Les combats reprennent à Kaboul et font des centaines de victimes. Ils opposent les partisans du chef de l'État, Burhanuddin Rabbani. et ceux de l'ancien ministre de la Défense, Ahmed Shah Massoud, à une coalition réunissant les fondamentalistes musulmans, partisans du Premier ministre en titre, Gulbuddin Hekmatyar, et les ex-miliciens procommunistes du général ouzbek Abdul Rashid Dostom. Celui-ci a brusquement rompu l'alliance qui l'unissait à M. Massoud pour rejoindre les islamistes du Hezb-e-Islami.

Zviad Gamsakhourdia se suicide dans la nuit du 31 décembre au 1^er janvier. Âgé de 54 ans, cet ancien dissident, professeur de littérature, avait été élu à la présidence de son pays en mai 1991. Ses méthodes dictatoriales l'avaient contraint à la démission dès janvier 1992. Depuis, il menait une lutte acharnée contre son successeur, Edouard Chevardnadze. Dans une lettre testament, il met violemment en cause le rôle de la Russie.

Dans l'État du Chiapas, au sud du pays, des paysans rebelles menés par l'Armée zapatiste de libération nationale s'opposent au pouvoir central de Mexico et prennent le contrôle de 6 communes. Les combats avec les forces régulières font une centaine de morts. Après avoir rétabli l'ordre, le président Carlos Salinas remanie son cabinet, le 10, et remplace le ministre de l'Intérieur par un ancien militant des droits de l'homme, Jorge Carpizo. Les Indiens, qui constituent plus du quart de la population du Chiapas, vivent en majorité dans une très grande pauvreté. (chrono. 2/03)

Le général belge Francis Briquemont, commandant des forces de l'ONU en Bosnie, annonce son départ « anticipé et à sa demande ». Depuis plusieurs semaines, il avait manifesté son découragement quant à l'inefficacité de son action, allant même jusqu'à déclarer qu'« il ne lisait même plus » les résolutions des Nations unies sur la Bosnie. Il est remplacé à son poste par le général britannique Michael Rose.

Le gouvernement adopte une position médiane sur la question des quatre barrages envisagés pour réguler le cours de la Loire. Deux seront construits (à Chambronchard sur le Cher et à Naussac sur l'Allier), un autre (à Serre-de-la-Fare, en Haute-Loire), longtemps combattu par les écologistes, est abandonné ; quant au site du Veurdre sur l'Allier, la décision est renvoyée à 1998.

Les membres du Conseil de la politique monétaire sont nommés. On note la présence du journaliste Jean Boissonat et de l'ancien ministre socialiste de l'Économie, Michel Sapin. La loi sur l'indépendance de la Banque de France peut entrer en vigueur.

Simone Veil, ministre des Affaires sociales, présente les projets de loi relatifs à l'éthique médicale (respect du corps humain, dons d'organes et procréation médicalement assistée, ou PMA). Reprenant largement les projets votés en première lecture par l'Assemblée nationale, en novembre 1992, ces textes précisent les normes légales concernant l'embryon humain et limitent l'accès à la PMA aux seuls couples stériles en âge de procréer. Ils arrivent en discussion, alors que toute une polémique s'est développée à propos des fécondations artificielles de femmes vierges ou ménopausées, et à propos également des diagnostics génétiques de l'œuf fécondé, lesquels peuvent aboutir à un eugénisme généralisé, comme le craignent certains. Le Sénat adopte ces projets en première lecture, le 21 janvier, en affirmant le caractère exceptionnel des diagnostics génétiques sur l'œuf et l'embryon, et en limitant la PMA aux couples stériles. L'Assemblée nationale se prononcera à la session de printemps. (chrono. 20/04)

Christian Bataille, député (PS) du Nord, remet au gouvernement un rapport sur l'implantation de deux laboratoires souterrains de recherche sur la gestion des déchets radioactifs. Les lieux d'implantation proposés sont situés dans le Gard, la Haute-Marne, la Meuse et la Vienne. (chrono. 24/01)

Des opposants au régime tentent et manquent un attentat contre le chef de l'État, le général Gnassingbé Eyadéma, puis attaquent un camp militaire. Des tirs nourris, à Lomé, provoquent la mort d'une soixantaine de personnes. Les élections législatives, boycottées par les partis d'opposition, sont renvoyées au mois de février. Le gouvernement accuse le Ghana d'aider les opposants togolais regroupés autour de Gilchrist Olympio, lui-même réfugié à Accra.

La championne de patinage artistique Nancy Kerrigan est agressée au sortir d'une séance d'entraînement ; elle reçoit des coups de barre de fer sur les jambes. La blessure ne compromet cependant pas la suite de sa carrière sportive. Dans les jours qui suivent, l'enquête se dirige vers l'entourage de sa rivale, Tonya Harding. L'affaire passionne l'Amérique, tout opposant l'élégante et sage Kerrigan à la provocante et plébéienne Harding. (chrono. 16/03)

Un gigantesque incendie menace les environs de Sydney. On déplore la mort de quatre personnes et la destruction de centaines d'habitations.

Jean-Pierre Elkabbach, président de France-Télévision, nomme Raphaël Hadas-Lebel à la tête de France 2 et Xavier Gouyou-Beauchamp à celle de France 3.

Le mauvais temps sévit à travers l'Europe. En France, des pluies continues provoquent des inondations et des glissements de terrain. En Isère, le village de La Salle-en-Beaumont est partiellement enseveli et quatre personnes sont portées disparues. En Camargue, de nombreuses brèches dans les digues du Petit Rhône empêchent la canalisation des débordements du fleuve. Michel Barnier, ministre de l'Environnement, annonce qu'un comité interministériel engagera une « nouvelle politique de prévention ».

Le bureau de l'Assemblée nationale refuse d'autoriser la « mainlevée » de l'immunité parlementaire de Bernard Tapie dans l'affaire de corruption OM-Valenciennes. Le 13, le garde des Sceaux, Pierre Méhaignerie, annonce que des poursuites seront intentées contre Bernard Tapie qui avait traité le procureur de Valenciennes. Eric de Montgolfier, de « barjo » : il demande également « une dernière fois » à ce même procureur de « respecter ses obligations de réserve ».

Lancement d'Infomatin, nouveau quotidien national. Vendu au prix de 3 francs et privilégiant l'information rapide, ce journal est soutenu par le groupe canadien Hollinger, le groupe suédois Bonnier et la Macif (le Monde et Matra Hachette).

L'Institut monétaire européen (IME) est officiellement inauguré à Francfort. La tâche de cet organisme consistera à préparer la création d'une véritable banque centrale européenne, vers l'an 2000. La présidence en a été confiée à un économiste et banquier belge, Alexandre Lamfalussy. Âgé de 63 ans, cet aristocrate d'origine hongroise est un spécialiste des problèmes monétaires et dirigeait la Banque des règlements internationaux depuis 1985.

Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, reconnaît qu'une erreur de manipulation a pu être commise à la suite de la perquisition effectuée en novembre 1993 au domicile de Moussa Kraouche, un des dirigeants du FIS algérien en France. Des documents compromettants concernant l'assassinat de Français en Algérie auraient été rajoutés « par erreur » au dossier incriminant M. Kraouche. Le ministre estime, pour sa part, que les documents incriminés ont été joints par mégarde, à la suite d'une faute de manipulation d'un inspecteur de la police judiciaire de Versailles lors de la mise sous scellés des pièces saisies chez M. Kraouche : l'inspecteur aurait glissé, sans s'en apercevoir, une traduction française, effectuée par la DST, d'un tract du GIA revendiquant les assassinats de Français en Algérie. L'enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) est rendue publique le 21 janvier et confirme l'analyse du ministre.

Réunis à Bruxelles autour de Bill Clinton, les dirigeants des 16 pays membres de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) s'accordent sur deux décisions : d'une part, la proposition d'un « partenariat pour la paix » à l'ancien bloc de l'Est, Russie comprise, et, d'autre part, une nouvelle menace de frappe aérienne en Bosnie. Le « partenariat pour la paix » consisterait en une coopération militaire entre l'OTAN et l'Est européen, en contrepartie de certaines conditions (contrôle sur les armements, transparence des budgets militaires, adhésion à une déclaration de principes politiques). Ce partenariat représente une sorte de compromis entre la volonté des anciens « pays satellites » d'adhérer à l'OTAN et les réticences clairement manifestées à cet égard par Boris Eltsine. La Pologne, la République tchèque, la Hongrie et la Slovaquie acceptent ce plan, le 12. Quant à la menace d'intervention aérienne en Bosnie, elle a surtout pour effet de cacher l'indécision et la paralysie des Occidentaux. (chrono. 22/06)

Réunis à Dakar, les responsables des pays de la zone franc décident de dévaluer de 50 % le franc CFA. Cette mesure s'imposait du fait de l'endettement considérable de ces pays, consécutif notamment à l'effondrement des prix des matières premières au cours des années 80. Elle aura pour effet immédiat un renchérissement des prix et une baisse du niveau de vie pour ces populations déjà peu favorisées. Pour accompagner cette dévaluation, la France a consenti une aide (effacement de dettes, aides au développement) de 5 milliards de francs en 1994. Malgré cela, les relations entre pays africains et ancienne métropole risquent de se distendre. (chrono. 16/02)

Cyprien Ntaryamira est élu président de la République par l'Assemblée nationale. Âgé de 38 ans, il est d'origine hutue comme son prédécesseur, Melchior Ndadaye, assassiné en octobre 1993. (chrono. 6/04)

La loi Bruno Bourg-Broc d'aide à l'enseignement privé et révisant la loi Falloux est en partie censurée par le Conseil constitutionnel. La haute juridiction estime contraire à la Constitution l'article 2 de cette loi autorisant les collectivités locales à subventionner comme elles l'entendaient les établissements privés sous contrat. Le gouvernement fait savoir qu'il s'incline et qu'il ne déposera pas de nouveau texte en ce sens. Édouard Balladur enregistre ainsi son premier grave revers politique. (chrono. 16/01)

Carlo Azeglio Ciampi remet au président Oscar Luigi Scalfaro la démission du gouvernement de transition qu'il dirigeait depuis huit mois. Le Parlement est dissous et des élections législatives anticipées sont annoncées pour les 27 et 28 mars. (chrono. 28/03)

À l'occasion du voyage de Bill Clinton à Moscou, deux accords marquant la fin de la guerre froide sont signés : le premier, entre le président américain et les présidents russe et ukrainien, Boris Eltsine et Leonid Kravtchouk ; le deuxième, entre les présidents américain et russe. Selon le premier texte, les autorités ukrainiennes s'engagent à éliminer progressivement les 1 500 têtes nucléaires basées sur leur territoire. Malgré la promesse d'une compensation financière (3 milliards de dollars) des États-Unis, la ratification de cet accord par le parlement de Kiev semble difficile à obtenir. Le deuxième texte porte sur le changement de cible des missiles américains et russes qui ne seront plus pointés les uns sur les autres ; la mesure est largement symbolique, mais elle marque la continuation des bonnes relations américano-russes.

Le groupe CEP Communication (presse professionnelle et édition) prend le contrôle du groupe Expansion (l'Expansion, l'Entreprise, la Vie française, etc.).

La Douma (Chambre des députés) élit à sa présidence un communiste de 47 ans, Ivan Rybkine, qui réclame aussitôt la libération des putschistes d'août 1991 et d'octobre 1993.

Monique Afri, une Française mariée à un Algérien et employée au consulat de France, est assassinée à Alger. Elle est le 25^e étranger (et le 4^e citoyen français) abattu depuis que le Front islamique du salut (FIS) a exigé, en septembre, le départ de tous les non-Algériens du pays.

Environ 600 000 manifestants (300 000 selon la police, 1 million selon les organisateurs) défilent dans les rues de Paris pour réclamer davantage de fonds pour l'enseignement public et fustiger toute remise en cause de la laïcité. Malgré le retrait de la loi Bourg-Broc, réformant la loi Falloux, et l'annonce, le 5 janvier, d'un plan quinquennal exceptionnel de 2,5 milliards de francs pour l'enseignement public, la manifestation est un succès. Le gouvernement annonce qu'il va consulter, dès le 18 janvier, l'ensemble des partenaires syndicaux de l'Éducation nationale.

Bill Clinton et le président syrien Hafez el-Assad se rencontrent à Genève. Les deux dirigeants se sont déclarés d'accord pour que le processus de paix soit mené jusqu'au bout au cours de l'année 1994. Bill Clinton mais pas M. Hassad lui-même a assuré que la Syrie serait disposée à avoir des « relations normales » avec Israël si ce pays s'engageait à lui rétrocéder l'ensemble du Golan. Dès le lendemain, le gouvernement israélien annonce qu'il envisage d'organiser un référendum sur la question du Golan.

Egor Gaïdar, premier vice-ministre de l'Économie et symbole de la politique libérale, démissionne en déclarant : « Je ne peux pas être à la fois dans le gouvernement et dans l'opposition. » Il est suivi par le ministre des Finances Boris Fiodorov, autre figure de proue des réformateurs, qui conditionnait son maintien au limogeage de deux conservateurs notoires : le président de la Banque centrale et le ministre de l'Agriculture. Boris Eltsine refuse de les renvoyer et laisse le Premier ministre, Viktor Tchernomyrdine, composer une nouvelle équipe. Celui-ci appelle Oleg Soskovets, un industriel conservateur, comme numéro deux du gouvernement, mais également plusieurs réformateurs modérés, comme Alexandre Chokhine à l'Économie et Sergueï Chakhraï aux Nationalités. Andreï Koryzev conserve son poste de ministre des Affaires étrangères.

Un tremblement de terre d'une magnitude de 6,6 sur l'échelle de Richter frappe la ville de Los Angeles, tuant une quarantaine de personnes et faisant près de 3 000 blessés. Dans le même temps, une vague de froid dans le nord et l'est du pays provoque la mort de 80 personnes.

Une pétition réunissant les signatures d'une centaine de médecins et scientifiques français et étrangers demande à François Mitterrand d'exercer son droit de grâce envers Michel Garretta, Jean-Pierre Allain, Robert Netter et Jacques Roux, tous condamnés dans l'affaire de la contamination par transfusion sanguine. Les signataires estiment que les deux inculpés auraient été jugés « dans un environnement médiatique sans précédent, où prédominait le sensationnel aux dépens de la rigueur ». Le texte soulève une grande indignation, notamment dans les familles des victimes.

La Démocratie chrétienne, principal parti politique italien depuis la fin de la guerre, se transforme en Parti populaire italien (PPI) pour tenter de survivre à la crise politique qui l'a terrassée depuis un an. Certains membres de l'ex-DC créent de leur côté un Centre chrétien-démocrate.

Le vice-Premier ministre du gouvernement fédéral, Guy Coëme, et deux ministres du gouvernement wallon, Guy Spitaels et Guy Mathot, démissionnent de leurs fonctions. Tous trois membres du PS francophone, ils sont au centre d'une affaire de corruption remontant à 1988. À cette date, la firme italienne Augusta avait emporté un marché de 46 hélicoptères de combat. Depuis, une instruction avait été ouverte et avait démontré que M. Coëme, alors ministre de la Défense, avait manipulé le rapport militaire pour avantager Augusta. Il aurait reçu, en échange, des pots-de-vin pour son parti et sa région. Par ailleurs, cette affaire de corruption a été rapprochée de l'assassinat, en juillet 1991, du vice-Premier ministre fédéral d'alors, André Cools, lui aussi socialiste francophone. On pense que ce dernier s'apprêtait à dénoncer les pratiques de M. Spitaels et de ses amis. Le 25, la commission des poursuites de la Chambre des représentants renvoie M. Coëme devant la Cour de cassation, seule instance habilitée à juger un ministre.

Un procureur spécial, Robert Fiske, est nommé pour enquêter sur l'« affaire Whitewater » impliquant les époux Clinton. Au début des années 80, ceux-ci avaient investi, et perdu, de l'argent dans cette affaire immobilière en Arkansas. La question se pose de savoir si Bill Clinton, alors gouverneur de l'État, aurait usé de son influence pour obtenir d'une caisse d'épargne, la Madison Guaranty, des prêts illégaux en faveur de Whitewater. Il se trouve qu'à l'époque Hillary Clinton était l'avocate de la Madison Guaranty. Le procureur a laissé entendre qu'il souhaitait également enquêter sur le suicide, en juillet 1993, d'un ami du couple présidentiel, Vincent Foster, nommé conseiller à la présidence et qui conservait dans son bureau le dossier Whitewater. M. Foster avait été lui aussi un des conseils juridiques de la Madison Guaranty. (chrono. 4/03)

Pressentant l'opposition de l'UDF, le président du RPR, Jacques Chirac, renonce à conduire la liste commune de la majorité aux élections européennes du printemps.

Bassel Assad, le fils du président syrien, se tue, à 31 ans, dans un accident de voiture. Cette mort repose la question de la succession du chef de l'État, âgé de 64 ans et de santé fragile, qui envisageait de plus en plus sérieusement de se retirer à terme au profit de son fils, dont l'image de sérieux et d'intégrité commençait à s'imposer dans l'opinion.

Lorena Bobbitt, accusée d'avoir sectionné le sexe de son époux qui voulait abuser d'elle, est acquittée. Cette affaire provoque une grande émotion, certains accusant les mouvements féministes de vouloir profiter de l'occasion pour radicaliser la « guerre des sexes ».

Jean-Louis Barrault, comédien, metteur en scène et directeur de théâtre, meurt à Paris, à l'âge de 83 ans. Découvert par Charles Dullin, il monte à 25 ans son premier spectacle, avant d'entrer en 1940 à la Comédie-Française. Il se fera connaître du grand public en incarnant le mime Baptiste dans les Enfants du paradis de Marcel Carné, en 1944. À partir de 1947, il forme avec Madeleine Renaud, à la scène comme à la ville, le couple de théâtre le plus fameux. André Malraux lui confiera la direction de l'Odéon, jusqu'à la rupture de 1968. La compagnie Renault-Barrault ira ensuite de salle en salle, puis se fixera au théâtre du Rond-Point, aux Champs-Élysées.

L'Allemande Steffi Graf et l'Américain Pete Sampras remportent respectivement les finales féminine et masculine des Internationaux d'Australie, elle pour la quatrième fois (et troisième titre d'affilée du Grand Chelem), lui pour la première (également troisième titre d'affilée du Grand Chelem).

André Rossinot, ministre de la Fonction publique, succède à Yves Galland à la tête du Parti radical. Il avait déjà occupé cette fonction de 1983 à 1988.

Trois touristes français sont enlevés à une centaine de kilomètres à l'est de Sanaa, par la tribu des Ahnoun, qui exige de la tribu des Hached qu'une route soit construite sur leur territoire. Ils seront relâchés le 12 février, alors que 3 techniciens chinois seront à leur tour enlevés.

Michel Faudry, maire socialiste de Châtain, petite commune de la Vienne, se suicide d'une balle dans le cœur. Le village risquait d'être choisi comme site-laboratoire pour l'enfouissement de déchets radioactifs. Face aux pressions contradictoires de certains élus départementaux, attirés par la perspective de subventions et de créations d'emplois, et de groupes écologistes, le maire a préféré se supprimer.

Le 63^e tir de la fusée Ariane se solde par un échec dû à une défaillance du moteur cryogénétique du troisième étage. Ce moteur est à l'origine de 4 des 6 échecs du lanceur européen depuis décembre 1979. Cet accident ne devrait pas avoir de conséquence durable sur les 37 contrats en cours.

La Commission de contrôle des interceptions de sécurité (CNICS) remet son deuxième rapport annuel, dans lequel elle confirme que la cellule antiterroriste de l'Élysée a connu de « graves dysfonctionnements », de décembre 1985 à février 1986, en procédant à des écoutes téléphoniques illégales, notamment chez le journaliste du Monde Edwy Plenel. (chrono. 10/12)

Les pays signataires de l'accord de Schengen (les Douze, moins la Grande-Bretagne, l'Irlande et le Danemark) décident de reporter sine die la mise en application de l'accord sur la libre circulation des citoyens en Europe, prévue pour le 1^er février. Le même jour, une commission du Sénat français rendait public un rapport mettant à jour les insuffisances du système informatique mis en place pour l'application de l'accord. Selon ce rapport, le système proposé par le consortium franco-allemand (SEMA-Bull-Siemens) était trop lent, car fonctionnant comme une messagerie entre le système central et les systèmes nationaux.

La « Conférence nationale de consensus », organisée par le gouvernement pour tenter de dénouer la crise en concertation avec les différentes forces politiques du pays, s'achève sur un échec. Auparavant, les islamistes du FIS et les principaux partis (FLN, FFS de Hocine Aït Ahmed, MDA de Ahmed Ben Bella et RCD de Saïd Sadi) avaient refusé de se rendre à la Conférence. D'autre part, après la défection de Abdelaziz Bouteflika, la Conférence n'a pas été en mesure de désigner un nouveau chef de l'État, laissant au Haut Conseil de sécurité le soin de procéder à cette désignation. Le 31, celui-ci installe dans le fauteuil présidentiel le général Liamine Zéroual, qui occupait déjà le poste de ministre de la Défense depuis le mois de juillet 1993. Âgé de 52 ans, le général Zéroual a fait toute sa carrière dans l'armée, jusqu'à sa démission en 1989, après un désaccord politique avec le président Chadli et le chef d'état-major, le général Nezzar. Il s'est depuis déclaré partisan d'« une rupture effective avec les comportements et les méthodes de gestion passés ». Redha Malek conserve, pour sa part, son poste de Premier ministre. (chrono. 22/02)

Le président de la République, Stanislav Chouchkevitch, est destitué par le Parlement. Si, officiellement, on lui reproche de ne pas avoir combattu la corruption avec assez de fermeté, le vrai motif de cette déposition est l'opposition de M. Chouchkevitch à l'union monétaire avec la Russie, qu'il jugeait prématurée et facteur de récession. Partisan de l'économie de marché, le président déchu était en opposition avec sa majorité conservatrice et néocommuniste, laquelle souhaite, comme le Premier ministre Viatcheslav Kebitch, un rapprochement poussé avec le voisin russe. (chrono. 10/07)

François Mitterrand et Édouard Balladur font publier un communiqué commun sur la guerre en ex-Yougoslavie. Ils rappellent que les décisions internationales doivent être respectées, au besoin en « utilisant la force ». Ce texte intervient au milieu d'une polémique franco-américaine, les États-Unis s'opposant à tout engagement militaire sur le terrain.

Silvio Berlusconi, patron de la Fininvest (300 sociétés, 40 000 salaries), annonce qu'il se lance dans la politique pour s'opposer aux néocommunistes du PSD. Il abandonne la direction (mais pas la propriété) de ses entreprises pour se consacrer au mouvement qu'il a créé, Forza Italia, et à ses candidats qui se présenteront aux élections législatives du 27 mars. La tentative Berlusconi a pour effet immédiat de diviser la droite italienne en 2 camps : d'une part, une aile modérée avec le PPI (ex-Démocratie chrétienne) et le Pacte pour l'Italie de Mario Segni, d'autre part, une aile droitière avec Forza Italia, l'Alliance nationale (issue du Parti néofasciste MSI) de Gianfranco Fini et la Ligue lombarde d'Umberto Bossi. (chrono. 11/02)

Une grève générale paralyse partiellement le pays. Les syndicats (UGT et Commissions ouvrières) refusent d'accepter le « pacte social » proposé par le gouvernement de Felipe Gonzalez et qui vise à une réforme de la législation du travail, jugée trop protectionniste. Issue du franquisme, cette législation, qui rend les licenciements plus difficiles et restreint la flexibilité du marché de l'emploi, reste en retrait par rapport aux normes européennes sur lesquelles le gouvernement entend progressivement s'aligner. Dès le lendemain de la grève, celui-ci fait savoir qu'il maintient son projet.

Après la conclusion d'un accord entre le Premier ministre, Morihiro Hosokawa, et le président du Parti libéral-démocrate (PLD, opposition), Yohei Kono, le projet gouvernemental de réforme politique visant à assainir la vie publique nipponne est finalement adopté par les deux chambres, après avoir été d'abord repoussé, le 21 janvier, par le Sénat. Face au rejet de son projet qui menaçait l'avenir de son gouvernement, le Premier ministre avait réclamé le soutien de l'opinion publique. En fin de compte, le nombre des circonscriptions où prévaudra le scrutin uninominal à un tour passera de 274 à 300, et celui où les députés seront élus à la proportionnelle diminuera de 226 à 200. Par ailleurs, les mesures limitant le financement des partis ont été à ce point assouplies par rapport au projet initial qu'elles ont été pratiquement vidées de leur sens. En filigrane se dessine une autre configuration politique du pays, jusque-là dominé par le PLD. À court terme, le Parti socialiste japonais (PSJ), membre de la coalition gouvernementale, est le grand perdant de l'affaire, la réforme devant avoir pour effet de laminer ses positions électorales. (chrono. 8/02)

Iouri Mechkov, un nationaliste russe, est élu président de la République autonome de Crimée, avec près de 73 % des voix. Favorable au rattachement de la Crimée (2,5 millions d'habitants, dont 67 % de Russes) à la Russie, le nouvel élu modère ses propos et se contente de demander l'organisation d'un référendum pour le 27 mars. Le président ukrainien Leonid Kravtchouk dénonce l'ingérence russe dans les affaires de Crimée et menace de remettre en cause à cette occasion le traité de dénucléarisation signé à Moscou, à la mi-janvier. (chrono. 20/05)

À l'issue du 28^e congrès du PCF à Saint-Ouen, Robert Hue est désigné comme secrétaire national (et non plus général), en remplacement de Georges Marchais. Âgé de 47 ans, ancien infirmier, maire de Montigny-lès-Cormeilles (Val-d'Oise) depuis 1977, il se définit comme « profondément rénovateur » et se défend d'être « sous la tutelle » de son prédécesseur. Celui-ci demeure membre du bureau politique du Parti, à l'inverse de Charles Fiterman, de Henri Krasucki et de Roland Leroy qui s'en vont.

Réuni en « séminaire », le gouvernement annonce un ensemble de mesures destinées « à soutenir la demande ». Outre la promesse qu'il n'y aura pas de nouveaux impôts, il s'agit de faire débloquer par anticipation les fonds de participation des salariés aux bénéfices des entreprises, d'attribuer une prime de 5 000 francs aux acheteurs de nouvelles voitures pour leur véhicule de plus de 10 ans, de développer les « emplois de service » (gardiens d'immeuble ou pompistes), de faire des économies dans les dépenses de santé, notamment en diminuant les lits d'hôpital inutiles, etc.

Le « oui » l'emporte largement au référendum sur la nouvelle Constitution destinée à débloquer la vie politique nationale et proposée par le président Ramiro de Léon. Toutefois, un fort taux d'abstention ternit cette victoire.

BMW prend le contrôle de Rover. La firme allemande a été préférée au constructeur japonais Toyota. Mis à part Rolls-Royce, l'ensemble de l'industrie automobile britannique est désormais possédée par des groupes étrangers.