Échecs

Les programmes plus forts que les champions

Cette année va-t-elle marquer un tournant dans l'histoire des échecs ? Pour la première fois, un champion du monde, Garry Kasparov, perd des parties contre des logiciels. De plus en plus performants, ces programmes fonctionnent sur des ordinateurs dotés de microprocesseurs Pentiums extrêmement rapides : ainsi, aujourd'hui, les meilleurs logiciels sont du niveau des joueurs mondiaux... Cette première victoire de la machine contre Garry Kasparov s'est déroulée en mai, lors du tournoi de blitz (cinq minutes pour toute la partie) à Munich. Le premier programme ayant battu le champion s'appelle Fritz 3. Lors du match de départage, Kasparov a pourtant remis « les pendules à l'heure » en battant la machine par 4 points à 1. Le programme a donc partagé la première place avec Kasparov. Fin août, un autre logiciel, Chess Genius 3, a éliminé Kasparov du tournoi de parties semi-rapides de Londres, sur le score de 1,5 à 0,5.

Les parties semi-rapides

Autre événement dans le monde des échecs, la PCA (Professional Chess Association, concurrente de la FIDE – Fédération internationale des échecs – depuis 1993) a mis en place, lors du trophée Intel, un circuit de parties « semi-rapides », afin de favoriser le développement du jeu d'échecs. Ces parties se jouent au rythme de 25 minutes par joueur. Ce système – qui devrait se multiplier au cours des prochaines années – permet à un public d'amateurs de plus en plus nombreux de suivre des parties d'échecs entre joueurs de premier plan, dans d'excellentes conditions techniques (écouteurs pour les commentaires, projection de diagrammes sur grand écran, présentation médiatique...). Durant l'année, la PCA a organisé quatre tournois « semi-rapides » : en avril, à Moscou, Anand remporte la finale contre Vladimir Kramnik ; en juin, à New York, Kramnik bat Kasparov en demi-finale ; en août, Ivantchouk s'impose à Londres devant Anand. La finale du tournoi réunissant les champions qui se sont distingués cette année a été organisée en novembre, à Paris, à l'espace Cardin. À l'issue de ces quatre tournois, Kramnik l'emporte au départage devant Kasparov (3^es ex aequo : Anand et Ivantchouk).

Les principaux résultats

Cette année a vu la victoire d'Anatoly Karpov, lors du championnat du monde organisé par la FIDE à Wijk aan Zee. Le Français Joël Lautier, qui participait pour la première fois à l'épreuve, est éliminé par Jan Timman sur le score de 4,5 à 3,5. En mars, à Linares (Espagne). Karpov remporte le « tournoi de l'année » avec 11 points sur 13. Il a ainsi réalisé la meilleure performance de sa carrière. En juin, à New York, lors de matchs organisés par la PCA, les résultats sont les suivants : Anand-Romanischine (5-2), Kamsky-Kramnik (4,5-1,5), Short-Gulko (6,5-5,5) et Adams-Tiviakov (7,5-6,5). En août, Kasparov et Ivantchouk remportent brillamment le tournoi de Novgorod avec 7 points sur 10. Simultanément, en Inde, à Sanghi Nagar, se déroulent les quarts de finale du tournoi des candidats de la FIDE (Kamsky-Anand 6-4, Guelfand-Kramnik 4,5-3,5). En septembre, les demi-finales des candidats de la PCA, à Linares, sont une véritable déroute pour les candidats anglais (Kamsky-Short 5,5-1,5, Anand-Adams 5,5-1,5).

Alain Fayard