Décidée par le gouvernement pour contenir le déficit budgétaire, la hausse de 2 % du taux ordinaire de la TVA (taxe à la valeur ajoutée) fait passer celle-ci de 18,6 % à 20,6 %. Cette hausse devrait rapporter 17,4 milliards de francs à l'État en 1995 et provoquer une hausse de l'inflation de 0,9 %. La plupart des produits alimentaires restent soumis au taux préférentiel de 5,5 %. Le taux moyen de cette taxe en Europe est de 15 %.

Pour la première fois depuis vingt ans, le roi Fahd d'Arabie procède à un important remaniement ministériel. Même si les ministères clés restent aux mains de la famille royale, 16 des 28 ministères – dont celui des Pétroles – changent de responsables. Intervenant dans une période de relative accalmie politique, ce mouvement est destiné à faire la balance entre les modernistes, souvent formés à l'étranger, et les traditionalistes, tenants d'un islam rigoureux. Le nouveau gouvernement devra s'attaquer à d'importants dossiers, dont celui du déficit de l'État, alors même que le prix du baril de pétrole baisse sur le marché.

Le général de l'armée de l'air Jean-Philippe Douin succède à l'amiral Jacques Lanxade, atteint par la limite d'âge, comme chef d'état-major des armées. Le général Douin était jusqu'alors chef d'état-major de l'armée de l'air. Il est remplacé à ce poste par le général d'aviation Jean Ranou. Celui-ci, qui était major général des armées (le n^o 2 de la hiérarchie interarmées), est remplacé par le général Philippe Mercier, chef du cabinet militaire du ministre de la Défense. Le général Raymond Germanos prend la succession de ce dernier auprès de Charles Millon. Enfin, le contre-amiral Jean-Luc Delaunay remplace le général Christian Quesnot comme chef d'état-major particulier à l'Élysée, tandis que le général d'aviation Alain Courthieu reste à Matignon. On remarque le rôle modeste qu'occupe l'armée de terre dans ce remaniement à la tête du commandement militaire, puisque seul le général Germanos appartient à cette arme. Âgé de cinquante-cinq ans, le général Douin fut major général des armées d'octobre 1992 à juillet 1994. Il passe pour être un défenseur de l'avion Rafale.

L'ancien maire de Nice est condamné à trois ans et demi de prison ferme et à un million de francs d'amende après avoir été reconnu coupable de corruption passive dans l'affaire de la Serel.

Le Parlement adopte une réforme du système des retraites devant aboutir à près de 350 milliards de francs d'économies pour le budget de l'État. En moyenne, les retraites ne représenteront plus que 65 % du salaire d'activité contre 80 % actuellement. Cette réforme est un grand succès pour le gouvernement de Lamberto Dini, puisque aucune tentative dans ce domaine n'avait abouti depuis quinze ans. M. Dini a reçu l'appui du centre gauche, de la Ligue du Nord et des chrétiens démocrates. Les communistes et l'Alliance nationale (extrême droite) ont voté contre, tandis que Forza Italia (le parti de Silvio Berlusconi) s'abstenait.

Miguel Rodriguez, considéré comme le numéro deux du cartel de la drogue de Cali, est arrêté. Il est le sixième des sept dirigeants de cette organisation criminelle à tomber aux mains de la police en moins de deux mois. Ce coup de filet est un bon point pour le président Ernesto Samper, quatre jours après un scandale qui a fortement ébranlé son autorité : le ministre de la Défense, Fernando Botero, avait dû démissionner car son nom était lié à un supposé financement de la campagne du candidat Samper par de l'argent sale venant du trafic de drogue. (chrono. 16/08)

À l'occasion des cérémonies du cinquantenaire du bombardement atomique d'Hiroshima, les dirigeants japonais lancent un appel à la fin de tous les essais nucléaires, visant ainsi la Chine et la France.

Trois jours après avoir lancé une vaste offensive en Krajina, cette zone située à l'est du pays, l'armée croate réduit définitivement la sécession serbe qui contrôlait la région depuis 1991. Un cessez-le-feu est signé avec les séparatistes, pendant que des dizaines de milliers de civils serbes évacuent la zone dans un exode organisé depuis Belgrade. La plupart iront se réfugier en Serbie, certains étant dirigés, contre leur gré, sur le Kosovo. Les Européens condamnent mollement l'action des forces croates, alors que Washington ne cache pas sa satisfaction. En effet, l'offensive ordonnée par le président Franjo Tudjman permet également de désenclaver la zone de sécurité musulmane de Bihac (frontalière de la Krajina), qui était bombardée depuis plusieurs jours par les Serbes. La victoire de Zagreb provoque également de fortes tensions au sein de la direction des Serbes de Bosnie, le président de la République autoproclamée de Pale, Radovan Karadzic, s'opposant ouvertement à son chef militaire, le général Ratko Mladic, qu'il avait destitué le 5. Les deux hommes étaient en désaccord depuis quelque temps, le général Mladic se rangeant progressivement sous les ordres du président serbe de Belgrade, Slobodan Milosevic, lequel critiquait de plus en plus l'intransigeance de M. Karadzic. (chrono. 11/08)

Plusieurs dizaines de paysans sont tués dans l'État de Rondonia et dans celui de Para lors d'affrontements avec la police, venue les déloger de terrains non cultivés qu'ils occupaient illégalement. Il est à noter que, au Brésil, 1 % des propriétaires possèdent 44 % des terres.

Un attentat suicide, attribué aux séparatistes tamouls, tue 21 personnes et en blesse une quarantaine d'autres dans la capitale. Cette tuerie intervient un mois après la reprise de l'offensive contre les rebelles par l'armée nationale et quatre jours après la présentation par la présidente, Chandrika Kumaratunga, d'un plan de paix proposant un nouveau découpage régional du pays et une autonomie accrue pour la minorité tamoule. La présidente s'était cependant refusée à toute reprise de contact avec les Tigres du LTTE depuis la rupture des négociations le 19 avril. (chrono. 20/10)

Le gendre du président irakien, le général Hussein Kamal Hassan, ministre de l'Industrie et personnage clef du régime, se réfugie en Jordanie, en compagnie de son frère, un des chefs de la garde républicaine. Le général Hassan était un des principaux responsables du programme irakien d'armement. Sa défection porte un coup sérieux à l'autorité de son beau-père. Aussitôt arrivé en Jordanie, il appelle les cadres et l'Administration de son pays « à se préparer au tournant qui fera de l'Irak un État moderne ». Pour parer aux éventuelles révélations du général, Bagdad se déclare prête à collaborer avec les instances internationales et admet avoir caché certaines informations sur ses programmes d'armement. Le 21, un des demi-frères de Saddam Hussein, Barzan Ibrahim al-Takriti, ambassadeur auprès des Nations unies à Genève, fait également défection. Le 23, le roi Hussein de Jordanie rend un hommage appuyé au général Hassan et reprend à son compte les allégations de celui-ci selon lesquelles Bagdad s'apprêtait à attaquer le Koweït et l'Arabie Saoudite. Cette prise de position du souverain hachémite représente un retournement d'alliance, Amman ayant jusque-là pratiqué une solidarité sans faille avec Bagdad. Dans le même temps, les Américains et les Jordaniens procèdent à des manœuvres militaires conjointes en Jordanie et annoncent d'autres manœuvres de ce type au Koweït.

Le tribunal constitutionnel de Karlsruhe déclare inconstitutionnel un règlement du Land de Bavière obligeant les écoles publiques à accrocher une croix ou un crucifix dans chaque salle de classe. Cette décision choque une partie de l'opinion, tandis que les dirigeants de l'Union chrétienne sociale (CSU) comme le chancelier Helmut Kohl lui-même émettent des critiques vis-à-vis des magistrats de Karlsruhe. Toutefois, on note que si, en 1987, 8 % seulement des habitants de l'ancienne RFA se déclaraient sans conviction religieuse, 35 % des habitants de l'Allemagne réunifiée se disent athées.

L'hebdomadaire et son groupe de presse (Terre sauvage, Beaux-Arts magazine, Paris Boum-Boum) déposent leur bilan, l'endettement du groupe étant estimé à 200 millions de francs pour un chiffre d'affaires de 450 millions.

À la conférence internationale sur le désarmement à Genève, le gouvernement français annonce son intention de soutenir un traité international interdisant « tous types d'essais nucléaires, quels qu'ils soient », même pour des tests à petite échelle (une kilotonne), à partir de l'automne 1996. Bill Clinton applaudit aussitôt à cette décision française.

Bill Clinton met son veto à la levée de l'embargo américain sur les livraisons d'armes en Bosnie votée en juillet par le Congrès. La veille, il avait dépêché des émissaires diplomatiques dont la mission était d'aboutir à un règlement de la crise avant le 15 septembre. (chrono. 28/08)

Vingt ans après la fin des hostilités, les deux pays reprennent officiellement leurs relations diplomatiques.

Des militants du FLNC-Canal historique, organisation armée proche d'A Cuncolta Naziunalista, accusent l'Accolta Naziunale Corsa (ANC, dirigée par Pierre Poggioli, dont la branche armée se nomme Resistanza) et le Mouvement pour l'autodétermination (MPA, dirigé par Alain Orsoni, dont la branche armée est le FLNC-Canal habituel) de virer dans le banditisme et d'être associés au gangstérisme continental comme à la Mafia italienne. MM. Orsoni et Poggioli sont nommément mis en cause pour leur implication supposée dans le trafic de drogue et dans celui de cartes bancaires volées. (chrono. 30/08)

À l'occasion des traditionnelles marches des protestants, de violents affrontements opposent la police aux catholiques qui conspuaient ces défilés, jugés provocateurs. Le leader catholique du Sinn Féin, Gerry Adams, déclare alors que l'IRA n'est pas morte et qu'il n'est pas question qu'elle dépose les armes. Le 25, dans un souci d'apaisement, Londres annonce la libération prochaine d'une centaine de détenus, catholiques et protestants. (chrono. 5/09)

Les championnats du monde ont été marqués par les records du monde du Britannique Jonathan Edwards au triple saut (18,29 m), de l'Américaine Kim Baten au 400 m haies (52 ″61) et de l'Ukrainienne Inessa Kravets au triple saut (15,50 m). Le coureur américain Michael Johnson réalise le doublé inédit 200 m et 400 m. Au total des médailles, les États-Unis occupent la 1^re place devant la Biélorussie, l'Italie et l'Allemagne, Cuba et le Kenya. Grâce à la victoire de Marie-José Pérec sur 200 m, la France se classe au 19^e rang.

Hans-Christian Ostro, un touriste norvégien capturé en compagnie de deux Britanniques, d'un Allemand et d'un Américain, est retrouvé décapité. Cet assassinat est revendiqué par le groupe Al Faran – une organisation réclamant l'indépendance du Cachemire –, qui menace d'exécuter les autres otages si le gouvernement indien ne libère pas quinze rebelles emprisonnés. Les groupes séparatistes cachemiriens modérés, qui demandent soit l'indépendance soit le rattachement au Pakistan, condamnent le meurtre du touriste norvégien.

À l'occasion du cinquantième anniversaire de la capitulation de son pays, le Premier ministre Tomiichi Murayama exprime les « remords » du Japon pour les « actes d'agression » qu'il a accomplis pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces déclarations constituent un progrès dans un pays où une partie de l'opinion et des dirigeants refusent encore de reconnaître l'évidente responsabilité de leur nation dans les affrontements qui ensanglantèrent l'Asie. Les propos du Premier ministre doivent être prolongés par l'amélioration du contenu des manuels d'histoire et par une réelle indemnisation des victimes, notamment des femmes coréennes, dites « femmes du réconfort », obligées de se prostituer dans des conditions effroyabes aux soldats japonais de l'époque.

Des militaires rebelles déposent le président Miguel Trovoada, élu depuis mars 1991 à la tête de cet archipel de 130 000 habitants situé au large de l'Afrique centrale. Face à la réprobation internationale et aux menaces des pays donateurs (dont la France), les militaires, le 22, rendent finalement le pouvoir au président Trovoada.

L'avion supersonique franco-anglais boucle un tour du monde dans le sens est-ouest (soit 40 388 km) en 31 heures, 27 minutes et 46 secondes, escales comprises.

Le président Ernesto Samper proclame l'« état de choc intérieur » (état d'urgence) pour une durée de trois mois. Il justifie cette décision par le fait que près de 20 000 personnes ont été assassinées dans le pays au cours des six derniers mois. Les pouvoirs de la police seront renforcés afin de combattre plus efficacement les mouvements de guérilla (estimés à 15 000 combattants). Très affaibli par le scandale du financement de sa campagne électorale par de l'argent venant de la drogue (et l'arrestation, le 15, de son ancien ministre de la Défense, Fernando Botero, dont le nom est lié à cette affaire), le président Samper se défend d'avoir voulu ainsi créer une diversion.

Le groupe de conseil scientifique (regroupant des spécialistes australiens et néo-zélandais) mis en place par le Premier ministre australien, Paul Keating, minimise l'impact des essais nucléaires français sur l'environnement en écrivant que cet impact « sur la santé des gens dans le Pacifique ne sera probablement pas significatif ».

Le Conseil de sécurité décide de suspendre pour un an l'embargo sur les livraisons d'armes vers le Rwanda. Cette mesure avait été décrétée en mai 1994. Le nouveau gouvernement, en majorité des Tutsis de la région de Kigali, réclamait cette mesure, craignant un retour agressif des réfugiés hutus stationnés au Zaïre. Depuis quelques jours, le gouvernement de Kinshasa a entrepris de renvoyer chez eux par la force quelques-uns parmi le million de ces réfugiés qui refusent obstinément de retourner au Rwanda ou au Burundi. L'armée zaïroise, qui s'est montrée très brutale, a obligé des milliers de personnes totalement démunies à partir se cacher dans les collines. Face à la pression de l'ONU, Kinshasa finit, le 22, par arrêter ces expulsions. (chrono. 28/08)

La Chine procède à son deuxième essai nucléaire souterrain de l'année. Pékin annonce cependant qu'elle respectera le traité d'interdiction totale des essais nucléaires si celui est adopté en 1996.

La plus haute instance judiciaire espagnole se déclare compétente pour instruire le dossier des Groupes antiterroristes de libération (commandos anti-ETA responsables de la mort de 29 militants basques dans les années 80). Le 22, le rapport du juge Baltasar Garzon est publié. Il ne contient aucun élément décisif permettant d'impliquer la responsabilité directe du chef du gouvernement Felipe Gonzalez.

Un engin explosif, similaire à celui de la station RER Saint-Michel, explose près de la place de l'Étoile, à Paris, à l'angle des avenues Friedland et Hoche, 17 personnes, essentiellement des touristes étrangers, sont blessées, dont 3 assez grièvement. Très vite, les enquêteurs acquièrent la conviction que les mêmes individus sont responsables des deux attentats, voire de l'assassinat, en juillet, de l'imam Abdelbaki Sahraoui. Le lendemain, la police fait savoir que la station de radio RTL a reçu le 17 août comme le 25 juillet un communiqué signé GIA-Commandement général, revendiquant à chaque fois l'attentat : ces revendications sont jugées crédibles. (chrono. 21/08)

La présidence fait savoir que le chef de l'État, le général Liamine Zeroual, a fixé au 16 novembre la date du premier tour de l'élection présidentielle. Cette annonce intervient alors que les derniers pourparlers avec le FIS se sont soldés par un échec et que la plupart des partis de l'opposition légale ont fait savoir qu'ils refuseraient de participer à un scrutin jugé d'avance comme un « piège » posé par les autorités. La veille, un attentat très symbolique avait détruit une trentaine de bungalows au Club des pins, un village de vacances proche de la capitale, fréquenté par toute l'élite gouvernementale. Le 26, l'ancien Premier ministre Redha Malek annonce sa candidature. Le 28, les partis d'opposition signataires de la « déclaration de Rome » en janvier (FLN, FIS, MDA d'Ahmed Ben Bella, FFS, d'Hocine Aït Ahmed, MRI, Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme) appellent à un boycott de ces élections.

Pour son premier combat depuis sa sortie de prison, le 25 mars, l'ex-champion du monde n'a besoin que de 89 secondes pour éliminer son – très modeste – adversaire et empocher 25 millions de dollars. Beaucoup crient à la mascarade.

Sous la pression de l'ONU et des pays de l'Afrique de l'Ouest (réunis dans la force de maintien de la paix ECOMOG), les différentes factions opposées dans la guerre civile signent à Monrovia un accord prévoyant un cessez-le-feu, l'installation d'institutions de transition (avec la présence des principaux chefs de guerre, dont Charles Taylor, président du NPFL) et l'organisation d'élections dans un délai de douze mois. Cet accord est le onzième de ce type depuis le début des hostilités en 1989. Depuis cette date, au moins 150 000 civils ont été tués et plus de 2 millions contraints à l'exil.

Le dessinateur italien meurt près de Lausanne, à l'âge de soixante-huit ans. Grand voyageur, ayant vécu en Abyssinie puis en Argentine, il crée son fameux personnage de Corto Maltese en 1967, mêlant aventure, ésotérisme et exotisme. Sa série, traduite dans quatorze langues, se vend à des millions d'exemplaires.

La police suédoise arrête à Stockholm Abdelkrim Deneche, un Algérien installé dans la capitale suédoise et soupçonné d'avoir participé à l'attentat du 25 juillet à Paris. Quelques jours avant l'attentat de Paris, il avait été désigné par le quotidien algérois la Tribune comme un des membres influents du GIA en Europe. Il aurait également été reconnu dans le RER, quelques minutes avant l'explosion de la bombe, par un gendarme breton en vacances à Paris. Toutefois, A. Deneche présente un alibi, confirmé par la police suédoise. Il aurait accompli une formalité administrative à Stockholm le jour même de l'attentat. La justice suédoise s'estime convaincue par cette explication tandis que les juges français continuent de croire à la culpabilité du suspect et réclament son extradition vers la France. Les autorités suédoises hésitent entre une extradition et une simple expulsion, par définition ailleurs qu'en France. (chrono. 26/08)

Un attentat dans un autobus de Jérusalem tue cinq personnes. Le mouvement de résistance islamique Hamas en revendique la responsabilité. Les négociateurs israéliens et palestiniens poursuivent cependant leurs discussions, et, le 23, la police de l'État hébreu annonce l'arrestation des responsables de l'attentat, qui ne saurait être imputée à l'Autorité palestinienne. (chrono. 24/09)

Negasso Guidada est élu président par l'Assemblée fédérale. Âgé de quarante-cinq ans, c'est un Oromo – l'ethnie majoritaire – de confession chrétienne. Meles Zenawi, issu comme lui du Front révolutionnaire démocratique du peuple éthiopien (EPRDF), est désigné Premier ministre.

Le militant des droits de l'homme, l'Américain d'origine chinoise Harry Wu, cinquante-huit ans, est condamné à quinze ans de prison puis aussitôt expulsé vers les États-Unis, après avoir signé une « confession » dans laquelle il reconnaissait ses « actions criminelles ». Il avait été arrêté en juin, alors qu'il tentait de s'introduire clandestinement en Chine afin d'y récolter des preuves sur l'exploitation par l'État chinois du travail des prisonniers. Incarcéré lui-même pendant dix-neuf ans, naturalisé américain après sa libération, Harry Wu (né Wu Hongda) s'attache depuis à dénoncer tous les aspects du « goulag chinois ». L'heureuse issue de cette affaire permet aux relations sino-américaines de se débloquer quelque peu. Elles s'étaient nettement tendues à la suite de la visite « privée », en juin, aux États-Unis du président taïwanais Lee Teng-hui. Après l'annonce de la libération de M. Wu, l'épouse du président américain, Hillary Clinton, confirme qu'elle se rendra à Pékin pour la conférence mondiale sur les droits de la femme.

Le ministre de l'Économie et des Finances quitte le gouvernement ; il est remplacé à son poste par Jean Arthuis, jusque-là ministre du Développement économique et du Plan. Ce départ fait suite aux déclarations prononcées la veille par M. Madelin dans lesquelles celui-ci mettait en cause les avantages dont disposeraient les fonctionnaires en matière de retraite (cotisations inférieures au secteur privé, 37,5 années d'activité requises contre 40 dans le privé) et les familles de érémistes par rapport aux familles de smicards. Ces propos avaient provoqué un tollé dans les milieux syndicaux. Alain Juppé estime que ces déclarations « contrarient la volonté réformatrice du gouvernement, fondée sur une politique de justice sociale et fiscale ». Plusieurs observateurs jugent qu'en se privant ainsi du principal représentant de l'aile néolibérale, l'équipe au pouvoir se rapproche de façon nette de la politique d'Édouard Balladur. Dès la réouverture de la Bourse, le 28, l'indice CAC-40 chute de 2,46 points. Trois mois après son entrée en fonction, la cote de popularité de Jacques Chirac passe de 59 à 39 % d'opinions favorables (contre 54 à 48 pour François Mitterrand, 44 à 53 pour Valéry Giscard d'Estaing et 54 à 52 pour Georges Pompidou peu après leur arrivée au pouvoir).

Un engin explosif est découvert près de Lyon, sur la ligne du TGV. Le système d'allumage s'étant révélé défectueux, la bombe n'a pu exploser. La police est convaincue que cette tentative est également imputable aux terroristes algériens du GIA. (chrono. 3/09)

Les rebelles du Chiapas organisent un référendum parallèle dans l'ensemble du pays. Plusieurs questions sont posées, à la fois sur la légitimité de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), sur son alliance éventuelle avec d'autres forces politiques, sur la démocratisation du régime et sur la participation des femmes au pouvoir. Environ 1,2 million de personnes (sur un total de 45 millions d'électeurs) participent à cette consultation. Si plus de 75 % des votants répondent positivement aux premières questions, 53 % seulement de ceux-ci estiment que l'EZLN doit se constituer en parti indépendant ou s'allier à d'autres organisations politiques.

Un obus tiré en pleine ville tue 35 personnes et en blesse 89 autres. Les Américains accusent aussitôt les artilleurs serbes d'être responsables de cette tuerie, qui intervient juste avant un voyage à Paris du président bosniaque Alija Izetbegovic. Dans la nuit du 29 au 30, les Occidentaux (OTAN + FRR) répliquent au carnage par un bombardement massif des positions serbes autour de Sarajevo. Au cours de l'opération, qui se poursuit jusqu'au 2 septembre, un avion français est abattu ; les deux pilotes parviennent à sauter en vol. Le « gouvernement » bosno-serbe de Pale se range sous la direction du gouvernement de Belgrade auquel va rendre visite l'émissaire américain Richard Holbrooke. Moscou, qui se contente de condamner verbalement les bombardements occidentaux, semble mise en dehors du processus politico-militaire. Jacques Chirac déclare que toute l'opération devrait aboutir au désenclavement définitif de Sarajevo et qu'« il faut imposer comme une exigence non négociable le maintien d'une Bosnie-Herzégovine que la communauté internationale a reconnue en tant qu'État ». (chrono. 5/09)

Anticipant de peu son limogeage, Faustin Twagiramungu, chef du gouvernement depuis l'été 1994, démissionne de son poste pour protester contre « le non-respect des accords de paix d'Arusha ». Selon ces accords, signés en août 1993 entre les oppositions d'alors, hutue et tutsie, le nouveau pouvoir de Kigali devait garantir la coexistence entre les deux ethnies et instaurer un véritable partage du pouvoir entre les représentants des deux communautés. Dans les jours qui suivent, quatre autres ministres quittent à leur tour le gouvernement. Le 30, le président Pasteur Bizimungu nomme Pierre-Célestin Rwigema à la tête du gouvernement. C'est un Hutu modéré, comme son prédécesseur.

Jean-Claude Poulet-Dachary, adjoint et chef du cabinet du maire (FN) de Toulon, est retrouvé mort dans l'escalier de son immeuble. La police penche pour l'assassinat et soupçonne les fréquentations particulières du défunt. Le FN, dont l'université d'été doit se tenir précisément à Toulon, évoque un règlement de comptes politique.

Le président géorgien échappe de peu à un attentat à la voiture piégée dans la capitale Tbilissi. Les soupçons se portent sur les indépendantistes abkhazes mais aussi sur certains politiciens pro-russes, opposés à plusieurs aspects de la politique du président, notamment en matière pétrolière. Le 30, M. Chevardnadze annonce qu'il sera candidat aux élections présidentielles de novembre. (chrono. 11/09)

Pierre Albertini, un des dirigeants du Mouvement pour l'autodétermination (MPA), est abattu à Bastia. Un de ses gardes du corps abat un des agresseurs, Jean-Pierre Duriani, un jeune homme proche d'A Cuncolta Naziunalista. Le lendemain, Noël Sargentini, un des chefs d'A Cuncolta, à son tour, est tué à Corte. Il est le dixième mort lié aux milieux nationalistes depuis le début de l'année.

Beant Singh, Premier ministre de cet État du nord de l'Inde, est victime d'un attentat à la voiture piégée dans la capitale Chandigarh. Sikh lui-même, il était considéré comme un traître par les indépendantistes sikhs, qui revendiquent aussitôt l'attentat.