Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Ledroit (Henri)

Haute-contre français (Villacourt 1946-Nancy 1988).

À Nancy et Strasbourg, il étudie le piano, l'harmonie et le chant. En 1972, il rencontre Alfred Deller, puis travaille avec René Jacobs et Nigel Rogers. Après ses débuts à Nancy dans Ariodante de Haendel et Giasone de Cavalli, il fonde en 1977 l'ensemble Nuove Musiche, redécouvrant des duos italiens du XVIIe siècle. En 1981, il chante le Couronnement de Poppée de Monteverdi, à Bruxelles, puis David et Jonathas de Charpentier, à Lyon. Jean-Claude Malgoire, Michel Corboz, Philippe Herreweghe et la Camerata de Boston l'invitent régulièrement. Malgré la brièveté de sa carrière, il aborde aussi le XXe siècle avec le Songe d'une nuit d'été de Britten. Il laisse plusieurs enregistrements de Monteverdi, Rameau et Haendel.

Leduc

Maison française d'édition, fondée vers 1841 à Paris par Alphonse Leduc (Nantes 1804 – Paris 1868), sans lien de parenté avec la famille de Simon Le Duc.

Lui succédèrent son fils Alphonse (Paris 1844 – id. 1892), le fils de ce dernier, Émile-Alphonse (Paris 1878 – id. 1951), et les deux fils de celui-ci, Claude-Alphonse (né en 1910) et Gilbert-Alphonse (né en 1911). La maison, qui, en 1980, a absorbé les éditions Heugel, possède à son catalogue, outre de nombreux compositeurs français contemporains, un fonds très important d'ouvrages didactiques.

Lee (Noël)

Pianiste et compositeur américain (Nankin, Chine, 1924).

Il fait ses études à l'université Harvard (avec Walter Piston et Irving Fine), puis au conservatoire de la Nouvelle-Angleterre, à Boston, et à Paris (avec Nadia Boulanger). Il obtient les prix Lili-Boulanger (1953), prix de l'orchestre de Louisville (1954), prix de l'Académie américaine des arts et lettres (1959), et il mène de front une carrière de pianiste (Debussy, Ravel, Stravinski, Copland et Schubert sont, notamment, ses spécialités) et de compositeur, occasionnellement interrompue par son activité de pédagogue (université Brandeis, Dartmouth College, université Cornell).Dans un esprit néoromantique, mais curieux de tout ce qui peut apporter à son écriture une nuance originale (et parfois complexe), Lee a réalisé un catalogue copieux, particulièrement orienté vers l'expression vocale et la musique de chambre. Il a, par ailleurs, enregistré près de 100 microsillons et révélé en Europe quelques-unes des œuvres posthumes de Webern.

Leeuw (Tonde)

Compositeur néerlandais (Rotterdam 1926 – Paris 1996).

Il fait ses études d'abord dans son pays avec Henk Badings, puis à Paris avec Olivier Messiaen, et travaille ensuite l'ethnomusicologie avec Jaap Kunst : cette matière va lui permettre de se dégager de l'académisme sériel. En 1961, il peut, grâce à une bourse du gouvernement des Pays-Bas, effectuer un voyage d'études en Inde. Ingénieur du son à la radio jusqu'en 1959, il enseigne la composition au conservatoire d'Utrecht et occupe actuellement un poste analogue à celui d'Amsterdam, qu'il a dirigé de 1971 à 1973. Il donne également des cours d'ethnomusicologie et des cours sur la musique moderne à l'institut de musicologie de l'université d'Amsterdam.

   De son intérêt pour les musiques de l'Orient témoignent, notamment, son opéra De droom (le Rêve, 1963) et Gending pour orchestre de gamelan (1975). On lui doit aussi des œuvres orchestrales comme Mouvements rétrogrades (1957), Ombres (1961), Symphonies pour vents (1963), Spatial Music I pour 32 à 48 musiciens (1966), III pour 4 groupes d'orchestre (1967) et IV (Hommage à Stravinski) pour 12 instrumentistes (1968), 2 quatuors à cordes (1958 et 1963), Spatial Music II pour 4 à 9 percussionnistes (1971), Haiku pour soprano et piano (1963), Haiku II pour soprano et orchestre (1968), Litanie de notre temps, opéra pour la télévision (1970), Lamento pacis I, II, III d'après Érasme pour chœur mixte et instruments (1969), et, dans le domaine électronique, l'oratorio radiophonique Job (1956), qui a obtenu le prix Italia, Syntaxis (1965) et la Naissance de la musique (1978). Citons aussi Résonances pour orchestre (1985) et un Concerto pour deux guitares et cordes (1988). Son livre Musique du XXe siècle est paru en 1964.

Lefébure-Wély (Lefebvre, dit)

Famille d'organistes et compositeurs français.

 
Isaac-François, organiste ( ? 1746 – Paris 1831). Il fut organiste à Saint-Jacques-du-Haut-Pas, à Paris, puis à Saint-Roch. Il publia quelques compositions (sonates pour violon et clavecin, quatuor pour deux violons, clavecin et basse continue, 3 recueils d'airs), et fut surtout connu pour son oratorio sur les Sept Paroles du Christ.

 
Louis James Alfred, fils du précédent (Paris 1817 – id. 1869). Il fut, lui aussi, organiste et compositeur. Enfant prodige, il débuta très tôt : il suppléait son père à Saint-Roch dès l'âge de dix ans, et devint titulaire de l'instrument à quinze ans, avant même d'entrer au Conservatoire. Il a été ensuite organiste à l'église de la Madeleine (1847-1858), puis à Saint-Sulpice (1863-1869). Il fut le plus célèbre organiste du second Empire, admiré pour ses improvisations descriptives. Ardent propagandiste de l'harmonium, alors appelé « orgue expressif », il marque l'apogée de la décadence du goût et de la technique de l'orgue français, au moment même où s'en amorce la renaissance. Ses œuvres témoignent de sa prolixité : l'Office catholique, l'Organiste moderne, Vade-mecum de l'organiste, les Grandes Orgues, nombreuses pièces pour harmonium, etc. Il est également l'auteur d'une abondante œuvre pour piano, de musique de chambre et d'un opéra, les Recruteurs.

Lefébure (Yvonne)

Pianiste française (Ermont 1898 – Paris 1986).

Ses dons précoces lui valent de remporter, à neuf ans, le prix des Petits-Prodiges du Conservatoire de Paris. Elle y conquiert six autres prix et débute en concert à l'âge de douze ans. Ses maîtres ont pour noms Maurice Emmanuel (histoire de la musique), Charles Marie Widor (fugue), Georges Caussade (contrepoint) et Paul Dukas (composition). Mais c'est l'enseignement d'Alfred Cortot à l'École normale de musique qui détermine véritablement sa carrière, partagée entre l'interprétation et la pédagogie.

   Concertiste, Yvonne Lefébure se produit dans le monde entier, aux côtés des plus grands chefs : Furtwängler, Mengelberg, Mitropoulos, Munch, Paray. Professeur, elle enseigne à l'École normale de musique jusqu'en 1939, au Conservatoire de Paris de 1952 à 1967, et fonde en 1965 une académie d'été, le Printemps musical de Saint-Germain-en-Laye. Âme forte de la musique, elle a rallié plusieurs générations de pianistes à sa quête perfectionniste et passionnée de la structure et du chant intérieur des œuvres, et prêché l'exemple en défendant la musique française de la première moitié du siècle, en particulier Ravel, Dukas et Maurice Emmanuel.