système endocrinien
Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».
Ensemble des glandes endocrines.
1. STRUCTURE ET FORMATION DU SYSTÈME ENDOCRINIEN
Le système endocrinien est composé de plusieurs glandes endocrines, dont certaines sont contrôlées par l'hypophyse, laquelle est elle-même une glande endocrine, et par l'hypothalamus, les autres ayant un mode de fonctionnement plus autonome. Les premières sont la glande thyroïde, les glandes corticosurrénales et les gonades (ovaires et testicules), dont les sécrétions dépendent étroitement des hormones hypophysaires, elles-mêmes sous le contrôle de l'hypothalamus. Les autres glandes endocrines sont les glandes parathyroïdes, les glandes médullosurrénales, le pancréas endocrine et l'épiphyse.
Le système endocrinien a dans l'organisme une fonction de régulation du métabolisme, de la croissance et de la fonction sexuelle (→ appareil génital). Il a cela de particulier qu'il est autorégulateur : le taux de sécrétion de chaque hormone est régulé, d'une part, par celui de la substance dont elle règle la concentration sanguine (concentration du glucose pour l'insuline, par exemple), d'autre part grâce à un rétrocontrôle de la sécrétion des hormones hypothalamohypophysaires correspondantes (ainsi, l'excès d'hormones thyroïdiennes dans le sang freine la sécrétion de thyréostimuline hypophysaire, qui, à son tour, freine celle de la thyréolibérine hypothalamique).
1.1. Les glandes du système endocrinien
L'hypophyse
L'hypophyse(petite glande endocrine située à la base du cerveau) est contenue dans une cavité osseuse du sphénoïde, appelée selle turcique.
Elle est constituée de deux parties :
• l'antéhypophyse en avant, qui sécrète 6 hormones antéhypophysaires (corticotrophine, thyréostimuline, les deux gonadotrophines, prolactine, somatotrophine) ;
• la posthypophyse en arrière, qui stocke l'hormone antidiurétique et l'ocytocine.
L'hypophyse est contrôlée par l'hypothalamus, structure du système nerveux central, auquel elle est rattachée par la tige pituitaire. L'hypothalamus assure ce contrôle en sécrétant des facteurs stimulant ou inhibant les sécrétions hypophysaires. Ce sont :
— la corticolibérine (ou CRF, corticotrophin releasing factor [facteur de libération de la corticotrophine]), qui agit sur la sécrétion de corticotrophine ;
— la thyréolibérine (ou TRH, thyrotrophin releasing hormone [hormone de libération de la thyréostimuline]), qui agit sur la sécrétion de thyréostimuline ;
— la gonadolibérine (encore appelée Gn-RH, gonadotrophin releasing hormone [hormone de libération des gonadotrophines] ou LH-RH, luteinizing releasing hormone [hormone de libération de l'hormone lutéinisante]), qui agit sur la sécrétion des gonadotrophines ;
— la somatrocrinine (ou GH-RH, growth hormone releasing hormone [hormone de libération de la somathormone]) et la somatostatine (ou GH-RIH, growth hormone releasing inhibiting hormone [hormone inhibant la libération de la somathormone]), qui agissent sur la sécrétion de somathormone (hormone de croissance) ;
— la dopamine, partiellement sécrétée par l'hypothalamus, contrôle la sécrétion de prolactine.
La sécrétion des hormones hypothalamiques (sauf la dopamine) est soumise à un phénomène de rétrocontrôle exercé par les hormones hypophysaires correspondantes.
La glande thyroïde
La glande thyroïde, située à la face antérieure du cou, devant la trachée, est stimulée par la thyréostimuline hypophysaire. Elle produit les hormones thyroïdiennes : thyroxine (T4) et triiodothyronine (T3), ainsi que la calcitonine.
Les glandes corticosurrénales
Les glandes corticosurrénales, portion superficielle des surrénales, situées aux pôles supérieurs des deux reins, sont stimulées par la corticotrophine hypophysaire. Elles assurent la synthèse des hormones glucocorticostéroïdes (dont la principale est le cortisol) et minéralocorticostéroïdes (essentiellement l'aldostérone).
Les glandes médullosurrénales
Les glandes médullosurrénales, portion centrale des surrénales, sécrètent les catécholamines (adrénaline, noradrénaline) à partir de leur précurseur, la dopamine.
Les glandes parathyroïdes
Les glandes parathyroïdes, situées à la face postérieure de la thyroïde, sécrètent la parathormone.
Les gonades
Les gonades (ovaires, testicules) sont stimulées par les gonadotrophines hypophysaires. Elles assurent la sécrétion des hormones sexuelles féminines (œstrogènes) et masculines (testostérone) et, donc, l'ovulation et le cycle menstruel chez la femme, la spermatogenèse chez l'homme.
Le pancréas endocrine
Le pancréas endocrine est formé par des amas de cellules endocrines alpha et bêta, regroupées en îlots au sein du pancréas (→ îlots de Langerhans. Les cellules bêta sécrètent l'insuline ; les cellules alpha, le glucagon.
L'épiphyse
L'épiphyse sécrète plusieurs substances actives, en particulier la mélatonine. Celle-ci inhibe la fonction gonadotrope de l'hypothalamus et intervient dans l'équilibre sommeil-veille.
Les cellules endocrines disséminées
Des cellules endocrines disséminées dans la paroi du tube digestif et dans le pancréas sont par ailleurs impliquées dans la régulation du système digestif (→ appareil digestif).
Le tissu adipeux
Les découvertes de la leptine en 1994 puis de l’adiponectine en 1995 ont profondément modifié la vision physiologique du tissu adipeux (→ tissu conjonctif). Ces deux hormones, sécrétées par les cellules de la graisse blanche, répartie sous la peau et autour des organes profonds, font du tissu adipeux la glande la plus volumineuse de tout le corps.
La leptine réduit la prise alimentaire et participe ainsi à la régulation du poids à long terme ; elle module le système immunitaire et participe à la régulation du cycle hormonal féminin ; elle semble aussi jouer sur la libido. La baisse brutale de sa sécrétion est en partie responsable de l’arrêt des règles et de l’infécondité des femmes trop maigres. L’adiponectine, dont la concentration baisse quand la masse grasse augmente, améliore la sensibilité à l’insuline, ce qui favorise la pénétration du glucose sanguin dans les cellules : un taux faible d'adiponectine lié à une masse grasse trop élevée favorise la résistance à l’insuline qui débouche sur le diabète de type 2. La résistine, découverte en 2001, a également un lien direct avec la résistance à l’insuline et le diabète de type 2.
Le tissu adipeux sécrète d’autres hormones et facteurs hormonaux comme l’angiotensinogène (précurseur de l’angiotensine qui élève la pression artérielle), le facteur TNG-alpha et l’interleukine-6 impliqués dans l’inflammation ; il sécrète aussi des prostaglandines et des pré-hormones corticostéroïdes, de nombreuses cytokines, petites molécules hormonales impliquées dans l’immunité et l’inflammation.
1.2. Les hormones du système endocrinien
Les catécholamines
Les catécholamines (adrénaline, noradrénaline, dopamine), sécrétées par les glandes médullosurrénales, provoquent la constriction des parois des vaisseaux (effet vasoconstricteur) et ont un effet stimulant sur le muscle cardiaque. Elles agissent à un moindre degré sur de nombreux autres muscles : bronchique, intestinal, vésical, utérin, etc. Certaines de leurs actions sont favorisées par les corticostéroïdes et des hormones thyroïdiennes.
La corticotrophine, ou hormone corticotrope
La corticotrophine, ou hormone corticotrope (ACTH, adrénocorticotrophine), sécrétée par l'antéhypophyse, stimule les glandes corticosurrénales. Son taux dans le sang varie en fonction de l'heure, du stress et du taux sanguin de cortisol.
Les gonadotrophines
Les gonadotrophines (hormone folliculo-stimulante, ou FSH [folliculostimulating hormone], et hormone lutéinisante, ou LH [luteinizing hormone]), sécrétées par l'antéhypophyse, assurent le fonctionnement des gonades (ovaires et testicules). Chez la femme, leur taux sanguin varie au cours du cycle menstruel.
L'hormone antidiurétique, ou vasopressine
L'hormone antidiurétique, ou vasopressine, sécrétée par l'hypothalamus et stockée dans la posthypophyse, a un mode de sécrétion et de contrôle différent et autonome. Elle régule la concentration des urines.
Les hormones glucocorticostéroïdes et minéralocorticostéroïdes
Les hormones glucocorticostéroïdes (cortisol) et minéralocorticostéroïdes (aldostérone), sécrétées par les glandes corticosurrénales, forment les corticostéroïdes. Ceux-ci ont un rôle important sur le tonus vasculaire et les différents métabolismes glucidiques, protéiques et lipidiques. Ces deux types d'hormone sont sous le contrôle de la corticotrophine hypophysaire. Les minéralocorticostéroïdes, qui permettent la rétention de sodium par les reins, sont également sous contrôle du système rénine-angiotensine (enzymes rénales). La sécrétion des glucocorticostéroïdes est augmentée par le stress, la fièvre, en cas d'infection ou de traumatisme et par la prise d'une pilule œstroprogestative.
Les hormones thyroïdiennes
Les hormones thyroïdiennes (thyroxine, ou T4, et triiodothyronine, ou T3), sécrétées par la glande thyroïde, stimulent la consommation d'oxygène et le muscle cardiaque, participent au métabolisme glucidique et lipidique et sont indispensables à la croissance et au développement de l'organisme. Elles ont une influence sur les catécholamines. Leur taux dans le sang est anormalement élevé en cas d'hyperthyroïdie, anormalement bas en cas d'hypothyroïdie.
L'insuline et le glucagon
L'insuline et le glucagon, sécrétés respectivement par les cellules bêta et alpha du pancréas endocrine, agissent avec le cortisolsurrénalien, l'hormone de croissance hypophysaire et les catécholamines – sécrétées par les glandes médullosurrénales – pour assurer de façon très précise la régulation de la glycémie (taux de glucose sanguin). L'insuline est une hormone hypoglycémiante (elle abaisse le taux de glucose sanguin), tandis que le glucagon a une action hyperglycémiante (il élève ce taux).
L'ocytocine
L'ocytocine, synthétisée par l'hypothalamus et stockée par la posthypophyse, stimule les contractions de l'utérus gravide à terme (→ accouchement) et favorise l'allaitement.
L'estradiol et la testostérone
L'estradiol et la testostérone, sécrétés respectivement par l'ovaire et le testicule, sont les principales hormones sexuelles. Elles assurent le développement des caractères sexuels secondaires initiés à la puberté, stimulent la croissance osseuse (→ os) et entretiennent la libido.
La progestérone
La progestérone est sécrétée par l'ovaire après l'ovulation. Si la fécondation se produit, cette sécrétion perdure tout au long de la grossesse, dont cette hormone assure le maintien.
La parathormone
La parathormone, sécrétée par les glandes parathyroïdes, a une action sur les os et sur les reins et concourt ainsi, en étroite liaison avec la vitamine D, au contrôle très précis du taux de calcium sanguin (→ calcémie). Son propre taux plasmatique se trouve augmenté en cas d'hyperparathyroïdie et d'hypocalcémie.
La prolactine
La prolactine, sécrétée par l'antéhypophyse, a un rôle dans la production de la caséine du lait durant la lactation. Son taux sanguin s'élève en cas de grossesse, au cours de diverses affections (insuffisance rénale, hypothyroïdie, etc.) ou sous l'effet de certains médicaments.
La somathormone ou hormone de croissance
La somathormone ou hormone de croissance (GH, growth hormone), sécrétée par l'antéhypophyse, assure la croissance osseuse par l'intermédiaire de facteurs de croissance. Son taux sanguin, variable, s'élève sous l'effet du stress et durant le sommeil ; il est plus faible que la normale en cas d'insuffisance hypophysaire, plus élevé en cas d'acromégalie.
La thyréostimuline, ou hormone thyréotrope
La thyréostimuline, ou hormone thyréotrope (TSH, thyroid stimulating hormone [hormone stimulant la thyroïde]), sécrétée par l'antéhypophyse, a pour rôle de stimuler la croissance et la sécrétion hormonale thyroïdienne. Son taux sanguin s'abaisse en cas d'hyperthyroïdie et s'élève dans certaines formes d'hypothyroïdie.
2. EXAMENS DU SYSTÈME ENDOCRINIEN
Ils sont de deux types : les dosages biologiques des hormones et les examens morphologiques des glandes.
L'exploration biologique permet de mettre en évidence une anomalie de la sécrétion hormonale. On peut doser les hormones elles-mêmes (dans le sang, les urines et, parfois, dans la salive) et/ou l'élément qu'elles contrôlent (par exemple, la glycémie ou la calcémie). Selon l'hormone étudiée, l'interprétation des résultats doit tenir compte de différents facteurs (heure du prélèvement, taux d'une autre hormone, traitement en cours, etc.).
L'exploration morphologique sert à visualiser la glande elle-même et fait appel aux techniques d'échographie, de scanner, d'imagerie par résonance magnétique (I.R.M.) et parfois de scintigraphie.
3. PATHOLOGIE DU SYSTÈME ENDOCRINIEN
Elle recouvre les dysfonctionnements hormonaux et/ou les anomalies morphologiques des glandes, ces deux phénomènes n'étant pas toujours associés.
Les dysfonctionnements de sécrétion hormonale sont les insuffisances ou les excès de sécrétion. Les premières touchent une ou plusieurs glandes : hypopituitarisme, nanisme d'origine hypophysaire, diabète insipide, insuffisance surrénalienne, hypothyroïdie, hypogonadisme, hypoparathyroïdie, diabète insulinodépendant. Leurs causes sont diverses.
Les excès de sécrétion hormonale sont dus le plus souvent à un adénome (tumeur bénigne) sécrétant ou, plus rarement, à une hyperplasie (développement du tissu de la glande) diffuse ; il s'agit de l'hyperprolactinémie, de l'acromégalie ou du gigantisme, de l'hypercorticisme, de l'hyperaldostéronisme, de l'hyperthyroïdie, de l'hyperparathyroïdie.
Le traitement des insuffisances endocriniennes est dit substitutif, apportant quotidiennement l'hormone manquante ou une substance analogue ayant les mêmes effets. Le plus souvent, il doit être suivi à vie. Les hypersécrétions hormonales peuvent être corrigées par la prise de médicaments inhibant la synthèse hormonale (par exemple, antithyroïdiens de synthèse), par l'ablation chirurgicale de tout ou partie d'une glande ou encore par sa destruction isotopique (radiothérapie externe en cas de maladie hypophysaire, absorption d'iode 131 en cas d'atteinte thyroïdienne).
Les anomalies de morphologie des glandes comprennent l'hyperplasie (augmentation de volume de la glande, dont le goitre fait partie) et les tumeurs, bénignes ou malignes (kyste, nodule, adénome, phéochromocytome). Leur traitement est soit chirurgical, soit médicamenteux.