La marine française arraisonne les deux bateaux de l'organisation écologiste qui tentaient de forcer le barrage autour de l'atoll. Les 66 occupants du Rainbow Warrior II et du MV Greenpeace ont été mis en garde à vue, et les deux bateaux remorqués vers un autre atoll.

Les talibans (parti des étudiants islamiques) reprennent l'offensive dans l'ouest du pays et s'emparent, le 5, de la ville d'Hérat. La perte de ce bastion représente un grave revers pour le gouvernement du président Burhanuddin Rabbani et du commandant Ahmed Shah Massoud. Dans le même temps, au nord-ouest du pays, les forces du général Rachid Dostom, ouzbek ex-communiste, rentrent à leur tour dans le conflit, après avoir appuyé les talibans avec leurs avions.

Une bombe placée sous un étal du marché Bastille, à Paris, blesse légèrement 3 personnes, seul le détonateur ayant explosé. La technique employée par les poseurs de la bombe – bonbonne de gaz et mélange de poudre, soufre et chlorate de potassium – semble la même que pour l'attentat du RER Saint-Michel et du TGV Paris-Lyon. Le lendemain, une bombe du même type est trouvée dans une Sanisette du XV^e arrondissement. Le dispositif de mise à feu, une fois encore, avait été défectueux. (chrono. 7/09)

Face au refus du général bosno-serbe Ratko Mladic d'évacuer au-delà d'un rayon de 20 kilomètres les armes lourdes pointées sur Sarajevo, les appareils de l'OTAN reprennent leurs bombardements, interrompus depuis le 1^er septembre. Le 8, à Genève, sous les auspices du négociateur américain Richard Holbrooke, les ministres des Affaires étrangères de Bosnie, de Croatie et de Serbie reconnaissent à la fois l'intégrité et le principe du partage de la Bosnie. Le texte qu'ils signent stipule que la proportion 51 %-49 % (définie en 1994 par le « groupe des cinq ») pour le partage entre Croato-Musulmans et Serbes « constitue la base d'un règlement en Bosnie ». Le 10, la marine américaine envoie 13 missiles Tomahawk contre des batteries serbes près de Banja-Luka. Le 14, les Occidentaux suspendent à nouveau leurs attaques. (chrono. 19/09)

L'organisation écologique présente ses excuses à Shell. La compagnie pétrolière avait dû renoncer en juin à immerger une plate-forme pétrolière désaffectée sous la pression de Greenpeace, qui dénonçait le risque de pollution marine. Celle-ci s'était fondée sur un rapport scientifique faisant état de la présence de 5 500 tonnes de résidus pétroliers à bord de la plate-forme. Or l'expertise s'était limitée à la tuyauterie sans aller au fond des réservoirs, qui, en réalité, ne contenaient que du sable, non polluant.

Un premier essai d'une énergie inférieure à 20 kilotonnes, baptisé « Thétis », est effectué à Mururoa. Le coût d'un essai est estimé à environ 100 millions de francs. Les protestations internationales se font rapidement entendre, notamment aux États-Unis, en Asie et en Amérique latine. On note la modération du gouvernement allemand. Alain Juppé renouvelle la proposition française d'intégrer la force de frappe nationale dans une politique de sécurité européenne commune.

La réunion entre John Major et John Bruton, son homologue irlandais, est annulée au tout dernier moment. Londres avait convaincu Belfast de la nécessité d'obtenir un désarmement préalable des milices catholiques et protestantes avant toute solution politique. L'IRA a jugé cette « précondition » inacceptable et bloqué ainsi le processus de négociations. Le 8, David Trimble, connu pour ses opinions radicales, est élu à la tête du principal parti protestant d'Ulster, l'UUP. Il en appelle « au démantèlement total de toutes les unités de l'IRA ». (chrono. 29/11)

L'aéroport de Tahiti est saccagé, et plusieurs incendies se déclarent dans le centre-ville. Menées par des indépendantistes et des membres de la Confédération des syndicats indépendants de Polynésie (CSIP), ces manifestations profitent de l'émotion provoquée par les essais de Mururoa. Le président du gouvernement régional, Gaston Flosse, refuse cependant de rencontrer les dirigeants syndicaux. Le 9, Hiro Tefaarere, secrétaire général du syndicat A Tia I Mua, est arrêté avec une douzaine de ses camarades. Le leader indépendantiste Oscar Temaru n'est pas inquiété. Il affirme avoir été le seul à calmer les jeunes lors des émeutes, reprochant implicitement à M. Flosse son incapacité.

Une trentaine de militants islamistes auraient été tués lors d'affrontements avec la police à Benghazi, la deuxième ville du pays. Dans les jours qui suivent, les autorités expulsent des milliers de travailleurs étrangers, notamment palestiniens.

Moscou signe un contrat prévoyant la fourniture de deux réacteurs nucléaires supplémentaires pour la centrale de Bouchehr, au sud de l'Iran. Un contrat pour la construction d'un premier réacteur avait été signé au début de 1995.

Le Tribunal suprême estime que les accusations formulées contre M. Gonzalez d'avoir été le fondateur et le dirigeant des GAL ne réunissent pas « les conditions de vraisemblance et des bases an minimum précises » pour qu'une « quelconque décision puisse être adoptée ». Un nouveau juge d'instruction est désigné pour tenter d'approfondir les accusations présentées par le juge Baltasar Garzon.

Cent un ans après l'arrestation du capitaine Alfred Dreyfus, le chef du service historique de l'armée de terre, le général Jean-Louis Mourrut, reconnaît que la condamnation du capitaine fut « en partie fondée sur un document truqué ». Jean Kahn, président du consistoire israélite, se félicite aussitôt de ces propos.

Une voiture piégée explose à proximité d'une école juive, blessant une dizaine de personnes, dont une sérieusement. Le stationnement étant interdit devant l'entrée même de l'école, et la bombe ayant explosé quelques instants avant la sortie des enfants, le carnage est évité. À la suite de cet attentat particulièrement symbolique, le gouvernement décide, le lendemain, de mettre en place le plan « Vigipirate ». Déjà en vigueur pendant la guerre du Golfe en janvier 1991, ce plan permet une surveillance accrue de tous les lieux ouverts au public avec l'éventuelle participation de l'armée. Le 9, la police rend publique l'identification, par ses empreintes digitales, d'un des responsables présumés de la tentative d'attentat contre le TGV Paris-Lyon. Il s'agit d'un jeune Algérien résidant à Vaulx-en-Velin, Khaled Kelkal. Alors qu'il était lycéen, il avait été compromis dans plusieurs vols et trafics. Le 10, lors de l'émission « 7 sur 7 », Jacques Chirac regrette les dysfonctionnements ayant affecté, selon lui, les services antiterroristes, tant du côté de la police que de la justice, où l'on pratiquerait la rétention d'informations entre services comme le court-circuitage hiérarchique. (chrono. 29/09)

Huit jours après avoir remplacé Marcel Roulet à la tête du quatrième opérateur mondial de télécommunications (150 000 salariés), François Henrot démissionne de son poste. Il avait été appelé à succéder à M. Roulet parce qu'il était jugé plus favorable que ce dernier à une privatisation graduelle de l'entreprise. Cependant, M. Henrot avait senti son ministre de tutelle, le séguiniste François Fillon, de plus en plus réticent face à un tel processus (évoquant, puis rejetant un changement du statut de l'entreprise avant janvier 1998). Michel Bon, ancien P-DG de Carrefour puis directeur de l'ANPE, est nommé à son tour à la tête de France Telecom. Le choix d'un tel homme, lié à Alain Juppé et connu pour ses positions économiques très libérales, semble indiquer que la ligne du Premier ministre, partisan d'une privatisation rapide, s'est définitivement imposée.

Le Conseil de sécurité de l'ONU reconduit pour la 27^e fois les sanctions commerciales infligées à Bagdad depuis 1990. Rolf Ekeus, chef de la commission chargée du désarmement de l'Irak, se déclare toutefois optimiste pour l'avenir.

La droite « postfasciste » de l'Alliance nationale et la gauche « postcommuniste » du PSD s'accordent pour apporter leur soutien au gouvernement de centre droit de M. Dini. Celui-ci semble ainsi assuré de maintenir son gouvernement au moins jusqu'à l'adoption de la loi de finances pour 1996. Quelques jours auparavant, le président de la République, Oscar Luigi Scalfaro, avait déclaré qu'il n'accepterait de dissoudre la Chambre qu'à la condition que de nouvelles règles du jeu soient définies : égalité d'accès aux médias, révision de la Constitution, nouvelle loi électorale et adoption d'une loi antitrust. Ces exigences sont si fortes qu'elles semblent avoir pour objet de maintenir, pour de longs mois encore, l'équipe de M. Dini au pouvoir, d'autant que, en janvier, l'Italie prend la présidence de l'UE, période peu compatible avec la tenue d'élections générales dans le pays.

Le film franco-vietnamien de Tran An Hung, Cyclo, reçoit le Lion d'or du Festival de Venise, tandis que Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert sont désignées conjointement meilleures actrices pour leurs rôles dans la Cérémonie, de Claude Chabrol.

L'Américain remporte à vingt-quatre ans son troisième titre à l'US Open et l'Allemande, à vingt-cinq ans, son quatrième.

Le gouvernement communiste de Man Mohan Adhikari est renversé par une motion de censure. Au pouvoir depuis huit mois, l'équipe gouvernante n'a pas eu la possibilité de mettre en œuvre son ambitieux programme. Elle devrait être remplacée par une coalition entre le parti du Congrès et le Parti démocrate national (RPP). Instaurée depuis 1990, la démocratie a du mal à trouver son équilibre, après deux élections et trois gouvernements en moins de cinq ans.

La mort du dirigeant indépendantiste complique les négociations de paix entre Tbilissi et Soukhoumi, deux ans après la fin du conflit. La question est rendue d'autant plus complexe que Moscou, qui avait dépêché une force d'interposition, soupçonne les Abkhazes de soutenir les Tchétchènes, dont ils sont ethniquement proches. La Russie menace de retirer ses troupes, encourageant de ce fait les Géorgiens à reconquérir la province dissidente.

Deux jours après avoir retiré leur soutien au gouvernement Gonzalez, les Catalans de CiU (Convergence et union) annoncent qu'ils ne voteront pas la loi de finances pour 1996 et qu'ils souhaitent des élections générales avant la fin de l'année, et non au mois de mars prochain comme l'a promis le chef du gouvernement. Le gouvernement maintient cependant son calendrier.

Une centaine de personnes sont tuées par les militaires dans un village proche de la frontière zaïroise. Trois jours plus tard, le général Paul Kagame reconnaît la responsabilité de ses soldats, qu'il accuse d'avoir réagi « de manière excessive » à diverses provocations. Ces incidents sanglants confirment l'existence d'une guérilla hutue.

Après quatre années d'âpres oppositions, Athènes et Skopje signent, à New York, au siège de l'ONU, un « accord intérimaire » mettant fin à l'embargo grec, reconnaissant l'inviolabilité des frontières des deux États et le changement du drapeau actuel de la Macédoine. La question du nom de l'ex-république yougoslave, fortement contesté par la Grèce (dont une des provinces porte également ce nom), reste en suspens et fera l'objet de nouvelles négociations. Devant l'incapacité des Européens à résoudre ce conflit, les États-Unis s'étaient emparés du dossier depuis quelques mois. (chrono. 3/10)

La ville de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) annonce qu'elle accepte désormais de délivrer un certificat de concubinage aux couples homosexuels vivant ensemble depuis plus de un an. Un tel certificat permet d'obtenir certaines prestations comme l'obtention d'un bail ou d'un prêt immobilier. D'autres communes en France délivrent déjà de tels certificats, mais il s'agit de petites villes ; toutes sont administrées par des maires appartenant au Mouvement des citoyens (MDC) de Jean-Pierre Chevènement. Certains suggèrent la possibilité pour tous les couples non mariés (hétérosexuels comme homosexuels) de passer des contrats d'union civile, qui leur ouvriraient les mêmes droits que ceux des couples mariés sous le régime de la séparation de biens.

Patrick Ponsolle, coprésident du groupe franco-britannique, annonce la suspension pour au moins dix-huit mois du paiement de sa dette principale (soit 63 milliards de francs) par Eurotunnel. Alors que l'exploitation commerciale du tunnel sous la Manche s'avère très satisfaisante, la gestion de la dette se révèle impossible à assumer telle quelle, le montant total des travaux étant en fin de compte bien plus important qu'initialement prévu. Il apparaît aussi que les banques ont prêté de l'argent au groupe dans des conditions extrêmement onéreuses. Le titre, qui a déjà perdu 58 % de sa valeur en huit ans, chute aussitôt après l'annonce de M. Ponsolle. Les représentants des 720 000 actionnaires craignent de ne jamais pouvoir récupérer les investissements de ceux-ci.

Le pape entame le onzième voyage de son pontificat en Afrique (Cameroun, Afrique du Sud, Kenya). Le 16, il rencontre Nelson Mandela.

Commencée le 4 septembre à Pékin, la Conférence mondiale a réuni près de 50 000 déléguées (17 000 à la conférence officielle et 30 000 au Forum des organisations non gouvernementales). Elle a été marquée par une opposition nette entre les représentants des États partisans de la laïcité et des droits de l'homme, et ceux des États dominés par la religion (le Vatican plus un certain nombre de pays catholiques – Argentine et Venezuela, notamment – et musulmans – Iran, Libye, Indonésie, Maroc et Tunisie, entre autres). Les premiers (130 à 140 pays sur 181 présents) ont obtenu que la déclaration finale reconnaisse que « les droits de la femme sont partie intégrante et indivisible de tous les droits humains et des libertés fondamentales » et que la plate-forme d'action engage – de façon non contraignante – les États signataires à promouvoir la participation des femmes à la vie politique, à reconnaître le droit des femmes à une sexualité et à une procréation librement choisies et consenties et à favoriser l'accès à la planification familiale et à l'information sexuelle. Les États dominés par la religion (entre 40 et 50) ont émis des réserves officielles sur ces textes (notamment sur les droits sexuels et la non-condamnation des femmes ayant eu recours à des avortements illégaux) et revendiqué un « droit à la différence culturelle ».

Le parti progouvernemental Lavalas emporte la quasi-totalité des sièges à pourvoir au second tour des élections législatives, qui furent marquées par une très forte abstention (près de 80 %).

Lors des premières élections libres organisées dans l'enclave britannique, les suffrages plébiscitent les formations démocratiques (29 sièges sur 60) au détriment des formations favorables à Pékin (10 sièges). Deux ans avant le rattachement de Hongkong à la Chine, cette consultation constitue un désaveu pour le régime chinois, qui observe toutefois que la consultation a été marquée par un très fort taux d'abstention (64 %).

Près de 75 % des électeurs répondent oui à la demande du président Albert Zafy d'avoir la possibilité constitutionnelle de nommer et de révoquer son Premier ministre. Cette consultation devrait permettre de mettre un terme au conflit opposant le président au chef du gouvernement, Francisque Ravony.

Verts et communistes, hostiles à l'unification européenne, recueillent ensemble plus de 30 % des voix aux élections au Parlement européen, marquées par un taux d'abstention de près de 60 %. Cette hostilité s'explique notamment par le fait que le gouvernement a présenté à l'opinion sa politique de rigueur sociale comme le résultat de l'adhésion de la Suède à l'UE.

Alain Juppé présente l'« allocation autonomie », qui sera versée dès le 1^er janvier 1996 à toute personne de plus de 60 ans nécessitant l'aide d'une tierce personne à domicile pour les actes de la vie courante. Cette aide est plafonnée à 4 300 francs par mois pour un revenu plancher de 4 950 franc net mensuels. Elle est dégressive jusqu'au revenu plafond de 9 250 francs par mois. Cette allocation sera financée, notamment, par une augmentation de la CSG.

Quatre astronomes italiens annoncent qu'ils ont découvert et étudié au Chili la galaxie la plus lointaine jamais détectée. Elle aurait entre huit et dix-sept milliards d'années. Les astronomes ont tiré de sa composition chimique – hydrogène, oxygène, carbone, silicium et aluminium – des enseignements indiquant que la galaxie est elle-même composée d'étoiles arrivées en fin d'évolution et qu'elle aurait produit par ailleurs un grand nombre de nouvelles étoiles.

Le président croate Franjo Tudjman et son homologue croate Alija Izetbegovic décident d'arrêter leur offensive contre les Bosno-Serbes. Cette décision intervient alors que les forces croato-musulmanes contrôlent désormais entre 60 et 65 % de la Bosnie, soit 10 à 15 % de plus que ce qui est prévu dans le plan de paix du « groupe de contact » (Allemagne, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie). De fait, les pressions occidentales, américaines notamment, ont été fortes pour amener les dirigeants de Zagreb et de Sarajevo à brider leur offensive victorieuse. Le 20, l'ONU et l'OTAN annoncent qu'elles suspendent les frappes aériennes sur les forces serbes, celles-ci s'étant conformées aux décisions internationales en évacuant la majeure partie de leurs armes lourdes qui stationnaient autour de Sarajevo. (chrono. 25/09)

Jacques Chirac déclare qu'il entend maintenir les contrôles aux frontières de l'Hexagone. Les raisons invoquées pour justifier ce nouveau report des accords de Schengen (suppression des frontières internes en Allemagne, Benelux, Espagne, France et Portugal) ont trait à la politique néerlandaise en matière de drogue, au laxisme supposé de certains services douaniers et au contexte général du terrorisme. Bruxelles dénonce « l'hypocrisie » de la position française.

Le budget de l'État devrait se solder par un déficit de 289 milliards de francs (1 262 milliards de recettes et 1 551 milliards de dépenses), soit 3,55 % du PIB – contre 4,15 % en 1995. Ce résultat est obtenu par une baisse des crédits des ministères (à l'exception du Travail, de la Justice, de la Culture et de l'Éducation) ; il devrait être assuré également par une hausse des impôts, qui atteindront, en 1996, le niveau historique de 44,7 % du PIB. Les marchés financiers jugent sévèrement ce projet de budget, le jugeant insuffisamment rigoureux en matière de baisse des dépenses publiques. De nombreux opérateurs estiment par ailleurs que le gouvernement s'est montré trop optimiste dans ses prévisions de hausse des recettes fiscales. À l'annonce de ce budget, le franc recule de 3,435 0 francs pour 1 Mark à 3,459 5.

Jacques Toubon, ministre de la Justice, annonce la démission du magistrat Bernard Challe, chef du Service central de prévention de la corruption (SCPC). Celui-ci dément aussitôt avoir voulu démissionner de son poste. L'affaire éclate alors que le SCPC doit rendre sa réponse à la question posée par des élus socialistes sur l'affaire de la baisse de loyer consentie par Alain Juppé – alors adjoint au maire de Paris – pour le logement de son fils. Le 24, M. Toubon déclare qu'en tout état de cause l'avis de ce service sera « nul et non avenu ». Le lendemain, le SCPC précise que le fait pour un élu de favoriser les conditions de logement de son entourage peut constituer un délit d'ingérence au titre de l'article 432-12 du Code pénal. Début octobre, une copie du bulletin officiel de la Ville de Paris d'avril 1989 est transmise au parquet, établissant que le conseiller municipal chargé de la gestion du domaine privé de la Ville était lui-même placé sous l'autorité de M. Juppé. Un témoin, ancien fonctionnaire municipal, précise que ce dernier visait chaque attribution de logement, pour laquelle sa signature conforme était requise. (chrono. 11/10)

En place depuis deux ans, M^me Ciller présente sa démission au président Süleyman Demirel. Cette décision est provoquée par le départ de la coalition « droite gauche » au pouvoir du Parti social-démocrate (CHP), mécontent des orientations conservatrices du gouvernement. Dès le lendemain, le chef de l'État charge M^me Ciller, chef du parti de la Juste voie (DYP, droite), de former le nouveau gouvernement. (chrono. 15/10)

On apprend que Gendhun Choekyi Nyima, un garçonnet tibétain de six ans désigné en mai comme futur panchen-lama (seconde autorité religieuse du Tibet), a été emmené de force à Pékin avec sa famille peu de temps après sa désignation. Cette mise en résidence surveillée est un nouvel épisode de l'opposition entre le dalaï-lama, établi en Inde, et le gouvernement chinois désireux d'accroître encore son emprise sur le Tibet. (chrono. 29/11)

Avec un chiffre d'affaires cumulé de 18,7 milliards de dollars, le nouveau groupe américain devient le numéro un mondial de la communication devant Walt Disney-ABC. Cette fusion devrait permettre aux productions Warner de trouver de meilleurs débouchés sur les réseaux de chaînes du groupe Turner.

Le deuxième sommet annuel des Quinze s'achève sur une unité de façade, mais les points de désaccord n'ont pas manqué : opposition à la politique nucléaire française ; scepticisme quant à la proposition de Paris d'étendre à l'Union sa dissuasion nucléaire ; agacement face au nouveau report par Paris de l'application des accords de Schengen (suppression des contrôles douaniers entre les pays signataires) ; interrogations sur les exigences allemandes en matière de critères de convergence économique pour la monnaie commune – le ministre des Finances d'outre-Rhin, Theo Waigel, ayant déclaré que ces critères n'étaient pas assez stricts ; et incertitudes sur l'élargissement de l'UE, sur les nouvelles procédures de décision et sur les futures politiques communes (en matière de diplomatie, de défense, de police et de justice).

Au renouvellement par tiers du Sénat, le PS gagne 8 sièges, tandis que l'UDF en perd 10 et que le RPR et le PC maintiennent leurs positions. Charles Pasqua est réélu dans les Hauts-de-Seine ; Michel Rocard et Robert Badinter font leur entrée dans la haute assemblée, où la droite reste largement majoritaire.

Après d'intenses semaines de pourparlers, les négociateurs israéliens et palestiniens signent à Taba (Égypte) un nouvel accord sur l'autonomie palestinienne : celle-ci devrait désormais s'exercer sur six grandes villes de Cisjordanie et, partiellement, à Hébron (ville de 120 000 habitants palestiniens où demeureront, protégés par l'armée israélienne, 450 colons juifs), soit 17 % du territoire. Les zones rurales seront soit sous contrôle mixte (30 % du territoire), soit sous contrôle israélien exclusif (53 % du total). L'armée israélienne évacuera progressivement les zones rendues aux Palestiniens ; des élections permettront de désigner un Conseil palestinien ; la majorité des prisonniers palestiniens sera libérée ; la part de l'eau pompée en Cisjordanie et affectée aux Palestiniens passera de 18 % à 23 % du total. Le 28, l'accord est solennellement signé à Washington par Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, en présence de Bill Clinton, d'Hosni Moubarak et d'Hussein de Jordanie, mais en l'absence d'Hafez el-Assad.

En présence du secrétaire d'État américain Warren Christopher, les ministres des Affaires étrangères de Bosnie, de Croatie et de Serbie (celle-ci représentant les Bosno-Serbes de Pale) signent, à New York, un accord définissant des arrangements constitutionnels pour la Bosnie-Herzégovine. Le futur État serait divisé en une fédération croato-musulmane, elle-même fédérée avec la république de Croatie, et une fédération serbe, entretenant des « relations spéciales » avec la république de Serbie. L'État bosniaque disposerait cependant d'une présidence collégiale, d'un Parlement et d'une diplomatie. Chacune de ces institutions serait composée, pour les deux tiers, de Croato-Musulmans et, pour un tiers, de Serbes. L'accord de New York reste cependant très flou. Il entérine de fait la partition de la Bosnie, malgré la création d'un État central bosniaque. Surtout, il laisse en suspens les questions cruciales du partage territorial et de l'organisation des élections, qui devraient être supervisées par l'Organisation sur la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Ce document représente cependant une avancée vers la paix et marque, en même temps, l'effacement des Européens au profit des Américains. (chrono. 12/10)

Devant le tribunal de Palerme, l'ancien président du Conseil, âgé de soixante-seize ans, répond de participation à association mafieuse. On reproche à M. Andreotti d'avoir utilisé les services de l'organisation criminelle pour asseoir la domination de son parti, la Démocratie-chrétienne, en Sicile et dans le sud de la péninsule. L'accusation se fonde sur un rapport de 120 000 pages et sur des centaines de témoignages, dont ceux de 24 « repentis » de la Mafia. Pour ce procès, 150 audiences sont programmées.

Plus de 400 rebelles du Front révolutionnaire uni sont tués lors de combats avec les forces gouvernementales. Plus de 10 000 personnes ont péri depuis le début des combats, en mars 1991.

Des mercenaires, dirigés par le Français Bob Denard, déposent le président Saïd Mohamed Djohar. Le capitaine comorien Ayouba Combo se présente comme le véritable chef de l'insurrection. La France condamne cette dix-septième tentative de coup d'État depuis l'indépendance en 1975 de cet archipel de l'océan Indien où vivent un peu moins d'un demi-million de personnes. Une flottille et des troupes de Djibouti, Mayotte et la Réunion sont mises en état d'alerte. (chrono. 5/10)

Soupçonné d'être à l'origine de la tentative d'attentat contre le TGV Paris-Lyon et traqué par des centaines de gendarmes et de policiers dans les bois situés à l'ouest de la capitale rhodanienne, le jeune islamiste (vingt-quatre ans) de Vaulx-en-Velin est abattu devant un arrêt de car. Il avait tiré sur les gendarmes après que ceux-ci lui eurent lancé leurs sommations. Sa mort provoque un double début de polémique. Plusieurs policiers s'étonnent que le ministre de l'Intérieur, Jean-Louis Debré, prête également à Kelkal la responsabilité de l'attentat à la station Saint-Michel, alors que les preuves à cet égard semblent minces. Par ailleurs, un reportage de M6, réalisé au moment même des faits, peut laisser croire que les gendarmes auraient voulu abattre le garçon, sans chercher à le neutraliser préalablement. Le bout de film montré à la télévision était amputé d'une séquence où l'on entendait des voix de policiers crier : « Finis-le, finis-le ! » (chrono. 17/10)