Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

Sainte-Colombe

Violiste et compositeur français (seconde moitié du XVIIe s.).

Son personnage reste mystérieux : ni ses dates de naissance et de mort, ni même son prénom ne sont connus, pas plus que les détails de son existence. Virtuose (probablement « dilettante ») de la viole, qu'il perfectionna en lui adjoignant une septième corde, il eut pour disciples la plupart des violistes français de son temps, dont Jean Rousseau (1644 – v. 1700), qui lui dédia son Traité de la viole (1687), et le grand Marin Marais, qui lui avait une grande reconnaissance et lui dédia en 1701 un « tombeau », Sainte-Colombe est ainsi au point de départ de l'apogée de l'art de la viole en France. Un manuscrit contenant 67 Suites à deux violes esgales a été découvert en 1966 dans la bibliothèque d'Alfred Cortot et publié en 1973. Certaines doivent être datées d'après 1687. Son fils se produisit à Édimbourg en 1707 et à Londres en 1713.

Salabert

Maison d'édition française fondée en 1886 par Édouard Salabert.

Tout d'abord spécialisée dans la musique militaire, elle étendit considérablement ses activités sous la direction de Francis Salabert (1884-1946), fils d'Édouard, qui publia les œuvres des principaux compositeurs français de musique légère (Messager, Reynaldo Hahn, Christiné, Maurice Yvain, Scotto, Van Parys, etc.), ainsi que de nombreux classiques contemporains tels que Pierné, Milhaud, Enesco, Ibert, Auric et Rivier. À son propre fonds se sont ajoutés ceux de Dufrenne en 1923, de Gaudet en 1927, de Mathot en 1930, de Rouart-Lerolle et Sénart en 1941, de Deiss en 1946, ce qui a fait entrer dans la maison Schmitt, Poulenc, Chausson, Satie, Duparc, Roussel, Dukas, d'Indy, Honegger et Ropartz, entre autres. La veuve de Francis Salabert, Mira, a présidé aux destinées des éditions de 1946 à 1981. Lui a succédé Nelly Boufathal.

Salieri (Antonio)

Compositeur et pédagogue italien (Legnago e Veneto, 1750 – Vienne 1825).

Formé à Venise, il fut remarqué par F. Gassmann et se fixa en 1766 à Vienne, où, encouragé par Métastase, Calzabigi et Gluck, il composa ses premières œuvres lyriques, comiques ou sérieuses, avant d'occuper, dès 1774, diverses charges officielles. Son opéra L'Europa riconosciuta fut choisi pour l'inauguration de la Scala de Milan en 1778. Il composa en allemand pour le Théâtre national du singspiel (Der Rauchfangkehrer, 1781), et, toujours recommandé par Gluck, il donna à Paris les Danaïdes, en 1784 ; c'est là que Beaumarchais lui écrivit le livret de Tarare (1787), remanié pour Vienne en italien sous le tire de Axur, re d'Ormus. Maître de chapelle impérial à partir de 1788, il éclipsa Mozart à Vienne, fut joué dans toute l'Europe. Il écrivit, notamment sur des poèmes de l'abbé Casti, La Grotta di Trofonio (1785) et Prima la musica e poi le parole (1786). Falstaff fut, en 1799, une de ses dernières productions importantes, alors qu'il se consacrait de plus en plus à l'enseignement ; il eut pour élèves, entre autres, Beethoven, Schubert, Liszt, Meyerbeer, Hummel, Moschelès, etc.

   Extrêmement doué, capable d'assimiler les divers styles européens mieux que ses rivaux (son succès rendit jaloux Cherubini), évoquant tour à tour Gluck ou Mozart, plus élégant que profond, il sut faire preuve, selon le caractère de ses opéras, d'une étonnante variété d'écriture que l'on retrouve dans son importante production instrumentale et surtout sacrée. Dernier grand représentant de la tradition napolitaine, il mourut comblé d'honneurs, regrettant sincèrement que son succès ait réduit Mozart à la misère. De la légende sans fondements selon laquelle il aurait empoisonné son rival s'emparèrent successivement Pouchkine et Rimski-Korsakov.

Sallinen (Aulis)

Compositeur finlandais (Salmi 1935).

Il est actuellement un des compositeurs finlandais vivants les plus connus et joués à l'étranger. Il réussit en effet à exprimer avec une grande clarté des idées simples et directes au moyen d'une syntaxe et d'un vocabulaire musical remarquablement agencés. Après ses Quatuors à cordes no 1 (1958) et no 2 (1960) et surtout Mauermusik pour orchestre (1962-63), qui le fit connaître, il écrivit plusieurs grandes œuvres : Élégie pour Sebastian Knight pour violoncelle seul (1964), les Quatuors à cordes no 3 «  Quelques aspects de la marche funèbre de Hintriikki de Peltonieli  » (1969) et no 4 (1971), puis s'affirma dans le domaine orchestral avec Chorali (1970) et les Symphonies no 1 (1971), no 2 (1972) et no 3 (1975). Il approfondit ses techniques d'écriture avec Musique de chambre no 1 pour cordes (1975). Il écrivit ensuite le Quatuor à cordes no 5 «  Pièces de mosaïque  » (1983), les Symphonies no 5 «  Mosaïque de Washington  » (1985) et no 6 «  D'un journal de Nouvelle-Zélande » (1989-1990), Chants de vie et de mort pour baryton, chœur et orchestre (1994). Mais c'est surtout dans le domaine de l'opéra qu'il s'est imposé depuis une vingtaine d'années, avec le Cavalier (Savonlinna 1975), le Trait rouge (Helsinki 1978), le Roi partira pour la France (Savonlinna 1984), Kullervo (Los Angeles 1992) et le Palais (Savonlinna 1995).

Salmenhaara (Erkki)

Compositeur et musicologue finlandais (Helsinki 1941).

Élève de Kokkonen et de Ligeti, professeur de musicologie à l'université d'Helsinki depuis 1975, il commença à composer très tôt, et ses premières œuvres, à la fin des années 1950, le firent considérer comme l'enfant terrible de la musique finlandaise. Son rôle dans l'éveil de son pays aux mouvements d'avant-garde fut d'ailleurs essentiel. Des influences subies lors de sa première période, marquée notamment par Élégie I et II (1963), le Quintette à vents (1964), la Symphonie no 1 «  Crescendi  » (1962-63), la Symphonie no 2 (1963-1966) et la Symphonie no 3 (1963-64), la plus durable fut celle de Ligeti. Une transformation stylistique fut inaugurée avec le Bateau ivre pour célesta, clavecin et cordes (1965-66), Suomi ­ Finlande pour orchestre (1966), la Fille en mini-jupe pour orchestre (1967) et le Requiem profanum pour solistes, cordes, piano et orgue (1968-69). Les années 1970 furent marquées par une plus grande simplicité, avec notamment Illuminations pour orchestre (1971), la Symphonie no 4 «  Nel mezzo del cammin di nostra vita  » (1971-72), l'opéra la Femme portugaise (1970-1972) et la Missa profana (1977). Certains procédés « naïvistes » disparurent ou se transformèrent à leur tour à partir du Quatuor à cordes no 1 (1977), tandis que le Concerto pour orgue (1978), œuvre sombre et introvertie, semblait réaliser l'amalgame des principales tendances manifestées dans les œuvres de jeunesse. Ont suivi notamment un Concerto pour violoncelle (1983-1987) et la Symphonie no 5 «  Ile de bénédiction  » pour soli, chœur et orchestre d'après Alexis Kivi (1989), commande de l'université d'Helsinki pour son 350e anniversaire (1990). Il a écrit sur Brahms, Mahler, Sibelius (Jean Sibelius, 1984), Kokkonen, Ligeti.