Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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France (XXe s.) (suite)

Les interprètes, les producteurs

L'obligation de concision nous contraint de citer rapidement quelques-uns des interprètes français auxquels la musique contemporaine doit de vivre, autant et même plus qu'à certains compositeurs. Ils sont à notre présent ce que les Ricardo Viñes, les Jane Bathori, et plus loin les Paganini, les Liszt, furent à leur époque : des catalyseurs et des diffuseurs de création. Citons donc les petites formations comme les Percussions de Strasbourg, le quatuor Parrenin, le trio Deslogères, le défunt Ensemble des solistes des chœurs de l'ex-O. R. T. F. (Marcel Couraud), les grosses formations (Nouvel Orchestre philharmonique de Radio-France), ou les moyennes : l'Itinéraire, Ars nova, 2e2m l'Ensemble intercontemporain, l'A. C. I. C., etc., les chefs d'orchestre Charles Bruck, Diego Masson, Boris de Vinogradow, Konstantin Simonovitch, Marius Constant, Jacques Mercier et Pierre Boulez ; les chefs de chœur Marcel Couraud, Stéphane Caillat, Charles Ravier ; et aussi les pianistes Gérard Frémy, Yvonne Loriod, Claude Helffer, Martine Joste, etc., l'ondiste Arlette Sibon, la claveciniste Élisabeth Chojnacka, les flûtistes Pierre-Yves Artaud, Renaud François, Gérard Garcin, le clarinettiste Michel Portal, les violoncellistes Jacques Wiederkehr, Alain Meunier, le guitariste Michel Amoric, les contrebassistes Philippe Drogoz, Joëlle Léandre (tous deux compositeurs), les percussionnistes Jean-Pierre Drouet, Sylvio Gualda, Gaston Sylvestre, les chanteuses et chanteurs Anna Ringart, Irène Jarsky, Simone Rist, Colette Herzog, Ève Brenner, Mario Haniotis, Michel Piquemal, etc.

   De même, il faudrait plus de place pour analyser le rôle des institutions productrices qui se sont substituées au mécénat des de Diaghilev et des de Polignac. L'appui de Mme Tézenas au Domaine musical en fut une heureuse survivance. Mais, désormais, les « producteurs » de musique nouvelle sont, ou ont été, en France, dans le désordre : la société Radio France (issue de l'ex-O. R. T. F.), les Affaires culturelles, quelques éditeurs (Salabert, Leduc, Heugel, Joubert, etc.), les festivals spécialisés (Royan, Metz, Lille, Orléans, Sigma de Bordeaux, La Rochelle, Musica de Strasbourg, Présences de Radio France, Aspects de la musique contemporaine à Caen, Manca de Nice, Musiques expérimentales à Bourges, Festival d'automne, Biennale de Paris, etc.), certaines municipalités, la section « théâtre musical » du festival d'Avignon (Guy Erismann), des directeurs artistiques de productions discographiques, comme jadis Lucien Adès ou Michel Garcin, etc. À noter également l'action du Centre de Documentation de Musique Contemporaine (C. D. M. C.), inauguré en 1978 et dirigé par Marianne Lyon.

Francescatti (René Charles, dit Zino)

Violoniste français (Marseille 1902 – La Ciotat 1991).

Issu d'une famille de musiciens, il commença l'étude du violon à cinq ans, se produisit en public très jeune, mais fit ses vrais débuts en concert à Marseille en 1918. Il se fit entendre pour la première fois à Paris en 1924, après avoir compté parmi ses maîtres Jacques Thibaud, ce qui le rattache à l'école franco-belge. À partir des années 30, il jouit d'une renommée mondiale. Son jeu étincelant le fit apprécier tout particulièrement dans le répertoire romantique.

Francesco da Milano

Luthiste et compositeur italien (Monza, Lombardie, 1497 – ? probablement 1543).

On le trouve en 1510 à Mantoue, où il travaille le luth avec Angelo Testagrossa, protégé d'lsabella d'Este, fille d'Hercule Ier de Ferrare. En 1530, Francesco est au service du cardinal Hippolyte de Médicis ; en 1535, il est à Rome et accompagne en 1538 le pape Paul III au concile de Nice. Là, le roi François Ier l'entend jouer du luth et l'applaudit avec beaucoup d'enthousiasme.

   Francesco da Milano est l'auteur du premier ricercar pour le luth qui ait été conservé. En dehors de ses transcriptions de chansons et de motets d'autres compositeurs (Clément Janequin, Claudin de Sermisy), furent publiés à Venise, entre 1536 et 1547, sous le titre Intabolatura de liuto de diversi, con la bataglia, et altre cose bellissime, des pièces originales pour luth, des ricercari, et des fantaisies qui révèlent un art remarquable de conduire les voix ainsi qu'une grande variété thématique. Il composa également des pièces libres réclamant de l'exécutant une extrême virtuosité. On ne trouve aucune danse dans les pièces publiées. Son style est un heureux mélange de l'art savant du contrepoint hérité des Franco-Flamands et d'un goût typiquement italien pour le stvle de l'improvisation (modo di diminuire). Ses œuvres, toujours d'une grande clarté d'écriture, comptent parmi les plus belles de toute la littérature du luth.

Franchetti (Alberto)

Compositeur italien (Turin 1860 – Viareggio 1942).

Issu d'une famille noble et aisée, il étudia, malgré l'interdit paternel, à Turin, Venise et Dresde, s'imprégnant d'une culture germanique qui transparaît clairement dans sa Symphonie en « mi » mineur (1886) et dans son opéra Asraël (1888), dont son père se décida alors à financer une somptueuse production qui fit le tour du monde. Verdi le signala aux Génois, qui lui attribuèrent la commande officielle de l'opéra Cristoforo Colombo (1892), où l'épopée s'effaçait souvent derrière la peinture des sentiments de Colomb. Une même attitude vériste se retrouve dans Germania (1902), cependant que Franchetti laissait libre cours à son tempérament de symphoniste dans ses poèmes orchestraux Loreley et Nella Silva nera. D'Annunzio révisa à son intention sa Figlia di Jorio (1906), œuvre dans laquelle le musicien voulait revenir « à la pure mélodie italienne ». Des ouvrages mineurs suivirent, et, après avoir assumé quelque temps la direction du conservatoire de Florence, Franchetti quitta la vie musicale en 1928. Plus proche de Boito, Catalani ou Smareglia que des véritables auteurs véristes, Franchetti a sans doute manqué d'une inspiration musicale à la hauteur de ses ambitions philosophiques et de sa science d'écriture.

Franchomme (Auguste)

Violoncelliste et compositeur français (Lille 1808 – Paris 1884).

Après avoir remporté en 1826 un premier prix de violoncelle au Conservatoire de Paris dès sa première année d'études dans cet établissement, il fit partie de divers orchestres parisiens et fut professeur au Conservatoire de 1846 à sa mort. Ami de Chopin, il donna à ce dernier des conseils sur l'écriture pour le violoncelle, et Chopin lui dédia sa Sonate pour violoncelle et piano. Franchomme écrivit un certain nombre de pièces pour violoncelle seul ou pour violoncelle et orchestre, ainsi que des transcriptions.