Le parti de la Liberté (FPÖ) de Jörg Haider conclut un accord avec le Parti populaire (ÖVP), conservateur, de Wolfgang Schüssel en vue de former un gouvernement de coalition. L'arrivée au pouvoir de l'extrême droite intervient trois mois après les élections qui ont fait du FPÖ de Jörg Haider le deuxième parti politique autrichien (avec 27 % des voix et 52 sièges sur 183 que compte le Parlement autrichien), derrière les sociaux-démocrates, avec lesquels les conservateurs formaient depuis treize ans une grande coalition gouvernementale dite gauche-droite. Avant d'entériner la composition du nouveau gouvernement, le président autrichien Thomas Klestil demande à MM. Haider et Schüssel de signer une déclaration qui mentionne leur « attachement inébranlable » aux valeurs de la démocratie européenne et souligne le rôle de l'Autriche dans « les monstrueux crimes » perpétrés par les nazis. De son côté, Jörg Haider assure que le FPÖ s'engage à défendre les droits des « minorités ethniques et religieuses ». Le 4, tandis que le gouvernement est formé, la moitié des ministères étant attribués au parti de Jörg Haider, des milliers de Viennois manifestent dans la rue contre cet accord de gouvernement. Dans les capitales européennes, la réprobation est quasi unanime et le Parlement européen vote – pour la première fois – une résolution critiquant la politique intérieure d'un État membre, condamnant les déclarations xénophobes et pro-nazies du chef du FPÖ et menaçant Vienne d'une suspension de l'Union européenne si l'Autriche appliquait une politique incompatible avec la démocratie et les droits de l'homme. Certains députés européens s'interrogent sur la légitimité de l'implication de l'UE dans les affaires intérieures autrichiennes, qui, avancent-ils, risque de provoquer l'effet inverse de celui recherché et de renforcer la position de M. Haider dans son pays. Le 10, Jacques Chirac déclare que l'Autriche s'est « en quelque sorte mise en situation de rupture de contrat » par rapport à l'Union européenne en intégrant l'extrême droite dans le nouveau gouvernement.

Le sénateur de l'Arizona John McCain devance largement – 49 % des suffrages, contre 31 % – George Bush Jr., fils de l'ancien président américain, dans la primaire test du New Hampshire qui l'opposait à son concurrent républicain. Son succès pourrait remettre en cause le statut de favori du gouverneur du Texas pour l'investiture républicaine. John McCain a attribué sa victoire à son programme de réformes, qui vise à modifier la politique intérieure américaine ainsi que les modalités de financement des campagnes électorales. Chez les démocrates, le vice-président Al Gore domine avec 52 % des suffrages l'ancien sénateur du New Jersey Bill Bradley – 47 %. Depuis quarante ans, le vainqueur de la primaire du New Hampshire, à l'exception de Bill Clinton, qui avait été battu par l'ancien sénateur du Massachusetts Paul Tsongas, est devenu ensuite président des États-Unis. Le 20, George Bush Jr. se replace dans la course à l'élection présidentielle américaine de novembre en triomphant de son rival républicain dans la primaire de Caroline du Sud. Les prochaines primaires républicaines (Michigan, Arizona, Virginie) s'annoncent particulièrement ouvertes et seront à l'évidence déterminantes pour la désignation du candidat républicain lors de la convention de Philadelphie, qui aura lieu du 29 juillet au 3 août. Le gouverneur du Texas reste néanmoins favori dans les sondages face au sénateur de l'Arizona.

Vidée de ses combattants, qui ont évacué la ville au prix de lourdes pertes, mais pas des civils (entre 15 000 et 40 000) qui y sont abrités, et anéantie par un déluge de bombes qui dure depuis des semaines, Grozny est investie par les troupes fédérales russes. Les combattants indépendantistes, d'abord regroupés dans les villages situés au sud-ouest de la capitale, se replient vers le sud montagneux de la république caucasienne, notamment dans les gorges d'Argoun et de Védéno. Parmi ces indépendantistes réfugiés dans les montagnes figure leur chef militaire, Chamil Bassaïev, qui a perdu son pied droit après avoir traversé un champ de mines. Le président tchétchène Aslan Maskhadov, qui clame sa volonté de reprendre la capitale perdue, annonce le début d'une guerre généralisée de partisans indépendantistes contre les troupes russes en Tchétchénie « dans les montagnes, dans les plaines et dans chaque village de la république ». Les forces russes, quant à elles, bombardent les villages montagneux du sud de la Tchétchénie, traquent les combattants indépendantistes et s'apprêtent à lancer une opération de grande envergure contre « les bases rebelles », avec l'espoir d'achever leur offensive avant l'élection présidentielle russe du 26 mars prochain. Le 22, Médecins du monde publie un rapport accablant pour les autorités russes sur la situation en Tchétchénie, auxquelles il demande « l'arrêt des violations des droits de l'homme, la fermeture immédiate et sans conditions des camps de filtration, l'accès libre pour les ONG et la garantie qu'elles pourront travailler en sécurité ». En France, le ministre des Relations avec le Parlement Daniel Vaillant indique que « la question de la possibilité de l'arrêt de la coopération franco-russe doit faire l'objet d'un examen, d'une décision éventuelle au niveau européen », tandis que le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine souligne l'insuffisance des réactions internationales, hormis celle de la France, face aux agissements de la Russie en Tchétchénie.

À dix jours de la date initialement prévue pour un accord-cadre sur le statut final des territoires palestiniens, les délégations israélienne et palestinienne se séparent après l'échec d'une rencontre organisée au point de passage d'Erez, entre Israël et la bande de Gaza, entre le Premier ministre israélien Ehoud Barak et le président palestinien Yasser Arafat. Cette rencontre destinée à accélérer la phase finale du processus de paix a tourné court sans qu'un accord soit conclu. Le ministre israélien des Affaires étrangères David Levy en impute l'échec au refus des Palestiniens d'accepter la carte du prochain retrait israélien de 6,1 % de Cisjordanie. Il précise néanmoins que, malgré les divergences, « il n'y a pas de crise, pas de cessation du processus de paix ».

Après avoir bouclé l'état définitif des recettes et des dépenses de l'État en 1999, le ministère des Finances devrait réviser à la hausse le montant de la cagnotte fiscale : les observateurs estiment la plus-value budgétaire entre 44 et 66 milliards de francs, au lieu des 24 milliards de francs admis par Bercy avant Noël dernier. Un bonus budgétaire, embarrassant pour le gouvernement, dû aux bonnes rentrées d'impôts liées à la croissance économique, en particulier l'impôt sur les sociétés, ainsi qu'au contrôle rigoureux des dépenses budgétaires. L'opposition réagit vivement à ces révélations : elle se dit « choquée par la désinvolture » du gouvernement et réclame la présentation immédiate d'un nouveau collectif budgétaire au gouvernement, ainsi qu'une « baisse d'impôt réelle et immédiate ». Le 9, faisant taire les rumeurs de « trésor caché », le gouvernement annonce officiellement devant la Commission des finances de l'Assemblée nationale que le montant des recettes fiscales supplémentaires pour l'année 1999 s'élève à 30,7 milliards de francs et qu'il présente au Parlement un projet de loi de finances rectificative (collectif budgétaire), au printemps, contenant une réforme et une baisse de la taxe d'habitation. Par ailleurs, une partie de ce surplus de recettes fiscales est affectée à la réduction du déficit budgétaire.

Tarja Halonen, cinquante-six ans, devient la première présidente finlandaise. Candidate sociale-démocrate, actuelle ministre des Affaires étrangères, elle obtient au second tour du scrutin 51,6 % des suffrages contre 48,4 % à l'ancien Premier ministre centriste Esko Aho. Elle avait obtenu 40 % des suffrages lors du premier tour, le 16 janvier, contre 34,4 % à son adversaire. Le taux de participation est élevé, 76,8 % des 4,2 millions d'électeurs inscrits s'étant rendus aux urnes. La nouvelle présidente inaugurera son mandat de six ans le 1^er mars prochain. Les derniers jours de la campagne présidentielle avaient été marqués par le débat sur l'attitude à adopter face à l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement associant droite conservatrice et extrême droite en Autriche : M^me Halonen soutenait la politique d'isolement de l'Autriche instaurée par ses partenaires européens ; M. Aho, pour sa part, déniait à l'UE toute ingérence dans les affaires intérieures d'un pays membre.

De graves incidents, qui ont éclaté à El Ejido, un gros bourg de la province d'Almeria, en Andalousie, après le meurtre d'une jeune Espagnole de vingt-six ans par un jeune Maghrébin, ont fait 22 blessés. Deux cents policiers ont dispersé quelque 400 personnes qui manifestaient à proximité d'un camp accueillant des immigrants. Une usine de recyclage de plastique, des logements et des commerces tenus par des immigrés ont été saccagés ou incendiés. Cette explosion de haine fait suite à une série de troubles racistes et d'incidents xénophobes qui ont émaillé l'année 1999. Jadis terre d'émigration, l'Espagne découvre depuis quelques années des problèmes d'immigration clandestine et des manifestations de xénophobie, dont elle était jusqu'à présent préservée. Un rapport de l'ONU publié en janvier indique que, pour conserver sa capacité de travail actuelle, le pays devra attirer 12 millions d'étrangers d'ici à 2050 : le taux de natalité en Espagne s'établissait à 1,15 enfant par femme en 1998, soit le plus bas d'Europe. Dans sa quasi-unanimité, la classe politique prône une politique de forte immigration.

Moins de deux mois après la mort de Franjo Tudjman, le 10 décembre dernier, le vétéran centriste Stipe Mesic, soixante-cinq ans, président du Parti populaire, est élu à la présidence de la République au second tour de scrutin. Il devance de dix points son adversaire Drazen Budisa. M. Mesic compte orienter sa présidence vers l'Europe et la démocratie et rompre avec neuf ans de pouvoir nationaliste et autoritaire du « père de l'indépendance ». Sa victoire complète l'installation au pouvoir de la nouvelle majorité de centre gauche, l'ex-opposition, au lendemain des élections législatives du 3 janvier, qui avait obtenu 95 des 151 sièges au Parlement. Il devra régler les problèmes du chômage – qui frappe plus de 20 % de la population active – et des laissés-pour-compte – 42 % des Croates vivent avec moins de quatre dollars par jour. Trois dossiers prioritaires s'imposent à lui : l'amélioration de la situation sociale, la réforme du système politique pour renforcer la démocratie parlementaire et le développement de la coopération avec la communauté internationale et l'Union européenne, ce qui inclut de meilleures relations avec le Tribunal pénal international de La Haye et la transparence des rapports avec les Croates de Bosnie.

Les otages du Boeing afghan sont libérés sur l'aéroport londonien de Stansted. L'avion avait été détourné le 6 février dernier alors qu'il devait rallier Kaboul à Mazar-e-Sharif, en Afghanistan. Les pirates de l'air devaient conduire l'avion en Ouzbékistan, au Kazakhstan et en Russie, avant la dernière étape de Stansted. Les passagers ont quitté la Grande-Bretagne pour rentrer en Afghanistan. À l'issue du détournement, 19 personnes ont été arrêtées par la police britannique.

Le cinéaste Roger Vadim, de son vrai nom Roger Plemiannikov, meurt à l'âge de soixante-douze ans à Paris des suites d'un cancer. Comédien de théâtre à ses débuts, puis assistant de Marc Allégret, il a réalisé une vingtaine de films, dont certains ont rencontré des succès de scandale, comme Et Dieu créa la femme (1956), qui révéla Brigitte Bardot, son épouse depuis 1952. Dans la plupart de ses autres films, il se fait le serviteur d'un érotisme élégant, qui lui vaut une réputation de cinéaste sulfureux au tournant des années 1950-1960. Il y met en scène les stars féminines du moment, qui sont souvent ses compagnes, voire ses épouses et dont il contribue à promouvoir la carrière : Annette Stroyberg dans une version des Liaisons dangereuses (1959), avec Gérard Philipe ; Catherine Deneuve dans le Vice et la Vertu (1963) ; Jane Fonda dans Barbarella (1968) d'après la bande dessinée de Jean-Claude Forest. Il s'était marié cinq fois, la dernière, en décembre 1990 avec la comédienne Marie-Christine Barrault, qu'il faisait tourner dans des téléfilms comme Un coup de baguette magique (1997). Roger Vadim avait quatre enfants, dont Nathalie, la fille d'Annette Stroyberg, Christian, le fils de Catherine Deneuve, et Vanessa, la fille de Jane Fonda.

Un soldat israélien est tué et un autre blessé lors d'une attaque à la roquette et au mortier menée par les combattants chiites du Hezbollah contre la base militaire érigée sur le krak de Beaufort, une ancienne forteresse bâtie par les croisés, non loin du lieu où le Groupe de surveillance (composé du Liban, de la Syrie, d'Israël, ainsi que de la France et des États-Unis) du cessez-le-feu au Sud-Liban devait se réunir pour évoquer les récentes tensions s'étant produites à la frontière israélo-libanaise. La délégation militaire israélienne a claqué la porte de cette réunion. En deux semaines, sept soldats israéliens ont été victimes des attaques du Hezbollah. En représailles, l'aviation israélienne a effectué plusieurs raids contre des positions du Hezbollah au Liban-Sud. Toutefois, le Premier ministre israélien Ehoud Barak s'est une nouvelle fois prononcé en faveur d'un retrait des troupes israéliennes du Liban d'ici au mois de juillet, même si aucun accord n'était conclu avec la Syrie et le Liban.

Appelée à se prononcer sur un projet de nouvelle Constitution, la majorité des quelque 5 millions d'électeurs zimbabwéens – 93 circonscriptions sur 120 – rejette le texte soumis à son approbation par le président Robert Mugabe. Cette nouvelle Constitution prévoyait notamment d'exproprier, sans indemnisation, une partie des grands propriétaires blancs – qui détiennent encore environ 40 % des terres agricoles du pays – et de redistribuer la terre aux citoyens noirs. Ce référendum, le premier depuis l'indépendance du pays en 1980, était considéré comme un test de la capacité du président Robert Mugabe à se maintenir au pouvoir, avant les législatives d'avril. Le gouvernement et la presse contrôlée par le pouvoir ont mené campagne pour le « oui », tandis que l'opposition et les journaux indépendants se sont engagés en faveur du « non ». Par leur vote négatif – seuls les agriculteurs ont approuvé le texte présidentiel –, la majorité des Zimbabwéens signifie au leader zimbabwéen, à la tête du pays depuis l'indépendance et âgé aujourd'hui de soixante-quinze ans, qu'elle entend voir limiter ses pouvoirs et qu'elle aspire au changement.

La pollution qui a empoisonné les régions du Danube situées en Roumanie, Yougoslavie et Hongrie menace la Bulgarie et se dirige vers l'Ukraine, qu'elle atteindra vers la fin de février : elle laisse derrière une impressionnante traînée de poissons morts. Outre la vie aquatique, les oiseaux et la faune environnante sont également en danger, et l'eau contaminée risque de s'infiltrer dans le sol. Cette pollution, que l'on qualifie déjà de catastrophe écologique la plus grave depuis Tchernobyl, a pour origine une mine d'or située à Baia Mare, au nord-ouest de la Roumanie. Le 30 janvier dernier, des inondations ont provoqué la rupture de la digue du bassin de décantation de cette mine et le déversement de 100 000 mètres cubes d'eau cyanurée dans la rivière Szamos en Roumanie, puis dans la Tisza, un affluent du Danube qui traverse la Hongrie et la Yougoslavie. Les autorités des pays riverains ont annoncé leur intention d'attaquer les responsables de la pollution devant la justice internationale. La société australienne Esmeralda Exploration, copropriétaire de la mine de Baia Mare, conteste l'ampleur de cette catastrophe, affirmant que les informations sur la pollution des eaux « défient la logique scientifique ». Pour sa part, Belgrade n'envisage pas d'indemniser les pays touchés par la pollution.

Après dix jours d'extrême tension, la violence se déchaîne à Mitrovica, une ville du nord du Kosovo divisée entre communautés serbe, au nord, et albanaise, au sud. Des tirs de grenades et d'armes automatiques font un mort et au moins 19 blessés, dont deux soldats français aussitôt rapatriés à Paris, dans la partie nord de la ville, à majorité serbe, selon les responsables de la Force internationale de paix au Kosovo (K-FOR). Les chars de l'armée française rétablissent l'ordre dans les quartiers serbes, et l'accès du principal pont de la ville, sur la rivière Ibar, qui a concentré les précédentes confrontations entre communautés serbe et kosovare, a été interdit. Le couvre-feu a été avancé à 18 heures et les membres de la K-FOR ont interpellé 46 personnes à Mitrovica, 45 albanophones et un Serbe. Ce sont les tirs des « snipers » albanais à partir des quartiers serbes, qui prenaient pour cibles des soldats de la K-FOR et des maisons albanaises, qui ont provoqué l'intervention musclée de la force des Nations unies. Les Serbes, eux, rejettent la responsabilité des troubles sur les Albanais, dont certains ont franchi le pont enjambant la rivière Ibar. Le 15, l'administrateur des Nations unies au Kosovo, Bernard Kouchner, dénonçant les extrémistes [qui] « veulent très clairement arrêter le processus de paix », appelle la France à lui fournir des policiers en renfort de ses effectifs actuels. Mais le ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement fait part de son doute quant à l'efficacité de policiers au Kosovo. Le 17, un premier contingent de policiers de l'ONU, sur les 300 qui seront envoyés d'ici à la fin du mois, vient renforcer les effectifs de la K-FOR à Mitrovica.

Un Chinois se tue en faisant exploser une bombe sur la place Tian'anmen, en plein centre de Pékin, au milieu de l'après-midi, alors que l'endroit est très fréquenté. Un touriste de passage est légèrement blessé. Selon la police chinoise, l'homme est un malade du nom de Li Xiangshan, originaire de la province centrale de Hubei et connu des services de police pour avoir interpellé les responsables chinois à Pékin à quatre reprises.

Cédant à la pression des responsables de son camp, Wolfgang Schaüble, président de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), annonce qu'il renonce à sa propre succession à la présidence de son parti et à celle du groupe parlementaire chrétien-démocrate, qu'il occupe depuis 1991 ; il avait succédé au chancelier Helmut Kohl à l'automne 1998, après la victoire du social-démocrate Gerhard Schröder aux élections législatives. S'affirmant convaincu que la CDU « ne peut sortir de la crise sans un renouvellement personnel visible », il tire la conséquence de l'affaire du financement politique occulte de la CDU, qui l'atteint à son tour : depuis plus de deux mois, il était empêtré dans le scandale des caisses noires qui affecte son parti, lequel vient d'être condamné à payer une amende de plus de 41 millions de marks pour financement illégal ; en outre, il est personnellement impliqué dans ce scandale pour avoir tenté de dissimuler un don de 100 000 marks d'un marchand d'armes, Karlheinz Schreiber, recherché par la justice allemande. Le 28, confronté à son premier test électoral depuis l'éclatement du scandale de son financement occulte, l'ancien parti d'Helmut Kohl limite les dégâts dans le Land du Schleswig-Holstein, dans le nord de l'Allemagne : si la CDU accuse le coup, elle ne recule que de deux points, avec 35 % des suffrages contre 42 % au Parti social-démocrate (SPD), qui conserve la majorité au parlement régional de Kiel.

L'allemand Deutsche Telekom achète au groupe Lagardère 99,9 % du fournisseur d'accès français Club Internet, en échange de 6,5 % du capital de sa filiale T-Online, premier fournisseur d'accès d'Europe, présent en Allemagne et en Autriche. Club Internet (380 000 abonnés) est au troisième rang français, derrière Wanadoo (1,2 million d'abonnés), mais tout près d'AOL (400 000 abonnés). L'annonce de cette alliance a provoqué une forte hausse – 10,30 % à 106 euros – du titre Lagardère à la Bourse de Paris et du titre Deutsche Telekom – 4,29 % à 87,60 euros – à celle de Francfort. Deutsche Telekom, qui a opéré l'an dernier la plus grosse augmentation de capital en Europe (80 milliards de francs), brûle ainsi la politesse à ses concurrents espagnol, italien ou belge, tentés eux aussi par une participation dans Club Internet ou par un rachat pur et simple du fournisseur d'accès français.

La Cour de cassation rejette les pourvois de Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, et de Christine Deviers-Joncour, son ex-compagne, qui contestaient la régularité des procédures conduites contre eux dans le cadre de l'affaire du pétrolier Elf : rien ne s'oppose plus au renvoi de cette affaire en correctionnelle. Le premier est poursuivi depuis avril 1998 pour recel et complicité d'abus de biens sociaux et la seconde, depuis novembre 1997 pour abus de biens sociaux. Roland Dumas demandait la désaisie des juges d'instruction Eva Joly et Laurence Vichnievsky au profit de la Cour de justice de la République, seule compétente pour juger des ministres pour des faits commis dans l'exercice de leurs fonctions. La chambre d'accusation avait écarté cet argument en septembre dernier, au motif que Roland Dumas, en tant que ministre des Affaires étrangères, « n'avait pas dans ses attributions la tutelle de la société Elf ». L'ancien ministre, qui ne cesse de clamer son innocence, est soupçonné d'avoir favorisé l'embauche de Christine Deviers-Joncour chez Elf entre 1989 et 1993 et d'avoir recelé une partie des sommes que lui aurait versées la société pétrolière (environ 66 millions de francs) pour un montant estimé à huit millions de francs. En congé de la présidence du Conseil constitutionnel depuis le 23 mars dernier, Roland Dumas annonce le 29 sa décision de démissionner de la présidence du Conseil constitutionnel. Le président Jacques Chirac disposera d'un mois pour désigner son remplaçant, qui devrait être le président par intérim du Conseil constitutionnel, Yves Guéna.

Les électeurs iraniens plébiscitent les réformateurs lors des élections législatives. La coalition de gauche, dominée par le Front de la participation, remporte dès le premier tour – la date du second n'étant pas encore fixée –, et avant même la publication des résultats globaux, 152 des 290 sièges du Parlement iranien, le Majlis. Le scrutin a mobilisé plus de 83 % de l'électorat. Depuis l'élection en mai 1997 du président Mohammad Khatami, chiite modéré qui s'est efforcé de gagner le soutien de la jeunesse et de réduire l'influence des religieux en Iran, la vague réformiste commence à s'amplifier. Le président iranien peut désormais s'appuyer sur une large majorité parlementaire pour imposer des réformes visant la justice et les libertés individuelles que les durs de l'État islamiste, majoritaires au sein du Majlis sortant, ont jusqu'à présent bloquées. Le nouveau Parlement, qui devrait se réunir en juin prochain, comptera, pour la première fois depuis la révolution de 1979, une assemblée qui ne sera pas dominée par des députés conservateurs.

Environ 250 000 personnes manifestent dans le centre de Vienne pour protester contre l'alliance conservateurs-extrême droite qui gouverne l'Autriche depuis le 4 février. Parallèlement, des rassemblements antiracistes, en phase avec la manifestation viennoise, se déroulent dans plusieurs capitales européennes. Le 29, Jörg Haider abandonne la présidence du parti libéral autrichien (FPÖ), mais il conserve toutefois ses fonctions politiques à la tête de la Carinthie. « Je veux éviter à nos ministres de devoir répondre à l'accusation qu'ils prennent leurs décisions en consultant un chancelier de l'ombre en Carinthie », déclare le leader de l'extrême droite autrichienne. Si ce geste de M. Haider est interprété comme un « signal de détente au niveau national et internationale » de nature à alléger les pressions que subit le gouvernement autrichien, il lui permet également d'être moins impliqué dans les mesures impopulaires que le chancelier Wolfgang Schlussel serait un jour amené à prendre.

Représentée au Théâtre des Champs-Élysées à Paris et présidée par Alain Delon, la 25^e nuit des Césars livre un palmarès qui, contrairement aux années précédentes, ne couronne aucun grand vainqueur. Ainsi, les film de Patrice Leconte, la Fille sur le pont, et de Luc Besson, Jeanne d'Arc, qui avaient huit nominations chacun, sont les principaux perdants : le second n'obtient que des accessits techniques, et le premier, quand même, le césar du meilleur acteur pour Daniel Auteuil – celui de la meilleure actrice allant à Karin Viard pour son rôle dans Haut les cœurs de Solveig Anspach. Vénus Beauté de Tonie Marshall, un succès surprise au box-office, qui avait sept nominations, remporte le césar du meilleur film. Le césar du meilleur film étranger récompense Tout sur ma mère du metteur en scène espagnol Pedro Almodovar et celui de la meilleure première œuvre de fiction, Voyages d'Emmanuel de Finkiel.

Le Parlement européen rend public un rapport qui décrit l'ampleur du réseau d'écoutes anglo-saxon Echelon qui, placé sous la direction de la National Security Agency (NSA) américaine, serait capable, grâce à quelque 120 satellites, d'intercepter « plusieurs milliards de messages par heure » dans le monde entier, qu'ils soient militaires, commerciaux ou privés. Créé il y a cinquante ans au début de la guerre froide, ce réseau d'espionnage, baptisé Echelon, résulte d'une alliance entre les États-Unis et la Grande-Bretagne et associerait le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la France et l'Allemagne. Destiné à l'origine à surveiller des cibles militaires, il s'est reconverti en espionnant des objectifs civils, notamment en Europe, ce qui lui a permis d'obtenir des informations commerciales, économiques, technologiques et politiques. La Commission européenne se déclare « préoccupée » de l'éventuelle implication du réseau Echelon dans des actions d'espionnage commercial, et le président de la commission des libertés et des droits du citoyen au Parlement de Strasbourg, Graham Watson, estime nécessaire de vérifier si ce système international de surveillance n'abuse pas de ses pouvoirs. De son côté, le gouvernement américain dément avoir recours à l'espionnage industriel en Europe au profit d'entreprises américaines et refuse de confirmer l'existence du réseau anglo-saxon Echelon.

La navette spatiale Endeavour et ses six membres d'équipage, commandés par Kevin Kregel, reviennent sur Terre après avoir recueilli, pendant plus de neuf jours et six heures, des images radars qui permettront de réaliser la plus précise des cartes de la planète. Ils ont survolé au moins deux fois les trois quarts de la planète, soit 113 millions de kilomètres carrés, afin d'obtenir un relevé des reliefs le plus détaillé possible. Il faudra environ deux ans à la NASA et à son partenaire, l'Agence nationale de l'imagerie et de la cartographie, pour analyser l'ensemble des données, qui seront recueillies sur plus de 20 000 disques compacts, et réaliser une carte en 3D d'une précision encore jamais atteinte à ce jour. Pour des raisons de sécurité nationale, certaines cartes ne seront pas dévoilées.

L'Assemblée nationale adopte à l'unanimité une réforme de la prestation compensatoire accordée à la suite d'un divorce, afin de mettre fin à des « situations dramatiques, parfois iniques » dont souffrent des ex-époux forcés d'indemniser leur ex-compagne même s'ils sont à court de ressources. Cette proposition de loi, déjà votée par le Sénat en première lecture il y a deux ans, révise la prestation compensatoire instituée par la loi de 1975 sur le divorce et destinée à compenser la perte du niveau de vie entraînée par la séparation d'un couple. La prestation compensatoire, actuellement versée sous forme de rente dans près de 80 % des cas, pourra être révisée à la baisse en cas de « changement important dans les ressources ou les besoins » des deux parties. Elle devra être versée sous forme d'un capital fixe, la rente viagère ne pouvant plus être octroyée qu'« à titre exceptionnel » et par « une décision spéciale et motivée » du juge « en considération de l'âge et de l'état de santé du créancier ». Cette prestation compensatoire n'intervient que dans 14 % des divorces.

La biathlète Corinne Niogret remporte le titre du 15 km, sa distance de prédilection, aux Championnats du monde de biathlon organisés à Oslo, grâce à un sans faute sur le pas de tir. Elle a accompli son parcours à ski en 45′ 30″ 9, devançant de 53 secondes Shumei Yu, qui devient la première biathlète chinoise médaillée mondiale, et de 1′ 16″ la Suédoise Magdalena Forsberg. C'est le premier titre mondial de l'équipe de France depuis celui décroché par Emmanuelle Claret dans les 15 km des Mondiaux de Ruhpolding (Allemagne) en 1996. C'est aussi la quinzième médaille de la carrière de Niogret, débutée par un titre olympique dans le relais d'Albertville en 1992. Quant au leader de la Coupe du monde, Raphaël Poirée, il remporte le premier grand titre de sa carrière dans le 15 km en ligne, puis la médaille de bronze en poursuite. Il est devenu le premier Français champion du monde depuis Patrice Bailly-Salins en 1995. La France repart de Norvège avec cinq médailles – deux d'or et trois de bronze –, ce qui la place au deuxième rang du classement des nations, derrière la Norvège, qui a obtenu trois titres mondiaux.

Le pape Jean-Paul II entame son pèlerinage proche-oriental dans les lieux bibliques en faisant étape au Caire. Au cours de son périple, qui doit le conduire en Jordanie, en Israël et dans les territoires palestiniens, il compte promouvoir le rapprochement avec l'islam et tentera de surmonter les vieilles rivalités avec les chrétiens orthodoxes. La presse égyptienne salue le « pape révolutionnaire » et l'accord « historique », signé le 15 du mois par Jean-Paul II et le président palestinien Yasser Arafat, qui officialise les activités de l'Église catholique dans les territoires autonomes. Le lendemain de son arrivée, le pape célèbre une messe au Nasr City Stadium et, le 25, il se rend en pèlerinage dans le Sinaï, où il visite le monastère grec orthodoxe Sainte-Catherine.

Au deuxième jour de son voyage officiel en Israël, Lionel Jospin déclare que « la France condamne les attaques du Hezbollah, et, de toute façon, toutes les attaques terroristes contre des soldats ou la population civile israélienne ». Alors que le Premier ministre libanais Salim Hoss fait part de son « mécontentement » du Liban, L. Jospin souligne que son discours n'indique pas un « revirement » de la politique française mais un « parler vrai » qui tranche avec le langage plus modéré des chancelleries. L'entourage du Premier ministre justifie cette « sortie » par la répétition des attaques du Hezbollah qui risquent d'entraver le processus de paix, au moins du côté israélien. En France, l'opposition, par la voix de Philippe Seguin, se dit « stupéfaite » et « attend une mise au point ferme » de Jacques Chirac. Le 26, l'Élysée estime que remettre en cause l'impartialité de la France au Proche-Orient « porterait atteinte à la crédibilité » de la politique étrangère et rend public un entretien téléphonique avec Lionel Jospin au cours duquel Jacques Chirac tient à « réaffirmer la constance de la politique étrangère de la France et l'équilibre qui inspire l'action de notre pays au Proche-Orient, action qui demeure inchangée ». Les propos de Lionel Jospin auront suffi à déchaîner les passions israélo-arabes et à provoquer la crise la plus grave à ce jour dans la cohabitation entre Jacques Chirac et son Premier ministre.

Pour la première fois de son histoire, le Sénégal, dirigé depuis quarante ans par le Parti socialiste, devra recourir à un second tour pour élire son président. Le président sortant, le socialiste Abdou Diouf, obtient, d'après les premiers dépouillements, 43 % des suffrages, contre 30 % à son principal rival, Abdoulaye Wade (Parti démocratique sénégalais-PDS), qui présente pour la cinquième fois en près de trente ans sa candidature à l'élection présidentielle. Quatre autres candidats se partagent le reste des suffrages. Si Abdoulaye Wade se refuse à évoquer les alliances qu'il pourrait nouer « tant que les résultats officiels ne sont pas connus », le parti de son adversaire se déclare « ouvert », et « rassembleur ».

Après quatre semaines de pluies torrentielles et trois semaines d'inondations au Mozambique, on déplore quelque 350 morts et des milliers de noyés non encore comptabilisés ; deux millions de Mozambicains, dont 250 000 déplacés ou sans-abri, sont affectés par la catastrophe. De surcroît, la situation s'aggrave en raison de la crue du Limpopo et de la Save, dont les eaux continuent de monter au nord de la capitale mozambicaine, Maputo. Des dizaines de milliers de personnes se sont réfugiées sur les toits de leurs habitations ou dans les arbres. La Croix-Rouge internationale s'emploie à les évacuer, notamment à l'aide d'hélicoptères dont le nombre se révèle rapidement insuffisant. Les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Suède, les Pays-Bas et la Norvège ont fourni ou promis une aide financière. Outre le Mozambique, d'autres pays de la zone australe sont touchés par les inondations : c'est le cas du Zimbabwe, du Swaziland et du Botswana.

De violents affrontements opposent de nouveau musulmans et chrétiens dans la ville de Kaduna, dans le nord du pays. Ces affrontements ont éclaté après une manifestation qui a rassemblé quelques dizaines de milliers de chrétiens contre une proposition visant à faire adopter la loi islamique (la charia) par l'État de Kaduna. Un bilan officiel fait état de 13 morts, mais les organisations des droits de l'homme indiquent que plus de 400 membres des deux communautés ont perdu la vie au cours de ces affrontements interconfessionnels. La charia est devenue un enjeu majeur au Nigeria, un pays divisé notamment par des différences ethniques et religieuses qui dégénèrent régulièrement en violences meurtrières.