Quelques jours après que le Sénat a autorisé son incarcération éventuelle, le sénateur PR du Var Maurice Arreckx, 76 ans, est écroué à la prison des Baumettes. Il lui est reproché d'avoir touché une commission de 1,6 million de francs de l'entreprise de travaux publics Campenon-Bernard à l'occasion de la construction d'une école d'ingénieurs à Toulon. Le sénateur affirme avoir reversé l'intégralité de cette somme au Parti républicain et se défend de posséder un compte bancaire en Suisse.

Paul Amar, présentateur, en alternance avec Bruno Masure, du journal de 20 heures sur France 2, quitte la chaîne publique. Il est remplacé par Étienne Leenhardt.

À l'occasion du cinquantième anniversaire du soulèvement de Varsovie, qui avait vu les troupes allemandes massacrer la ville devant des soldats soviétiques passifs, le président Lech Walesa invite les dirigeants russes et allemands à commémorer l'événement avec lui. Le président allemand Roman Herzog, présent, réclame « le pardon » du peuple polonais. Boris Eltsine a seulement envoyé un représentant, qui n'a fait que regretter à mots couverts la passivité des troupes soviétiques à l'époque.

Cinq Français – trois gendarmes et deux agents consulaires – sont assassinés à Alger. La tuerie est revendiquée par le Groupe islamique armé (GIA). À la suite de cet assassinat, Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, lance une grande opération policière dans les milieux islamistes et fait procéder à des milliers de contrôles d'identité. Une vingtaine de sympathisants présumés du FIS sont assignés à résidence dans la caserne de Folembray (Aisne). Le GIA exige que la France cesse d'accorder « tout appui » au pouvoir en Algérie, faute de quoi il menace de « frapper violemment les intérêts français » dans ce pays. (chrono. 26/08)

Poursuivie pour blasphème contre l'islam, menacée de mort par les intégristes islamistes à cause de ses positions libérales en faveur des femmes et des minorités hindouistes, l'écrivain Taslima Nasreen, gynécologue et trois fois divorcée, se rend devant la Haute Cour de Dacca, après s'être cachée pendant près de deux mois. Le tribunal la laisse en liberté sous caution et elle peut, finalement, partir en Suède, le 10. (chrono. 7/10)

Pierre-Louis Lions et Jean-Christophe Yoccoz partagent avec le Belge Jean Bourgain et le Russe Efim Zelvanov la médaille Fields, considérée comme l'équivalent du prix Nobel pour les mathématiques. Attribuée tous les 4 ans, cette médaille concerne seulement des mathématiciens de moins de 40 ans. Pierre-Louis Lions, spécialiste des mathématiques issues de la physique et de la chimie quantique, est distingué pour son travail sur les atmosphères raréfiées, tandis que Jean-Christophe Yoccoz l'est pour ses recherches sur l'évolution des systèmes.

Slobodan Milosevic, le Premier ministre serbe, décrète la « rupture des relations politiques et économiques » entre la république de Serbie et les Serbes bosniaques après le refus de ceux-ci d'accepter le plan de paix présenté par les Occidentaux et les Russes. En mai 1993, M. Milosevic avait déjà décidé un embargo à rencontre de ses compatriotes bosniaques à la suite de leur refus du plan Vance-Owen, mais ces menaces n'avaient jamais été suivies d'effets. Toutefois, on remarque que, cette fois, Belgrade supporte de plus en plus mal l'embargo international prononcé à son égard, et que les Russes sont directement partie prenante. Le 5, l'aviation de l'OTAN lance une opération limitée contre les forces serbes situées dans la « zone d'exclusion » de Sarajevo, où les armes lourdes sont interdites. Le 11, Bill Clinton annonce que les États-Unis lèveront l'embargo sur les armes à destination de la Bosnie si, d'ici là, les Serbes n'acceptent pas le plan de paix présenté par le groupe des 4 occidentaux et des Russes. (chrono. 28/08)

La police russe arrête à son domicile Sergueï Mavrodi, le président du fonds d'investissement MMM, dont la déconfiture ruine des centaines de milliers de petits épargnants.

De violents incidents opposent la foule aux policiers dans les rues de La Havane. Deux gardiens de la paix sont tués. Les manifestants dénonçaient les mesures prises par le pouvoir pour empêcher les candidats à l'émigration vers les États-Unis de parvenir, par tous les moyens, à leur objectif. (chrono. 18/08)

Le ministère des Finances confirme la volonté du gouvernement d'accélérer la privatisation de Renault, première marque française de voitures (1,8 million de véhicules, 170 milliards de francs de chiffre d'affaires et 120 000 salariés). L'État privilégie ainsi le passage au privé du constructeur automobile sur celui des AGF, le marché boursier tenant les compagnies d'assurance pour responsables de la chute des cours depuis le début de l'année. Matra, Elf et la BNP sont pressentis comme le « noyau dur » d'actionnaires de la future entreprise privée. Toutefois, craignant peut-être de vives réactions à gauche et dans les syndicats, désireux aussi de ne pas agir dans la précipitation, Édouard Balladur fait savoir, le 24, qu'il souhaite que l'État conserve 51 % du capital de la Régie. (chrono. 13/09)

Le président sortant, João Bernardo Vieira, remporte les élections présidentielles avec 52,02 % des suffrages exprimés. Âgé de 55 ans, il dirige ce pays de un million d'habitants depuis novembre 1980. La crise économique l'a conduit à se rapprocher de la France et à favoriser une vie politique davantage pluraliste.

La X^e Conférence internationale sur le sida s'ouvre à Yokohama. Les chercheurs s'inquiètent plus que jamais de la progression de la maladie (4 millions de personnes atteintes dans le monde et 17 millions d'autres séropositives). Aucun traitement décisif n'est en vue. Une étude européenne confirme, par ailleurs, de manière indiscutable, l'efficacité du préservatif dans la prévention de la maladie.

Les autorités de Chisinau s'entendent avec celles de Moscou sur le retrait progressif des troupes russes de Moldavie. Les 10 000 hommes stationnés en Transnitrie – cette région de Moldavie majoritairement peuplée de russophones et autoproclamée en république – devraient évacuer la région dans un délai de 3 ans. Beaucoup estiment que l'application de cet accord sera difficile tant que la question du statut de la Transnitrie n'aura pas été réglée.

Un attentat à la grenade fait plusieurs morts sur le marché central de Bujumbura. Cet événement témoigne de l'état très précaire dans lequel se trouve le pays tout entier. L'économie est ravagée et la tension est portée à l'extrême en raison du drame que vit le voisin rwandais. Le gouvernement à dominante hume tente de négocier avec la minorité tutsie (14 % de la population), qui contrôle l'armée. Le président par intérim Sylvestre Ntibantunganya reconnaît que le pays se trouve « au bord du gouffre ».

Le président Michal Kovac décrète la tenue d'un référendum sur la privatisation pour le 22 octobre. L'ancien Premier ministre Vladimir Meciar, évincé en mars, est à l'origine de cette opération qui marque le malaise des autorités slovaques face au passage à l'économie de marché.

Le président de la République autoproclamée (depuis 1991) de Tchétchénie, le général Djokhar Doudaïev, décrète la mobilisation générale contre la Russie. Pour sa part, Boris Eltsine se défend de vouloir intervenir militairement dans cette république caucasienne, mais il ne cache pas qu'il appuie les mouvements d'opposition au pouvoir du président Doudaïev. (chrono. 29/11)

Les autorités gouvernementales s'indignent des attendus d'un jugement d'un tribunal de Mannheim condamnant les thèses négationnistes d'un militant d'extrême droite, mais reconnaissant à celui-ci l'avantage de « renforcer la résistance du peuple allemand contre les prétentions juives issues de l'Holocauste ».

En désaccord avec les nouveaux responsables de l'Opéra de Paris, le chef d'orchestre coréen Myung Whun Chung quitte la direction musicale de la Bastille. Nommé en I989 par Pierre Berge, avec qui il avait signé son contrat en 1992, il n'accepte pas de devoir renégocier ce contrat avec les successeurs de ce dernier, Jean-Paul Cluzel et Hugues Gall. M. Gall, qui doit entrer en fonction en 1995, souhaite exercer alors complètement la direction musicale de l'établissement. Après la rupture spectaculaire entre Daniel Barenboïm et l'Opéra en 1989, ce nouvel incident nuit à la réputation internationale des autorités musicales françaises. Le 29, le tribunal de grande instance de Paris confirme M. Chung dans ses fonctions en interdisant à l'Opéra de Paris de lui substituer un autre directeur musical ; le juge considère que la rupture unilatérale du contrat du chef coréen « constituait un trouble manifestement illicite ».

Vingt-cinq ans après le mythique festival pop de Woodstock, un deuxième festival Woodstock 2 réunit plus de 300 000 spectateurs dans l'État de New York. À son affiche, plusieurs artistes vétérans comme Joe Cocker, Crosby, Stills and Nash, Santana ou Bob Dylan et plusieurs artistes contemporains tels Metallica ou les Red Hot Chili Peppers.

Les Nord-Coréens s'entendent avec les Américains pour suspendre leur programme conduisant à la production d'armes nucléaires et pour accepter les contrôles internationaux sur leurs diverses installations ; en échange, ils recevront une aide technologique occidentale en matière de nucléaire civil. Cet accord apporte une solution à la crise qui avait éclaté depuis plusieurs années à propos des installations nucléaires nord-coréennes. Chacun se félicite de cette issue pacifique, alors même que les États-Unis avaient peu de moyens de pression sur une nation largement autarcique, donc insensible à une menace d'embargo commercial, et appuyée, par ailleurs, par son voisin chinois. Toutefois, certains font remarquer que Washington a finalement accepté de négocier avec un gouvernement exerçant un chantage à l'arme nucléaire et qu'un tel aveu de faiblesse ne sera pas sans conséquence à l'avenir.

Le Front républicain guatémaltèque (FRG, droite) remporte les élections législatives avec 32 des 80 sièges à pourvoir.

Umberto Bossi, le leader de la Ligue du Nord, assure de son soutien le gouvernement de Silvio Berlusconi, qu'il n'avait cessé pourtant de critiquer publiquement depuis plusieurs semaines. Ce rapprochement intervient alors que, depuis plusieurs jours, la lire a fortement baissé sur les marchés internationaux. Le 18, c'est au tour de l'Alliance nationale, troisième composante de la coalition gouvernementale, de s'en prendre à la Banque d'Italie, celle-ci ayant relevé le taux d'escompte, et donc renchéri le coût du crédit, pour tenter d'enrayer la chute de la monnaie nationale. Cette brusque montée en flèche du parti d'extrême droite, jusqu'ici plutôt discret, s'explique par l'arrivée des échéances de la rentrée, délicates politiquement, et notamment les coupes à effectuer dans les systèmes de retraite.

Le terroriste international d'origine vénézuélienne Illitch Ramirez Sanchez, alias Carlos, est incarcéré à la prison de la Santé, après avoir été livré à la police française par les autorités soudanaises. Résidant en effet à Khartoum depuis plusieurs semaines, il y avait été repéré par les agents français et soudanais. Le dirigeant soudanais, le général Umar Hassan al-Bachir, affirme que son pays n'a reçu aucune contrepartie en échange de la livraison du terroriste. Il réclame cependant que le Soudan ne figure plus sur la liste des pays suspects de terrorisme et privés des moyens de crédits internationaux, ce que les États-Unis refusent encore. Plus de 80 morts sont attribués aux opérations menées par Carlos au cours des années 70 et 80, dont 15 en France. Celui-ci est entendu dès le 16 par le juge Jean-Louis Bruguière ; il choisit comme défenseur l'avocat Jacques Vergès. Le Monde révèle, le 18, que, selon des documents de la police secrète de l'ex-RDA, la Stasi, ce dernier aurait été l'émissaire du groupe Carlos auprès de la France en 1982, lors du jugement à Paris de la compagne et d'un camarade du terroriste. M^e Vergès conteste la crédibilité de ces documents et affirme que ce sont des membres du cabinet du ministre de l'Intérieur d'alors, Gaston Defferre, qui l'auraient contacté à ce moment pour lui demander de trouver un arrangement avec le groupe Carlos. Les intéressés démentent vigoureusement, et c'est au tour de l'ancien capitaine de gendarmerie Paul Barril d'affirmer qu'à l'époque le gouvernement lui aurait implicitement demandé d'abattre l'avocat.

Moshood Abiola, leader de l'opposition et vainqueur présumé des élections présidentielles de juin 1993, reste en prison après que le magistrat censé le juger pour haute trahison se fut lui-même dessaisi du dossier. Le lendemain, le chef de l'État, le général Sani Abacha, annonce la dissolution immédiate du bureau exécutif de la centrale syndicale NLC qui menaçait d'en appeler à la grève générale. Dans les heures qui suivent, de nombreux dirigeants de l'opposition sont arrêtés. Malgré ces pressions, le mouvement de grève s'étend à plusieurs secteurs de l'économie.

L'opposition de gauche l'emporte aux élections législatives, mettant un terme à dix-sept ans de pouvoir du Parti national uni, droite libérale. La coalition est dirigée par Chandrika Kumaratunga, qui sera la deuxième femme, après sa mère Sirimavo Bandaranaike, à gouverner le pays. M^me Kumaratunga, âgée de 49 ans, a fait ses études supérieures à Paris, et revendique son passé nettement marqué à gauche. Leader du parti de la Liberté (SLFP), aux positions modérées de centre gauche, elle doit composer avec ses alliés marxistes et avec les petites formations représentant les minorités ethniques et religieuses. Elle forme un gouvernement où figure en deuxième place, avec le portefeuille de la Défense, le chef de l'État, Dingiri Banda Wijetunga, leader du Parti national uni, défait aux élections. Par ailleurs, elle tend la main aux séparatistes tamouls, espérant régler par la négociation un conflit qui aura causé, en une douzaine d'années, plus de 30 000 morts. Les Tigres tamouls (LTTE) acceptent le cessez-le-feu et l'ouverture du dialogue. (chrono. 23/10)

La région de Mascara, dans le massif montagneux de Beni Chougrane, à 80 kilomètres d'Oran, est secouée par un séisme qui fait au moins 150 morts et plusieurs centaines de blessés.

François Pinault, déjà propriétaire du Printemps, de Prisunic, de La Redoute et de Conforama, devient (pour 1,9 milliard de francs) l'actionnaire majoritaire de la FNAC en rachetant la participation du Crédit Lyonnais. L'affaire est rendue possible par la Générale des eaux, détentrice de 33,7 % des actions du distributeur culturel, qui renonce à user de son droit de préemption. En échange, Guy Dejouany, président de la Générale, obtient que sa société soit étroitement associée à la gestion de la FNAC (5 milliards de chiffre d'affaires).

Sept gardes-frontières russes sont tués lors de l'attaque par des moudjahidine islamistes tadjiks et afghans d'un poste situé à la frontière tadjiko-afghane. Malgré leur refus de répondre favorablement à une demande d'aide accrue du président néocommuniste Imamoli Rakhmanov, les autorités de Moscou risquent ainsi de se retrouver enlisées dans un nouveau « bourbier afghan ».

Le nombre de boat people cubains interceptés par les gardes-côtes américains alors qu'ils tentent de rejoindre la Floride sur des embarcations de fortune dépasse le chiffre de 1 500 par jour. Des dizaines d'autres meurent noyés. Fidel Castro ne fait rien pour les retenir, laissant la responsabilité de l'affaire aux Américains, avec qui, déclare-t-il, il est prêt à négocier. Bill Clinton, peu soucieux de déplaire à la forte colonie cubaine de Floride farouchement anticastriste, refuse tout dialogue et décide de faire interner tous les nouveaux arrivants en situation d'illégalité, rompant avec la politique d'accueil des réfugiés cubains fixée en 1966. Plusieurs centaines de ceux-ci sont ramenés sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba. L'embargo contre La Havane, en vigueur depuis 1962, est encore renforcé, tout cela n'empêchant pas cependant l'exode massif de continuer. Constatant l'inefficacité de sa politique, l'Administration américaine accepte, le 27, d'entamer des discussions avec les Cubains, mais en limitant exclusivement celles-ci aux questions d'immigration. Toutefois, elle laisse entendre que, si le régime cas-triste prenait des mesures de démocratisation, les États-Unis pourraient diminuer leur pression.

Plus de 3 mois après les élections législatives, le social-démocrate Wim Kok, 55 ans, forme le nouveau gouvernement. Celui-ci, composé pour la première fois depuis 1917 sans l'appui des chrétiens-démocrates, est une coalition allant des sociaux-démocrates du PVDA aux libéraux conservateurs du WD en passant par la formation de centre gauche D 66. Le programme du nouveau gouvernement consiste essentiellement en une sévère politique d'austérité et d'économies budgétaires.

Deux hommes sont arrêtés alors qu'ils tentaient de dérober 9,5 kilos d'uranium dans un complexe nucléaire de l'Oural. Dans les jours qui précédaient, d'autres trafiquants en provenance de Russie avaient été interceptés en Allemagne en possession de plusieurs centaines de grammes de plutonium 239. La police allemande déclare que ce type de trafic a augmenté de façon inquiétante depuis le début des années 90 ; les destinataires pourraient être des États soucieux de s'équiper au plus vite d'une panoplie d'armes nucléaires. Le 16, le porte-parole du département d'État américain faisait savoir que des « contacts diplomatiques » avaient été entamés sur ce sujet avec Moscou.

Le Premier ministre Nicolae Vacaroiu fait rentrer au gouvernement deux membres du parti de l'Union nationale des Roumains (PNUR), une formation nationaliste et xénophobe. Il y a quelques mois encore, le président Ion Iliescu déclarait pourtant que l'image internationale de la Roumanie serait altérée par toute alliance avec ce parti, dont les positions violemment antihongroises vont rendre plus difficiles les relations entre Bucarest et Budapest.

Le président algérien, le général Liamine Zéroual, reçoit les partis politiques favorables à une participation du FIS au dialogue avec le pouvoir. Il les encourage à rencontrer les dirigeants emprisonnés Abassi Madani et Ali Belhadj. Le FIS fait savoir que la libération de ses dirigeants constitue le préalable à tout dialogue. (chrono. 26/08)

Ernesto Zedillo, le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), au pouvoir depuis soixante-cinq ans, est élu aux élections présidentielles avec 48,8 % des voix. Il devance largement ses deux principaux concurrents, le conservateur Diego Fernandez de Cevallos (25,9 % des voix) et le candidat de la gauche Cuauthemoc Cardenas (16,6 %). L'opposition proteste contre les manipulations et les tricheries électorales, courantes au Mexique, mais les observateurs internationaux présents estiment que le scrutin a été moins entaché de fraudes que lors des consultations précédentes. Âgé de 42 ans, économiste de formation, ancien ministre du Budget, M. Zedillo fait partie du proche entourage des « technocrates » du président sortant, Carlos Salinas. S'il a bénéficié des bons résultats économiques de son prédécesseur, M. Zedillo aura fort à faire à la fois pour corriger l'inégalité sociale croissante qui accompagne le boom économique et pour reprendre en main un PRI largement divisé pendant la campagne.

Entamée le 22 juin, l'opération « Turquoise ». qui aura mobilisé au total 2 500 hommes, se termine officiellement avec le départ des derniers militaires français. Très critiquée au départ, notamment par les ONG, l'opération se termine sur un satisfecit quasi général : elle aura permis de sauver des dizaines de milliers de vies et aura su éviter d'être partie prenante dans le conflit. Cependant, après le départ des Français et l'arrivée concomitante des forces africaines de la MINUAR II, les problèmes demeurent entiers dans ce pays ravagé par un conflit dont on estime qu'il a fait plus de un million de morts en quatre mois.

Sept Casques bleus indiens sont tués dans une embuscade à 200 kilomètres à l'ouest de Mogadiscio. Le contingent indien est fort de 5 000 hommes au sein des 19 000 soldats de la force de l'ONUSOM II. Cette tuerie indique que les problèmes politiques somaliens n'ont pas été réglés et que les rivalités de pouvoir demeurent entre les différentes factions armées, notamment entre celles du général Mohamed Farah Aïdid et celles d'Ali Mahdi Mohamed.

La tension qui règne entre les deux pays autour de la question des minorités grecques vivant dans le sud de l'Albanie monte de plusieurs crans. Tirana rappelle son ambassadeur à Athènes après qu'un avion grec a violé son espace aérien et lâché des tracts hostiles au régime du président Sali Berisha. L'attitude de la Grèce s'est durcie depuis le début du procès, à Tirana, des membres du commando grec accusés d'avoir attaqué en avril un poste-frontière albanais et tué deux soldats. Ainsi, depuis le début du mois d'août, près de 15 000 travailleurs clandestins albanais ont été expulsés de Grèce.

Une semaine après Compaq, qui proposait des baisses de 11 % à 22 % sur ses gammes d'ordinateurs de bureau et ses portables, IBM annonce des réductions sur les prix de ses micro-ordinateurs allant jusqu'à 27 %. Ces baisses, qui interviennent à la veille de l'arrivée de nouvelles générations de machines, préfigurent de vastes restructurations industrielles.

Plusieurs hommes armés attaquent un hôtel de Marrakech, tuant deux touristes espagnols. La police arrête des Français d'origine algérienne et marocaine. À la suite de ces événements, les autorités décident d'instaurer des visas d'entrée pour tous les Algériens. Alger réplique aussitôt en décrétant la fermeture de sa frontière avec le Maroc.

Le gouvernement dénonce catégoriquement les propos de l'ancien Premier ministre, Nawaz Sharif, qui affirmait que le Pakistan possédait l'arme nucléaire. Selon les propos officiels, le pays a bien acquis la « capacité nucléaire », mais a décidé de ne l'utiliser qu'à des « fins pacifiques ». Au même moment, des magistrats allemands désignaient le Pakistan comme destinataire du plutonium de contrebande transitant par la République fédérale.

Après la Chambre des représentants, le Sénat vote le projet de loi sur la lutte contre la criminalité. La loi prévoit le contrôle à la vente des armes d'assaut, l'extension des cas de peine de mort et des crédits supplémentaires pour la politique de prévention de la criminalité. Bill Clinton a dû batailler ferme pour passer outre l'opposition du puissant lobby des armuriers et les réticences des démocrates à l'extension du champ de la peine de mort. Après bien des difficultés, il a réussi à faire adopter le texte en convainquant les élus républicains modérés. Ce succès parlementaire tombe à pic pour un président affaibli à 2 mois des élections de mi-mandat et dont l'autre grand projet – la réforme du système de santé – semble bien compromis. (chrono. 27/09)

Une cérémonie à l'Hôtel de Ville et, le lendemain, un défilé de jeunes gens sur les Champs-Élysées commémorent le cinquantième anniversaire de la Libération de Paris. À cette occasion, François Mitterrand, Jacques Chirac et Édouard Balladur exaltent le souvenir du général de Gaulle et l'unité des Français.

Le Groupe islamique armé (GIA), le mouvement islamique le plus radical, annonce la formation d'un contre-gouvernement, dirigé par son leader, Cherif Gousmi, qui prend le titre de « Commandeur des croyants ». Par ailleurs, le GIA rejette toute tentative de dialogue avec le gouvernement en place. Pressenti comme contre-ministre des Affaires étrangères, Anwar Haddam, membre influent du FIS, dément aussitôt son appartenance au contre-gouvernement. Cette dénégation est révélatrice des tensions croissantes entre le FIS et le GIA. Ce dernier appelle, dès le lendemain, à un boycott des produits français, à compter du 1^er janvier 1995.

À 96 %, les Serbes bosniaques rejettent le plan de paix proposé par le « groupe de contact » (Allemagne, États-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie). Les Américains pensent à lever l'embargo sur les armes dans la région, alors que, au contraire, les Russes souhaitent que l'on appuie davantage les Serbes de Serbie et que l'on renégocie le plan de paix.

Luc Leblanc remporte le championnat du monde de cyclisme sur route. Il est le premier Français à gagner cette épreuve depuis Bernard Hinault, en 1980, et le septième Français depuis Antonin Magne, en 1933. Richard Virenque obtient la médaille de bronze.

À l'occasion du Congrès olympique du centenaire, Édouard Balladur pose la candidature de Paris pour les Jeux de 2004. La date de 2008 semble plus réaliste.

Israël et l'Autorité palestinienne signent un accord sur les transferts d'un certain nombre de pouvoirs civils (éducation, santé, fiscalité, tourisme) dans l'ensemble des territoires occupés de Cisjordanie.

L'ultimatum fixé par les Khmers rouges à propos des trois détenus occidentaux qu'ils détiennent depuis le 26 juillet arrive à expiration. Tombés entre les mains d'un chef local, les 3 jeunes touristes – un Australien, un Britannique et un Français, Jean-Michel Braquet – font, depuis, l'objet d'un marchandage : leur liberté contre l'arrêt de l'aide occidentale au gouvernement de Phnom Penh.

Le constructeur américain Lockheed et l'industriel de l'armement Martin Marietta fusionnent pour constituer le plus grand groupe de défense du monde. Ce rapprochement est destiné à mieux affronter la baisse des dépenses d'armement consécutive à la fin de la guerre froide.

Boris Eltsine et Helmut Kohl assistent conjointement au départ des dernières troupes russes stationnées en Allemagne. Le retrait des 34 000 militaires, de leurs familles et du matériel aura coûté 15 milliards de Deutschmarks, intégralement payés par l'Allemagne. Le même jour, les soldats russes quittent définitivement l'Estonie et la Lettonie.

Vingt des vingt-six islamistes supposés proches du FIS algérien et assignés à résidence à Folembray (Ain), depuis le début du mois, sont expulsés vers le Burkina. Les six autres sont assignés dans d'autres lieux en France. Dans les milieux judiciaires, on s'inquiète de ces procédures jugées parfois expéditives. Par ailleurs, les consulats français en Algérie sont fermés et les demandes de visa centralisées à Nantes, ce qui limite beaucoup le droit d'entrée des Algériens en France.

L'armée républicaine irlandaise (IRA) annonce un cessez-le-feu « inconditionnel et illimité », mettant ainsi un point d'arrêt à une guerre civile de 25 ans ayant fait plus de 3 000 morts et 36 000 blessés. Le Premier ministre britannique John Major demande s'il s'agit bien là d'une renonciation permanente à la violence. Si c'est le cas, assure-t-il, « alors beaucoup d'options sont ouvertes ». Le leader du Sinn Féin, Gerry Adams, exhorte Londres et les protestants unionistes à ne pas « gâcher cette occasion » de paix.