Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
N

Neupert

Manufacture allemande d'instruments à clavier fondée à Münchberg en 1868 par Johann Christoph Neupert (1842-1921) et transférée à Bamberg.

Plusieurs filiales furent ensuite fondées à Nuremberg, Munich et Berlin. La firme fut successivement dirigée par Fritz (1872-1952), Reinhold (1874-1955), Julius (1877-1970), Alfred (1900-1970), puis, à partir de 1928, par Hanns Neupert (1902-1980), auteur de nombreux ouvrages sur le clavecin, dont Das Cembalo (1933), et aujourd'hui par Wolf Dieter (né en 1937). Fabricants de pianos à l'origine, les Neupert furent parmi les premiers artisans allemands à se consacrer également, dans les premières années du XXe siècle, à la fabrication de clavecins, de pianoforte, et de pianos pédaliers.

Neusidler

Famille de luthistes et de compositeurs allemands.

 
Hans (Presbourg v. 1508-1509 – Nuremberg 1563). Arrivé à Nuremberg en 1530, il en devint citoyen l'année suivante, et, entre 1536 et 1549, y publia 8 livres de luth, qui rassemblent l'essentiel du répertoire des luthistes allemands de cette époque. Les plus difficiles des pièces témoignent d'un art exceptionnel de l'ornementation, proche de celui des organistes. L'introduction du premier livre est une sorte de méthode, qui, par ses indications de doigté, éclaire l'agencement polyphonique des pièces. Avec Hans Judenkönig et Hans Gerle, Hans Neusidler fut le principal représentant en Allemagne de la musique pour luth en ses débuts.

 
Melchior, fils du précédent (Nuremberg 1531 – Augsbourg 1590). Il s'installa en 1551 à Augsbourg, où il fut en relation avec la famille Fugger. Ses trois livres, publiés pour les deux premiers à Venise (1566), pour le troisième à Strasbourg (1574), traduisent l'influence des luthistes italiens et contribuèrent à la diffusion de la fantaisie pour luth.

 
Conrad, frère du précédent (Nuremberg 1541 – Augsbourg 1604 ou après). Il s'installa à Augsbourg en 1562 et n'a laissé comme musique que quelques danses contenues dans un même manuscrit.

neuvième

1. Intervalle produit entre les extrêmes d'un groupe de 9 notes consécutives, prises sur une gamme diatonique, départ et arrivée compris. La neuvième est le redoublement de la seconde, et peut être majeure (octave + 1 ton), mineure (octave + 1/2 ton) ou augmentée (octave + seconde augm.).

2. L'accord de neuvième est celui formé de 5 notes pouvant s'énoncer par tierces juxtaposées, exemple do-mi-sol-si-ré (mais non forcément disposées dans cet ordre). L'accord est naturel quand ses intervalles correspondent à ceux formés par les sons 1 à 9 de la résonance (do-mi-sol-si bémol-ré), et prend en ce cas le nom de neuvième de dominante s'il est placé sur le 5e degré, ce qui se produit normalement en majeur et en mineur ascendant. Il est majeur si tous ses intervalles (à partir de la fondamentale) sont justes ou majeurs (ex. do-mi-sol-si-ré), mineur si la septième est mineure au-dessus d'un accord de septième naturelle (c'est le cas de la neuvième de dominante en mineur harmonique, dite neuvième de dominante mineure). Les autres accords de neuvième portent des noms variables d'un auteur à l'autre (on en dénombre 11), la nomenclature la plus rationnelle étant sans doute celle du Traité historique d'analyse harmonique de J. Chailley.

3. Jeu de mutation de l'orgue, d'introduction récente et non généralisée, faisant entendre la neuvième ou la seizième du son fondamental.

Neveu (Ginette)

Violoniste française (Paris 1919 – San Miguel, Açores, 1949).

Enfant précoce ­ à onze mois elle fredonnait les airs qu'elle entendait ­, Ginette Neveu reçoit de sa mère, professeur de violon, ses premières leçons, avant d'être acceptée, à cinq ans, dans le cours de Line Talluel. À sept ans, elle fait ses débuts Salle Gaveau en jouant le Concerto en « sol » mineur de Max Bruch, avec l'orchestre Colonne, dirigé par Pierné. En 1928, elle reçoit coup sur coup une médaille au concours Léopold-Bellan, le premier prix de l'École supérieure de musique et le prix d'honneur de la Ville de Paris, et joue le Concerto de Mendelssohn, sous la direction de Gaston Poulet. Elle entre en novembre 1930 au Conservatoire de Paris, dans la classe de Jules Boucherit, et en sort ­ fait sans précédent ­ huit mois plus tard avec le premier prix. Enesco, stupéfait de tels dons, lui prodigue ses leçons. En 1931, elle participe au concours international de Vienne ; elle ne reçoit qu'une mention d'honneur, mais Carl Flesch la remarque et la fait étudier pendant quatre années. Elle remporte, en 1935, à Varsovie le concours Wieniawski, devant David Oïstrakh. Célèbre en quelques heures, Ginette Neveu entreprend la même année une tournée en Pologne et en Allemagne, suivie en 1936 d'une tournée en Union soviétique et, en 1937, au Canada et aux États-Unis (où elle joue en duo avec Rudolf Serkin). Elle réduit volontairement son activité pendant la guerre, se refusant à toute compromission. Elle interprète à Paris le Concerto de Beethoven, sous la direction de Paul Paray (1941), crée la Sonate pour violon et piano que Poulenc lui a dédiée (1943), et, à Bordeaux, le Concerto pour violon d'Elizade (1944). Devant l'enthousiasme soulevé par ses premiers concerts londoniens en 1945 (en particulier par son interprétation du Tzigane de Ravel), elle passe toute l'année 1946 en Angleterre, et y enregistre le Concerto de Sibelius. De 1947 à 1949, elle rencontre le même succès en Amérique du Sud et aux États-Unis. Après un dernier concert donné Salle Pleyel le 20 octobre 1949, elle trouve la mort dans l'accident d'avion qui la ramène une nouvelle fois en Amérique. Parmi les victimes : son frère Jean, son accompagnateur de toujours, et le champion de boxe Marcel Cerdan. De son stradivarius (qui ne fut jamais retrouvé), Ginette Neveu jouait avec une précision confondante, soumettant son vibrato à l'expression recherchée, modelant le son de la main droite, créant la mélodie à coups d'archet et de sensibilité, en une tension constante entre le respect du style de chaque œuvre et le besoin violent de donner une interprétation digne de la flamme qui l'habitait.