Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
G

Gewandhaus (allemand pour « maison aux tissus »)

Fondés à Leipzig en 1781 par Johann Adam Hiller, les concerts du Gewandhaus furent inaugurés le 25 novembre de cette année-là dans une salle située dans la partie supérieure du bâtiment. De 1835 à 1847, ils eurent comme chef permanent Mendelssohn. Parmi ses successeurs, on peut citer Carl Reinecke (1860-1895), Arthur Nikisch (1895-1922), Wilhelm Furtwaengler (1922-1928), Hermann Abendroth (1934-1945), Vaclav Neumann (1964-1968), Kurt Masur (depuis 1970). Ils virent notamment la création, au XIXe siècle, du Concerto pour piano no 5 de Beethoven (1811), de la Symphonie no 9 de Schubert (1839), des Symphonies no 1 (1841), no 2 (1846) et no 4 (1841) et du Concerto pour piano (1846) de Schumann, de nombreuses œuvres de Mendelssohn dont la Symphonie écossaise (1842) et le Concerto pour violon (1845), du Concerto pour violon de Brahms (1879), de la Symphonie no 7 de Bruckner (1884).

Ghedalia, pseudonyme de Ghedalia Tazartes

Compositeur français (Paris 1947).

Depuis 1974, il pratique l'« impro-muz » ; ainsi a-t-il baptisé sa technique de réalisation de bandes magnétiques, par superposition en re-recording de couches successives d'improvisation (surtout vocales, mais aussi instrumentales), qui prennent forme au fur et à mesure qu'elles s'accumulent. Il crée, en pur autodidacte et avec généralement sa propre voix pour unique source, de fantastiques délires musicaux, d'une inspiration forte et parfois bouleversante ; citons, entre autres, la Torture mieux qu'à la radio (1975), Temps réel (1976), Un sourire inécrasable (1977), la Couvée du schizophrène (1977), Pauvre Opéra vécu… (1978). Il présente lui-même ses musiques en concert avec une partie vocale supplémentaire faite en direct, des actions scéniques, des environnements de diapositives et d'images, etc. Faite avec peu de moyens, mais avec ce qu'il faut de talent, de souffle et de sens musical pour en tirer le meilleur parti, la musique de Ghedalia est une des révélations des années 70 dans le domaine de l'électroacoustique.

Ghedini (Giorgio Federico)

Compositeur et pédagogue italien (Cuneo, Piémont, 1892 – Nervi, près de Gênes, 1965).

Il a fait ses études à Turin et à Bologne, et enseigné au Liceo musicale de Turin (v. 1920), puis au conservatoire de Parme (1938) et à celui de Milan (1941), qu'il a dirigé de 1951 à 1962. Il s'est forgé un style polyphonique personnel largement influencé par la musique des anciens maîtres italiens, cela dès sa Partita (1926) et son Concerto grosso (1927). Outre de nombreuses œuvres orchestrales et de chambre, on lui doit les opéras Gringoire (1915, non représenté), Maria d'Alessandria (1937), Re Hassan (1939, rév. 1961), La Pulce d'oro (1940), Le Baccanti (1948), Billy Budd (1949) et La Via della croce (1961), l'oratorio La Messa del Venerdì santo (1929), et l'opéra radiophonique Lord Inferno (Prix Italia, 1952, version scénique L'Ipocrita felice, 1956).

Gherardello Da Firenze

Compositeur italien ( ? v. 1320-1325 – ? 1362 ou 1363).

Son œuvre est importante même si la quantité en est assez réduite. Appartenant à la deuxième génération de musiciens de l'école florentine du Trecento, comme Niccolo da Perugia, Gherardello fut l'un des meilleurs et des plus représentatifs. Compositeur de madrigaux (à ne pas confondre avec le madrigal du XVIe siècle), d'une caccia à 3 voix et de ballate, il composa également deux mouvements de messe (un Gloria et un Agnus Dei). Musicien savant, il possède un style d'écriture très typique des préoccupations théoriques florentines de l'époque. Par exemple, la caccia intitulée Tosto che l'alba et contenue dans le beau manuscrit Squarcialupi à Florence prend la forme d'un canon à deux voix mélismatiques (à l'unisson) au-dessus d'une teneur en valeurs longues. Le texte évoque les cris des chasseurs et le son des trompes.

Ghiaurov (Nicolaï)

Basse bulgare (Velingrad 1929 – Modène 2004).

Il débuta à Sofia en 1955 dans le Barbier de Séville (rôle de Basile), après des études de chant à Moscou. Sa carrière internationale commença en 1958, à la Scala de Milan où il chanta d'abord le Grand Inquisiteur dans Don Carlos de Verdi, avant d'aborder le rôle de Philippe II, dans lequel il allait triompher partout, notamment à Londres, Vienne, Paris, New York. Son autre rôle majeur est celui de Boris Godounov qu'il incarna, en particulier, au festival de Salzbourg. Sa voix de basse chantante ample et superbement timbrée est une des plus spectaculaires qui se puisse entendre.

Ghisi (Federico)

Compositeur et musicologue italien (Shanghai 1901 – Luzerna San Giovanni 1975).

Élève de Fausto Torrefranca, il a enseigné à Florence, Pérouse (1945-1974) et Pise (1963-1970), et s'est surtout consacré à la musique italienne, et plus particulièrement florentine, du XIVe siècle au début du XVIIe.

Giardini (Felicede)

Violoniste et compositeur italien (Turin 1716 – Moscou 1796).

Élève de Somis à Turin, il se produisit en Allemagne et à Paris, puis s'établit en 1750 à Londres, où il mena une longue et brillante carrière. Retourné en Italie en 1784, il revint à Londres en 1790 comme entrepreneur d'opéra (son mauvais caractère l'y fit se quereller avec Haydn en 1792). Il partit pour la Russie vers 1793. Ce grand interprète laissa, comme compositeur, des concertos et des sonates pour son instrument, de la musique de chambre diverse dont des quatuors à cordes ainsi que des pages vocales, parmi lesquelles l'oratorio Ruth (1763).

Giarnovichi (Giovanni Mane Jarnowick, dit)

Violoniste et compositeur italien, sans doute d'origine croate (Palerme ? v. 1735-1745 – Saint-Pétersbourg 1804).

Personnalité excentrique, auteur de concertos pour violon, il séjourna à Paris de 1770 à 1779, à Vienne en 1786, à Londres de 1791 à 1796. Tant dans la capitale française que plus tard dans la capitale britannique, il fut supplanté par Viotti.

Gibbons (Orlando)

Compositeur anglais (Oxford 1583 – Canterbury 1625).

Il est le fils de William et Mary Gibbons. Son père est l'un des city waits (« musiciens municipaux ») de la ville de Cambridge depuis 1567. Ses frères, Edward, Ellis et Ferrando, sont également des musiciens de métier. En 1596, il entre dans les chœurs de la chapelle de King's College. En 1605, il est nommé au poste prestigieux d'organiste de la chapelle royale, qu'il conserve toute sa vie. L'année suivante, il est élu Bachelor of Music de l'université de Cambridge et épouse Elisabeth Patten, fille d'un officier de la chapelle royale. L'héritage de son beau-père va plus tard s'ajouter aux revenus qu'il reçoit pour son poste d'organiste et aussi comme membre des Musicians for the virginalls de la Chambre du roi à partir de 1619. En 1622, il est nommé Doctor of Music à l'université d'Oxford. Il succède ensuite à John Parsons comme organiste de l'abbaye de Westminster (1623). Il ne lui reste alors plus que deux années à vivre, mais il a l'occasion d'organiser les solennités musicales des funérailles de Jacques Ier en avril 1625 et d'en préparer d'autres pour l'arrivée de la nouvelle reine d'Angleterre, Henriette-Marie de France. Mais il est soudainement frappé d'apoplexie le 5 juin. Il est enterré dans la cathédrale de Canterbury au moment précis où toute la cour est assemblée pour célébrer le mariage de Charles Ier.

   L'œuvre d'Orlando Gibbons, par sa qualité, peut se comparer à celle de William Byrd. Comme ce dernier, il se distingue surtout par sa musique religieuse et par ses pièces pour le clavier, quelques-unes paraissant dans le recueil Parthenia (v. 1613). Il a composé environ quarante anthems, mais, contrairement à la plupart de ses contemporains, il n'écrit pas sur des paroles latines, se consacrant uniquement au rite anglican. À l'exception de deux anthems (publiés dans Teares or Lamentacions of a Sorrowful Soule par W. Leighton, 1614), aucune de ces œuvres religieuses n'est publiée de son vivant. Certaines sont des verse anthems, écrites dans le style polyphonique pour chœurs, mais avec des interventions solistes et pourvues d'un accompagnement pour l'orgue ou pour les violes ; d'autres sont destinées à des chœurs seulement comme, par exemple, l'impressionnant édifice polyphonique à 8 voix : O clap your hands. Son recueil Madrigals and Motets of 5. Parts : apt for Viols and Voyces (1612) contient le célèbre madrigal d'une simplicité émouvante The Silver Swan, exploitant le thème du cygne dans la musique, populaire depuis le Moyen Âge. La dernière pièce, Trust not too much, renferme une étonnante série de pédales harmoniques (sweet violets).

   La participation de Gibbons aux Cries of London, aux côtés de Weelkes et Dering, illustre encore un autre aspect de son talent et appelle la comparaison avec les Cris de Paris de Cl. Janequin. Dans le domaine de la musique instrumentale, en dehors d'un grand nombre de pièces pour le clavier (Fantasies, Pavans, Galliards), qui témoignent des capacités techniques de l'un des plus grands virtuoses de l'époque, il a signé des œuvres pour le consort (notamment les violes), dont vingt-huit Fantasies de 2 à 6 parties (surtout à 3) et cinq In nomine. Neuf de ces fantaisies sont publiées en 1620.