Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Stokovski (Leopold)

Chef d'orchestre et compositeur américain d'origine polono-irlandaise (Londres 1882 – Nether Wallop, Angleterre, 1977).

Il fit ses études de violon, de piano et d'orgue au Collège royal de musique. En 1902, il fut nommé organiste et chef de chœur à Saint-James de Piccadilly. Entré au Queen's College d'Oxford, il en sortit en 1903 avec le titre de Bachelor of Music. En 1905, il fut appelé à New York en tant qu'organiste et chef de chœur à l'église Saint-Bartholomew. Il débuta comme chef d'orchestre en 1908 à Londres, et fut nommé en 1909 directeur musical de l'orchestre de Cincinnati, avant de devenir celui de l'Orchestre de Philadelphie (1912-1941), lequel devint, sous sa baguette, l'un des premiers du monde. Parmi les innombrables premières dues à ses soins, il faut signaler, en créations mondiales, Amériques et Arcana de Varèse (1926-27), la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov (1937), le Concerto pour violon de Schönberg (1940), et, en créations américaines, le Sacre du printemps de Stravinski (1922), 4 symphonies de Chostakovitch, 3 de Sibelius, Noces de Stravinski (1929), Wozzeck de Berg, Œdipus rex de Stravinski (1931), Alexandre Nevski de Prokofiev (1943). En 1915, Stokovski avait obtenu la nationalité américaine. Il fut animateur de concerts pour enfants (1921) et réalisa le premier enregistrement « électrique ». En 1927-28, il fit un séjour aux Indes pour y étudier la musique orientale. De 1937 à 1940, il tourna les films Big Broadcast 1937, 100 Men and 1 Girl, et Fantasia. De 1941 à 1949, il partagea avec Toscanini la direction de l'Orchestre de la NBC, puis devint codirecteur, avec Mitropoulos, du New York Philharmonic (1949). En 1953, il créa la Société de musique contemporaine de New York, puis devint le directeur musical de l'orchestre de Houston (1955-1960). En 1965, il dirigea la première exécution de la 4e Symphonie de Charles Ives. À partir de 1974, il cessa, sauf exception, de paraître en public et se consacra exclusivement aux enregistrements. Ouvert aux musiques de tous les âges et de tous les pays, Stokovski était également préoccupé des problèmes d'acoustique, et pendant longtemps ses disques furent les mieux enregistrés du monde. Si l'on excepte certaines transcriptions fort discutables (Bach, Moussorgski, Wagner), il est resté un propagateur infatigable des musiques les plus difficiles ou les plus actuelles, un interprète remarquable de Mahler, Sibelius, Chostakovitch, Stravinski, un chef d'orchestre sinon toujours très orthodoxe, du moins sincère et efficace, plein de vie et de présence.

Stolz (Robert)

Compositeur et chef d'orchestre autrichien (Graz 1880 – Berlin 1975).

Benjamin des chefs d'orchestre quand il débuta au Théâtre an der Wien à l'âge de douze ans, il allait en devenir le doyen quatre-vingts ans plus tard. Robert Stolz tint en effet la baguette pratiquement jusqu'à sa mort, spécialisé dans l'interprétation du grand Johann Strauss, qu'il avait personnellement connu. Il a, d'autre part, composé une cinquantaine d'opérettes, viennoises comme il se doit. La première, en 1909, s'appelait Die lustigen Weiber von Wien ; la dernière, en 1949, Frühling in Prater. C'est à mi-chemin, en 1921, qu'il signa son chef-d'œuvre : Die Tanzgräfin.

Stolzel (Gottfried Heinrich)

Compositeur et théoricien allemand (Gründstädt, Erzgebirge, 1690 – Gotha 1749).

Après des études à Leipzig, il voyagea en Italie (1713-1715), puis passa trois ans à Prague et un an à Bayreuth. À partir de 1720, il fut au service de la cour de Saxe-Gotha. On lui doit notamment douze cycles annuels de cantates. Bach inclut sa partita en sol mineur dans le Klavier-Büchlein pour Wilhelm Friedemann (1720).

Storace

Famille de musiciens anglais d'origine italienne.

 
Stephen (Stefano), contrebassiste (Torre Annunziata v. 1725 – ? v. 1781). Il était en 1748 à Dublin, et en 1758 à Londres, où il traduisit en anglais La Serva padrona de Pergolèse. En 1778, il emmena sa famille en Italie, et c'est probablement là qu'il mourut deux ou trois ans après.

 
Stephen, compositeur, fils du précédent (Londres 1762 – id. 1796). Il alla étudier à Naples en 1776, et fut rejoint en Italie par ses parents et par sa sœur en 1778. En 1782, il était de retour à Londres, il envoya à sa sœur, qui séjournait à Vienne, des œuvres de musique de chambre qui lui valurent de la part de Joseph II, désireux de plaire à Nancy dont il voulait faire sa maîtresse, la commande de deux opéras, dont l'un, Gli Equivoci, sur un livret de Da Ponte d'après The Comedy of Errors de Shakespeare. Stephen Storace se rendit à Vienne pour leurs premières représentations (1785 et 1786), auxquelles participa sa sœur, et y prit peut-être des leçons de Mozart. En 1787, il retourna à Londres avec sa sœur et le chanteur Michael Kelly. Il écrivit alors une série d'opéras anglais dont le plus favorisé par le succès fut The Haunted Tower (1789), et le plus réussi, The Pirates (1792). Pour le finale du deuxième acte de cette dernière œuvre, il puisa largement dans celui du premier acte de Gli Equivoci.

 
Nancy (Ann Selina, Anna), soprano, sœur du précédent (Londres 1765 – id. 1817). Elle se rendit en Italie avec ses parents en 1778, puis fut prima donna à Vienne (1783-1787). Elle y créa le rôle de Susanna dans les Noces de Figaro de Mozart, qui écrivit pour elle, lors de son départ l'année suivante, l'air de concert Ch'io mi scordi di te (K. 505). De retour à Londres, où elle espéra, mais en vain, faire inviter Mozart, elle chanta dans presque tous les opéras anglais de son frère. En 1791, elle participa comme chanteuse aux mêmes concerts que Haydn, et était présente dans la salle lorsque ce dernier, en juillet, fut fait docteur d'Oxford. En 1797, elle entreprit une tournée en Europe avec le ténor John Braham, qu'elle ne put épouser étant donné que son premier mari, le compositeur John Fisher, dont elle vivait séparée pratiquement depuis leur mariage à Vienne, était toujours vivant, et se retira de la scène en 1808. De petite taille, dotée d'une voix claire et puissante mais assez rude, elle excellait dans les rôles comiques.