Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

Ars nova

Terme qui signifie « art nouveau ».

C'est le titre donné par Philippe de Vitry (1291-1361) à un traité qui nous renseigne sur ce que pouvait être l'enseignement de la théorie musicale au début du XIVe siècle. C'est aussi le nom donné au style polyphonique français (mais il s'applique également aux musiciens italiens du trecento) qui s'étend approximativement de 1300 jusqu'à la mort de Guillaume de Machaut en 1377. Il y a, à cette époque, une volonté profonde de renouvellement, due à une évolution des esprits liée à des événements historiques tels que la guerre de Cent Ans. L'Ars nova est caractérisé par différentes recherches : des formes nouvelles (le motet à 3 ou à 4 voix qui emploie souvent la technique de l'isorythmie, et les trois formes fixes de la chanson : ballade, rondeau et virelai), des sujets d'inspiration différente, des textes d'une plus grande qualité poétique (notamment dans le cas de Machaut), des thèmes musicaux plus lyriques (la voix supérieure, cantus, étant plus travaillée, voire ornée), des rythmes utilisés plus souplement, un contrepoint plus libre, des nouveautés tonales (notes sensibles et cadences à double sensible). Tous ces éléments de l'Ars nova annoncent l'âge d'or de la polyphonie franco-flamande au XVe siècle, préparée par une période de transition appelée l'Ars subtilior.

Ars subtilior

Terme introduit en 1963 dans le langage de l'histoire de la musique par Ursula Günther, pour désigner la période qui s'étend entre la mort de Guillaume de Machaut (1377) et les premières œuvres de G.

Dufay, soit entre l'Ars nova et le début de la Renaissance. Le mot choisi est lié au caractère d'extrême raffinement propre à la musique de cette période. Parmi les musiciens de l'Ars subtilior, on peut compter ceux du manuscrit de Chantilly, notamment Baude Cordier.

arsis

Terme de métrique qui, dans l'Antiquité, indiquait que, dans la danse, le pied ou la main du danseur était en position élevée.

Le mot thésis, en revanche, désignait l'abaissement, c'est-à-dire la pose ou la frappe du pied. Par extension, on désigne, en musique, par thesis, le temps fort, et par arsis, le temps faible.

Artaria

Maison d'édition viennoise qui exista de 1769 à 1932.

Les fondateurs en furent deux cousins, Carlo (1747-1808) et Francesco (1744-1808) Artaria, originaires de Blevio, sur le lac de Côme. Après avoir débuté dans les objets d'art, comme déjà à Mayence leurs pères Cesare et Domenico, et leur oncle Giovanni, ils se tournèrent vers l'édition musicale, d'abord en reprenant des publications étrangères (première annonce le 19 octobre 1776), puis en réalisant des éditions originales (première annonce le 12 août 1778).

   La firme devint rapidement la principale de Vienne. Au tournant du siècle, deux de ses collaborateurs fondèrent leur propre maison : en 1798 Tranquillo Mollo (plus tard Tobias Haslinger), et en 1801 Giovanni Cappi (plus tard Diabelli). Carlo et Francesco s'étant retirés dans leur ville natale, le fils de Francesco, Domenico Artaria (1775-1842), devint en 1804 seul propriétaire de la firme, non sans avoir épousé la fille de Carlo. Il eut comme successeur son fils August (1807-1893), et celui-ci, ses trois fils, Carl August, Dominik et Franz, morts respectivement en 1919, en 1936 et en 1942.

   Parurent chez Artaria beaucoup d'œuvres de Haydn (les premières furent, en avril 1780, six sonates pour piano) et de Mozart (dont, en 1785, les six quatuors dédiés à Haydn), puis certaines de Beethoven et de Schubert. On possède plus de 70 lettres de Haydn à la firme, qui de son côté consacra à ce compositeur, de son vivant, environ 150 publications originales ou non. Mathias Artaria (1793-1835), de la branche de Mayence (plus tard Mannheim), mais installé à Vienne, fit paraître notamment en mai 1827 l'opus 133 (grande fugue) et l'opus 134 (transcription de la grande fugue pour piano à quatre mains) de Beethoven, qui venait de mourir ; Mathias Artaria s'intéressa aussi à Schubert. La dernière grande activité de la maison Artaria fut la publication, de 1894 à 1920, de la série des Denkmäler der Tonkunst in Oesterreich (reprise ensuite par Universal Edition).

Artaud (Pierre-Yves)

Flûtiste français (Paris 1946).

Après avoir obtenu les 1ers Prix de flûte et de musique de chambre au Conservatoire de Paris, il étudie l'acoustique musicale à l'université de Paris-IV. À partir de 1972, il est flûte solo aux ensembles l'Itinéraire et 2e2m dévolus à la musique contemporaine. Il enseigne la flûte depuis 1965, a été musicien-animateur des J.M.F. de 1973 à 1980, responsable de 1981 à 1986 de l'atelier de recherche instrumentale de l'I.R.C.A.M., professeur à l'Académie de Darmstadt en 1982. En 1985, il est nommé professeur de musique de chambre au Conservatoire de Paris. Il a appartenu à plusieurs formations de musique de chambre, dont le quatuor de flûtes Arcade, qu'il a créé en 1964. Parallèlement à son activité de flûtiste et d'enseignant, il a dirigé plusieurs collections de musique contemporaine pour différents éditeurs. Comme concertiste, pédagogue et chercheur, il a contribué à développer l'art de la flûte, proposant un nouveau regard sur le répertoire traditionnel et suscitant de nombreuses créations. Il a obtenu en 1982 le Grand Prix d'interprétation de la musique française d'aujourd'hui, décerné par la S.A.C.E.M., et plusieurs grands prix du disque.

articulation

Terme de phonétique désignant l'émission claire et précise des consonnes, qui permet la compréhension des syllabes et des mots.

En chant, la bonne projection des consonnes, des voyelles, des syllabes est un élément indispensable de la technique vocale. Par extension, la musique instrumentale a repris ce terme pour désigner une exécution claire et une compréhension exacte du phrasé musical. On l'emploie aussi dans la technique d'un instrument (piano, violon, …) nécessitant un délié des doigts.

arts florissants (les)

Christie William

Artusi (Giovanni Maria)

Théoricien italien (Bologne v. 1540 – id. 1613).

Cet élève de Zarlino, auteur de canzonette à 4 voix, éditées à Venise en 1598, serait oublié aujourd'hui si ses attaques contre Monteverdi ne l'avaient promu à une certaine célébrité. Dans le plus connu de ses pamphlets, L'Artusi ovvero delle imperfectioni della musica moderna (2 vol., Venise, 1600-1603), il condamne sans appel les audaces des novateurs. Particulièrement visé, Claudio Monteverdi répondit dans la préface de son livre de Madrigaux (1605) que le « compositeur moderne construit ses œuvres en les fondant sur la vérité ».