Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
E

Erede (Alberto)

Chef d'orchestre italien (Gênes 1909 – Monte Carlo 2001).

Il a étudié le piano, le violoncelle et la composition à Gênes, Milan et Bâle, et la direction d'orchestre auprès de Félix Weingartner. Il s'est fait connaître avant la Seconde Guerre mondiale en montant au pupitre des festivals de Glyndebourne et de Salzbourg. Après la guerre, il a occupé des postes de directeur musical notamment à l'Orchestre symphonique de la Radio de Turin (1945-1946), à l'opéra de Düsseldorf (1958-1962) et à l'Orchestre symphonique de Göteborg, tout en menant une carrière internationale. Chef sobre, il est particulièrement renommé pour ses interprétations d'opéra.

Erickson (Robert)

Compositeur américain (Marquette, Michigan, 1917 – San Diego, Californie, 1997).

Élève d'Ernst Krenek, Robert Erickson a très rapidement évolué de l'atonalité à la technique sérielle (concerto pour piano, 1er quatuor, variations pour orchestre), puis à des moyens d'expression se référant à des recherches de timbres (2e quatuor, General Speech pour trombone, faisant intervenir des sons vocaux et parlés en cours d'exécution), des rythmes nouveaux (Ramus pour piano) et l'électroacoustique (Ricercare à 5 pour trombone et bande, Cardenitas 68 pour voix, 6 instruments nouveaux et bande, Down at Piraens pour chœurs et bande, Pacific Sirens pour bande et de 10 à 14 instruments, etc.). Il est professeur à San Diego et San Francisco.

Ericson (Eric)

Chef de chœur et organiste suédois (Boras 1918).

Il étudie à l'École supérieure de musique de Stockholm puis à la Schola cantorum de Bâle. En 1945, il fonde le Chœur de chambre de Stockholm, qui deviendra en 1988 le Chœur Ericson. En 1949, il est nommé organiste et chef de chœur à l'église Saint-Jacob de Stockholm. En 1951, il fonde le chœur de la radio suédoise, qu'il dirige jusqu'en 1984. Il dirige aussi, de 1951 à 1985, le chœur d'hommes d'Uppsala Orphei Drängar. En 1968, il est nommé professeur de direction chorale au Conservatoire royal de Stockholm. En 1974, il dirige l'enregistrement de la bande originale du film de Bergman la Flûte enchantée. Il est à la fois un très grand maître du répertoire choral ancien et un musicien ouvert à la création de son temps : il a assuré avec le chœur qui porte son nom la création de plusieurs œuvres contemporaines.

Erkel (Ferenc)

Pianiste, chef d'orchestre et compositeur hongrois (Gyula 1810 – Budapest 1893).

Issu d'une famille d'origine néerlandaise, il fit ses premières études à Pozsony, commença sa carrière à Kolozsvár (Cluj) et s'installa à Pest en 1834. À l'ouverture du théâtre national en 1838, il en fut nommé premier chef d'orchestre, puis en devint le directeur musical et le demeura jusqu'en 1884. En 1853, il créa les concerts de la Société philharmonique de Budapest, qu'il dirigea jusqu'en 1869. De 1875 à 1886, il enseigna le piano à l'Académie royale de musique et en fut directeur. En 1884, malgré son âge, il fut nommé directeur à vie de l'opéra national de Budapest, qui venait d'ouvrir. L'œuvre d'Erkel dans le domaine lyrique servit, par les sujets qu'elle aborda, à cristalliser une certaine forme de la résistance du peuple hongrois à la domination autrichienne. Après une œuvre de jeunesse, Mária Báthori (1840), il fit représenter en 1844 László Hunyadi, qui met en scène un héros sincère et droit, victime d'un roi félon d'origine allemande. Le librettiste de cette œuvre, Béni Egressy, lui fournit encore le texte de Bánk bán, terminé en 1852 et créé à Pest en 1861. Pourtant, sur le plan musical, Erkel, pas plus dans ses opéras que dans ses partitions symphoniques, n'apparaît comme un rénovateur puisant aux authentiques sources hongroises. Parti des modèles de Rossini, Bellini, Auber et Meyerbeer, il se laissa peu à peu gagner à l'influence allemande, celle de Wagner en particulier, évidente dans ses dernières œuvres, le Roi Étienne (1885) et Ouverture solennelle (1887).

   La production d'Erkel comprend dix opéras, six opéras-comiques (dont Sarolta, 1862), l'hymne national hongrois, des musiques de scène, des ouvertures, des pièces pour piano et des œuvres de musique de chambre.

Erlanger (Camille)

Compositeur français (Paris 1863 – id. 1919).

Élève d'Émile Durand et de Léo Delibes au Conservatoire de Paris, il obtint le grand prix de Rome en 1888. Parmi ses envois de la villa Médicis, une légende dramatique d'après Flaubert Saint Julien l'Hospitalier, dont fut tiré plus tard le poème symphonique la Chasse fantastique (1893), remporta un grand succès. Par la suite, les partitions lyriques d'Erlanger, jouées à l'Opéra et à l'Opéra-Comique, notamment le Juif polonais (1900), le Fils de l'étoile (1904) et Aphrodite (1906), connurent également le succès par leur Iyrisme vigoureux, leur pathétique sincère, leur orchestration colorée et pittoresque. Elles n'ont pu cependant se maintenir à l'affiche. Erlanger est également l'auteur de nombreuses mélodies et d'un Requiem.

Erlanger (baron Rodolphe d')

Musicologue français (Boulogne-sur-Seine 1872 – Sidi-bou-Saïd, Tunisie, 1932).

Il s'installa en Tunisie en 1910 afin d'étudier la musique arabe. Il traduisit en français les écrits des grands théoriciens arabes de la période allant du Xe au XVIe siècle, et recueillit de nombreuses mélodies populaires d'Afrique du Nord, notamment de Tunisie, qu'elles soient d'origine hispano-arabe, arabo-berbère, juive ou nègre. Son œuvre capitale est la Musique arabe (6 vol., Paris, 1930-1959) ; à partir du vol. 3, l'ouvrage fut publié par H. G. Farmer.

Erlebach (Philipp Heinrich)

Compositeur allemand (Esens, Frise, 1657 – Rudolstadt, Thuringe, 1714).

Arrivé en 1678 à la cour du comte von Schwarsburg-Rudolstadt, il y devint maître de chapelle en 1681. Il laissa plusieurs centaines de cantates sacrées, et fut en son temps un des principaux compositeurs d'Allemagne centrale à illustrer le genre, apparaissant à ce titre comme un important prédécesseur de Bach.

Erlih (Devy)

Violoniste, chef d'orchestre et pédagogue français (Paris 1928).

Il commence l'étude du violon (d'oreille) avec son père et entre au Conservatoire de Paris dans la classe de J. Boucherit en 1941. Il obtient son premier prix de violon en 1945 et, dix ans plus tard, remporte le premier prix du concours Long-Thibaud. Nommé professeur au Conservatoire de Marseille en 1968, il fonde en 1973 les Solistes de Marseille, qu'il dirige. De 1982 à 1995, il est professeur au Conservatoire de Paris. Il compose Violostries avec B. Parmegiani (1965), le ballet la Robe de plumes (1965) ainsi que différentes cadences de concertos.

   De son vaste répertoire ressort son goût pour la musique du XXe siècle, qui l'amène à créer des œuvres allant de Milhaud à Constant, en passant par Chaynes, Tomasi, Loucheur ou Jolivet, dont il interprète également le Concerto pour violon et dont il a épousé la fille Christine. « Il rend contemporaine la musique classique et classique la musique contemporaine » (M. Fleuret, 1958).