Le gouvernement révise à la hausse ses prévisions de croissance. Edmond Alphandéry, ministre de l'Économie, confirme que la croissance de l'économie française devrait atteindre au moins 2 % en 1994 et probablement 3 % en 1995. Les exportations représentent le principal moteur de cette reprise. L'emploi commence à suivre timidement le mouvement : les emplois salariés marchands non agricoles ont progressé de 0,2 % au premier trimestre et de 0,6 % au deuxième trimestre.

Israël et le Maroc décident d'ouvrir des « bureaux de liaison » dans leurs capitales respectives. Le Maroc, dont sont originaires au moins 10 % des habitants d'Israël, confirme ainsi son rôle de trait d'union privilégié entre l'État juif et le monde arabe.

Au lendemain d'une déclaration d'Édouard Balladur en faveur d'une Europe « à plusieurs cercles », les partis de la coalition gouvernementale allemande (CDU et CSU) présentent un document sur l'Europe « à géométrie variable ». Selon ce texte, le « noyau dur » européen devrait être constitué exclusivement de l'Allemagne, de la France et des trois pays du Benelux. Helmut Kohl et son ministre des Affaires étrangères Klaus Kinkel prennent officiellement leurs distances par rapport à ces propositions. Le chancelier affirme cependant : « En aucun cas nous ne voulons que le navire le plus lent stoppe le convoi du développement européen. » Alain Juppé dément pour sa part l'existence d'une « initiative franco-allemande coordonnée » sur l'avenir de l'Europe.

Sur le vélodrome de Bordeaux, l'Espagnol Miguel Indurain porte le record du monde de l'heure à 53,040 km, soit 327 m de mieux que le précédent record du Britannique Graeme Obree.

Vingt-sept personnes sont interpellées dans le cadre de l'affaire de la fusillade de l'hôtel de touristes de Marrakech ; 8 d'entre elles sont mises en examen.

À l'université d'été des jeunes du RPR, Jacques Chirac affirme sa « détermination » et se présente comme « candidat au débat » lors de la prochaine campagne électorale. Il reçoit l'appui d'Alain Juppé et de Philippe Séguin pour cette « précandidature » d'un genre nouveau.

Michel Rocard annonce qu'il abandonne son mandat de maire de Conflans-Sainte-Honorine. Il sera remplacé par son premier adjoint Jean-Paul Huchon.

Édith Cresson et Yves-Thibault de Silguy sont nommés à la Commission européenne. L'ancien Premier ministre a été désigné sur recommandation personnelle de François Mitterrand. M. de Silguy, 46 ans, ancien élève de l'ENA, était jusqu'alors conseiller du Premier ministre pour les Affaires européennes.

Christian Blanc, le P-DG du groupe Air France, présente aux syndicats un plan visant au rapprochement des activités d'Air Inter et d'Air France Europe. On s'orienterait ainsi, d'ici à 1997, vers la création d'un ensemble unifié couvrant tout le trafic en France et en Europe. Reste à convaincre les salariés des deux entreprises, aux cultures très différenciées, d'accepter ce rapprochement.

Jean-Louis Beffa, P-DG de Saint-Gobain, est mis en examen par le juge Renaud Van Ruymbeke dans le cadre de l'affaire René Trager. cet industriel nantais déjà impliqué dans d'autres affaires de financements occultes. Cette fois, M. Trager aurait reçu, en 1988, 4,4 millions de francs versés par la société Pont-à-Mousson, filiale de Saint-Gobain, qui cherchait ainsi à obtenir le marché d'adduction d'eau de la ville de Nantes. Cette somme aurait ensuite été reversée à un conseiller municipal de la ville, membre du Parti républicain. Le juge estime que M. Beffa ne pouvait ignorer cette transaction. À la suite de cette nouvelle affaire impliquant un grand patron, Patrick Devedjian, député RPR des Hauts-de-Seine, déclare que les P-DG mis en cause devraient démissionner.

Selon le quotidien Libération, des experts d'art anglo-saxons auraient estimé la collection et le mobilier de Bernard Tapie à environ 30 millions de francs, alors que l'expertise réalisée par Jean-Pierre Dillée en mars 1993, et réactualisée en février 1994, estimait ceux-ci à une valeur comprise entre 356,63 et 517,73 millions. Interrogé, M. Dillée déclare que, depuis le mois de mars, il a lui-même baissé son estimation à 200 millions, dans l'hypothèse la plus défavorable. En tout état de cause, les chiffres prêtés à ses confrères anglo-saxons lui semblent tout à fait déraisonnables.

Le « groupe de contact » sur la Bosnie (Allemagne, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et le gouvernement serbe s'entendent sur un contrôle de l'embargo décrété en août par Belgrade à rencontre des Serbes de Bosnie, après le refus de ceux-ci d'accepter le plan de paix international. Des observateurs civils, et non des militaires, seront déployés à la frontière serbo-bosniaque pour « simplement observer et non vérifier directement ». En échange, les Occidentaux acceptent d'envisager la levée partielle de l'embargo prononcé contre la Yougoslavie (Serbie et Monténégro). Ils entendent récompenser ainsi la nouvelle attitude du chef du gouvernement serbe, Slobodan Milosevic, qui accepte officiellement, le 14, le déploiement d'une centaine d'observateurs civils. (chrono. 23/09)

La direction de l'Opéra et le chef Myung Whun Chung trouvent un compromis. Le chef pourra diriger les œuvres qu'il avait répétées avec l'orchestre, puis il se retirera, en touchant les indemnités prévues par son contrat ; en échange, il renonce à toute action judiciaire contre l'Opéra de Paris.

Huit jours après les troupes russes, les derniers soldats alliés – américains, britanniques et français – quittent Berlin à l'issue d'une cérémonie chaleureuse.

La justice belge lance un mandat d'arrêt international à rencontre de Didier Pineau-Valencienne, P-DG de Schneider. Celui-ci avait refusé de répondre à une nouvelle convocation du juge bruxellois et avait déposé un recours en nullité sur l'ensemble de la procédure déclenchée à son encontre. Cette attitude du patron français est jugée sévèrement en Belgique.

Le président chinois Jiang Zemin entame à Marseille son voyage officiel de 4 jours en France. Soucieux de ne pas froisser ce dirigeant d'un pays en pleine expansion économique, le gouvernement a interdit les manifestations que souhaitaient tenir les défenseurs des droits de l'homme. Ce voyage, qui répond à celui d'Édouard Balladur en Chine, en avril 1994, marque la réconciliation entre les deux nations après la brouille consécutive à la vente, en 1993, de Mirages 2000 à Taïwan. En marge de la visite présidentielle, Gérard Longuet, ministre de l'Industrie, et son homologue chinois signent pour 2,6 milliards de francs de nouveaux contrats.

Américains et Cubains concluent un accord visant à limiter l'immigration massive de Cubains vers la Floride. Les États-Unis s'engagent à accepter un minimum de 20 000 Cubains par an, sans compter les membres des familles de citoyens américains ; en échange, La Havane s'engage à arrêter les départs sauvages par la mer de ses ressortissants. Fidel Castro espérait obtenir davantage de ces discussions, notamment une levée partielle de l'embargo frappant son pays. Au moins a-t-il été reconnu comme interlocuteur, alors que des pressions venant de plusieurs pays, dont la France, suggèrent à Washington de lever quelque peu sa pression sur Cuba.

Dans un entretien au Point, François Bayrou, ministre de l'Éducation nationale, réaffirme son opposition au port du voile islamique à l'école, annonce qu'il va donner de nouvelles instructions à ce sujet aux directeurs d'établissement et évogue une nouvelle saisine du Conseil d'État afin que la haute juridiction précise sa jurisprudence. Plusieurs syndicats d'enseignants, dont la FEN, approuvent les déclarations du ministre ; d'autres, comme le SNES, déplorent un manque de concertation avec les personnels et craignent une dramatisation de la situation conduisant à un amalgame entre islam et extrémisme. (chrono. 20/09)

Contraint d'annuler, le 6, sa visite à Sarajevo au motif que sa sécurité ne pouvait y être garantie, le pape Jean-Paul II se rend en Croatie, où il est accueilli par le président Franjo Tudjman. Très déçu par son échec en Bosnie – où les autorités laissent entendre que la France et la Grande-Bretagne ont exagéré les risques pour faire capoter le voyage papal et satisfaire ainsi le gouvernement de Belgrade avec qui les Occidentaux recherchent un accord –, le souverain pontife, malgré une très grande fatigue, célèbre la messe à Zagreb devant un million de fidèles ; il déclare à cette occasion : « La paix en Bosnie n'est pas une utopie. Il faut avoir le courage du pardon. »

Invité de l'émission 7/7, Édouard Balladur propose plusieurs solutions pour lutter contre le chômage : permettre aux contribuables de déduire de leurs impôts les charges sociales qu'ils versent s'ils emploient un salarié pour des tâches ménagères ou domestiques ; verser une prime équivalant à 12 mois d'allocation du RMI à toute entreprise embauchant un bénéficiaire du RMI au chômage depuis plus de 2 ans. Par ailleurs, le Premier ministre annonce la constitution d'une commission de trois « sages » chargée d'étudier les phénomènes de corruption. Les trois personnalités pressenties sont l'ancien dirigeant du CNPF François Ceyrac, l'ancien dirigeant de FO André Bergeron et la magistrate Simone Rozès.

L'Américain André Agassi remporte pour la première fois les Internationaux des États-Unis. La veille, l'Espagnole Arantxa Sanchez-Vicario avait obtenu le titre féminin.

Au cours d'un entretien exceptionnel avec Jean-Pierre Elkabbach sur France 2, François Mitterrand revient sur plusieurs révélations tirées du livre de Pierre Péan concernant ses engagements politiques de jeunesse et son amitié, jusqu'alors inconnue du public, avec le collaborateur René Bousquet. (Cet entretien fait 0,6 point d'audience de moins que la diffusion au même horaire d'un épisode de la série Navarro sur TF1.) Le président de la République, qui a encouragé le travail de Péan, confirme que, à 20 ans, il a milité dans certains mouvements très marqués à droite, puis qu'il a occupé d'assez importantes fonctions dans l'administration de Vichy avant de rejoindre la Résistance, fin 1942. Il ne se cache pas d'avoir également entretenu d'amicales relations avec Bousquet depuis les années 50 jusqu'en 1986. En conclusion, il affirme avoir « la conscience tranquille ». Ces révélations – qui n'en sont pas toutes, puisque certains faits, notamment sa participation à l'administration de Vichy pour l'aide aux prisonniers de guerre, étaient connus depuis longtemps – provoquent des débats passionnés au sein du PS, où certains rocardiens et jospinistes se déclarent pour le moins troublés par un tel itinéraire. Plus largement, une partie de l'opinion s'interroge sur ce qui pourrait ressembler à une forme de réhabilitation du régime de Vichy.

Les indépendantistes du Parti québécois (PQ) remportent les élections législatives avec 44,7 % des voix. Ils obtiennent 77 des 125 sièges à pourvoir. En face, le Parti libéral du Premier ministre sortant, Daniel Johnson, doit se contenter de 47 sièges, avec pourtant 44,3 % des suffrages. Le nouveau Premier ministre Jacques Parizeau, 64 ans, a fait campagne sur le thème du « bon gouvernement », le seul apte, selon lui, à lutter contre un taux de chômage de 12,2 % supérieur à la moyenne canadienne. Il s'est engagé également à organiser dans les huit à dix mois à venir un nouveau référendum sur l'indépendance du Québec. Les sondages montrent que moins de 40 % des habitants de la province (53 % chez les francophones) sont acquis à la création d'un pays souverain.

Le président algérien, le général Liamine Zéroual, fait libérer trois leaders du Front islamique du salut (FIS), tandis que les deux chefs historiques du mouvement, Abassi Madani et Ali Belhadj, sont placés en liberté surveillée. Ces mesures de clémence témoignent de la volonté du pouvoir d'entamer une véritable négociation avec les islamistes. Toutefois, une telle négociation dépend largement des réactions des « durs » des deux bords, tant chez les islamistes, notamment au Groupe islamique armé (GIA), plus radical encore que le FIS, que dans l'armée et les services de sécurité. Si les capitales occidentales se félicitent de cette amorce de compromis, les démocrates algériens – Front des forces socialistes (FFS), Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et aile réformatrice du FLN – s'inquiètent d'un accord qui pourrait se faire au détriment des libertés publiques et de la laïcité. (chrono. 26/09)

Ouverte le 5 septembre au Caire, la conférence des Nations unies sur la population et le développement termine ses travaux sur un consensus assez large des 182 pays représentés (sur 191 invités). La conférence s'est attachée à réfléchir sur les moyens de ralentir la croissance démographique, qui devrait porter la population mondiale à 7,5 milliards de personnes dans vingt ans. Les débats se sont cristallisés sur les divers moyens de régulation des naissances et sur les améliorations à apporter au statut des femmes. Le Vatican s'est vigoureusement opposé à toute référence à l'avortement, tandis que plusieurs pays musulmans, notamment l'Iran, ont montré leur hostilité à toute politique d'éducation sexuelle et d'émancipation de la femme au sein de la famille. En conclusion, seuls quelques pays catholiques d'Amérique latine et musulmans d'Asie et d'Afrique ont émis des réserves sur le document final préconisant une planification familiale souple et une aide médicale généralisée propre à favoriser les « droits en matière de procréation » et la « santé sexuelle ».

Le juge lyonnais Philippe Courroye place en garde à vue Jean-Louis Dutaret, avocat, P-DG de la Sofirad et ancien conseiller au cabinet de l'ex-ministre de la Communication, Alain Carignon, maire de Grenoble. Le 16, M. Dutaret est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Le juge le soupçonne d'avoir été au centre de l'affaire du financement occulte des magazines électoraux (Dauphiné News, News mardi et News vendredi) publiés à Grenoble lors des élections municipales de 1989. La sœur de M^e Dutaret dirige une société, la WHIP, domiciliée au cabinet de l'avocat, dont le chiffre d'affaires est essentiellement réalisé avec des filiales de la Lyonnaise des eaux. Or celles-ci sont également soupçonnées d'avoir financé le matériel de propagande du maire de Grenoble, en échange de la concession des eaux de la ville. Marc-Michel Merlin, P-DG de l'une de ces filiales – cité par ailleurs dans l'affaire Botton – est, quant à lui, écroué. (chrono. 12/10)

Edmond Alphandéry, ministre de l'Économie, annonce que l'État va mettre sur le marché « d'ici à la fin de l'année » 28 % du capital de Renault, sur les 79 % qu'il détient. Conjointement, il sera procédé à une augmentation du capital de l'entreprise de 2 milliards de francs auprès d'actionnaires privés. Le constructeur suédois Volvo s'est engagé à céder au moins 8 % des 20 % qu'il détient dans la firme française, qui, de son côté, rétrocédera les 45 % qu'elle possède dans Volvo Trucks. Au terme de l'opération, l'État ne conservera plus que 51 % du groupe.

Le cardinal Albert Decourtray, archevêque de Lyon, président de la conférence des évêques de France de 1987 à 1990, meurt à l'âge de 71 ans. Alliant ouverture sociale et rigueur doctrinale, il avait acquis une grande audience dans l'opinion publique. Son enterrement, en présence de l'ancien grand rabbin de France et du recteur de la mosquée de Paris, est suivi par les plus hautes autorités de l'État.

Philippe de Villiers quitte le Parti républicain, alors que la décision de l'en exclure était imminente. Fustigeant la corruption qui régnerait à la tête de son ancienne formation, M. de Villiers annonce la création prochaine d'un nouveau mouvement.

Le juge lyonnais Philippe Courroye renvoie devant le tribunal correctionnel les douze personnes mises en examen dans le dossier Noir-Botton. Parmi celles-ci : Pierre Botton. poursuivi pour abus de biens sociaux, banqueroute, faux et usage ; Michel Noir, maire de Lyon, considéré comme receleur de 883 942 francs non amnistiables, versés par le groupe de son gendre Pierre Botton pour des dépenses d'ordre privé ; Michel Mouillot, maire de Cannes, pour 626 134 francs correspondant à des salaires de complaisance versés par les sociétés du groupe Botton, et Patrick Poivre d'Arvor, journaliste vedette à TFI, receleur de 949 143 francs, en règlement par le groupe Botton de frais de voyages, de séjours en hôtels de luxe et d'équipées gastronomiques. Sont également prévenus d'abus de biens sociaux Charles Giscard d'Estaing, neveu de l'ancien président de la République, et Serge Crasnianski, patron de la firme grenobloise Kis. Le procès est prévu, en principe, pour le début de 1995.

Alors que plus de 20 000 soldats américains sont prêts à débarquer dans l'île, l'ancien président Jimmy Carter parvient à négocier un accord avec les militaires putschistes à Port-au-Prince. Le général Raoul Cédras et ses associés acceptent de quitter le pouvoir d'ici au 15 octobre, après le vote par le Parlement haïtien d'une loi d'amnistie couvrant par avance tous les actes commis par le régime putschiste. L'accord ne fait aucune allusion au retour du président élu et exilé Jean-Bertrand Aristide. Immédiatement après la signature de ce texte, les militaires américains débarquent pacifiquement. Beaucoup s'étonnent qu'un tel compromis ait pu être passé avec des individus qualifiés par Bill Clinton lui-même de « dictateurs ». qu'un délai de près de un mois leur soit accordé et que la mission des troupes américaines envoyées sur place ne soit pas précisée. Le 24, un violent incident oppose celles-ci aux forces de l'ordre locales à Cap-Haïtien, provoquant la mort de 10 policiers et blessant un GI. (chrono. 10/10)

Le Parti social-démocrate, mené par Ingvar Carlson, remporte les élections législatives contre la coalition de centre droit sortante. Avec 45,4 % des voix (soit un gain de 7,7 %), les sociaux-démocrates n'obtiennent cependant que 162 sièges sur les 349 à pourvoir. Avec respectivement 22 et 18 sièges, les ex-communistes et les écologistes font une percée remarquée, mais, par avance, les sociaux-démocrates rejettent l'idée de former un gouvernement de coalition avec eux. La campagne électorale s'est jouée principalement autour du thème de l'emploi et des moyens de remédier aux considérables déficits des finances publiques. L'adhésion à l'Union européenne est restée largement extérieure au débat. Les partis ont préféré éviter de traiter cette question en attendant les résultats du référendum du 13 novembre. (chrono. 13/11)

Le juge Renaud Van Ruymbeke remet une note à la chancellerie dans laquelle il démontre comment, à son avis, Gérard Longuet, ministre de l'Industrie et président du Parti républicain, aurait commis un recel d'abus de biens sociaux lors de la construction de sa maison de vacances à Saint-Tropez. Le coût réel de la villa aurait été sous-évalué d'au moins 1,5 million de francs par l'entreprise de bâtiment choisie. Cette entreprise a son siège non dans le Var mais dans la Meuse, département dont M. Longuet était le député et le vice-président du conseil général, et où elle est attributaire de nombreux marchés publics. D'autre part, le juge estime que le financement des sommes versées à cet entrepreneur de bâtiment (soit 2,8 millions) serait lui-même douteux : il correspondrait, pour une large part, à des sommes versées sur le compte d'une société-écran, Avenir 55, par la Cogedim et au rachat très avantageux par la Compagnie générale des eaux (CGE) d'une société d'investissement, Investel, également créée par M. Longuet. Le juge s'interroge sur la nature réelle ou fictive des prestations fournies à la Cogedim par M. Longuet, sachant, par ailleurs, que la Cogedim comme la CGE ont été d'importants bailleurs de fonds du Parti républicain et que la SFR, filiale de la CGE, a bénéficié, en 1987, d'importants marchés relevant du ministère des Télécommunications, alors que M. Longuet en était le ministre. On passerait ainsi au délit de trafic d'influence. S'indignant du viol du secret de l'instruction, M. Longuet conteste les suppositions du juge et affirme qu'il n'entend nullement démissionner du gouvernement, comme l'a fait, le mois précédent, Alain Carignon. (chrono. 26/09)

Deux généraux membres de la junte au pouvoir (SLORC) rendent visite à M^me Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991, leader de la Ligue nationale pour la démocratie, détenue à son domicile depuis cinq ans en raison de son opposition au régime militaire. Cette démarche s'explique, en partie, par le besoin de l'équipe dirigeante d'attirer dans le pays des capitaux étrangers. Une ouverture politique, même timide, est en effet la condition indispensable pour convaincre les investisseurs occidentaux ou asiatiques, membres de l'ASEAN.

François Bayrou, ministre de l'Éducation nationale, adresse une circulaire aux chefs d'établissement sur la question des signes religieux portés par les élèves. Réaffirmant le principe de la laïcité, le ministre interdit les « signes ostentatoires, qui constituent en eux-mêmes des éléments de prosélytisme ou de discrimination ».

La coalition de centre gauche du Premier ministre sortant Poul Nyrup Rasmussen remporte les élections législatives. Elle sort toutefois affaiblie du scrutin et ne dispose que de 83 sièges au Parlement, sur un total de 179. M. Rasmussen est tout de même chargé de former le nouveau gouvernement minoritaire.

De nouveaux incidents opposent forces serbes et Casques bleus autour de Sarajevo. En riposte à l'agression perpétrée contre un blindé français, des avions britanniques et américains de la force d'intervention de l'OTAN effectuent un raid contre des positions serbes. Le 25, après un entretien à New York entre Bill Clinton et le président Alija Izetbegovic, on apprend que le gouvernement bosniaque renonce à réclamer dans l'immédiat la levée de l'embargo sur les armes dans la région.

Aux journées parlementaires du RPR à Colmar, Jacques Chirac fustige, sans le nommer, l'« immobilisme » d'Édouard Balladur, à qui il prête l'intention de vouloir créer, après les élections, un nouveau parti « de nulle part pour aller Dieu sait où ». Le lendemain, le Premier ministre déclare que « le gouvernement doit se tenir en dehors du débat des candidatures » et que son action s'inscrit « dans un cadre quinquennal », donc en dehors de l'hypothèse d'une dissolution de l'Assemblée nationale et de la création d'un nouveau mouvement.

Le Conseil de l'ONU décide d'alléger les sanctions internationales votées en 1992 contre la Serbie. Il vote, par contre, une résolution interdisant à tous les États d'entretenir quelque relation que ce soit avec le gouvernement de Pale des Serbes de Bosnie.

Madeleine Renaud meurt à l'âge de 94 ans. Ancienne pensionnaire de la Comédie-Française, elle se fait connaître au cinéma avec des metteurs en scène comme Julien Duvivier ou Jean Grémillon. Après sa rencontre avec Jean-Louis Barrault, en 1936, elle va multiplier les grands rôles au sein de la compagnie qu'elle a créée avec lui, notamment dans les pièces de Beckett, Genet et Duras.

Les électeurs suisses approuvent à 54,6 % l'adoption d'une nouvelle législation antiraciste réprimant l'appel public à la haine raciale et au négationnisme (négation, minimisation ou justification du génocide hitlérien). Les autorités sont extrêmement soulagées par ce résultat qui confirme, cependant, la coupure entre, d'une part, la partie romande et les grandes villes alémaniques du pays et, d'autre part, les cantons ruraux du centre, nettement plus xénophobes.

Alors qu'on annonce la mort de Chérif Gousmi, chef du Groupe islamique armé (GIA), abattu par la police, Lounes Matoub, 38 ans, l'un des chanteurs kabyles les plus populaires, est enlevé à Tizi Ouzou par un groupe d'individus armés se réclamant de la mouvance islamiste. Aussitôt, le Mouvement culturel berbère (MCB) lance un ultimatum, menaçant de « guerre totale » les responsables de cette opération. Deux jours plus tard, il suspend cet ultimatum, tandis que le Front des forces socialistes (FFS) d'Hocine Aït-Ahmed, le parti le mieux implanté en Kabylie, défend une position modérée en appelant à une « mobilisation pacifique », sans mettre en action les milices d'auto-défense qui se sont constituées depuis quelques semaines. Le 29, le très populaire chanteur de raï (rock arabe) Cheb Hasni est abattu à Oran. (chrono. 10/10)

Pierre Méhaignerie, garde des Sceaux, décide de limiter à une enquête préliminaire les investigations sur le financement par Gérard Longuet de sa villa de Saint-Tropez. Le ministre s'est engagé à rendre publiques les conclusions de cette enquête qui devra lui être rendue le 31 octobre. Auparavant, M. Longuet avait fait savoir que, contrairement à ses déclarations antérieures, il démissionnerait du gouvernement s'il était mis en examen. Jean-Louis Debré, porte-parole du RPR et ancien juge d'instruction, regrette publiquement qu'une information judiciaire, menée par « un juge du siège, indépendant du pouvoir politique », n'ait pas été ouverte, tandis que plusieurs observateurs estiment que M. Longuet, président d'une des principales formations de la majorité, a réussi à imposer son point de vue au Premier ministre en le persuadant que sa propre chute rejaillirait sur l'ensemble du gouvernement. (chrono. 14/10)

Dans la nuit, 910 personnes meurent en mer Baltique, dans le naufrage du ferry « Estonia » qui reliait Tallinn à Stockholm, et 139 autres sont sauvées. C'est la plus grande catastrophe maritime en Europe depuis la fin de la guerre. Elle serait due à l'ouverture accidentelle de la porte avant du bateau sous l'effet de la tempête.

Le projet de réforme du système de santé présenté par Bill Clinton est ajourné au Congrès. Les parlementaires républicains ont bloqué le texte qui avait pour objet de doter d'un minimum de couverture sociale les quelque 37 millions d'Américains totalement dépourvus de toute assurance-maladie. À deux mois des élections législatives, cet échec constitue un grave revers pour le président et pour son épouse, qui était en charge du dossier.

Le Japon fait officiellement acte de candidature à un siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, aux côtés de la Chine, des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie.

Six mois après le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), le secrétaire général de ce parti, Francisco Ruiz Massieu, est assassiné à Mexico. (chrono. 23/11)

Après Georgina Dufoix, ancien ministre des Affaires sociales, et Edmond Hervé, ancien secrétaire d'État à la Santé, Laurent Fabius, ancien Premier ministre, est à son tour mis en examen pour complicité d'empoisonnement par la Cour de justice de la République. Pour sa défense, M. Fabius fait remarquer qu'il ne pouvait, à l'époque, être informé des techniques de chauffage du sang permettant d'éliminer la présence éventuelle du virus du sida ; en ce qui concerne les tests de dépistage, il rappelle qu'il a fait diligence pour prendre les mesures nécessaires. Ce fut dans la mise en application de ces mesures que des retards lourds de conséquences furent observés. On continua ainsi à écouler des lots de sang probablement contaminés, tandis que la collecte dans les milieux carcéraux, à hauts risques, fut maintenue. (chrono. 6/10)

À l'occasion de l'inauguration de la grande mosquée de Lyon, Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, en charge des cultes, propose l'élaboration d'un concordat avec l'« islam de France ».