Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
P

prélude (suite)

Les préludes d'opéra

Les préludes d'opéra, voire d'oratorio (cf. la Création de Haydn), sont un cas particulier d'ouverture. Par rapport à l'ouverture classique, ils ont pour caractéristique de participer déjà à l'action et d'échapper au moule classique. On emploie ce terme, dans l'opéra, surtout pour Wagner, dont le prélude de l'Or du Rhin, introduisant à toute la Tétralogie, peut être baptisé « prélude des préludes » : fondé sur les harmoniques de mi bémol, ce flux harmonique continu et originel, dont les principaux motifs de la Tétralogie sortiront par complexification et différenciation, ne se présente rien de moins que comme une genèse de la musique elle-même, une cosmogonie. On parle aussi de prélude pour les introductions symphoniques de tous les actes d'un opéra (par ex., prélude du troisième acte de Lohengrin).

prélude et fugue

Diptyque formel ne portant pas nécessairement cette dénomination dans les sources, particulièrement employé dans la musique baroque de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe (Buxtehude, Bach), mais aussi plus tard (Monn, Albrechtsberger), et pouvant être destiné à l'orgue, au clavier, à un ensemble de cordes

(Clavier bien tempéré, prélude).

préparation

En harmonie classique, on considère une dissonance comme préparée lorsque la note formant dissonance appartenait déjà à l'accord précédent et y formait consonance. Les anciens traités étaient très stricts sur la nécessité de préparer les dissonances. Sous la pression des exemples contraires, la sévérité s'est beaucoup relâchée.

Présences

Festival de musique contemporaine, largement consacré à la création d'œuvres nouvelles, organisé chaque année par Radio France depuis 1992.

Chaque édition met prioritairement en relief la création d'un compositeur important (Ligeti, Goubaïdoulina, Kagel) et/ou un mouvement, une école (jeunes compositeurs, la musique russe contemporaine, compositeurs chinois). Il passe de nombreuses commandes à des compositeurs aux orientations les plus diverses et poursuit une politique conséquente de retransmissions radiophoniques.

Presti (Yvette Montagnon, dite Ida)

Guitariste française (Suresnes 1924 – Rochester 1967).

Elle apprend la guitare avec son père, et fait ses débuts d'enfant prodige à l'âge de dix ans. Dès 1936, elle se produit en soliste avec la Société des concerts du Conservatoire. Le compositeur Turina lui prodigue ses conseils, ainsi que Rodrigo. De ce dernier, elle donne en 1948 la première audition française du Concerto d'Aranjuez. En 1950, elle se marie avec Alexandre Lagoya, et forme avec lui un duo mondialement célèbre. Elle est dédicataire de la Sérénade de Jolivet, de la Sarabande de Poulenc et de l'Élégie de Daniel-Lesur. Villa-Lobos, Pierre Petit et Rodrigo écrivent aussi des pièces pour le duo Presti-Lagoya. Un mois avant de disparaître en pleine gloire, elle crée salle Gaveau le Concerto pour deux guitares de Jean Wiener. Musicienne inspirée, elle est, avec Andrés Segovia, la première guitariste à avoir donné ses lettres de noblesse à la guitare classique.

prestissimo (ital. ; « très vite »)

Le terme a pris toute sa signification à partir du XIXe siècle avec les progrès de la technique instrumentale et notamment pianistique. Il invite le virtuose à atteindre la limite de sa vélocité.

presto (ital. ; « vite »)

Théoriquement plus rapide que l'allégro, le presto l'est souvent moins, notamment dans la musique baroque. Il s'applique en effet à des pièces écrites en noires et en croches, tandis que les doubles et triples croches abondent dans les allégros.

Preston (Simon)

Organiste anglais (Bournemouth 1938).

Il est choriste au King's College de Cambridge pendant trois ans, avant d'étudier l'orgue à la Royal Academy de Londres avec C. H. Trevor. Il est ensuite organiste pendant cinq années au King's College, tout en travaillant avec David Willcocks. De 1962 à 1967, il occupe un poste d'organiste à Westminster Abbey, et s'impose en enregistrant les œuvres de Messiaen. En 1970, il devient titulaire et chef du Chœur de la Christ Church d'Oxford, qui livre des interprétations prestigieuses de Lassus, Byrd, Haendel, Vivaldi ainsi que des messes de Haydn. En 1981, il est de nouveau à Westminster Abbey, mais cette fois comme premier organiste et chef des chœurs. En 1986, il arrange et compose la musique attribuée à Salieri dans le film Amadeus. En 1987, il démissionne de Westminster et poursuit une carrière de virtuose. Directeur du Festival d'orgue de Calgary, il dirige Alexander's Feast de Haendel à Berlin et Leipzig en 1996.

Prêtre (Georges)

Chef d'orchestre français (Waziers, Nord, 1924).

Il a étudié la trompette et la composition au Conservatoire de Paris, et la direction d'orchestre avec André Cluytens. Nommé en 1946 chef d'orchestre à l'Opéra de Marseille, il fut ensuite directeur artistique des théâtres de Lille, Casablanca et Toulouse, et fit ses débuts à Paris en dirigeant à l'Opéra-Comique la première représentation dans cette ville de Capriccio de Richard Strauss. Il resta attaché à ce théâtre jusqu'en 1959, et, en 1960, débuta à l'Opéra de Paris, où il fut plus tard directeur de la musique (1970-71). Il dirigea à Paris des représentations auxquelles participèrent Maria Callas et Tito Gobbi (Tosca, Norma), ainsi que Birgit Nilsson (Turandot), et attacha son nom à celui de Francis Poulenc, dont il créa la Voix humaine et le Gloria.

   Il a mené également une brillante carrière internationale, notamment comme premier chef invité de l'Orchestre symphonique de Vienne (1986-1991). Il a pris en 1995 la direction de l'Orchestre symphonique de la radio de Stuttgart.

Prey (Claude)

Compositeur français (Fleury-sur-Andelle, Eure, 1925 – Paris 1998).

Il a fait ses études au Conservatoire de Paris avec Darius Milhaud et Olivier Messiaen. Il est essentiellement un homme de théâtre : son important catalogue ne comprend pas une seule œuvre de musique « pure ». Il a toujours été son propre librettiste, sauf pour le Cœur révélateur, opéra de chambre sur un texte de Philippe Soupault (1962 ; Italia, 1963). Dans son théâtre, le langage joue un rôle prédominant, la même phrase pouvant avoir plusieurs sens suivant la notation de son intonation, de son rythme, de son ambitus, voire de son timbre. On lui doit Lettres perdues, opéra radiophonique (1960) ; la Dictée (1961) ; le Cœur révélateur (1962) ; L'Homme occis (1963, créé à Paris en 1975) ; Jonas, opéra-oratorio (1964) ; Mots croisés (1965, créé à Paris en 1978) ; Métamorphose d'Écho, opéra de concert (1965) ; Donna Mobile I (1966) ; la Noirceur du lait, opéra-test (1967) ; On veut la lumière ? Allons-y !, opéra-parodie (1968) utilisant la série pour unifier des éléments très disparates et se livrant à une véritable analyse structuraliste de la musique de l'époque de l'affaire Dreyfus ; Fêtes de la faim (1969) ; le Jeu de l'oie (1970) ; Théâtrophonie, ouvrage pour 12 chanteurs et piano écrit à l'occasion de l'année Proust (1971) ; Donna Mobile II (1972) ; les Liaisons dangereuses, d'après Choderlos de Laclos (1973), opéra épistolaire créé à l'Opéra du Rhin et repris à Avignon, puis, en 1980, à Aix-en-Provence, et qui demeure sa partition la plus célèbre ; Young Libertad (1976, créé à Lyon par l'Opéra-Studio) ; les Trois langages, écrit pour des enfants (1978) ; Utopopolis (1980) ; l'Escalier de Chambord, créé à Tours en 1981 ; Paulina (Tourcoing, 1983) ; le Rouge et le Noir (Aix-en-Provence, 1989).