À Washington, Croates et Musulmans de Bosnie s'accordent sur la création d'une fédération croato-musulmane, au sein d'une Bosnie-Herzégovine redécoupée. Cette fédération serait elle-même associée, au sein d'une confédération, avec la république de Croatie. Cet accord permettrait à la fois de résoudre la question de l'accès à la mer des Musulmans et de partager équitablement le pouvoir entre communautés au sein des cantons. Cet accord pourrait également modifier le rapport des forces vis-à-vis de la Serbie, qui contrôle 70 % du territoire bosniaque. Le gouvernement américain souhaite ramener cette proportion à 51 %. (chrono. 18/03)

À l'issue de sa rencontre avec Nelson Mandela, le leader zoulou Manghosuthu Buthelezi accepte provisoirement que l'Inkatha, son organisation, s'inscrive sur les listes pour les élections législatives multiraciales d'avril. L'extrême droite blanche reste très divisée sur cette question : si le Parti conservateur et le mouvement néonazi AWB refusent toute participation au processus électoral, Constand Viljoen, leader du Front du peuple afrikaner (AVF), déclare accepter une inscription provisoire sur les listes. Celui-ci se dédira quelques heures plus tard sous la pression de ses mandants. (chrono. 11/03)

Adopté en 1992, après dix ans de débat, le nouveau Code pénal entre en vigueur. Parmi ses principales innovations, on notera la responsabilité pénale étendue aux personnes morales, la légitime défense reconnue pour les biens, les atteintes à l'environnement et la prise en compte des phénomènes comme le tag, le Minitel rose ou le sabotage informatique. D'inspiration plutôt répressive, ce nouveau Code rend perplexes certains juristes, qui estiment que le législateur laisse trop souvent à la jurisprudence le soin de véritablement définir les nouveaux champs de la loi.

Sous réserve d'approbation par référendum dans chaque pays, l'Autriche, la Finlande et la Suède rejoindront l'Union européenne en 1995. Pour parvenir à ce résultat, les négociateurs ont accepté de nombreuses dérogations en faveur des nouveaux arrivants (pêche, agriculture ou transit routier, notamment). La Norvège, également candidate, continue à négocier son adhésion. Certains s'inquiètent de cet élargissement qui risque de diluer complètement le projet européen au profit d'une vague alliance commerciale, comme le souhaitent les Britanniques. (chrono. 16/03)

Le nouveau film de Steven Spielberg, la Liste de Schindler, sort sur les écrans français. Il raconte l'histoire, véridique, d'un nazi allemand qui sauvera plus de 1 000 Juifs. Même si certains s'indignent de voir une fiction traiter de l'« indicible » horreur de l'holocauste, le film connaît un très grand succès. En plus de ses indéniables qualités artistiques, tous s'accordent cependant à lui trouver une puissante vertu pédagogique, notamment auprès des jeunes.

De nouveaux affrontements opposent Konkombas animistes et Nanumbas musulmans. Ce conflit, très ancien, a resurgi au cours du mois de février, faisant depuis au moins 1 000 morts. De nombreux Konkombas vont se réfugier au Togo.

À l'issue de dix jours de négociations avec les représentants du gouvernement, les rebelles zapatistes de l'AZLN obtiennent satisfaction sur bon nombre de leurs revendications : reconnaissance des droits des Indiens, construction d'hôpitaux, de logements, de routes, création d'une radio indienne indépendante, prix garantis pour les produits agricoles, création d'aides sociales, etc. Le principe d'une réforme électorale a également été retenu. (chrono. 19/12)

Après une forte hausse en janvier, l'ensemble des Bourses européennes connaît un fort mouvement de baisse avant de se stabiliser. Cet affolement s'explique par la crainte d'une surchauffe de l'économie américaine et d'une relance de l'inflation. Les opérateurs jugent cependant celle-ci erronée en Europe, où l'activité économique reste encore peu soutenue.

Wei Jingsheng, grande figure de la dissidence politique, est interpellé par la police pendant quelques heures. D'autres opposants, comme Zhai Weimin, l'un des leaders du Printemps de Pékin de 1989, sont également inquiétés. À quelques jours de la venue du secrétaire d'État américain Warren Christopher, cette vague d'arrestations est destinée à montrer la détermination des autorités chinoises, qui n'entendent pas se plier aux injonctions de l'opinion internationale en faveur d'une libéralisation politique. (chrono. 1/04)

Hillary Clinton, ainsi que 6 proches collaborateurs du président américain, est citée à comparaître devant un grand jury dans le cadre de l'affaire immobilière Whitewater. L'opinion reproche moins au couple présidentiel les faits eux-mêmes, somme toute mineurs et antérieurs à l'élection présidentielle, que les manœuvres entreprises depuis son installation à la Maison-Blanche pour en soustraire certains éléments à la justice. Le 5, Bernard Nussbaum, conseiller juridique de la présidence et ancien confrère de Hillary Clinton, est contraint à la démission ; on lui reproche d'avoir cherché à entraver la bonne marche de l'enquête judiciaire. Le 14, c'est au tour de Webster Hubble, numéro 3 du ministère de la Justice et ami intime du couple présidentiel, de démissionner. Originaire lui aussi de l'Arkansas et ancien membre du cabinet juridique où travaillait M^me Clinton, il lui est reproché ses trop importantes notes de frais de l'époque.

Syndicat et patronat de la métallurgie s'entendent sur un compromis : très faibles augmentations de salaires, horaires modulables en fonction de l'activité, mais interdiction des licenciements secs. Cet accord, favorable au patronat, satisfait le gouvernement car il éloigne les risques d'une relance de l'inflation et donc d'une augmentation des taux d'intérêt.

Mélina Mercouri meurt à l'âge de 68 ans. Actrice célèbre à la suite de son rôle dans Jamais le dimanche, de son mari Jules Dassin, elle s'engage dans le combat politique après le putsch des colonels en avril 1967. Au retour de la démocratie, en 1974, elle devient ministre de la Culture dans le gouvernement socialiste. Elle occupera ce poste pendant huit ans, puis à nouveau d'octobre 1993 jusqu'à son décès. Ses funérailles, à Athènes, sont l'occasion d'un grand moment de ferveur populaire.

RPR et UDF s'entendent sur un projet européen commun en vue des élections de juin. L'UDF insiste sur un renforcement des institutions européennes (institution d'un président de l'Europe, présidence tournante d'une durée de un an au lieu de six mois), le RPR, sur les contrôles des gouvernements des États membres. (chrono. 5/04)

Après l'arrestation, le 3, des deux assassins présumés de Yann Piat, Epifanio Pericolo et Denis Labadie, la police procède à l'audition du président du conseil général et sénateur UDF du Var, Maurice Arreckx, puis à celle de Bernard Tapie, tous deux cités dans une lettre de la défunte. (chrono. 20/05)

Le ministre russe de la Défense Pavel Gratchev reproche au ministre allemand des Affaires étrangères Klaus Kinkel d'avoir publiquement appuyé les États baltes sur la question du retrait des troupes russes de la région. M. Gratchev a indiqué que son gouvernement considérait cette question comme une « affaire intérieure ».

Christian Blanc, le P-DG d'Air France, présente son plan de redressement de l'entreprise. Ce document prévoit la suppression de 5 000 postes sans licenciement et le gel de tous les salaires pendant trois ans. « Nous continuerons tous ensemble ou Air France cessera d'exister. » déclare le président, qui réclame par ailleurs à l'État 20 milliards de francs de recapitalisation sur trois ans. On annonce une perte d'au moins 7,5 milliards de francs pour la compagnie en 1993. (chrono. 11/04)

Malgré plusieurs aménagements du Contrat d'insertion professionnelle (CIP) présentés par le ministre du Travail Michel Giraud, plusieurs dizaines de milliers de lycéens et d'étudiants manifestent à Paris et dans plusieurs villes de province. Le ministre avait pourtant assuré que les titulaires d'un « bac + 2 » bénéficieraient d'au moins 80 % du salaire conventionnel de leur branche, avec le SMIC comme plancher, que les autres diplômes (bac, CAP) seraient également pris en compte et que le tutorat dans l'entreprise allait être précisé. Les syndicats estiment que ces correctifs, notamment en matière de tutorat, demeurent trop flous. Le 13, à l'appel de ces syndicats, environ 100 000 personnes défilent à Paris contre le « SMIC jeunes » et plus de 200 000 en province. (chrono. 28/03)

Après plusieurs jours d'émeutes, le Bophuthatswana est placé sous le contrôle du gouvernement sud-africain et ses habitants pourront participer aux élections d'avril. Lucas Mangope. le président de ce « homeland » de 3,2 millions de personnes, théoriquement indépendant depuis 1977, est destitué. Les troubles, auxquels ont participé des éléments de l'extrême droite blanche, ont fait plus de 60 morts. (chrono. 28/03)

Le Parlement renverse le gouvernement dirigé par Vladimir Meciar depuis juin 1992. Les opposants, largement appuyés par le président de la République Michal Kovac, reprochaient au Premier ministre ses méthodes autoritaires. Le 16, Jozef Moravcik prend la tête d'un nouveau gouvernement de coalition, qui regroupe des nationalistes, des chrétiens-démocrates et des anciens communistes. (chrono. 2/10)

Trente-deux femmes, membres de l'Église anglicane, sont ordonnées prêtres à Bristol. L'événement divise profondément les membres de cette religion, dont une partie du clergé, qui refuse la féminisation de ses rangs, se déclare prête à se convertir au catholicisme.

Le Parti libéral au pouvoir remporte les élections législatives, marquées par un taux d'abstention de 69 %, taux encore plus fort que d'habitude. Elles renforcent cependant la formation du président César Gaviria, dont le dauphin, Ernesto Samper, est le grand favori des prochaines élections présidentielles. (chrono. 19/06)

Plus de deux semaines après le massacre d'Hébron, le gouvernement israélien interdit deux mouvements extrémistes juifs : le Kach – mouvement antiarabe créé en 1973 par le rabbin américain Méir Kahane –, et le « Kahane Haï », créé par le fils de Kahane. Cette mesure est jugée trop tardive, notamment par les Palestiniens. Le 14, l'armée israélienne est autorisée, en cas de nécessité, à tirer sur les colons juifs. Lors d'une visite de travail du Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, Bill Clinton presse celui-ci de prendre rapidement des « mesures concrètes » pour relancer le processus de paix. Enfin, le 17, interrogés par une commission d'enquête, les soldats israéliens de garde devant la mosquée d'Hébron au moment du massacre affirment, contrairement à ce qui avait été déclaré officiellement, que le tueur, Baruch Goldstein, n'était pas seul et que des sentinelles israéliennes, affolées, avaient également tiré sur la foule. (chrono. 18/03)

Après accord du consortium des 60 banques prêteuses, menées par la BNP, Euro Disney présente son plan de restructuration. Ce dernier lui permettra de recevoir 14 milliards de francs d'argent frais (pour un passif de 20,3 milliards), 60 % étant apportés par Disney et 40 % par les banques. L'action du parc de loisirs va subir une réduction de sa valeur nominale, ce qui mécontente les petits actionnaires. La firme doit reconnaître ses erreurs de gestion et notamment celle de vouloir imposer en Europe un mode de fonctionnement exclusivement américain.

Michel Noir, député du Rhône et maire de Lyon, déjà mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux dans l'affaire Botton, fait l'objet d'une demande de mise sous contrôle judiciaire par le juge d'instruction Philippe Courroye. Cette nouvelle offensive judiciaire s'inscrit dans le cadre de l'affaire concernant les comptes bancaires de M. Noir et ceux de diverses associations de soutien à son action. Ce dernier estime qu'il fait l'objet d'« un acte d'humiliation délibéré » et qu'il n'a rien à se reprocher, les subventions incriminées ayant été distribuées à la suite d'un vote public à l'ensemble des familles politiques, proportionnellement à leur poids électoral. Le 16, le bureau de l'Assemblée nationale rejette la demande de levée d'immunité parlementaire du député du Rhône. Le bureau avait auparavant pris connaissance d'un document fourni par le juge faisant état de financement détourné « des activités personnelles du maire », et notamment pour le paiement des honoraires de ses avocats dans l'affaire Pierre Botton. Le 29, M. Noir est mis en examen pour abus de confiance et placé sous contrôle judiciaire, avec restriction de sa liberté de circuler et versement d'une caution de 2,5 millions de francs.

Afin d'éviter la prison, la patineuse Tonya Harding reconnaît devant le tribunal de Portland avoir « entravé la justice » dans l'affaire de l'agression contre sa rivale Nancy Kerrigan. Elle est condamnée à 160 000 dollars d'amende et perd définitivement sa licence de patineuse.

Après de difficiles négociations sur la question de la pêche, la Norvège rejoint à son tour l'Union européenne, à laquelle elle adhérera officiellement le 1^er janvier 1995, si le référendum sur la ratification est positif. LUE reste cependant traversée par une crise profonde portant sur la question de la minorité de blocage au sein de la future Union à 16 : jusqu'alors, il fallait 24 voix au Conseil européen pour bloquer une décision commune (l'Allemagne, la France, l'Italie, la Grande-Bretagne disposent chacune de 10 voix, l'Espagne de 8, la Belgique, la Grèce, les Pays-Bas, le Portugal de 5, etc.). Avec l'arrivée de 4 nouveaux pays, cette minorité de blocage devrait mécaniquement passer de 23 à 27. Mais la Grande-Bretagne, toujours soucieuse d'affaiblir les structures communautaires, et l'Espagne, craignant le poids croissant des pays du Nord, s'opposent à cette augmentation de la minorité de blocage. Au-delà de ces questions de procédure, c'est tout l'avenir du processus d'unification européenne qui est mis en cause. (chrono. 29/03, 12/06)

Paul Touvier, ancien chef du service de renseignements de la milice pour la région de Lyon, comparaît devant la cour d'assises des Yvelines, à Versailles. Il est inculpé pour complicité de crime contre l'humanité : le 28 juin 1944, Paul Touvier avait désigné 7 Juifs pour être fusillés en représailles de l'assassinat par des résistants du ministre de l'Information Philippe Henriot. Né en 1915, dans une famille de catholiques d'extrême droite, Touvier n'aura que des emplois modestes avant d'occuper de hautes fonctions dans la milice. Condamné à mort par contumace à la Libération, il sera caché par plusieurs ecclésiastiques et congrégations religieuses, avant d'être gracié en 1971 par Georges Pompidou. Vingt-cinq avocats représentent les parties civiles à ce procès qui devrait durer plus de cinq semaines et être suivi par plus de 100 journalistes, dont plusieurs envoyés spéciaux étrangers. (chrono. 20/04)

Les présidents croate et bosniaque, Franjo Tudjman et Alija Izetbegovic, signent à Washington deux accords. Le premier consiste en une proposition de Constitution pour une fédération croato-musulmane et le second en une déclaration visant à rattacher cette fédération à la Croatie sous la forme d'une confédération. Présent à la cérémonie, Bill Clinton déclare que « ces documents ne sont que des premiers pas, mais ce sont des pas dans la bonne direction ». (chrono. 30/03)

Le Conseil de sécurité « condamne énergiquement » la tuerie du caveau des Patriarches, à Hébron. Dans sa résolution, le Conseil exige que des mesures soient adoptées pour garantir la sécurité des populations palestiniennes, « y compris, entre autres, une présence internationale ou étrangère temporaire ». La question demeure quant à la forme de cette présence extérieure, civile ou militaire.

La majorité comme la gauche se félicitent des résultats du premier tour des cantonales, marquées par une bonne participation (60,4 % des inscrits). La majorité obtient 44,55 % des suffrages (dont 15,5 % pour le RPR et 16,3 % pour l'UDF) et la gauche 40,4 % (dont 23,3 % pour le PS et 11,4 % pour le PC). Édouard Balladur s'estime « encouragé », tandis que Michel Rocard affirme que « la gauche a fait la moitié du chemin ». Les seules vraies surprises viennent de la débâcle des écologistes, crédités de 3,9 % des suffrages, et du succès personnel de Bernard Tapie et des candidats Énergie radicale-MRG, à Marseille. (chrono. 27/03)

Après plus de onze années de guerre civile, les Salvadoriens votent librement pour la première fois afin de désigner le président de la République, en présence de 3 000 observateurs étrangers. À l'issue du premier tour, le conservateur Armando Calderón Sol, candidat du parti Arena au pouvoir devance de plus de 20 points le candidat de gauche, Ruben Zamora, présenté par la Convergence démocratique et soutenu par les anciens guérilleros du FMLN. (chrono. 24/04)

Avec 99,27 % des suffrages exprimés, Zine el Abidine Ben Ali est élu pour un deuxième mandat de cinq ans à la tête de l'État. Une nouvelle Chambre des députés est également élue, avec une écrasante majorité en faveur du parti gouvernemental, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Face aux menaces islamistes, les autorités préfèrent continuer à contrôler intégralement la vie politique nationale.

Les États-Unis annoncent l'installation de missiles Patriot en Corée du Sud pour répondre à la menace nord-coréenne. Cette décision intervient après que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a saisi le Conseil de sécurité de l'ONU au sujet des obstacles que rencontrent ses enquêteurs lors de leurs inspections, obstacles dus aux autorités de Pyongyang. (chrono. 4/04)

Quelques heures après une importante manifestation organisée à Alger contre l'islamisme et contre les intentions prêtées au gouvernement de traiter avec certains éléments du FIS, 2 Français sont à nouveau assassinés dans la capitale algérienne. Le gouvernement français conseille à ses nationaux de quitter l'Algérie si leur présence n'y est pas indispensable.

Helmut Kohl et François Mitterrand trouvent un compromis à propos de la polémique concernant la non-participation de l'Allemagne au cinquantième anniversaire du débarquement en Normandie (6 juin 1944). Le 8 juin 1994, Français et Allemands seront réunis à Heidelberg pour une « fête de la jeunesse » destinée à souligner l'amitié franco-allemande. Cet accord entre les deux dirigeants met un terme à la polémique qui s'était développée depuis plusieurs semaines entre les deux pays. Cette polémique portait, plus largement, sur le rôle de l'Allemagne au sein de l'Union européenne et sur sa politique à l'Est.

La cour d'appel de Douai autorise Bernard Tapie à demeurer à la présidence de l'OM au-delà du 20 avril. Le 26, M. Tapie est mis en examen, cette fois dans le cadre de l'instruction sur les comptes du club marseillais, pour « faux et usage de faux, abus de confiance » et aussi pour « abus de biens sociaux ». Le SRPJ de Marseille estime à plus de 80 millions les sommes versées de façons irrégulières ou inexpliquées entre 1988 et 1990. (chrono. 22/04)

Luis-Donaldo Colosio, candidat officiel du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) pour la succession du président Carlos Salinas est assassiné lors d'une réunion électorale à Tijuana. Le meurtrier est un individu isolé, qui, aussitôt arrêté, garde le silence sur les motivations de son acte. Beaucoup soupçonnent certaines factions conservatrices au sein du PRI, opposées à la modernisation économique du pays et soucieuses de protéger leurs privilèges. Le 4 avril, le juge chargé de l'enquête révèle que M. Colosio a bien été la victime d'une « action concertée » d'au moins 7 personnes, toutes recrutées par le PRI pour assurer sa protection. Auparavant, le 31 mars, le président Salinas avait désigné un nouveau dauphin, Ernesto Zedillo Ponce de León, un de ses proches collaborateurs, âgé de 42 ans. (chrono. 21/08)

Le juge Renaud Van Ruymbeke transmet son rapport sur le financement occulte du PR : à partir des aveux de l'homme d'affaires René Trager, le juge est remonté, via une commission (près de 30 millions de francs) versée lors de la passation d'un marché d'adduction d'eau à Nantes, jusqu'au trésorier du PR, Jean-Pierre Thomas, qui refuse d'indiquer les noms des donateurs de son parti. Les comptes de M. Thomas étaient visés par MM. François Léotard, Gérard Longuet et Alain Madelin, tous trois ministres. Pour pouvoir continuer son enquête, le juge a besoin de l'autorisation du ministre de la Justice Pierre Méhaignerie. (chrono. 3/10)

Le Crédit Lyonnais annonce une perte de 6,9 milliards de francs pour 1993 (pour 85 milliards de fonds propres). L'État fait savoir qu'il soutient la banque nationalisée, dirigée de 1988 à 1993 par Jean-Yves Haberer, sous forme d'une augmentation de capital de 3,5 milliards et d'une garantie de ses engagements immobiliers à hauteur de 18,4 milliards. Ce déficit est le plus important jamais enregistré dans l'histoire des banques publiques en France. Le groupe Thomson-CSF, qui avait été associé à la politique du Crédit Lyonnais, devra également prendre part au remboursement des dettes de la banque à hauteur de 1,4 milliard de francs, contribuer aux garanties des engagements immobiliers et participer à l'augmentation du capital de la banque. Le 30, M. Haberer est révoqué par le gouvernement de sa présidence du Crédit national à laquelle il avait été nommé en novembre 1993. (chrono. 12/07)

Après quinze mois de présence, les derniers soldats américains quittent la Somalie, laissant le contrôle des opérations de l'ONU aux forces égyptiennes, pakistanaises et indiennes (plus quelques autres pays d'Afrique et d'Asie). Certains observateurs craignent une reprise des troubles après le départ des Casques bleus occidentaux.

Au second tour des élections cantonales, l'équilibre entre la droite et la gauche s'établit respectivement à 54 % contre 46 % des voix. On remarque, d'une part, une forte discipline de vote au sein de la gauche où les reports de voix (notamment écologistes et communistes sur les candidats socialistes) ont été bons au second tour et, d'autre part, un enracinement du Front national qui, malgré la tactique du « front républicain » que lui oppose l'ensemble des autres partis, réalise de bons scores, même s'il ne compte que très peu d'élus.

La police arrête 14 nationalistes corses du FLNC, alors qu'ils s'apprêtaient à faire sauter un complexe touristique près de Bonifacio. Le gouvernement veut ainsi montrer sa fermeté, qui n'exclue pas la négociation, notamment avec des organisations plus modérées comme le Mouvement pour l'autodétermination (MPA).

Aux élections municipales, le parti islamiste Refah passe de 10 à 18 % des suffrages et conquiert les municipalités d'Istanbul et d'Ankara.

Une manifestation organisée par le parti zoulou Inkatha à Johannesburg, devant le siège de l'ANC, se termine dans la violence. On déplore plus de 50 tués. Le 31, l'état d'urgence est proclamé au Natal, où les affrontements entre militants de l'Inkatha et de l'ANC ne cessent de s'aggraver.

Le dramaturge français d'origine roumaine Eugène Ionesco meurt à Paris, à l'âge de 81 ans. Il s'installe définitivement en France en 1938. Huit ans plus tard, sa première pièce, la Cantatrice chauve est créée à Paris, au théâtre des Noctambules. Après des débuts difficiles, il va bientôt connaître le succès, être traduit et joué dans plus de 40 pays. Il entre en 1965 à l'Académie française.

Six organisations représentatives de la jeunesse (coordinations d'IUT et de lycéens) et des étudiants (UNEF et UNEF-ID) sont reçues à l'hôtel Matignon. On annonce la suspension pour huit jours de la mise en application du contrat d'insertion professionnelle (CIP). François Bon, le directeur de l'ANPE, est chargé de définir un nouvel aménagement du CIP et de réfléchir sur la création d'une ANPE destinée aux jeunes. Les organisations de jeunesse maintiennent leur manifestation du 31 mars. (chrono. 30/03)

Avec près de 43 % des suffrages – 365 députés (sur 630) et 156 sénateurs (sur 315) –, la coalition formée autour de Silvio Berlusconi remporte une nette victoire aux élections législatives : le mouvement de M. Berlusconi, Forza Italia, obtient 112 sièges de députés et 36 sièges de sénateurs, l'Alliance nationale (néofasciste) de Giancarlo Fini, 109 et 48, et la Ligue du Nord d'Umberto Bossi, 117 et 60. La gauche est créditée de 30,4 % des suffrages, dont 20,4 % pour le PDS ; elle disposera de 182 sièges de députés et de 117 sièges de sénateurs. Les héritiers de la Démocratie chrétienne ne recueillent que 15,7 % des votes et n'auront que 57 députés et 46 sénateurs, eux-mêmes divisés entre la droite et le centre. (chrono. 28/04)

Les 12 membres de l'Union européenne parviennent, à Ioánnina en Grèce, à un compromis sur la question des majorités requises pour la prise de décision au Conseil des ministres. Suite à l'arrivée de 4 nouveaux membres dans l'UE, la minorité de blocage passe, logiquement, de 23 à 27 voix, contrairement à ce que souhaitaient l'Espagne et la Grande-Bretagne. Mais, en cas de vote minoritaire entre 23 et 26 voix, après un « délai raisonnable », il faudra un vote de 9 États sur 16 pour décider d'un nouveau vote à la majorité qualifiée de 27 voix. En Grande-Bretagne, les « eurosceptiques » du Parti conservateur réclament la démission du Premier ministre, John Major, tandis que plusieurs observateurs redoutent que le « compromis de Ioánnina » ne complique encore un peu plus le fonctionnement de l'Union. Le 31, le Parlement européen décide que son siège définitif se situera bien à Strasbourg. (chrono. 4/05)

Les autorités de Zagreb et les Serbes sécessionnistes de la Krajina (sud-est de la Croatie) signent un accord de cessez-le-feu. Il reste cependant à imaginer une union politique : le gouvernement croate entend restaurer sa souveraineté sur la région, alors que les Serbes considèrent la Krajina comme une entité désormais indépendante.

Le gouvernement annonce le retrait définitif du CIP ainsi que le principe d'une prime à l'embauche : une aide de 1 000 francs par mois pendant neuf mois sera versée aux entreprises pour toute embauche d'au moins dix-huit mois d'un jeune, diplômé ou non, n'ayant pas encore occupé d'emploi stable. Les manifestations du 31 sont maintenues, à Paris et en province. Commencées dans le calme, elles se terminent souvent, notamment dans la capitale, par des violences et des dégâts occasionnés par des jeunes, dont beaucoup viennent des banlieues. Plusieurs voix au sein de la majorité, et particulièrement au RPR, se font entendre pour critiquer le gouvernement et pour réclamer le départ du ministre du Travail Michel Giraud.