Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Waechter (Eberhard)

Baryton autrichien (Vienne 1929 – id. 1992).

Il est l'élève d'Elisabeth Rado à Vienne. En 1953, il débute au Volksoper de la même ville dans Paillasse, puis en 1955 au Staatsoper. Sa carrière se confond avec ce théâtre lyrique où il chante, sous la baguette de Böhm et de Karajan notamment, pendant plus de 1 300 représentations ! Mozartien à Glyndebourne et à Salzbourg, il est invité dès 1958 à Bayreuth par Wieland Wagner. Il chante Wolfram, mais son rôle fétiche est Amfortas, qu'il aborde sous la direction de Knappertsbusch. En 1959, il signe un Don Giovanni légendaire avec Giulini. Il excelle aussi dans les opérettes viennoises. En 1987, il est nommé intendant du Volksoper de Vienne et, en 1991, du Staatsoper. Il poursuit un idéal qui semble incompatible avec les conditions économiques du star-system actuel : reconstituer des troupes de chanteurs dans l'esprit des traditions viennoises ; en désaccord, Abbado démissionne alors de son poste au Staatsoper. Waechter meurt avant d'avoir pu mener à bien cette politique.

Wagenaar

Famille de musiciens néerlandais.

 
Johan, compositeur et pédagogue (Utrecht 1862 – La Haye 1941). Il étudia à l'École de musique d'Utrecht et à Berlin, et, en 1887, succéda à son ancien maître Richard Hol aux postes de directeur de l'École de musique et d'organiste de la cathédrale d'Utrecht. De 1919 à 1937, il fut directeur du conservatoire de La Haye. Il compta parmi ses élèves Willem Pijper. Influencé par Brahms, Berlioz et Richard Strauss, il écrivit notamment l'ouverture Cyrano de Bergerac (1905), le poème symphonique Saul en David (1906), la cantate De Schipbreuk (1889), les opéras De doge van Venetie (1901) et De Cid (1915).

 
Bernard, compositeur, violoniste et chef d'orchestre (Arnhem 1894 – York, Maine, 1971). Fils et élève du précédent, il émigra aux États-Unis en 1920 et fut naturalisé en 1927. Il fut violoniste à la Philharmonie de New York (1921-1923), puis enseigna à l'Institute of Musical Art, devenu plus tard la Juilliard School (1925-1968). On lui doit notamment quatre symphonies (1926, 1930, 1936, 1946) et Song of Mourning pour orchestre (1944), à la mémoire des patriotes néerlandais tombés durant la guerre.

Wagenseil (Georg Christoph)

Compositeur et claveciniste autrichien (Vienne 1715 – id. 1777).

Élève de Fux, de Gottlieb Muffat et de Matteo Palotta, il obtint une bourse d'études de la cour en 1736 et, la même année, fit entendre sa première messe (Missa spei). Il fut nommé compositeur de la cour en 1738, fut organiste à la chapelle de la veuve de l'empereur Charles VI de 1741 à 1750, et en 1749, devint professeur de clavecin des enfants de l'impératrice Marie-Thérèse. Dans sa jeunesse, il mena assez haut la tradition baroque, écrivant notamment plusieurs messes, parmi lesquelles la Missa Domine libera animam meam (1737) et la Missa panem quotidiam (1739), ainsi qu'environ 90 ouvrages liturgiques (entre 1737 et 1755). De 1740 date sa cantate dramatique I Lamenti d'Orfeo. En 1745, il se rendit en Italie, où fut donné son premier opéra, Ariodante (Venise, 1745). Suivirent notamment La Clemenza di Tito (Vienne, 1746), Demetrio (Florence, 1746), Alessandro nell'Indie (Vienne, 1748), Il Siroe (Vienne, 1748) et L'Olimpiade (Vienne, 1749), ainsi que les pasticci Andromeda (Vienne, 1750) et Euridice (Vienne, 1750). Dans cette dernière œuvre en particulier, il réussit à élaborer de grandes scènes intégrant récitatifs, airs, ensembles et chœurs. En tout, il collabora à 5 pasticci et écrivit 10 opéras, 43 cantates et airs ainsi que 3 oratorios, Gioas, re di Giuda (1755), La Redenzione (1755) et Il Roveto di Mosè (1756).

   Son importance ne fut pas moindre dans le domaine instrumental, où il apparaît davantage comme un compositeur préclassique. De ses 96 symphonies, toutes sauf 4 sont en trois mouvements. On lui doit aussi 93 ouvrages de musique de chambre, 3 doubles concertos (2 pour deux violons et 1 pour hautbois et basson), 3 concertos pour flûte, 2 pour violoncelle, 1 pour violon, 1 pour trombone et 93 pour instruments à clavier (1 pour quatre clavecins solistes, 6 pour deux clavecins, 12 pour clavecin ou orgue, 2 pour clavecin ou harpe, 3 pour piano-forte et 69 pour clavecin). Ses pièces pour clavecin, en particulier ses sonates, et sa musique de chambre avec clavecin frayèrent directement la voie au jeune Haydn. À signaler en particulier les Divertimenti da cembalo parus à Vienne en quatre groupes de six (1753, 1755, 1761 et 1763), tous dédiés à une archiduchesse d'Autriche.

   Wagenseil fut le premier musicien autrichien dont la musique se répandit largement à Paris, à la fois par l'édition (vingt-neuf publications de 1755 à 1781) et au concert (au moins neuf auditions au Concert spirituel de 1759 à 1781). En 1759, il se rendit une dernière fois en Italie. En 1762, Mozart, âgé de six ans, joua un de ses concertos à Schönbrunn. À partir de 1764, malade, il se fit peu à peu remplacer comme professeur de clavecin à la cour par Matthäus Schlöger, puis par ses élèves Joseph Anton Steffan et Leopold Hofmann. Parmi ses autres élèves, Johann Baptist Schenk, qui raconte dans son autobiographie que Wagenseil utilisait, pour son enseignement, le Clavier bien tempéré de Bach, et Frantisek Xaver Dusek, l'ami de Mozart.

Wagner-Regeny (Rudolf)

Compositeur allemand d'origine roumaine (Szasz-Regen, Transylvanie, 1903 – Berlin-Est 1969).

Il étudia à Leipzig (1919) et à Berlin (1920), et fut naturalisé en 1930, après s'être fait connaître par de courtes pièces théâtrales comme Sganarelle oder Der Schein trügt, d'après Molière (Essen, 1929) ou Der nackte König, d'après Andersen (Gera, 1930). En 1935, son opéra Der Günstling (d'après Hugo) fut créé avec succès à Dresde, mais Die Bürger von Calais, d'après Froissart (Berlin, 1939) et surtout Johanna Balk (Vienne, 1941) suscitèrent la réprobation du régime national-socialiste. Après 1950, il enseigna à Rostock et à Berlin-Est, et développa une conception personnelle de la technique sérielle. Il écrivit alors l'oratorio scénique Prometheus (Cassel, 1959) l'opéra Das Bergwerk zu Falun (Salzbourg, 1961), et diverses partitions instrumentales.