De violents affrontements opposent chrétiens coptes et musulmans pendant trois jours et font 20 morts, tous coptes, et 33 blessés à el-Koucheh, un village de Haute-Égypte de 23 000 habitants, situé à 440 km au sud du Caire. Ces affrontements interconfessionnels sont les plus violents depuis 1981. L'intervention des forces de sécurité a rétabli le calme dans cette région, où un couvre-feu a été imposé pour faire cesser pillages, incendies et tirs entre communautés. Les émeutes, nées d'une dispute opposant un vendeur de rue musulman et un marchand de tissus copte, s'étaient propagées aux localités voisines de Dar el-Salam et Awlad Toq West.

Le bogue de l'an 2000, qui devait bloquer les ordinateurs de la planète, mobilisant les experts du monde entier, lors du passage du 31 décembre 1999 au 1^er janvier 2000, a brillé par son absence. Aucun accident majeur n'a affecté les grands systèmes informatiques mondiaux. Toutefois, les experts ont recommandé de rester vigilants de manière à prévenir les incidents qui pourraient se déclarer dans les premiers jours de la nouvelle année. Mais la journée test du 3, qui marquait la reprise du travail des salariés et la réouverture des marchés financiers asiatiques et européens, s'est déroulée sans accroc, ces derniers atteignant même de nouveaux niveaux record. De même, en France, les grands secteurs d'activité ont progressivement relancé leurs capacités de production sans provoquer d'incident lié au bogue.

La coalition de centre gauche remporte une brillante victoire lors des premières élections législatives de l'après-Franjo Tudjman, le père de l'indépendance croate, décédé le 10 décembre dernier, qui avait gouverné seul depuis l'indépendance de la Croatie en 1991. Avec une moyenne de 57,07 % des voix dans la future Chambre des représentants, l'opposition de centre gauche bat le parti pro-Tudjman, l'Union démocratique croate (nationalistes, HDZ), qui enregistre la première défaite de son histoire. Ivica Racan, président du Parti social-démocrate, l'un des six partis qui composent la coalition de centre gauche, se dit prêt à former un gouvernement. Il a mené campagne sur la réduction du budget de l'État, la baisse des impôts et un réchauffement des relations diplomatiques avec l'étranger. Selon lui, les priorités sont de sortir la Croatie de la crise économique, de lever tous les obstacles empêchant le développement d'une véritable démocratie et de sortir le pays de son isolement international.

Florence Parly est nommée secrétaire d'État au Budget, portefeuille laissé à la charge de Christian Sautter depuis sa nomination comme ministre de l'Économie et des Finances le 2 novembre dernier à la place de Dominique Strauss-Kahn, démissionnaire. Jusqu'à présent conseillère du Premier ministre Lionel Jospin pour les affaires budgétaires, M^me Parly, âgée de trente-six ans, est la benjamine d'un gouvernement qui compte à présent 11 membres féminins sur 29. Sa nomination constitue, d'une part, une surprise, le secrétaire d'État à l'Industrie, Christian Pierret, qui avait assuré la défense du Budget au Parlement, apparaissant le mieux placé pour reprendre le portefeuille ; d'autre part, un coup politique du Premier ministre, qui confie la direction du Budget, pour la première fois, à une femme, énarque en 1987 et spécialiste depuis des questions budgétaires dans différents cabinets ministériels ou au ministère des Finances.

Le deuxième cycle de négociations entre Israël et la Syrie s'ouvre dans la ville de Sheperdstown, en Virginie-Occidentale, à 110 km de Washington. Les pourparlers de paix entre les deux États, qui se sont affrontés au cours de trois guerres depuis la fondation d'Israël en 1948, ont repris en décembre à Washington entre le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chara et le Premier ministre israélien Ehoud Barak, ce qui constitue la première rencontre entre deux hauts responsables de ces pays depuis cinquante ans. Ces pourparlers étaient interrompus depuis 1996, à la suite d'une série de bombardements suicides en Israël. La délégation syrienne entend récupérer le plateau du Golan, une enclave stratégique occupée depuis 1967 par Israël. De son côté, Ehoud Barak s'est dit prêt à payer le prix territorial d'un accord de paix avec la Syrie si celle-ci donnait « une réponse générale et globale » qui satisfasse Israël sur toutes les questions qui le préoccupent : sécurité, frontière, ressources hydrauliques, ouverture d'ambassades, normalisation des relations avec Damas et Beyrouth. Mais les négociations achoppent sur le préalable syrien d'un engagement d'Israël à évacuer le Golan jusqu'à la ligne du 4 juin 1967 comme condition à la poursuite des négociations de paix. Or, ce serait sur la base de cet engagement que le président syrien Hafez al-Assad a accepté de reprendre les négociations de paix avec Israël.

Ugyen Trinley Dorje, le dix-septième « bouddha vivant », l'un des rares chefs spirituels bouddhistes tibétains reconnus à la fois par Pékin et par le dalaï-lama, quitte le monastère de Tsurphu à Lhassa, où il résidait, pour rejoindre ce dernier à Dharamsala (Inde), siège du gouvernement tibétain en exil. Son départ de Chine, qui s'est déroulé à l'insu des autorités locales, constitue un véritable échec pour Pékin, qui avait tenté de faire de cette figure du bouddhisme une alternative à l'influence du dalaï-lama. Âgé aujourd'hui de quatorze ans, Ugyen Trinley Dorje avait été intronisé dix-septième Gyalwa Karmapa en septembre 1992 dans son monastère. À l'époque, le gouvernement chinois avait reconnu, pour la première fois, la réincarnation d'un bouddha vivant : Pékin tentait ainsi d'engager le dialogue avec le gouvernement tibétain en exil en manifestant ses bonnes dispositions envers le troisième personnage du bouddhisme tibétain.

Six cas de listériose, dont deux mortels (une personne âgée dans le Calvados et un bébé en Loire-Atlantique), sont constatés après la consommation de rillettes. Une cellule de crise, associant les secrétariats d'État à la Santé et à la Consommation, le ministère de la Culture, l'Institut Pasteur et l'Institut de veille sanitaire, déclare « l'alerte grave à la listériose » et fait procéder à des contrôles dans les magasins de distribution alimentaire. La charcuterie à l'origine de la contamination est identifiée : elle provient de magasins de la chaîne de distribution Système U et est produite par la société de charcuterie industrielle Coudray, filiale du groupe Paul Prédault. Après la mise en évidence de la présence de bacilles Listeria monocytogenes dans certains lots de rillettes et de langoustines, Coudray retire du commerce la totalité de la production de l'usine incriminée. Basée dans la Sarthe, l'entreprise est fermée pour nettoyage et désinfection. L'enquête diligentée par la cellule de crise écarte, provisoirement, la responsabilité de Coudray. En effet, la présence de listeria dans les rillettes fabriquées par Coudray ne suffit pas à expliquer les deux décès. Il faut un facteur aggravant : l'enquête incrimine une rupture de la chaîne du froid qui serait de nature à expliquer les deux cas mortels de listériose et s'oriente donc vers le distributeur, Système U. La listériose présente un délai d'incubation pouvant atteindre huit semaines et des risques graves chez les femmes enceintes, les sujets immunodéprimés et les personnes âgées.

Deux poids lourds de l'économie américaine, Time Warner, le géant des médias et du divertissement, et America OnLine (AOL), le premier fournisseur mondial d'accès à l'Internet, annoncent leur fusion. Cette opération est estimée à 350 milliards de dollars (2 240 milliards de francs, 315 milliards d'euros). Steve case, le P-DG d'AOL, devrait prendre la tête du nouveau groupe, Gerald Levin, le P-DG de Time Warner, en assurant la direction générale. Après une offre publique d'échange entre les deux partenaires, les actionnaires d'AOL devraient détenir quelque 55 % de la nouvelle entité. La capitalisation boursière d'AOL s'élève actuellement à environ 164 milliards de dollars (1 066 milliards de francs, 162,5 milliards d'euros), celle de Time Warner, à 83 milliards de dollars (539,5 milliards de francs, 82,25 milliards d'euros). Ce rapprochement, le plus important de l'histoire, qui réunit le premier groupe mondial de communication et une entreprise de pointe dans le domaine de l'Internet, table sur la position dominante que devrait occuper l'Internet dans le prochain paysage médiatique planétaire et devrait exercer un impact majeur sur les autres acteurs des deux secteurs d'activité. Les grands groupes du secteur des médias s'efforcent de contrôler la puissance de l'Internet, et ceux qui sont engagés dans le réseau des réseaux, de développer leurs offres de services et de divertissements afin de convertir à leur activité un nombre toujours plus grand de consommateurs. Le nouvel ensemble regroupera en particulier l'hebdomadaire américain Time, les magazines People, Sports Illustrated et Fortune, les chaînes CNN et HBO, le studio hollywoodien Warner Bros, le fournisseur d'accès à l'Internet CompuServe, le navigateur Netscape et les 20 millions d'abonnés d'AOL.

Identifié grâce à ses appels téléphoniques passés à ses proches et interpellé dans une rue de la banlieue de Lisbonne, Sid Ahmed Rezala est arrêté par les autorités portugaises, assistées de deux fonctionnaires de la police française. Un mandat d'arrêt international est aussitôt délivré par la juge d'instruction Marie-Antoinette Houyvet, d'Amiens. Surnommé le « tueur des trains », Sid Ahmed Rezala est considéré comme suspect dans les meurtres de deux jeunes femmes assassinées en octobre, entre Limoges et Paris, et en décembre 1999, entre Calais et Vintimille, et dans celui d'une étudiante dont le corps a été découvert en décembre dernier à Amiens. Refusant d'être volontairement extradé en France, comme le prévoit la loi portugaise, il demeure incarcéré à Lisbonne, en attendant l'examen de la demande d'extradition déposée par les autorités françaises. Sid Ahmed Rezala ayant prévu d'utiliser toutes les possibilités de recours afin de retarder l'échéance de son retour en France, les autorités judiciaires portugaises ne devraient rendre leur décision que dans plusieurs mois.

Après la cinquième étape qui reliait Ouagadougou à Niamey, les organisateurs du rallye Paris-Dakar-Le Caire, qui en est à sa 22^e édition, annoncent que les concurrents ne prendront pas le départ de la spéciale de Niamey, capitale du Niger, en raison d'un risque terroriste sur le territoire nigérien. Ils affirment que le ministère français des Affaires étrangères les a informés que des groupes terroristes prêts à agir contre les participants du rallye ont été repérés dans le pays. Ce risque terroriste sur le parcours du rallye est confirmé par le département d'État américain. La menace terroriste émanerait du Groupe islamique armé (GIA) algérien, dirigé par Moctar Moctari. Ce dissident du GIA, à la tête de 300 hommes, aurait l'intention de punir Niamey, qui, en 1998, avait aidé l'armée algérienne à neutraliser des éléments exfiltrés du GIA. Quant au gouvernement nigérien, il déclare tout ignorer d'une quelconque menace terroriste. Après avoir envisagé d'interrompre le rallye, les organisateurs décident sa poursuite. Ils éliminent de leur programme la traversée du Niger, prévue du 12 au 16 janvier, qui devait compter quatre étapes et une journée de repos, et mettent en place un pont aérien pour transférer les concurrents en Libye. L'opération, dont le coût est estimé à environ 300 millions de francs, prend cinq jours et nécessite l'utilisation de plusieurs gros-porteurs Antonov 124. Le rallye s'est achevé au pied des pyramides de Gizeh, en Égypte, par la victoire de Jean-Louis Schlesser (Buggy Renault) dans la catégorie autos, et de Richard Sainct (BMW) dans la catégorie motos.

Bill Gates annonce sa décision de céder son poste de président-directeur général de Microsoft, dont il est le cofondateur avec Paul Allen en 1975, à Steve Ballmer, actuel numéro deux du géant américain des logiciels, auquel il avait déjà confié depuis plus d'un an l'essentiel des opérations de gestion courante de la firme. Il ne conserve que le poste de président du conseil d'administration. Expliquant sa décision par son souhait revenir « à ce qu'il aime le plus : s'occuper des technologies du futur », Bill Gates entend se consacrer entièrement à Windows 2000, la nouvelle génération du système d'exploitation informatique qui équipe la plupart des ordinateurs individuels dans le monde. La décision de Bill Gates intervient au lendemain de la proposition présentée par les représentants du département de Justice américain de démanteler Microsoft pour remédier au comportement anticoncurrentiel de la firme. Mais, selon Steve Ballmer, cette décision n'est pas liée à la plainte déposée par le gouvernement américain contre les pratiques antitrust du leader mondial du logiciel. Le succès de Microsoft a fait de Bill Gates l'homme le plus riche du monde, avec une fortune estimée à plus de 80 milliards de dollars.

Le chef paramilitaire serbe, Zeljko Raznatovic, connu sous son nom de guerre Arkan, quarante-sept ans, est assassiné par des inconnus masqués dans un hôtel de Belgrade. Il était inculpé pour crimes contre l'humanité en Croatie et en Bosnie-Herzégovine par le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye pour l'ex-Yougoslavie : il avait appliqué avec zèle, à la tête de sa milice des Tigres, la politique de purification ethnique prônée par les partisans de la Grande Serbie. C'est un témoin gênant contre le président Milosevic qui disparaît : les médias indépendants de Belgrade avaient laissé entendre qu'Arkan avait tenté de conclure un accord secret avec le TPI, par lequel il se serait engagé à témoigner contre le chef de l'État yougoslave en échange de son immunité. Son assassinat suscite de nombreuses interrogations en Serbie ; il intervient après une série de meurtres non résolus en 1997, qui ont frappé des personnalités serbes, dont le chef de la police de Milosevic, Radovan Stojicic, et son allié du Parti communiste, Zoran Todorovic. Le 20, la police de Belgrade affirme qu'elle a arrêté le meurtrier d'Arkan, Goran Jevtovic, et qu'elle est en mesure de découvrir les commanditaires du meurtre et leurs mobiles.

Le socialiste Ricardo Lagos, soixante et un ans, candidat de la Concertation démocratique, est élu président du Chili au second tour de l'élection présidentielle avec 51,31 % des voix contre 48,69 % au candidat de la droite, Joaquim Lavin. À l'issue du premier tour le 12 décembre, les deux candidats avaient fait jeu égal, Ricardo Lagos obtenant 47,9 % des voix, contre 47,5 % à son adversaire. Il devient ainsi le premier président socialiste depuis la victoire de Salvatore Allende, renversé par le coup d'État sanglant conduit par Augusto Pinochet en 1973. Bien qu'elle soit serrée, sa victoire permet à la coalition gouvernementale de centre gauche, qui réunit le Parti socialiste et les démocrates-chrétiens du président Eduardo Frei, de conserver le pouvoir qu'elle détient depuis la fin de la dictature. La participation des Chiliens au scrutin, qui s'est déroulé sur fond d'affaire Pinochet, a été importante, dépassant 91 % des huit millions d'électeurs. Ricardo Lagos succède pour six ans au démocrate-chrétien Eduardo Frei, qui, en vertu de la Constitution, ne pouvait se représente à ce scrutin. Son élection à la présidence rend plus défavorables les conditions du retour dans son pays d'Augusto Pinochet : en effet, les dernières heures de la campagne ont été marquées par l'annonce d'un éventuel rapatriement sanitaire de ce dernier vers le Chili. Ricardo Lagos et Joaquim Lavin s'étaient tous deux prononcés en faveur d'un procès de l'ancien chef de l'État au Chili, dont l'organisation est liée à la levée de l'immunité parlementaire dont l'ancien dictateur jouit en tant que sénateur à vie.

Lors d'une conférence de presse à Berlin, Helmut Kohl annonce sa démission du poste de président d'honneur de l'Union chrétienne-démocrate (CDU). Toutefois, il conserve son siège de député au Bundestag. Impliqué dans le scandale sur le financement occulte de son parti, l'ex-chancelier allemand quitte ce fauteuil honorifique en reconnaissant avoir commis des « erreurs » dans l'accomplissement de son « devoir » ; mais il refuse de nommer les bailleurs de fonds des « caisses noires » – financement qui porte pour l'instant sur un total de 40 millions de marks – de l'Union chrétienne-démocrate, bien que son parti le lui demande. « Je ne peux me résoudre à rompre la promesse que j'ai faite à plusieurs personnalités qui ont soutenu financièrement mon action au sein de la CDU », précise-t-il. Cette décision de Helmut Kohl, qui assume seul les difficultés dont son parti fait l'objet, coupe court aux spéculations qui font état d'une démission du numéro un Wolfgang Schaüble, voire de l'ensemble des dirigeants actuels de la CDU. L'actuel patron de la CDU admet le versement de dons secrets d'un montant de 2 millions de marks dans les années 1990 au parti, alors dirigé par l'ancien chancelier. En outre, le vice-président de la CDU, Christian Wulff, a révélé la découverte de 9 millions de marks supplémentaires dans les caisses du parti avant 1993, sans que l'on puisse en retracer la provenance. Cette démission de l'ancien chancelier Helmut Kohl du poste de président d'honneur de la CDU ne met pas fin à l'affaire de financement occulte qui ébranle le parti : celle-ci avait éclaté le mois dernier, alors que H. Kohl avait reconnu avoir accepté 2 millions de marks (soit 6,5 millions de francs) de dons secrets pour le parti dans les années 1990, en violation de la loi sur le financement des partis politiques. Depuis, les comptables chargés de l'audit des comptes de la CDU découvrent chaque jour de nouveaux fonds d'origine douteuse, dont la révélation éclabousse les dignitaires du parti. Wolfgang Huellen, le trésorier du groupe parlementaire CDU-CSU, s'est suicidé à Berlin, sans que l'on établisse un lien avec le scandale du financement occulte. Alors que la CDU envisage à présent d'exclure Helmut Kohl de ses rangs, le scandale rebondit, laissant envisager de possibles ramifications françaises. Le 24, une enquête des chaînes de télévision allemande ARD et française France 2 révèle que la compagnie pétrolière française Elf-Aquitaine aurait versé quelque 30 millions de francs lors de l'achat en 1992 de la raffinerie de pétrole de Leuna, en ex-RDA, dans les caisses de campagne de la CDU, sur instruction de François Mitterrand lui-même, pour assurer la réélection du chancelier Helmut Kohl en 1994. Le porte-parole de H. Kohl a catégoriquement démenti ces informations.

L'Élysée annonce le report de la réunion du Congrès de Versailles et l'annulation du décret soumettant une révision de la Constitution au Parlement, dont la réunion en Congrès était prévue le 24 janvier prochain. Le 3 novembre 1999, Jacques Chirac avait convoqué le Congrès pour se prononcer sur deux projets de loi sur la révision de la Constitution : la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et un texte concernant la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie. Le garde des Sceaux Élisabeth Guigou redit sa détermination de poursuivre la réforme de la justice. Le projet sur la présomption d'innocence viendra en deuxième lecture devant l'Assemblée nationale le 9 février prochain. En décidant de reporter le Congrès, Jacques Chirac prend acte de l'hostilité de son camp à voter une réforme du CSM, qu'il avait initiée et qui était mal engagée. L'opposition du RPR, de l'UDF et de Démocratie libérale faisait obstacle à l'adoption de la réforme du CSM à Versailles, où une majorité des trois cinquièmes est requise. Un échec du Congrès, du jamais vu depuis 1958, aurait constitué un grave revers pour le chef de l'État : « Je constate aujourd'hui la persistance de blocages qui risquent de mettre en cause la réforme de la justice. » Soucieux de ne pas créer de crise majeure dans la cohabitation, le Premier ministre Lionel Jospin a annoncé qu'il contresignerait le décret proposé par le chef de l'État. Il rejette toutefois la responsabilité de cette situation sur l'opposition : « Les blocages que le président invoque [...] ne proviennent pas de la majorité [...] mais résultent à l'évidence du revirement politique qu'a opéré l'opposition sur cette question. »

L'ex-président du Conseil italien, entre août 1983 et mars 1987, décède d'une crise cardiaque à Hammamet en Tunisie. Il était âgé de soixante-cinq ans. Condamné à vingt-sept ans de prison en Italie pour corruption dans le cadre de l'opération « mains propres » – il avait perçu des pots-de-vin alors qu'il était premier secrétaire du Parti socialiste italien (PSI) –, il avait fui en 1994 pour ne pas effectuer sa peine.

Pour remédier à la crise économique qui a jeté à la rue des millions de personnes, le président équatorien Jamil Mahuad, au pouvoir depuis août 1998, annonce la démission de son gouvernement et la dollarisation du pays. Le dollar américain devient la devise officielle de l'Équateur, au taux de change bloqué à 25 000 sucres équatoriens. En 1999, le sucre avait chuté de 197 % par rapport au billet vert. La semaine dernière, il a encore plongé de 17 %. La crise que traverse l'Équateur est due à l'accumulation de facteurs conjoncturels défavorables, tels le phénomène climatique El Niño en 1997 et 1998, la réduction de plus de 10 % des exportations et la baisse des cours mondiaux du pétrole. Le pays est au bord de la faillite – il est endetté à hauteur de 13,6 milliards de dollars – et, en 1999, il a connu une récession de 7 %, doublée d'une inflation de 60,7 %.

Deux voitures piégées explosent dans un quartier de la capitale abritant notamment de nombreux bâtiments militaires, tuant un lieutenant-colonel de l'armée espagnole et blessant une fillette de treize ans. La police espagnole attribue cet attentat à l'organisation terroriste basque ETA. Il s'agit du premier attentat depuis la rupture de la trêve de l'organisation séparatiste basque en décembre 1999. Le ministère espagnol de l'Intérieur était en état d'alerte depuis plusieurs semaines. Le gouvernement autonome basque, par la voix de son président, Juan José Ibarretxe, annonce la suspension de « l'accord de collaboration » signé le 18 mai 1999 entre son exécutif et la coalition séparatiste Euskal Herritarok (branche politique de l'ETA, ex-Herri Batasuna). Cet accord permettait au Parti national basque de Juan José Ibarretxe, qui ne dispose pas d'une majorité absolue au parlement régional, de gouverner le Pays basque espagnol avec le soutien ponctuel de la branche politique de l'ETA.

Time Warner annonce la fusion de son pôle d'édition musicale Warner Music avec le groupe britannique EMI, troisième mondial du disque. La nouvelle entité Warner EMI Music crée la première « major » de l'édition musicale. Son catalogue dispose de stars mondiales, des Rolling Stones, aux Beatles en passant par Eric Clapton, Phil Collins, Madonna, Metallica, REM, les Smashing Pumpkins ou Frank Sinatra. Le nouveau groupe, détenu à parité, sera dirigé par le président de Warner Music, Roger Ames, et pèsera 19,5 milliards de dollars en Bourse pour un chiffre d'affaires de 8,3 milliards de dollars (autant d'euros). Time Warner devrait débourser 1,3 milliard de dollars pour la prise de contrôle de EMI. Cette fusion est une pierre dans le jardin des trois autres majors, l'allemande BMG, la japonaise Sony Music et la canadienne Universal (Seagram). Elle devra d'ailleurs recueillir l'aval des autorités de la concurrence américaines et européennes. En France, le nouveau groupe Warner EMI détiendrait une part de marché de 26 %, devant BMG (6 %), mais derrière Sony Music (30 %) et Universal (34 %).

Dans un climat de tensions dans les établissements scolaires et de grogne chez les enseignants, le ministre de l'Éducation Claude Allègre présente le second volet de son plan antiviolence à l'école : le premier, essentiellement centré sur les collèges et les lycées, avait été présenté en novembre 1997 et appliqué à partir de janvier 1998. Ce plan prévoit notamment le recrutement de 7 000 personnes pour assurer l'encadrement éducatif dans les établissements sensibles et la mise en place d'un comité antiviolence scolaire, coprésidé par le prix Nobel de physique Georges Charpak et l'actrice Carole Bouquet, qui sera chargé de coordonner les actions des collectivités locales, des associations, des entreprises et des médias. Il prévoit également de donner à la police la possibilité d'intervenir dans les établissements difficiles où se produiront des actes de violence, en instaurant un « dispositif de sécurité renforcée » destiné à alerter rapidement la police en cas de violence grave au sein d'un établissement. Qualifié de « grande cause nationale » par Ségolène Royal, ce plan est présenté alors que plusieurs actes de violence se sont produits : à Mantes-la-Jolie, où deux collégiens sont poursuivis pour « tentative de meurtre » et « extorsion de fonds », à Longwy, où un collégien a subi pendant plusieurs semaines des sévices corporels, à Perpignan, où deux collégiennes sont soupçonnées d'avoir racketté une jeune élève. M. Allègre assure que « l'État fera son devoir » et mettra en œuvre « les moyens qui sont nécessaires ». Toutefois, précise-t-il, « que l'État fasse son devoir, ce n'est pas suffisant, il nous faut la mobilisation de tous ».

Après la plainte déposée le 25 janvier dernier par plusieurs organisations internationales de défense des droits de l'homme, le procureur de la république de Dakar décide d'ouvrir une information judiciaire contre Hissène Habré, qui est réfugié au Sénégal. Le 3 février, l'ancien président tchadien est inculpé de « complicité d'actes de tortures » par le juge Demba Kandji.

Dans le cadre du 27^e Festival de la bande dessinée, la dessinatrice Florence Cestac, également cofondatrice des éditions Futuropolis en 1974, reçoit le grand prix de la ville d'Angoulême. Elle rejoint dans l'Académie des Grands Prix des auteurs récompensés pour l'ensemble de leur œuvre et leur contribution à l'enrichissement du neuvième art : Franquin, le premier Grand Prix en 1974, Jijé, Pellos, Tardi, Fred, Mézières, Moebius, Bilal, Druillet, Margerin, Juillard, Boucq, Robert Crumb et une femme, Claire Brétecher, honorée d'un prix spécial quinzième anniversaire, l'année où Hugo Pratt avait reçu le grand prix de la ville d'Angoulême. Créatrice de « Harry Mickson », des « Débloks », de tragi-comédies autobiographiques (Cestac pour les grands, le Démon de midi, Du sable dans le maillot), Florence Cestac avait déjà été distinguée en remportant par deux fois le prix du meilleur album d'humour de l'année (1989 et 1996) à Angoulême. Son grand prix confirme la bonne santé du secteur « humour », dont les auteurs ont quasiment monopolisé tous les grands prix depuis une dizaine d'années. Par ailleurs, Pascal Rabaté remporte l'Alph-art du meilleur album de l'année pour Ibicus tome 2, Helena Klacokar, celui du meilleur album étranger pour Passage en douce, Christophe Blain, l'Alph-art coup de cœur pour le Réducteur de vitesse et Michel Plessix, l'Alph-art jeunesse pour le troisième tome du Vent dans les saules.

Le joueur américain André Agassi, numéro un mondial au classement ATP, remporte la finale de l'Open d'Australie, sur le central de Flinders Park à Melbourne, en battant le Russe Yevgeni Kafelnikov, numéro deux mondial et champion en titre, en quatre sets (3-6, 6-3, 6-2, 6-4) et 2 heures 19 minutes de jeu. C'est le sixième titre en grand chelem que remporte l'Américain, après une année riche en victoires majeures, qui l'a vu triompher à Roland-Garros et à Flushing Meadow avant de s'incliner en finale à Wimbledon devant son compatriote Pete Sampras. De son côté, l'Américaine Lindsay Davenport remporte pour la première fois de sa carrière la finale du simple dames des Internationaux d'Australie en battant la Suissesse Hingis en deux sets (6-1, 7-5) et 65 minutes.