Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

chromatisme

Terme relativement récent faisant référence à l'emploi d'éléments chromatiques dans le vocabulaire ou dans le style.

Le chromatisme est très souvent employé à titre d'élément de tension impliquant un caractère douloureux ou passionnel et s'oppose ainsi au diatonisme, mieux adapté par sa stabilité à l'évocation des sentiments ou des situations exemptes de perturbations (v. figuralisme) : chromatisme des madrigalistes italiens (Marenzio, Gesualdo), chromatisme de Liszt, de Wagner (notamment dans Tristan et Isolde), de Richard Strauss, etc.

chrotta
ou crouth
ou crowd
ou crwth

Instrument à cordes frottées, l'un des premiers à avoir été utilisé par des musiciens occidentaux.

Il semble être d'origine celtique et reste en honneur jusqu'au XVIIIe siècle au pays de Galles et en Bretagne. Il est découpé et creusé dans une seule pièce de bois, sauf la table d'harmonie. Deux parties sont découpées dans le haut de ce trapèze allongé ; entre elles se trouve le manche qui comporte en général six cordes. Mahillon pense que les cordes étaient jouées simultanément et que l'on pouvait obtenir des effets sonores semblables au bag-pipe. Le crwth était tenu comme un violon, et, en plus, l'instrumentiste passait à son cou une lanière pour le soutenir.

Chrysander (Karl Heinz Friedrich)

Musicologue allemand (Lübtheen, Mecklembourg, 1826 – Bergadorf, près de Hambourg, 1901).

Docteur de l'université de Rostock (1855), il se consacra à l'étude de Haendel en s'attachant à replacer le musicien dans son contexte historique. Il entreprit de publier ses œuvres complètes, d'abord au sein d'une Société Haendel, créée en 1856, puis, à la dissolution de celle-ci, avec ses seuls moyens. Après avoir installé dans sa propre maison un atelier de gravure musicale et une imprimerie, il fit face à de graves difficultés matérielles et financières jusqu'au jour où, en 1894, il put céder son édition à une nouvelle Société Haendel, fondée à Londres.

Chueca (Federico)

Compositeur espagnol (Madrid 1846 – id. 1908).

De formation scientifique et musicien amateur, il fonda une sorte d'orchestre symphonique ambulant qui attira l'attention de Francisco Barbieri. Ce dernier le poussa à créer une Société des concerts qui joua un rôle important dans la vie musicale espagnole du XIXe siècle. Devenu professionnel, Chueca composa un nombre important de zarzuelas de courte dimension (1 acte) dans lesquelles il se plut à introduire des airs populaires choisis en fonction du lieu où ces œuvres étaient censées se passer ; avec Felipe Pedrell (mais dans un tout autre esprit), il fut l'un des premiers Espagnols à unir folklore et musique. Parmi ses œuvres, il faut citer Pobre Chica (« Pauvre Gosse »), El Caballero de Gracia (« le Chevalier des grâces »), ainsi que Gran Vía (1886) et Cadiz, composées en collaboration avec Joachim Valverde, lequel harmonisait et orchestrait les thèmes choisis par Chueca. Celui-ci, en effet, ne combla jamais d'importantes lacunes dans sa formation de compositeur. Avec Ruperto Chapí et Tomás Bretón, Chueca compte parmi ceux qui entraînèrent le jeune Manuel de Falla à se consacrer à la musique.

Chung Kyung-wha

Violoniste coréenne (Séoul 1948).

Elle est la plus jeune fille d'une famille de sept enfants. Son père, un homme d'affaires important, lui fait apprendre le piano dès l'âge de sept ans, mais elle préfère le violon : à neuf ans, elle joue déjà le Concerto de Mendelssohn avec l'Orchestre symphonique de Séoul ! De 1961 à 1967, elle étudie à la Juilliard School de New York, où Ivan Galamian fait fructifier ses dons prodigieux. Elle remporte un triomphe au Concours Loventritt de 1967 : en résulte une tournée dans une centaine de villes américaines. En 1968, elle débute avec le New York Philharmonic, et en 1970 avec l'Orchestre symphonique de Londres et André Prévin. La même année, elle signe un contrat d'exclusivité avec Decca. Elle joue les concertos d'Elgar et de Bartók avec Solti en 1977, celui de Beethoven en 1979 avec Kondrashine et la Philharmonie de Vienne. Elle joue aussi Bach, Stravinski, Vieuxtemps et le Concerto de Walton, qu'elle enregistre sous la direction du compositeur. Elle se produit en trio avec sa sœur Myung-wha et son frère Myung-wung. En 1980, elle joue pour la première fois sous la direction de ce dernier.

Chung Myung-wha

Violoncelliste coréenne naturalisée américaine (Séoul 1944).

Après ses débuts publics à Séoul en 1957, elle part avec sa sœur Kyung-Wha à la Juilliard School de New York. Elle y étudie de 1961 à 1967, puis reçoit les conseils de Piatigorski à l'Université de Californie de Sud. En 1968, elle obtient le premier prix du Concours de San Francisco, et en 1971 celui de Genève. Elle consacre une part importante de sa carrière à la musique de chambre. En trio avec sa sœur et son frère Myung-wung, elle joue les œuvres de Brahms, Beethoven, Mendelssohn, Tchaïkovski et Chostakovitch.

Chung Myung-wung

Chef d'orchestre et pianiste coréen (Séoul 1953).

Dès 1960, il fait ses débuts de pianiste avec l'Orchestre symphonique de Séoul. Installé aux États-Unis en 1968, il étudie au Mannes College et à la Juilliard School, s'orientant progressivement vers la direction d'orchestre. En 1974, il remporte le second prix du Concours Tchaïkovski à Moscou, puis, de 1975 à 1978, il se perfectionne avec Sixten Ehrling et Franco Ferrara. De 1978 à 1981, il est assistant de Giulini à Los Angeles. En 1982, il fait ses débuts avec l'Orchestre de Paris et s'installe en Europe en 1983. De 1984 à 1990, il dirige l'Orchestre symphonique de la Radio de Sarrebruck. En 1989, il accepte une lourde responsabilité : prendre la tête de l'orchestre de l'Opéra de Paris. Le 17 mars 1990, il inaugure l'Opéra Bastille avec les Troyens de Berlioz. Il décide d'agrandir l'orchestre, et plaide pour une séparation plus nette des activités lyriques et du ballet. Dès 1990, une tournée en Corée et plusieurs enregistrements remarqués chez Deutsche Gramophon ­ Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch et la Turangalila-Symphonie de Messiaen, notamment ­ traduisent une réussite certaine. Malgré son aura, il est contraint à une démission houleuse en 1994. Il reprend alors une carrière de chef invité, à Vienne, Londres ou Philadelphie.