Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

Angerer (Paul)

Compositeur et altiste autrichien (Vienne 1927).

Il a étudié le violon avec Franz Bruckbauer et F. Reidinger et la composition avec A. Uhl, à Vienne. Altiste dans l'Orchestre symphonique de Vienne, il a été de 1971 à 1986 directeur musical de l'orchestre de chambre de Pforzheim. Le style polyphonique de ses œuvres rappelle Hindemith. Auteur de musique d'orchestre, le plus fréquemment écrite pour orchestre de chambre, il utilise des procédés anciens comme l'organum et le faux-bourdon.

Angermuller (Rudolph)

Musicologue allemand (Bielefeld 1940).

Il a étudié à Mayence, Münster et Salzbourg (langue et civilisation françaises, histoire, musicologie). Assistant à l'Institut de musicologie de l'université de Salzbourg de 1967 à 1972, il est depuis cette dernière date bibliothécaire de l'Internationale Stiftung Mozarteum et codirecteur de la Neue Mozart Ausgabe. Sa thèse Antonio Salieri : sein Leben und seine weltliche Werke est parue en 1971. Il a publié également Sigismund Neukomm : Werkverzeichnis ­ Autobiographie ­ Beziehung zu seinen Zeitgenossen (1977), W. A. Mozarts musikalische Umwelt in Paris (1777-78) : eine Dokumentation (1982), ainsi que de nombreux articles.

Angiolini (Gasparo)

Danseur, chorégraphe et compositeur italien (Florence 1731 – Milan 1803).

Arrivé à Vienne en 1754, il succéda en 1758 à son maître Franz Hilverding au poste de maître de ballet de la cour. Il connut son plus grand triomphe le 17 octobre 1761 avec la création au Burgtheater de Don Juan ou le Festin de pierre (musique de Gluck), le premier grand ballet d'action, dont il assura l'argument et la chorégraphie et dansa le rôle-titre. L'année suivante (5 octobre 1762), il assura la chorégraphie d'Orfeo ed Euridice. En 1765, il succéda à Hilverding à Saint-Pétersbourg, puis revint à Vienne en 1774 comme successeur de Noverre. Il séjourna à nouveau à Saint-Pétersbourg de 1776 à 1779 et termina sa carrière en Italie.

anglaise

Terme désignant aux XVIIe et XVIIIe siècles diverses danses anglaises diffusées en Europe, telles que la contredanse (country dance) ou encore le hornpipe.

Il est curieux de noter que l'anglaise fut connue en Allemagne sous le nom de « française », et que J.-S. Bach introduisit une anglaise dans sa troisième Suite française en si mineur. Le tempo de l'anglaise est généralement assez vif avec une mesure binaire.

Anglebert (Jean Henri d')

Compositeur, claveciniste et organiste français (Paris 1628 – id. 1691).

Élève et successeur de Champion de Chambonnières, il occupa quelques postes d'organiste avant d'être nommé en 1662 dans l'ordinaire de la chambre du Roy pour le clavecin, charge plus tard confiée à François Couperin. Il abandonna ce poste à son tout jeune fils Jean-Baptiste Henri en 1674, date après laquelle on ne lui connaît plus d'activité. En 1689, il fit paraître un livre de Pièces de clavecin, regroupant 60 pièces en quatre ordres ; le livre est complété par un tableau des agréments, des Principes de l'accompagnement, Cinq Fugues pour l'orgue sur un même sujet et un Quatuor sur le Kyrie. À côté de quelques transcriptions de Lully, on y trouve le témoignage de l'un des maîtres du premier âge de l'école française de clavecin. Ses deux fils, Jean-Baptiste Henri (Paris 1661 – id. 1735) et Jean Henri (Paris 1667 – id. 1747), furent tous deux clavecinistes.

Anglés (Mgr Higinio)

Musicologue espagnol (Maspujols, prov. de Tarragone, 1888 – Rome 1969).

Il fit des études de philosophie et de théologie à Tarragone, de musique à Barcelone (orgue, harmonie, composition) et de musicologie, d'abord à Barcelone avec F. Pedrell, puis à Fribourg avec W. Gürlitt et à Göttingen avec F. Ludwig. Après la guerre civile, durant laquelle il s'exila à Munich, il dirigea l'Institut espagnol de musicologie, à Barcelone, à partir de 1943, et fut président de l'Institut pontifical de musique sacrée de Rome, à partir de 1947. Spécialiste du Moyen Âge et de la Renaissance, véritable fondateur de l'école de musicologie espagnole, Anglés a laissé un grand nombre d'ouvrages et d'articles fondamentaux sur la musique de son pays et édité les œuvres de Cabanillés, Morales, Alphonse X le Sage et Juan Pujol. Il a réalisé un catalogue musical de l'Espagne du XIIe au XVIIe siècle.

Angleterre

L'histoire de la musique anglaise n'est ni aussi riche ni aussi mouvementée que celle de la musique allemande ou italienne. Des périodes particulièrement fécondes alternent avec des phases moins brillantes, plus stériles. Son rapport avec les musiques étrangères s'établit ainsi : elle ne les influence que momentanément, se montre très perméable aux apports extérieurs, mais conserve toujours assez de force et de personnalité pour les transformer en un art original et pour préserver une part de création individuelle. Même si elle a fourni un nombre relativement restreint de compositeurs de premier plan, la musique anglaise a toujours tenu une place privilégiée dans les activités culturelles de la nation. Le foisonnement de la vie musicale outre-Manche fait, d'ailleurs aujourd'hui comme à la Renaissance, l'admiration et l'envie de bien des pays.

Les origines

L'an 596 marque l'arrivée des émissaires du pape Grégoire, et, avec eux, l'introduction du grégorien, notamment à Canterbury. En 664, l'enseignement du grégorien est institutionnalisé. Entre-temps, des écoles de chant se sont créées dans le nord du pays. Puis l'orgue commence à se développer (un très bel instrument est construit à Winchester vers 950). Certaines pièces de l'époque s'orientent déjà vers la polyphonie à deux voix.

Le Moyen Âge et la Renaissance

Après la conquête normande (1066), un courant musical s'établit avec le nord de la France et les Pays-Bas. La polyphonie continue alors à progresser. Un nom et une œuvre : John Cotton, auteur d'un traité, De musica (1100 ?). Dans les années suivantes, plusieurs écrits théoriques importants voient le jour, notamment ceux de Jean de Garlande et de Walter Odington, qui défend l'intervalle de la tierce (début du XIVe siècle, période de transition entre Ars antiqua et Ars nova). Vers 1300 aussi, à Worcester, un répertoire véritablement anglais commence à se constituer. Ses origines sont diverses, parfois purement locales, parfois puisées dans le répertoire de Notre-Dame. Bien que le style évolue vite, il demeure nettement plus conservateur que celui des musiciens français de l'époque. La musique instrumentale se développe rapidement. Malgré le manque de manuscrits conservés, les références faites par les écrivains du moment, comme Chaucer, attestent que l'on sait déjà utiliser nombre d'instruments. La chapelle royale, les monastères et abbayes sont alors les principaux foyers de création musicale.

   Ainsi trouve-t-on, au début du XVe siècle, une grande variété de styles. Des individualités se détachent : J. Bedyngham, J. Benet, et, surtout, John Dunstable et Lionel Power (qui écrit une Missa alma redemptoris mater, premier exemple d'une messe en cantus firmus). L'influence de ces deux derniers musiciens gagne l'étranger, et Martin le Franc, dans son poème le Champion des dames (v. 1441), admire l'habileté avec laquelle certains compositeurs français ont su imiter Dunstable. Plus tard, Walter Frye (fin du XVe s.) et Robert Morton (v. 1440-1475) se font les garants de la tradition. Des manuscrits datés d'environ 1450 contiennent les deux plus anciennes passions polyphoniques connues, nombre de carols, des cantilènes latines et des chants de goliards. Un autre manuscrit, récemment découvert et remontant sans doute à 1500, réunit tout un répertoire d'œuvres sacrées, probablement celui de la chapelle Saint George à Windsor. On y trouve des pièces polyphoniques à voix multiples (jusqu'à onze), qui annoncent les structures élaborées de la Renaissance. Vingt-cinq compositeurs figurent dans ce manuscrit, dont Robert Fayrfax (1461-1521) et William Cornysh (v. 1468-1523), qui ont bénéficié de la protection d'Henri VIII, lui-même épris de musique et compositeur. Avec John Merbecke (1510-1585) et son livre de chants d'église en anglais, Book of Common Prayer, la réforme anglicane met fin à l'influence de l'école franco-flamande. Cette réforme affecte considérablement la carrière des trois premiers grands compositeurs de l'époque Tudor : John Taverner (v. 1495-1545), Christopher Tye (v. 1500 – v. 1572) et Thomas Tallis (v. 1505-1585).