tenait deux ans après le sommet de la Terre (Rio, 1992), pendant l'Année internationale de la famille et un an avant le sommet pour le développement social (Copenhague) et la Conférence sur les femmes (Pékin). En conséquence, des questions comme l'évolution des modèles familiaux, les cohésions sociales, le rôle et le statut de la femme ou l'environnement ont été discutées en relation avec les problèmes de population.

    • Religion : au cœur des débats de société

      Pendant l'été 1994, une étudiante en doctorat effectue un séjour aux États-Unis. Ses recherches l'amènent à fréquenter la Divinity School de l'université Yale (Connecticut). Elle découvre un lieu où des confessions très diverses coexistent pacifiquement. Tout au long de la journée, l'unique chapelle sert à différentes célébrations, mêlant les styles et les rites ; exemple réussi de « tolérance appliquée ».

    • Médias

      Dans un paysage médiatique en forme de montagnes russes, les radios privées et publiques affichent une étonnante santé. Selon un sondage Médiamétrie paru en avril, près de 37 millions de Français écoutent quotidiennement la radio, soit un chiffre presque équivalent au nombre de téléspectateurs. En un an, France-Inter, Europe 1, RTL, RMC, Sud-Radio gagnent 0,5 % d'audience, soit 314 000 auditeurs, et les programmes musicaux nationaux (Chérie FM, Europe 2, Fun Radio, M 40, Nostalgie, NRJ, RFM, Skyrock), 1,9 %, soit 931 000 auditeurs. Parmi les radios généralistes, RTL retrouve son capital confiance avec plus de 8,6 millions d'auditeurs chaque jour, suivie par Europe 1 et France-Inter, tandis que RMC perd plus de 300 000 auditeurs.

    • Mode : zapping

      Après les temps de l'opulence, puis du sexy et du « grunge », la mode zappe d'une époque à l'autre à travers les siècles, sans chronologie. Des vestales de l'Antiquité aux robes Empire de Joséphine, des déesses grecques aux hippies des années 1970, des tournures victoriennes aux épingles de sûreté des punks, des silhouettes moyenâgeuses aux jupes à cerveaux de Scarlett O'Hara, la mode, en quête de son identité feuillette un livre d'histoire. De cette « compile » historique qui s'avère être la nouvelle référence des couturiers naît un style que l'on conjugue au présent après avoir recomposé le passé. Dans le désordre. L'allure d'aujourd'hui ne connaît pas non plus de frontières. L'Inde, la Chine, la Rome Antique, la Grèce, l'Égypte, le Maroc, l'Afrique et l'Andalousie sont les sources d'inspiration contemporaine des couturiers, influencés par un air venu d'ailleurs. Les collections de l'année sont comme une invitation au voyage. Mélanges d'ethnies, métissages de cultures et de folklores imprègnent la mode de leurs couleurs subtiles, mordorées et flamboyantes. Mais les créateurs rêvent de pureté. De paix aussi, en cette époque de crise. Le blanc, nuance star, se décline dans toutes les variations monochromes. On élimine la pesanteur. Le corps se voile d'une nouvelle décence. Les robes en voile se posent sur d'autres, en coton. Les tuniques se juxtaposent. En quelques touches, les tons vifs et solaires, le rouge, le jaune se mêlent. L'orange revient. Couleur du spectre solaire, elle incarne la spiritualité, valeur existentielle qui est au cœur des préoccupations de chacun. Point de structure dans la construction de l'allure. C'est le retour au calme dans un esprit néoclassique « à la grecque ». La ligne vire au flou, toutes voiles dehors, glissant de l'épaule à la cheville, effleurés avec sensualité. La silhouette mouvante semble prête à s'envoler au moindre souffle d'air. Le corps est à l'honneur mais se découvre sans se dénuder. Les seins sont l'objet de tous les regards et la mode s'exhibe effrontément sur toutes les longueurs. Mais le centre du monde est toujours le nombril. On dénude la taille qui oscille avec un effet montant et descendant : on la sangle, on la ficelle. Les pantalons s'arrêtent aux hanches, les corsages se font soutien-gorge et s'harmonisent avec les vestes des tailleurs (parfois en tweed) ; les corsets enlacent au pus près.

    • Gastronomie

      La conservation du patrimoine s'étend désormais à l'alimentation et à l'héritage de savoir-faire qui la valorise. L'AFNOR (Association française de normalisation) participe à cette œuvre de protection en créant une norme agroalimentaire pour les denrées dépourvues de label. Bien que cette dernière soit soumise à des critiques virulentes, la Commission européenne a réagi de manière positive. Elle patronne le projet « Culture, gastronomie, artisanat » : le département de la Manche, le Dorset, le Wexford, la Castille et le Léon ont été subventionnés pour dresser le répertoire de leurs produits gastronomiques artisanaux. Une enquête a aussi été entreprise sur les produits méritant soit l'indication géographique protégée, soit l'appellation d'origine contrôlée. Enfin reconnue, « l'Europe des terroirs » limiterait l'excessive banalisation de la consommation alimentaire imposée par l'industrie et la grande distribution.

    • Échecs

      Cette année va-t-elle marquer un tournant dans l'histoire des échecs ? Pour la première fois, un champion du monde, Garry Kasparov, perd des parties contre des logiciels. De plus en plus performants, ces programmes fonctionnent sur des ordinateurs dotés de microprocesseurs Pentiums extrêmement rapides : ainsi, aujourd'hui, les meilleurs logiciels sont du niveau des joueurs mondiaux... Cette première victoire de la machine contre Garry Kasparov s'est déroulée en mai, lors du tournoi de blitz (cinq minutes pour toute la partie) à Munich. Le premier programme ayant battu le champion s'appelle Fritz 3. Lors du match de départage, Kasparov a pourtant remis « les pendules à l'heure » en battant la machine par 4 points à 1. Le programme a donc partagé la première place avec Kasparov. Fin août, un autre logiciel, Chess Genius 3, a éliminé Kasparov du tournoi de parties semi-rapides de Londres, sur le score de 1,5 à 0,5.

  • Économie
    • La conjoncture mondiale en 1994

      Cette année, le monde a connu les bienfaits d'une reprise à peu près générale que les experts avaient minimisée en début d'année. De corrections en révisions, les dernières estimations publiées à l'automne tablent sur une croissance du produit mondial supérieure à 3 % – de 3,1 à 3,8 % d'après les instituts. Cette croissance est inégale selon les pays.

    • Finances internationales : le dysfonctionnement

      Tout s'est passé comme si les marchés financiers, dans une incroyable sarabande, avaient voulu gâcher les cérémonies du cinquantième anniversaire de Bretton-Woods – l'accord qui avait jeté les bases d'un nouvel ordre monétaire, à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Pendant que, à l'occasion de cette commémoration, les dirigeants des pays du monde entier tentaient de réfléchir aux améliorations à apporter au système financier international et au régime des changes, les taux d'intérêt s'envolaient, le dollar plongeait et la spéculation secouait les marchés boursiers dans tous les sens. Pourtant, les conjonctures des plus grands pays du monde sont, depuis le début de l'année 1994, enfin arrivées « en phase » : croissance aux États-Unis, reprise en Europe, redémarrage au Japon. Les années précédentes, les décalages entre les situations conjoncturelles de ces trois zones avaient été à l'origine de bien des turbulences. Mais, contrairement aux espérances, le « rephasage » des cycles économiques n'a pas arrangé la situation ; jamais les dysfonctionnements des marchés des capitaux n'ont été aussi manifestes qu'en 1994.

    • Déficits budgétaires et publics

      Dans leur grande majorité, les pays industrialisés sont confrontés à une montée des déficits budgétaires et de l'endettement public, jugée inquiétante par les grandes places financières internationales. Depuis une dizaine d'années, les situations budgétaires se sont profondément dégradées. De 1980 à 1985, la crise économique a creusé les déficits publics. Avec le retour de l'expansion, entre 1986 et 1990, ceux-ci se sont réduits. À partir de 1990, les gouvernements ont laissé grossir leurs déficits publics avec une rapidité surprenante pour limiter les effets de la récession mondiale sur l'emploi et sur le niveau de vie. Il semble que les limites du supportable soient dépassées : en France, le déficit cumulé de l'ensemble des administrations publiques représente en 1993 presque 6 % du produit intérieur brut, un chiffre record dans l'histoire de la Ve République, pourtant ponctuée d'excédents budgétaires.

    • Matières premières

      Alors que les prix de l'ensemble des matières premières n'avaient cessé de baisser à partir du début des années 80 et sans interruption depuis cinq ans, pour atteindre leur niveau le plus bas du siècle durant l'été 1993, les cours se sont fortement redressés à partir du mois d'octobre de la même année. En l'espace de quelques mois, ils ont connu une remontée spectaculaire avec une hausse de 42 % de l'été 1993 à l'été 1994, selon l'indice The Economist.

    • L'économie française en 1994

      En octobre 1993, les instituts de conjoncture français manifestaient un optimisme mesuré, puisque, au regard d'une récession qui s'est avérée de – 1 % pour l'année 1993, ils pronostiquaient pour 1994 une reprise de 0,7 % en moyenne – 0 % selon l'OFCE –, alors que les prévisions officielles tablaient sur une expansion de + 1,4 %. Trois mois plus tard, les entreprises interrogées par sondage et la Banque de France prévoyaient une reprise plus forte. En octobre 1994, les évaluations convergent autour de 2,2 % en moyenne pour 1994 (3 % en glissement, d'octobre 1993 à octobre 1994) mais demeurent hésitantes sur l'ampleur de l'accélération annoncée pour 1995. En fait, l'économie française est devenue cyclique, et son sort est étroitement lié à celui de nos partenaires du continent européen.

    • Entreprises : les privatisations

      Après le succès spectaculaire des privatisations de la BNP, de Rhône-Poulenc en 1993 et d'Elf en février 1994, le gouvernement souhaite accélérer le système des cessions d'entreprises afin de dégager le maximum des recettes et de couvrir en partie un déficit devenu incompressible. En raison de circonstances peu favorables, il rencontre des difficultés tenant au choix du moment et des firmes publiques à privatiser : d'une part, avec la déprime boursière, le gouvernement n'est pas assuré de pouvoir fixer un prix de vente de l'action suffisamment « attractif » pour amener les épargnants à souscrire ; d'autre part, au point de vue politique et social, le gouvernement ne peut pas privatiser n'importe quelle firme. Ces considérations expliquent le choix de l'UAP, la première compagnie française d'assurances (le krach d'octobre 1987 avait arrêté la vague de privatisations, ce qui a empêché la privatisation d'un assureur comme l'AGF, l'UAP ou le GAN), de Bull (choix inattendu) et le retard de la dénationalisation de Renault, décidée en septembre 1994, après de multiples discussions.

    • Transports : la concurrence d'abord

      Le 6 mai, le « chantier du siècle » est inauguré. La reine Elisabeth II et le président François Mitterrand empruntent solennellement, une demi-heure durant, les 37 km du tunnel sous la Manche. Pour réaliser cette prouesse technique, il a fallu 7 années d'efforts pour 10 000 ouvriers, dont 9 trouveront la mort au cours du chantier.

    • Télécommunications

      Pendant l'année 1994, les grandes firmes dominantes en matière de télécommunications, comme, aux États-Unis, ATT (leader mondial), McCaw, Spring ou, en Europe, British Telecom, France Telecom ou Deutsche Telekom, ont continué à préparer activement l'échéance européenne de 1998, c'est-à-dire l'ouverture du marché à la concurrence. Les uns et les autres de ces opérateurs, publics ou privés, se sont lancés, de gré ou de force, dans de grandes manœuvres stratégiques ; d'un côté, il s'agit de saisir une part importante d'un marché en plein essor et en voie de mondialisation à la suite de l'accélération, depuis quelques années, d'une mutation technologique spectaculaire ; d'un autre côté, comme cette dernière multiplie à la fois les services rendus et les zones de concurrence entre télécommunications proprement dites et tous les autres systèmes de communication, les opérateurs ont cherché à travers un jeu frénétique d'alliances à intégrer ces autres systèmes dans leur réseau d'activité.

    • Publicité L'année intermédiaire

      « À quelques exceptions près, les films français présentés au Festival sont passés inaperçus et je le regrette. » C'est John Hegarty qui parle. Il est président du Festival international du film publicitaire de Cannes et cofondateur de l'agence anglaise Bartle Bogie Hegarty, mondialement connue pour ses campagnes qui ont rendu célèbre la marque de jeans Levi's.

    • Banque : le lion blessé

      « Votre banque vous doit des comptes » ou bien « Voici les mauvais résultats que tout le monde attendait. » Telle est la surprenante campagne publicitaire dans laquelle le Crédit Lyonnais investit 21 millions de francs. Pour cette vénérable banque, fondée en 1863, 9e établissement bancaire du monde, c'est le choc de la vérité qui sanctionne une année fertile en sombres rebondissements. À maintes reprises, la presse a ainsi titré sur « le scandale bancaire du siècle ».

    • Bourse : la descente aux enfers

      Tandis qu'aux États-Unis la bonne santé de l'économie se confirme avec une croissance soutenue et saine, et qu'en Europe les signes de reprise se multiplient, les marchés financiers paniquent à la moindre bonne nouvelle, provoquant ainsi un retournement des taux longs et une chute des cours, qui vont à rencontre des résultats de l'économie réelle.

  • Sciences
    • Sciences et techniques

      Inauguré le 6 mai par la reine Elisabeth II d'Angleterre et le président François Mitterrand, le tunnel sous la Manche met un terme à des millénaires d'insularité de la Grande-Bretagne. Six ans et demi de travaux et des moyens techniques hors du commun ont été nécessaires pour réaliser cette liaison ferroviaire composée de trois galeries parallèles de 50,5 km de long (dont 38 km sous la mer) : deux de 8,60 m de diamètre pour le passage du TGV, encadrant une troisième de 5,70 m de diamètre pour la circulation de navettes de service. Bien des obstacles politiques, techniques et financiers ont dû être surmontés pour que se concrétise le projet d'un lien fixe à travers la Manche. Mais l'ouvrage représente aussi un énorme défi économique : plus de 100 milliards de francs – le double de ce qui était prévu au départ – ont été investis et l'équilibre financier n'est pas attendu avant 2004 ! La mise en service du TGV Paris-Londres après celle, successivement, des TGV Sud-Est, Atlantique et Nord, consacre le retour du train, capable d'ajouter désormais la vitesse à ses atouts traditionnels (arrivée au cœur des villes, sécurité, faible pollution). Le développement du réseau de TGV va de pair avec la construction de nouvelles gares conçues comme des plates-formes intermodales aisément accessibles, constituant des pôles d'échanges entre le chemin de fer, l'automobile et l'avion, comme par exemple les gares de Satolas TGV près de Lyon, inaugurée fin juin, et de Roissy, au nord de Paris, mise en service en novembre. Concurrencé par le train sur les distances moyennes, l'avion conserve sa supériorité sur les grandes distances. Chez les principaux constructeurs aéronautiques, des études préliminaires sont engagées pour définir les caractéristiques essentielles d'un supersonique de deuxième génération qui permettrait, au siècle prochain, d'aller plus vite et plus loin (v. Les chantiers de la découverte, p. 261).

    • Les chantiers de la découverte

      En service commercial depuis le 21 janvier 1976 sous les couleurs d'Air France et de British Airways, l'avion supersonique franco-britannique Concorde – dont 14 exemplaires seulement ont été vendus – pourra être utilisé jusqu'en 2005 environ. Compte tenu de l'accroissement du trafic international, tous les grands constructeurs aéronautiques songent désormais à un supersonique de 2e génération. Sa construction n'est pas encore acquise, mais elle pourrait constituer un enjeu technique, industriel et commercial majeur pour les prochaines années. Plusieurs initiatives ont marqué, en 1994, une volonté d'accélérer les recherches. Trois constructeurs européens. Aérospatiale (France), DASA (Allemagne) et British Aerospace (Grande-Bretagne), ont signé un protocole d'accord, valable 5 ans, sur la conduite d'un programme de recherche commun. Aux États-Unis, les 2 principaux avionneurs, Boeing et McDonnell-Douglas, vont désormais poursuivre en commun leurs études sur le futur supersonique civil, avec un important soutien financier de la NASA ; Boeing a par ailleurs passé un accord avec la firme russe Tupolev pour utiliser comme plate-forme technologique l'ancien concurrent du Concorde, le « Tu-144 », retiré du service depuis une dizaine d'années. Pour répondre aux besoins économiques du transport aérien, à l'horizon de 2010, le futur supersonique civil devra avoir des caractéristiques fort différentes de celles du Concorde : alors que ce dernier transporte 100 passagers, à la vitesse de Mach 2, sur une distance maximale de 6 500 km, son successeur devra pouvoir transporter entre 250 et 300 passagers à une vitesse comprise entre Mach 2 et Mach 2,4, avec un rayon d'action de 10 000 km. Mais, surtout, ce nouvel appareil devra être moins bruyant, moins polluant et moins gourmand en carburant. Parmi les difficultés technologiques à surmonter, les principales concernent les structures et les moteurs. Pour les structures, on songe à 3 types de matériaux, alliant une grande légèreté à une haute résistance : des alliages d'aluminium « dopés » pour améliorer leur tenue au vieillissement de la cellule, des alliages de titane et, pour les parties les plus exposées à la chaleur, des matériaux composites organiques. Pour les propulseurs, une étude technologique approfondie a déjà été effectuée, en Europe, par la Snecma et Rolls-Royce. Les 2 motoristes ont défini un nouveau concept de turboréacteur à cycle variable, le MTF (Mid Tandem Fan), qui semble apte à satisfaire les spécifications de base recherchées : peser le moins lourd possible tout en offrant un niveau de bruit réduit à basse vitesse et une consommation modérée aux allures supersoniques. Sur le plan technique, un tel moteur se caractériserait par sa capacité à fonctionner selon 2 modes : en double flux, avec un taux de dilution important, au décollage et en vol subsonique ; et en simple flux, à taux de dilution réduit, lors de la croisière supersonique. D'après les experts, le marché potentiel pour un tel appareil est inférieur à 1 000 exemplaires.

    • Astronomie et espace

      Tous les trois ans, l'Assemblée générale de l'Union astronomique internationale (UAI) permet aux astronomes du monde entier de se rencontrer pour présenter, comparer et discuter les résultats de leurs travaux ou coordonner leurs recherches. De la mise en évidence d'hélium remontant au big-bang dans le spectre d'un quasar lointain à la découverte, dans la constellation de Cassiopée, d'une nouvelle galaxie du Groupe local, distante de quelque 10 millions d'années de lumière seulement ; de l'extraordinaire moisson d'images fournie par le télescope spatial Hubble depuis sa réparation en orbite à l'identification dans la Voie lactée de deux astres énigmatiques, d'où s'échappent deux jets de matière à des vitesses apparemment supérieures à celle de la lumière, les participants de la XXIIe Assemblée générale, du 15 au 27 août, à La Haye, ont pu trouver dans les découvertes les plus récentes de quoi alimenter de nombreux débats. Mais l'événement le plus abondamment commenté a été la chute sur Jupiter, entre le 16 et le 21 juillet, d'une vingtaine de fragments de la comète Shoemaker-Levy 9 : un phénomène sans doute fréquent à l'échelle cosmique, mais jamais encore observé par les astronomes. Attendue depuis plus d'un an (v. Journal de l'Année, édition 1994), cette succession de collisions a mobilisé tous les grands observatoires et a pu être suivie, au sol ou dans l'espace, dans tous les domaines spectraux s'étendant des rayons X aux ondes radio décimétriques. Les impacts ont provoqué d'énormes perturbations dans l'atmosphère de Jupiter, dont l'étude devrait fournir des informations nouvelles, tant sur la structure de la planète que sur celle des comètes.

    • Sciences de la Terre

      L'approche méthodologique des sciences de la Terre évolue de plus en plus vers une vision globale. La dernière décennie du siècle se caractérise par des programmes de recherches pluridisciplinaires s'opposant à la spécialisation qui a prévalu au cours des années 1970. La prévision de l'avenir du système terrestre passe par la connaissance des systèmes anciens étudiés par des méthodes géologiques. Les planètes telluriques, dont la Terre est le prototype, et qui sont dotées d'une taille moyenne et d'un sol (Mars, Vénus, Mercure), peuvent aussi apporter des éléments de réponse aux questions posées par l'évolution du globe.

    • La théorie des jeux : 50 ans après

      Les amateurs d'histoire des sciences – de petite histoire en particulier – savent pourquoi il n'existe pas de prix Nobel de mathématiques. La bonne amie du ténébreux Alfred (qui ne s'est jamais marié) lui a préféré un très brillant mathématicien suédois, Gösta Mittag-Leffler, barrant ainsi l'accès au plus prestigieux des prix aux as de l'algèbre et de la géométrie... tout au moins jusqu'à cette année : le prix Nobel d'économie 1994 a en effet été décerné à une théorie purement mathématique, la théorie des jeux, qui a de tout temps entretenu des rapports étroits avec l'économie. Les lauréats sont le mathématicien John Nash, de l'université de Princeton, et les économistes John Harsanyi et Reinhard Selten.

    • Océanographie

      Si, en France, le lancement du Marion-Dufresne II, nouveau navire de l'Institut français de recherche et de technologie polaires, est de nature à relancer en ce pays les recherches fondamentales et appliquées dans les mers froides, au niveau international, les campagnes de surface, de plongées, et de forages (programme ODP [Ocean Drilling Project], voyages 153 à 159) ont eu les objectifs majeurs suivants :

    • Médecine : la course aux gènes du cancer

      Plus guère de semaine ne se passe sans que des chercheurs isolent des gènes sur la longue molécule d'ADN qui compose notre génome. Cette année a été particulièrement fructueuse pour la course aux gènes prédisposant à certains cancers. En l'espace de 8 mois, les gènes MHS2 et MLH1, impliqués dans certains cancers du côlon, ont été identifiés. Mais surtout, en septembre, s'est achevé l'isolement du BRCA1, gène de prédisposition au cancer du sein chez les femmes. Dans la foulée, un second gène de prédisposition au cancer du sein, BRCA2, a été localisé.

    • Biologie : la piste du génome

      Cette année encore, les faits marquants survenus dans le domaine de la biologie gravitent pour l'essentiel autour du projet Génome humain. Ce fabuleux programme de recherche lancé en 1989 prévoit, au prix fort (près de 20 milliards de francs), de décrypter d'ici à l'an 2000 l'intégralité du patrimoine héréditaire de l'espèce humaine. À la clé se trouvent, rappelons-le, la connaissance – inimaginable il y a seulement 20 ans – du fonctionnement des gènes et de l'organisation de notre programme génétique, et. surtout, des perspectives inestimables sur le plan médical, puisque l'on recense plus de 3 000 maladies héréditaires, pour la plupart graves et actuellement intraitables, dont les causes et les mécanismes pourraient ainsi être élucidés.

    • Informatique et télécommunications

      Une année très riche marquée par la mise en application progressive du concept un peu magique d'autoroutes de l'information, avec toutes ses conséquences politico-économiques, et par la généralisation de nouvelles technologies, comme le radiotéléphone ou l'ardoise électronique.

    • Automobile : questions sur le futur

      Marché florissant en Amérique du Nord, stagnant en Europe, toujours déprimé au Japon, émergence des constructeurs du Sud-Est asiatique, espoir d'une explosion des ventes en Chine, les grands équilibres des marchés mondiaux de l'automobile sont en pleine mutation. Sur le plan technique, c'est aussi le grand chambardement !

    • Aéronautique : un horizon qui se dégage

      Après l'« annus horribilis » vécu en 1993, un optimisme prudent et raisonné s'est instauré après la remontée notable, au cours de l'année 1994, du coefficient d'occupation passagers et fret et en raison de l'augmentation du chiffre d'affaires de la plupart des compagnies aériennes (certaines toujours ou à nouveau bénéficiaires). En revanche, en Extrême-Orient en particulier, les bénéfices ont accusé ici et là des baisses non négligeables en raison de l'accroissement des charges (masse salariale, carburant, taxes en route et taxes aéroportuaires).

    • Environnement

      Les centrales nucléaires françaises produisent 2 000 m3 de déchets hautement radioactifs par an. Ces déchets à vie longue et à haute activité sont actuellement entreposés dans les bassins de désactivation des centrales ou dans les centres de retraitement de la Hague-Beaumont et de Marcoule. Ils sont de plus en plus encombrants et il devient urgent d'aménager des sites de stockage sûrs. L'enfouissement de ces résidus de l'industrie nucléaire civile dans des sites favorables, tant au plan géologique qu'au plan sismique, est la seule solution envisageable dans la mesure où la France, qui s'était abstenue lors du vote du 12 novembre 1993, a finalement ratifié le texte de la convention de Londres portant interdiction absolue et définitive de l'immersion de ces produits, nuisibles à l'environnement marin. Où en est-on ? Dès 1980, l'Agence nationale de gestion des déchets radioactifs, l'ANDRA, a chargé le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de trouver, dans des formations géologiques différentes, des sites de stockage profond. Les sites de Bourg d'Iré (Maine-et-Loire), de Montcornet (Aisne), de Neuvy-Bouin (Deux-Sèvres) et de Montrevel (Ain) ont été, dans un premier temps, retenus. Mais, selon les termes de la loi du 20 décembre 1991 relative à la gestion des déchets radioactifs, le choix de l'emplacement du centre de stockage ne sera fait qu'en 2010, une fois que les deux laboratoires chargés d'étudier pendant quinze ans les conséquences de l'enfouissement des matières radioactives auront fourni les résultats et les conclusions de leurs recherches. Ces laboratoires pourraient, selon le rapport de Christian Bataille de décembre 1993, être implantés soit dans le Gard (canton de Bagnols-sur-Cèze), soit en Haute-Marne (cantons de Chevillon, Poisson et Joinville), soit dans la Vienne (cantons de Charroux et Civray), ou enfin dans la Meuse, dans un site encore non précisé. Ces réalisations, auxquelles s'opposent les élus écologistes et les représentants des associations de défense de l'environnement – la peur du nucléaire perdure –, ne laissent pas indifférents les conseils généraux concernés. Il est vrai qu'un laboratoire représente 1,5 milliard de francs d'investissement, la création d'au moins 150 emplois et une subvention annuelle de 60 millions de francs pendant dix ans. Le choix de l'emplacement d'un des deux laboratoires et du centre de stockage pourrait finalement se porter sur le département du Gard ; c'est à Marcoule, en effet, que fut édifiée, en 1973, la centrale Phénix, dotée d'un réacteur surrégénérateur à neutrons rapides.

  • Culture
    • Le fantôme de la guerre

      L'ombre de la guerre froide s'est estompée, le spectre de la guerre « chaude » revient. Les voyages en France de Salman Rushdie et de Taslima Nasreen, l'attentat auquel a échappé l'Égyptien Naguib Mahfouz, prix Nobel de littérature, l'émigration des intellectuels algériens qui fuient guerre civile et obscurantisme le rappellent sans cesse. L'Occupation pèse aussi d'un poids très lourd quand un livre, Une jeunesse française, de Pierre Péan (éditions Fayard), révèle le flirt vichyste du président de la République et ses « amitiés » suspectes. Plus que jamais, historiens et sociologues sondent et examinent quatre années noires du xxe siècle qui n'en finissent pas d'empoisonner la société française.

    • Les débats de l'année

      Depuis que Max Gallo – porte-parole de l'Elysée, il incarnait alors l'« intellectuel engagé » – avait vitupéré en 1983 contre le « silence des intellectuels », on avait fini par en convenir : Jean-Paul Sartre n'avait pas de successeur, et le débat sur le rôle des intellectuels ne passionnait plus grand monde. L'essor des biographies de grands intellectuels qui accompagnait la disparition des grandes figures de l'intelligentsia des années 70 (Jacques Lacan, Michel Foucault, Roland Barthes), la constitution d'une discipline universitaire nommée « histoire intellectuelle » (Jean-François Sirinelli, Christophe Prochasson), voilà autant de signes de la transformation de l'intellectuel en personnage du musée Grévin. C'était une affaire entendue, l'intellectuel français se montrait désormais fort discret et ne cherchait plus ni à conseiller ni à combattre le Prince.

    • Histoire : la France rejointe par son passé

      En présentant au château de Langeais, du 15 mars au 12 juin 1994, une exposition sur le thème Le dictionnaire de l'Académie française, 1694-1994 et en consacrant le 26 mai une séance publique à la commémoration du tricentenaire de la première édition de ses deux volumes et de leur remise au roi le 26 août 1694, l'Institut de France célèbre une étape décisive de l'histoire de l'unification linguistique de la nation française. Cet événement fondateur est pourtant resté inaperçu tant le tintamarre de la « guerre franco-française » a occupé la scène médiatique. La Révolution, l'affaire Dreyfus et surtout la Seconde Guerre mondiale ont continué de mobiliser les consciences.

    • Littératures

      L'année 1994 ou la continuité dans la morosité, avec un peu plus de sérénité. Point de redémarrage fulgurant ni même de frémissement, mais en cette troisième année de crise les éditeurs commencent à mieux cerner les nouveaux comportements de leur clientèle et mettent au point de nouvelles stratégies. La rigueur est à l'honneur : sélection plus sévère des manuscrits, réduction des tirages et des mises en place initiales, prix de plus en plus serrés, multiplication des collections bon marché, tel le fameux livre à dix francs, pour lequel les éditeurs traditionnels se trouvent en situation de concurrence avec les poids lourds de la grande distribution... Dans ce contexte inédit, que devient la littérature, et plus précisément la fiction ? Paradoxalement, elle fait mieux que tirer son épingle du jeu. À la rentrée de septembre on comptait 217 romans – parmi lesquels 51 premiers romans –, contre 185 l'année précédente. Sensible augmentation due à l'apparition et à l'audace de jeunes maisons comme Le Serpent à Plumes, L'Arsenal, Dagomo, Gaia, Mille et Une Nuits, qui parient sur de nouveaux talents.

    • Cinéma

      La baisse de fréquentation en salles se confirme durant les dernières semaines de cette année par rapport aux mêmes dates de l'année passée. En l'absence d'un film aussi porteur que. en 1993, les Visiteurs, le score du cinéma français risque de descendre au-dessous de la barre des 30 % de parts du marché national, largement distancé par les films américains, parmi lesquels on note l'annuel Walt Disney Productions (le Roi lion), mais aussi des œuvres plus ambitieuses comme Philadelphia, de Jonathan Demme, ou la Liste de Schindler, de Steven Spielberg. La Reine Margot, de Patrice Chéreau, qui marqua le retour tant attendu d'Isabelle Adjani derrière la caméra, ne provoqua pas le raz-de-marée escompté. La grande surprise nous vint de Grande-Bretagne : 4 Mariages et 1 enterrement, de Mike Newell, rafraîchissante comédie de mœurs, arrive en tête du box-office français. Léon, le dernier opus de Luc Besson, totalise un nombre important d'entrées ; mais, produit par des capitaux majoritairement américains, il ne peut être considéré comme un film hexagonal.

    • Musique classique : d'une crise à l'autre

      Tandis que le monde politique se débat dans les « affaires », le monde musical vogue de crise en crise. Trois de nos plus grandes institutions auront frôlé la catastrophe au cours de l'année 1994, si tant est qu'elles soient réellement hors de danger. Les structures musicales bordelaises ont été les premières à tirer la sonnette d'alarme. Le festival d'Aix-en-Provence l'a fait presque simultanément, juste avant que ne commencent à éclater les crises à répétition de l'Opéra national de Paris. Sans aucun doute, il s'agit en chaque occasion de retombées culturelles d'un climat politique houleux, instable, à l'approche à la fois des élections présidentielles et des élections municipales, et en raison de la mise en place, souvent ardue, de la nouvelle majorité au pouvoir. Plus que jamais, la grande dépendance de la culture, ici de la musique, vis-à-vis des politiciens apparaît avec tous ses inconvénients. Le ministère de la Culture, conscient de cet état de fait, se penche avec attention sur certains des aspects les plus dangereux de cette situation, en particulier en ce qui concerne le paysage orchestral du pays. Directeur de la musique et de la danse, Stéphane Martin organise colloques et rencontres à ce sujet, sans qu'à ce jour il en soit encore sorti des mesures concrètes précises.

    • Chanson française : métis or not métis ?

      Dans les années 70-80, la promotion d'un disque passait par les émissions de variétés à 20 h 30, et les Drucker de ce monde se voyaient courtisés, flattés et sollicités car ils étaient le passage obligatoire vers le succès. Hormis cette tranche horaire (aujourd'hui pompeusement baptisée « prime time »), point de salut. Et l'artiste rejeté était condamné à la marginalité. Certains en étaient fiers et se comportaient comme des réfugiés politiques. Être persona non grata à l'ex-ORTF, comme sur les radios périphériques, était signe d'intégrité, et l'on était alors digne du label de qualité « NF » décerné par l'intelligentsia. Mais, concrètement, cela a aussi condamné les Catherine Ribeiro et autres Jean Vasca à une certaine clandestinité. Parmi les artistes « élus » des médias de l'époque, certains étaient des produits « porteurs », qui généraient des ventes considérables, alors que d'autres ne devaient leur survie qu'à la SACEM et ses droits de diffusion. Aujourd'hui – mais pour des raisons tout à fait différentes –, on constate le même phénomène. Les droits générés par la chanson française sont majoritaires dans la répartition des droits de diffusion, mais ils ne reflètent pas la vente de disques en France qui, elle, est toujours dominée par les Anglo-Américains. En clair, on ne vend pas ce que l'on diffuse... Cette constatation est d'autant plus vraie que les grandes émissions de variétés ont été tuées par l'audimat. Pascal Sevran a récolté le fonds de commerce des 20 h 30, c'est-à-dire le public qui écoute mais n'achète pas, celui toujours prêt à se faire bercer par Gloria Lasso mais qui ne supportait pas les passages promotionnels des artistes « label jeune ». Et les efforts pour rester « jeune » de la part des programmateurs et présentateurs de ce type d'émissions ont définitivement achevé le genre, si l'on excepte des programmes méritoires comme « Megamix » sur Arte... Avec la nouvelle loi dite, des « quotas », qui vise à imposer 40 % de chanson francophone et qui doit entrer en vigueur dès 1996, le schisme entre les droits de diffusion et le marché risque fort de s'agrandir. Pourtant, la chanson française va mieux, mais là nous sommes face à une autre sorte de dilemme.

    • Rock : le retour des dinosaures

      Les quadras et quinquagénaires peuvent se sentir dans le coup. Les Rolling Stones reprennent la route et font la « une » du Figaro, alors que Pink Floyd occupe celle du Monde. Neil Young (Sleeps with Angels, reprise) et Eric Clapton (From the Cradle, reprise) enregistrent deux magnifiques albums au moment où le groupe révélation de l'année. Oasis, originaire de Manchester, se réclame d'Aftermath, chef-d'œuvre stonien gravé en... 1966. Aux États-Unis, où la musique country, revitalisée en new hot country, revient en force, on a célébré le 20e anniversaire de Woodstock. Et le 30 novembre, la sortie de deux CD Live at the BBC des Beatles (avec 56 enregistrements inédits) mobilise tous les médias...

    • Arts plastiques

      Joseph Beuys, puis Kurt Schwitters au Centre Pompidou, Sigmar Polke puis Thomas Schütte au Carré d'Art à Nîmes, Jörg Immendorff à Meymac, l'œuvre gravée de Max Beckmann aux Sables-d'Olonne, des expositions dans les galeries parisiennes les plus estimées : l'année de l'art contemporain aurait-elle été allemande ? La formule est excessive, mais elle témoigne du moins de la fascination que l'outre-Rhin exerce sur les artistes et les conservateurs français. Signe des temps ? Conséquence des révolutions actuelles dans le champ politique ? Symptôme d'un changement profond et peut-être d'une brisure ? Deux tendances transparaissent sous la surface des événements et leur apparent désordre, deux tendances qui se répondent et se complètent. La première tient à ce qu'un film canadien surnommait il y a quelques années « le déclin de l'empire américain », autrement dit l'absence de nouveautés et d'inventions sur la scène artistique new-yorkaise. Le dernier mouvement qui ait fait figure d'avant-garde, fût-elle fragile, a disparu voici une demi-douzaine d'années en même temps que ses héros, Jean-Michel Basquiat et Keith Haring. Et depuis ? Peu de chose, aucun courant qui ne se soit imposé avec netteté, mais nombre de reprises et de répétitions, pastiches de l'abstraction géométrique, variations sur les thèmes fournis jadis par Marcel Duchamp et Francis Picabia. L'humeur est à la rétrospective et le Muséum of Modem Art rend hommage à De Kooning et à Twombly, dont la notoriété s'est établie pour le premier durant les années 1940, pour le second au milieu des années 1950. Cette timidité, aggravée par la tiédeur du marché américain et par la morosité des galeristes, a pour effet d'affaiblir visiblement l'influence internationale de l'art américain contemporain. Le temps n'est plus où le musée national d'Art moderne célébrait Pollock et De Kooning et où les galeries aux alentours du Centre Pompidou cherchaient principalement œuvres et artistes d'outre-Atlantique. Sans doute, le musée des Beaux-Arts de Nantes et le Jeu de paume ont-ils rendu hommage à Joan Mitchell pendant l'été, mais ce fut pour mettre en évidence ce que l'artiste, issue de l'expressionnisme abstrait, a appris au contact de l'impressionnisme français, elle qui avait décidé de s'établir à Vétheuil, au-dessus d'un méandre de la Seine.

    • Expositions : poussinistes et rubinesques

      Il est classique, presque convenu, dans l'histoire de l'art, de distinguer les défenseurs de Poussin et ceux de Rubens, les partisans du dessin contre les promoteurs de la couleur. Cette partition pourrait bien servir de fil d'Ariane à notre parcours dans cette année d'expositions marquée à la fois par la rétrospective Poussin et les cathédrales de Monet, par les dessins stylisés d'Ingres et les études marocaines de Delacroix.

    • Marché de l'art 94 : entre espoirs et déconvenues

      Lors de la précédente saison, le marché de l'art avait des allures fortement ondulatoires, avec des alternances brutales de fiascos complets et de ventes à succès, mais une nette tendance à la hausse. L'année 1994 se présente, elle, en deux volets opposés, mais sans tendance nettement tranchée. Un premier semestre en hausse prononcée, qui se traduisait à la mi-saison par + 19 % pour Sotheby's, + 14 % pour Christie's, + 8 % pour Drouot. Un second semestre... en berne, qui ramène la progression globale annuelle à 0 % pour Sotheby's (7,157 milliards de francs), + 12 % pour Christie's (6,953 milliards) et + 3 % espérés pour Drouot (environ 3,200 milliards).

    • Théâtre : l'année des « professionnels »

      Une revue de presse de la saison théâtrale 1993-1994 et du début de la saison 1994-1995 met en évidence l'insatisfaction, voire la lassitude, des critiques dramatiques : la vie théâtrale française et parisienne n'offre plus le spectacle de découvertes régulières ; la notion d'événement artistique – et son historicité revendiquée par une conscience « d'avant-garde » – semble avoir déserté le théâtre français pour survivre (à peine) parmi les autres arts du spectacle : danse et cinéma. Grand ordonnateur du spectacle des jeux Olympiques d'Albertville en 1992, le chorégraphe Philippe Decouflé construit en 1994 ses Petites Pièces montées avec une « danse théâtrale » qui détourne les acquis de la dramaturgie contemporaine. Chef de file des « quadras » de la mise en scène, référence obligée du théâtre français, Patrice Chéreau, en 1994, n'est plus présent qu'à l'opéra (Don Giovanni, Festival de Salzbourg) et au cinéma (la Reine Margot).

    • Danse : valse hésitation

      La mission confiée par le ministère de la Culture à plusieurs personnalités du monde de la danse pour contribuer à la solution du problème des compagnies attachées aux théâtres municipaux n'aura, pour l'instant, guère obtenu de résultats concrets. La plupart des directeurs d'Opéras régionaux sont trop jaloux de leurs prérogatives pour abandonner une part majoritaire du contrôle de leurs compagnies, d'autant que la danse reste un élément de prestige important. De son côté, le ministère veut bien donner des conseils gratuits, mais pas d'aide financière s'il n'a pas droit de regard sur les nominations et programmations. Ainsi, 1994 aura surtout vu arriver de nouveaux noms à la tête d'institutions existantes, sans vraie refonte des structures. Mathilde Monier succède à Dominique Bagouet à Montpellier, Catherine Diverres remplace Gigi Gagiuleanu à Rennes, Joëlle Bouvier et Régis Obadia s'installent au CNDC d'Angers, Daniel Larrieu prend à Tours la place de Jean-Christophe Maillot, nouveau patron à Monte-Carlo ; enfin, Éric Vu An est nommé à Bordeaux à la suite de Paolo Bortoluzzi. La seule vraie crise a été celle du Ballet du Nord, laissé par Jean-Paul Comelin avec un vaste déficit. Désigné par le conseil d'administration, Angelin Preljocaj se heurte alors à la résistance des danseurs et à un mouvement d'opinion s'élevant contre la transformation en compagnie contemporaine de l'un des ultimes centres classiques restant en France. Ayant mieux à faire que de s'imposer par la force, sollicité de toutes parts, le nouveau directeur a l'élégance de se retirer. On lui donne Châteauvallon à la place. Mais la victoire des défenseurs de classique a été de courte durée : c'est finalement Maryse Delente qui l'emporte, préférée contre toute attente à deux étoiles de l'Opéra, Guizerix et Lormeau.

    • Photographie

      Plus que toute autre forme de témoignage, le photographe a capturé le siècle. De 1900 à nos jours, de l'album de famille à l'image d'artiste, cette formidable banque d'images est unique dans notre histoire. Pourtant, le monde de la photo connaît des difficultés existentielles. Le salon Découvertes a connu une baisse spectaculaire d'images par rapport aux années précédentes et ce tassement traduit la morosité évidente du marché de la photographie. Le festival d'Arles a fêté cette année son 25e anniversaire avec une chute de fréquentation de 20 % par rapport à 1989, et, d'une manière générale, les manifestations de l'image ont bien du mal à intéresser la population locale, donc en fait le véritable grand public. Le schisme – nourri du mépris réciproque entre les « plasticiens » et les photographes « purs » – s'agrandit, rendant toute manifestation rassembleuse difficile. D'ailleurs, l'idée même que la photographie est un art à part entière a encore du mal à faire son chemin dans certains milieux. L'anecdote qui a abouti en exposition cette année à Londres, Akehurst Gallery, sous le titre « The Obscene Publications Squad Versus Art » en est une grinçante illustration : la police avait saisi 41 boîtes de négatifs, photos et vidéos au domicile de Graham Ovenden. Sa peinture d'une enfant nue – qui s'est vendue pour 24 000 $ après avoir été exposée à la très institutionnelle Tate Gallery – est incontestablement classée comme œuvre d'art. Mais l'artiste risque toujours une inculpation pour pornographie, accusation liée aux photos prises pour l'étude du tableau. Après dix mois de confiscation légale, cette exposition réunissant les fameuses photos a permis de donner un coup de projecteur médiatique grâce aux prises de position d'artistes tels que David Hockney sur l'absurdité de la situation.

    • Archéologie

      La chasse aux origines de l'homme est rouverte : à deux reprises, en avril et en septembre, la revue scientifique anglaise Nature a annoncé la découverte en Éthiopie de fossiles très anciens d'hominidés, c'est-à-dire appartenant à la famille zoologique humaine. L'Éthiopie ayant autorisé de nouveau (depuis 1989) les missions paléontologiques dans ses célèbres régions à fossiles, les institutions américaines ont été les premières à reprendre les recherches. Leurs missions visaient évidemment l'Afar éthiopien, où l'on avait déjà trouvé les restes de la fameuse Lucy ainsi que les plus vieilles pierres taillées connues.

    • Architecture

      Tandis que l'on republiait fort opportunément l'Histoire des vandalismes de Louis Réau (enrichie par un panorama des « massacres » architecturaux de ces 35 dernières années – collection « Bouquins », aux éditions Robert Laffont), 1994 faisait alterner le pire et, sinon le meilleur, du moins le nouveau.

    • Le vertige du patrimoine

      Les 17 et 18 septembre 1994, dans toute la France, plus de 6 millions de personnes ont répondu aux journées du Patrimoine, organisées par la Caisse des monuments historiques et des sites. Dix mille établissements patrimoniaux étaient ouverts pour l'occasion. Certains pour la première fois. Les palais nationaux étaient comme d'habitude les plus courus : l'Élysée recevait 20 000 visiteurs, 10 000 se pressaient au Val-de-Grâce, l'hôtel de ville de Lyon en accueillait 25 000, et l'Alsace voyait la fréquentation de ses monuments bondir de 30 à 50 %. L'opération ne se bornait pas à la France : elle était suivie par une vingtaine de pays européens qui ont attrapé le virus de cette obsession française.

    • BD

      À l'heure où d'aucuns se lamentent sur la disparition de la presse spécialisée, saluons la naissance de Brazil, un trimestriel conçu par Oro Productions. Au sommaire du premier numéro, paru en juin 1994, l'amateur découvre de multiples récits complets conçus par Andreas, Bernet, Cossu, Foerster, Goffaux, Gabrion, Baloo, Bézian, Cornette ou Louis Joos.

    • Programme télé : la galère des enfants gâtés

      La dernière campagne publicitaire de Canal Plus le disait clairement. Ou presque. « Pendant qu'on regarde Canal Plus, au moins on est pas devant la télé », clamaient des panneaux de quatre mètres sur trois. Façon élégante d'affirmer que la télé est ennuyeuse. Il est vrai que les trois nouveaux talk-shows de la rentrée, qui avaient largement alimenté la chronique, furent loin de remporter l'audience escomptée. L'un d'eux, « Tout le toutim », animé par Christophe Dechavanne, fut même, par sa suppression dès le troisième numéro, à l'origine d'une véritable « affaire ». Au mois de mai (saison des transferts comme au football), le départ de Michel Drucker de TF1 pour France 2 fut un petit événement sans que l'on sache exactement qui faisait la meilleure affaire. TF1 laissant partir un animateur reconnu mais dont l'audience s'effritait ou le service public trop heureux de séduire encore les « valeurs sûres ». Il est évident que sur TF1, « Star 90 », l'émission de Drucker, ne faisait plus ses scores précédents (et, en conséquence, possédait une valeur publicitaire en baisse). La chaîne privée avait donc proposé à l'animateur de diviser son contrat (presque) par deux (2,5 millions l'émission au lieu de 4,2), mais ce dernier refusa, préférant passer « en face » où on lui proposait le créneau difficile de 19 à 20 heures. Les débuts de ce talk-show, « Studio Gabriel », furent bien hésitants. Trop lente à une heure d'écoute plutôt jeune public, desservie par une programmation trop classique, l'émission a trouvé un rythme de croisière décevant avec 18,9 % de parts de marché, alors qu'à la même heure, sur TF1, la série américaine « Rick Hunter » frôlait les 30 %. Au mois de mai, Jean-Pierre Elkabbach avait également cherché à débaucher Christophe Dechavanne, et TF1 dut mettre le paquet (250 millions de francs de chiffre d'affaires garantis à Coyote Production, la société de Dechavanne) pour conserver un de ses animateurs fétiches, qui avait considérablement rajeuni l'audience d'avant soirée, très prisée par les publicitaires. Mais, dans le même temps, Dechavanne avait imposé à TF1... l'arrêt de son talk-show quotidien, « Coucou c'est nous », afin d'accéder au prime time avec une émission hebdomadaire, « Tout le toutim », diffusée à 21 heures. La première de ce divertissement fut calamiteuse, la suivante plus réussie, mais l'audimat resta plat. Deux fois de suite, Dechavanne fut devancé par « Envoyé spécial » de France 2 et, au mieux, ne réussit qu'à faire jeu égal avec l'émission de reportage pour une moyenne d'environ 28 % de parts de marché. Intolérable pour TF1 qui, fin octobre, mit brutalement fin à « Tout le toutim », déclenchant la fureur de l'animateur-producteur. Accusant la chaîne d'avoir rompu un contrat et de mettre ainsi en péril sa société de production (70 salariés), il portait l'affaire en justice. À l'issue de tractations tendues, les deux parties parvinrent à un accord, et Dechavanne devrait revenir sur TF1 en janvier avec une émission dont le concept demeure inconnu. Cette affaire, qui marque le premier échec d'un enfant gâté de la télévision, a toutefois montré au grand jour la dureté d'un univers où l'on compte chaque dixième de part de marché et où le moindre faux pas ne bénéficie d'aucune excuse.

  • Sports
    • Sports 94 : les exploits et le fléau

      Pour le meilleur et pour le pire. Pour la gloire d'une équipe de football et la disparition tragique d'Ayrton Senna. Deux mois et demi séparent la mort accidentelle du pilote de la victoire historique de ses compatriotes en finale de la Coupe du monde. Quatre-vingts jours entre un deuil national vécu avec une dévotion bouleversante et l'explosion de joie de tout un pays. À Los Angeles, Romario et ses coéquipiers ont offert au Brésil une revanche sur la fatalité. C'est ainsi que dans les rues de Rio et de São Paulo ont fleuri des peintures murales représentant Senna vêtu du maillot de la sélection nationale de football...

    • Portraits

      Un scénario presque trop classique, mettant en scène deux personnages, une « méchante » et une « gentille », que tout oppose. Une série B au goût de déjà-vu, avec son lot de drames, de rebondissements et, cela va de soi, une fin en « happy end ». Le public américain en raffole. Rien d'étonnant donc à ce que l'affaire Harding/Kerrigan ait fait le bonheur de la presse populaire d'outre-Atlantique (et d'ailleurs !).

    • Lillehammer 94, XVIIes jeux Olympiques d'hiver

      Un succès qui réconcilie le sport et ses pratiquants, le champion et ses supporters. Inaugurant un nouveau rythme olympique (désormais, les JO d'été et d'hiver ont lieu en alternance tous les deux ans), ces XVIIes Jeux d'hiver ont sans conteste gagné une place de choix dans l'histoire centenaire de l'olympisme moderne.

    • Disciplines

      Un record sans lendemain. En réussissant 9″ 85 sur 100 mètres à Lausanne le 6 juillet, l'Américain Leroy Burrell est redevenu l'homme le plus rapide de la planète. Détenteur du record du monde de la discipline pendant moins de dix semaines en 1991 (en 9″ 90), il avait été détrôné par son mentor du Santa Monica Track Club Carl Lewis, en finale des championnats du monde à Tokyo (9″ 86). Pour un minuscule centième de seconde, et après une longue traversée du désert, Leroy Burrell (27 ans) récupère donc son bien et pousse vers la sortie son ami « King » Carl, lequel semble définitivement entré, à 33 ans, en préretraite.

  • Statistiques
  • Nécrologie

    Abdouladze (Tenguiz), cinéaste géorgien, auteur notamment de l'Arbre du désir (1976), film esthétisant sur un village caucasien, et du Repentir (1984), satire du totalitarisme (Koutaisi, Géorgie, 31/01/24 – Géorgie 6/03/94).