Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Sanz (Gaspar)

Guitariste et compositeur espagnol, bachelier en théologie (Calanda 1640 – ? 1710).

Après un séjour à Naples, où il étudie avec l'organiste C. Carisani à la chapelle royale, il entre au service du vice-roi d'Aragon. Son œuvre essentielle, Instrucción de música sobre la guitarra española (Saragosse, 1674), comprend des conseils pour le jeu de l'instrument et diverses pièces d'un intérêt à la fois technique et musical.

sarabande (en esp. zarabanda)

Danse généralement lente et grave, à trois temps, et de structure binaire, caractérisée, sous sa forme classique, par une accentuation sur le deuxième temps de la première mesure.

Son rythme caractéristique est ainsi : noire, noire pointée (accentuée), croche pour la première mesure ; noire et blanche pour la seconde mesure. Certaines sarabandes commencent sur le temps fort, c'est-à-dire le premier temps ; d'autres sur la levée du deuxième temps. Mais ces caractéristiques sont celles qu'a fixées la suite baroque. En réalité, la sarabande a pris des formes variées au cours de son histoire.

   Si elle a toujours été connue comme danse d'origine espagnole, son ascendance est peut-être plus lointaine : de l'Andalousie pour certains, de danses populaires féminines de fécondité, pour d'autres. On a dit qu'elle venait de l'Orient, par exemple de chez les Mauresques (père Mersenne), et on a même parlé d'une lointaine filiation aztèque. Au XVIe siècle espagnol, on connaissait déjà, comme l'attestent les écrits de Cervantès, deux types de sarabande, l'une vive, l'autre plus lente et compassée. La forme rapide serait celle de la sarabande populaire, qui subit les foudres des pouvoirs ecclésiastiques et séculiers (interdiction temporaire par Philippe II) à cause de sa lascivité et de son impudicité. Il ne faut pas oublier qu'il s'agissait alors d'une danse chantée, dont les paroles à elles seules (sur des sujets amoureux et érotiques) pouvaient la marquer d'un caractère licencieux.

   C'est dans les cours françaises, où elle fut introduite vers la fin du XVIe siècle, que la sarabande aurait pris sa forme grave et noble et son rythme modéré. Elle se popularise et se propage comme danse instrumentale par les tablatures, les recueils imprimés, comme le Terpsichore de Praetorius.

   Les sarabandes qui figurent dans la musique instrumentale italienne du XVIe siècle sont plutôt rapides, mais on trouve, en fait, selon les recueils et les écoles, tous les tempos possibles, du lent au vif en passant par le modéré. Des sarabandes figurent dans les sonates, mais surtout dans les nombreuses suites pour clavier de Louis Couperin, François Couperin, Rameau, Froberger, Telemann, Haendel, Jean Sébastien Bach (qui en écrivit une quarantaine et en parsema ses suites, partitas, ouvertures, dont l'ouverture, dite Suite, pour flûte et orchestre à cordes en si mineur). Dans la suite, la sarabande prend place normalement après la courante, et, sous cette forme sublimée et détachée de la danse, elle peut adopter un style extrêmement ornementé, chez Bach notamment.

   Par exemple, sarabande de la Suite en « sol » mineur (no 8) pour clavecin de Haendel :

   Après la période baroque, la sarabande tomba en désuétude et ne fut plus utilisée que dans une intention historique ou pittoresque. Beethoven a donné un rythme très marqué de sarabande à l'introduction de son ouverture d'Egmont, par allusion au sujet du drame de Goethe (lutte contre la tyrannie espagnole). De même, c'est dans un esprit archaïsant qu'Erik Satie écrivit ses trois Sarabandes pour piano (1887), célèbres pour leurs innovations harmoniques, et qui respectent l'accent sur le deuxième temps ; et que Debussy introduisit une sarabande dans sa suite Pour le piano.

Sarasate (Martin Melitón Sarasate y Navascués, dit Pablo)

Violoniste et compositeur espagnol (Pampelune 1844 – Biarritz 1908).

Il étudie à Madrid avec M. R. Sáez puis, à partir de 1856, à Paris. Ses tournées le conduisent à Constantinople, Vienne, en Amérique du Nord et du Sud, en Russie et dans toute l'Europe. Les enregistrements qu'il a laissés révèlent une technique éblouissante, d'une sûreté incroyable, et un jeu très élégant, assez superficiel. De nombreuses œuvres furent composées pour lui, notamment la Symphonie espagnole de Lalo, le 2e Concerto et la Fantaisie écossaise de Max Bruch, le Concertstück, l'Introduction et Rondo capriccioso et le Concerto en « si » mineur de Saint-Saëns. Il a lui-même écrit un grand nombre de pièces brillantes pour violon, parmi lesquelles Rêverie, Zigeunerweisen, Caprice basque, Jota aragonesa, Navarra, Introduction et Caprice-jota, Introduction et Tarentelle, Fantaisie sur Carmen, Fantaisie sur Faust, etc.

Saraste (Jukka-Pekka)

Chef d'orchestre finlandais (Helsinki 1956).

Il étudie le violon et la direction d'orchestre à l'Académie Sibelius d'Helsinki. En 1980, il fait ses débuts à la tête de l'Orchestre philharmonique d'Helsinki. Depuis 1987, il est chef permanent de l'Orchestre de la Radio finlandaise, avec lequel il enregistre les symphonies de Sibelius et effectue des tournées en Asie. En 1991, il crée How slow the wind de Takemitsu, et dirige régulièrement l'Ensemble InterContemporain, l'Ensemble Modern de Francfort, et les séries Musica Nova à Munich. De 1987 à 1991, il dirige le Scottish Chamber Orchestra et, depuis 1994, l'Orchestre symphonique de Toronto.

sardane

Danse traditionnelle catalane se rapprochant d'une ronde, dont la chorégraphie (réglée par Manuel Pardas) fait alterner les pas courts (ou légers) et larges (ou graves) suivant un rituel rigoureux.

Son origine est incertaine, la ronde en chaîne fermée étant évoquée dès Homère, mais les sculptures et les poteries attestent que la Catalogne a connu le « ball rodo » depuis le XIIIe siècle. Localisée jusqu'à la fin du siècle dernier dans la seule terre d'Empourdan, elle a gagné toute la province grâce à Peps Ventura et Enric Morera (auteur de la Santa Espina). Malgré son rythme dactylique pris dans un mouvement assez vif, la sardane est une danse noble où la sobriété des attitudes répond à un certain état contemplatif respecté par chacun des danseurs. Elle est obligatoirement accompagnée par la cobla, ensemble instrumental traditionnel, lui-même spécialisé dans l'exécution des sardanes.