Le Monde révèle que l'Institut Mérieux a exporté en Europe, dans le Maghreb, au Proche-Orient et en Amérique du Sud du sang non chauffé jusqu'en novembre 1985, contrevenant ainsi à l'arrêté ministériel du 23 juillet de cette même année. Pour sa part, Laurent Fabius réclame la possibilité de passer devant un jury d'honneur, tandis que Michel Rocard suggère une réforme de la saisine de la Haute Cour. Bernard Kouchner, lui, accuse de « laxisme » et d'« irresponsabilité » le ministère de la Santé à l'époque des faits.

Entrée en vigueur de la loi antitabac. Il est désormais interdit de fumer dans « les lieux affectés à un usage collectif (...) et dans tout lieu fermé et couvert accueillant du public ou qui constitue les lieux de travail. »

Milan Panic, Premier ministre fédéral de la Yougoslavie, est mis en minorité à la Chambre des députés par les nationalistes alliés aux socialistes partisans de Slobodan Milosevic. Toutefois, le 3, le gouvernement sauve son existence devant la Chambre des Républiques où les élus monténégrins rejettent la censure.

Le Conseil d'État annule la décision, prise en 1990, d'exclure de leur collège trois jeunes filles portant le foulard islamique. Cette annulation risque de relancer un débat qui avait déchaîné les passions en 1989-1990. Le philosophe Alain Finkielkraut déclare : « La liberté et la laïcité viennent d'être vaincues toutes les deux ensemble ».

Bill Clinton est élu 42^e président, avec 43 % des voix contre 38 % à George Bush et 19 % à l'indépendant Ross Perot. Le taux de participation (56 %), est le plus fort depuis 1968. L'analyse de la carte électorale montre que les électeurs de tradition démocrate qui votaient républicain depuis l'ère Reagan ont très majoritairement (environ 70 %) voté Clinton, notamment dans les États du Nord-Est. D'autre part, le Congrès reste largement dominé par les démocrates (58 contre 42 Républicains au Sénat, et 259 contre 175 à la Chambre des Représentants), même s'il est profondément renouvelé et plus représentatif des minorités.

Le président Jerry Rawlings, au pouvoir depuis onze ans, est réélu, dès le premier tour, avec 58 % des suffrages. Son principal rival, Albert Adu-Boahen, rassemble 29,9 % des voix. Selon les observateurs étrangers, le scrutin est entaché de nombreuses irrégularités.

Le Monde révèle que la collecte de sang dans les prisons, à fort risque de contamination, s'est poursuivie dans certains établissements (par exemple à Saint-Denis de la Réunion), jusqu'en 1991. Le problème était apparu en 1985, lorsque des analyses avaient montré que le sang prélevé dans les prisons possédait un taux de contamination élevé. Le 6, le rapport de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) révèle que d'autres pays européens ont continué les collectes en milieu carcéral après 1985.

La motion sur le traité de Maastricht est adoptée d'extrême justesse par la Chambre des communes (par 319 voix contre 316). Pourtant, le 6, John Major annonce l'ajournement du processus de ratification au printemps 1993, après le second référendum danois.

La coalition (entre le Fianna Fail et le Parti des Démocrates progressistes), au pouvoir depuis les élections de juin 1989, éclate. Des divisions étaient en effet apparues à la suite de l'enquête sur les fraudes à l'exportation dans l'industrie bovine des années 1980. Le Premier ministre, Albert Reynolds, est mis en minorité, et des élections anticipées sont prévues.

Devant l'impossibilité du GATT à trouver une solution au problème des subventions à l'exportation (incluses dans la PAC), les États-Unis annoncent des mesures de rétorsion contre la CE. Il s'agit essentiellement de pénaliser la France, accusée d'intransigeance, ainsi que, dans une moindre mesure, l'Allemagne et l'Italie. Ces sanctions, qui portent sur environ 300 millions de dollars d'importations en provenance de la CE, concernent les vins blancs, le gluten de blé et l'huile de colza. La CE, divisée, tente cependant d'éviter « la spirale des représailles ».

Jean-Louis Bianco, ministre de l'Équipement, du Logement, et des Transports, présente le projet du nouveau schéma directeur d'Île de France pour les 25 prochaines années. Trois objectifs sont définis : maîtriser la croissance de la population (à 12,2 millions d'habitants en 2015 contre 10,6 actuellement), sauvegarder l'environnement (réduction des nuisances, politique de l'eau et des déchets, aménagement de nouveaux parcs naturels régionaux...), et améliorer les transports (priorité aux transports en commun, notamment grâce à la rocade Orbitale et au réseau Météor).

Le cargo japonais Akatsuki-Maru quitte Cherbourg en direction de Yokohama (Japon), chargé de 1,5 tonne de plutonium. Malgré les manifestations de quelques écologistes qui dénoncent la « plutonium connection », le ministre de l'Industrie et du Commerce extérieur, Dominique Strauss-Kahn, avait en effet décidé que la France continuerait à retraiter les combustibles irradiés japonais dans l'usine de la Hague « jusqu'à ce que le Japon sache le faire ».

Alexander Dubcek meurt à Prague, à l'âge de 70 ans, des suites d'un accident de voiture. Le 14, il est enterré à Bratislava. Il était entré dans l'histoire en janvier 1968, lorsqu'il avait succédé à Antonin Novotny à la tête du Parti communiste tchécoslovaque. Il est le père du Printemps de Prague, brève période de libéralisation intense, où s'impose « le socialisme à visage humain ». L'intervention militaire soviétique (août) interrompt cette tentative de démocratisation : Dubcek est alors remplacé par Gustav Husak. Après une traversée du désert, il joue à nouveau un rôle politique lors des changements de 1989 : il est nommé député et président de l'Assemblée, puis devient en 1991 le président du Parti social-démocrate slovaque.

Plus de 300 000 personnes (dont le président Richard von Weizsäcker et le chancelier Kohl), représentant la quasi-totalité des courants politiques allemands (excepté la CSU bavaroise), manifestent à Berlin contre le racisme et la xénophobie. Ce succès est cependant assombri par les échauffourées provoquées par des extrémistes de droite. « Nous nous faisons du souci pour l'Allemagne ! », déclare le président von Weizsäcker.

L'état d'urgence est instauré par le gouvernement de Bogota, qui en profite pour annuler les contrats passés avec les compagnies pétrolières internationales ayant accepté de payer « l'impôt révolutionnaire » exigé par les mouvements de guérilla.

Au cours d'un entretien télévisé, François Mitterrand confirme qu'il procédera à une réforme de la Constitution et qu'il transmettra avant le 30 novembre ses suggestions à un Comité consultatif constitutionnel. Celles-ci porteront sur la durée du mandat présidentiel, les relations entre l'exécutif et le Parlement, l'indépendance de la justice (avec la modification du Conseil supérieur de la magistrature et du rôle du parquet), l'élargissement du champ référendaire, l'extension de la saisine du Conseil constitutionnel, et la réforme de la Haute Cour de justice.

Les prix Goncourt et Renaudot ont été respectivement attribués au Martiniquais Patrick Chamoiseau pour Texaco (Gallimard) et à François Weyergans pour la Démence du boxeur (Grasset). Le 16, le prix Médicis est décerné à Michel Rio pour Tlacuilo, le Médicis essai à Luc Ferry pour le Nouvel Ordre écologique, le Médicis étranger à Louis Begley pour Une éducation polonaise, le Femina à Anne-Marie Garat pour Aden. et le Femina étranger à Julian Barnes pour Love etc. Enfin, le 24, Dominique Bona reçoit l'Interallié pour Malika.

La conférence spatiale de Grenade s'achève sur une réduction drastique des budgets de l'Agence spatiale européenne (ESA) concernant les programmes Colombus et Hermès, et sur le renforcement de la coopération internationale, en particulier avec la Russie. Malgré la puissance des intérêts particuliers de chacun, et notamment de l'Allemagne et de la France, les treize pays concernés sont parvenus à maintenir une certaine cohésion.

Philippe Bidart, le chef présumé du mouvement nationaliste basque (dissous en 1987), est condamné à la réclusion à perpétuité pour le meurtre de deux CRS à Saint-Etienne-de-Baïgorry (Pyrénées-Atlantiques).

Une enquête sur la livraison illégale d'armements à l'Irak en 1990 met en cause John Major : il aurait été au courant de la décision secrète du gouvernement Thatcher.

Le dépôt d'une gerbe officielle sur la tombe de Pétain à l'île d'Yeu suscite l'émotion de l'opinion, et relance la polémique. François Mitterrand déclare « Nous sommes là devant un cas typique des contradictions de l'Histoire (...) La gloire de Verdun, gloire payée par beaucoup de sang et de drames, ne peut pas être oubliée (...) et, d'autre part, la honte de 1942 ne peut pas l'être davantage ». Dans les jours qui suivent, et malgré cette déclaration, les réactions d'incompréhension se multiplient, surtout à gauche : Laurent Fabius, Lionel Jospin et Henri Emmanuelli notamment expriment leurs doutes. (chrono. 25/11)

L'Église anglicane, réunie depuis la veille en synode, décide que les femmes pourront désormais être ordonnées prêtres. Cette mesure, qui porte sur un des dogmes les plus controversés de l'Église d'Angleterre, risque de compromettre le dialogue avec les catholiques.

Le procès d'Erich Honecker s'ouvre à Berlin. L'ancien chef de l'État et du Parti communiste est-allemand doit répondre de la mort de douze personnes alors qu'elles franchissaient l'ancienne ligne de démarcation interallemande. Trois ans après la chute du mur, les victimes de l'ère communiste réclament justice.

Rome sort son nouveau Catéchisme de l'Église catholique. Pour la première fois depuis le concile de Trente (au xvi^e siècle), l'Église définit le contenu de la foi catholique. Malgré un réel effort de clarification, ce texte risque d'apparaître comme une concession aux conservateurs et un retour aux affirmations dogmatiques et normatives. De multiples sujets, certains très controversés, sont abordés : la peine de mort (qui est légitimée), l'avortement (toujours réprouvé), l'homosexualité (définie comme un acte « intrinsèquement désordonné »)...

Riddick Bowe, âgé de 25 ans, est sacré champion du monde des poids lourds à l'issue de son combat contre le tenant du titre, Evander Holyfield, à Las Vegas.

Le président Alberto Fujimori déjoue une tentative de coup d'État militaire, qui visait à empêcher les élections du 22 novembre à l'Assemblée constituante. (chrono. 22/11)

La boulangère de Reims Marie-José Garnier, poursuivie pour avoir tué en février 1989 un jeune « beur » qui lui volait des croissants, est acquittée par les jurés de la cour d'assises de la Marne, qui invoquent la légitime défense. Ce verdict provoque des troubles dans la ville pendant plusieurs jours. Le 16, le procureur général de la cour d'appel de Reims autorise la formation d'un pourvoi en cassation « dans l'intérêt de la loi », procédure exceptionnelle qui vise à éviter la constitution d'une jurisprudence à partir d'une décision contestée.

L'homme d'affaires lyonnais et gendre de Michel Noir, Pierre Botton, est inculpé « d'abus de biens sociaux », de « banqueroute » et de « faux en écriture privée de commerce et de banque, et usage ». Plusieurs personnalités des médias, notamment Patrick Poivre d'Arvor (TF1), François-Henri de Virieu (France 2), et Yves Mourousi (RMC), auraient ainsi bénéficié de ses largesses, ce qui relance le débat sur la déontologie et l'indépendance des journalistes.

Les Verts (Antoine Waechter) et Génération Écologie (Brice Lalonde) ratifient le rapprochement proposé le 3 novembre par leurs dirigeants et selon lequel les deux mouvements présenteront aux élections législatives de mars 1993 un candidat unique dans toutes les circonscriptions. Cette entente cache mal, cependant, le maintien de profondes divergences entre les deux courants, et même au sein de chacun d'entre eux.

Devant l'impossibilité d'éviter à Laurent Fabius, Georgina Dufoix et Edmond Hervé d'être traduits devant la Haute Cour de justice, le PS dénonce la « campagne de la droite » et réaffirme sa solidarité avec son premier secrétaire. Le 17, le Sénat examine la proposition de mise en accusation déposée par des sénateurs du RPR et de l'UDF.

Par référendum, les Panaméens refusent très majoritairement, à 63,4 %, les réformes constitutionnelles proposées par le gouvernement (notamment l'abolition de l'armée). Le scrutin exprime le mécontentement de la population devant l'incapacité du président Guillermo Endara à tenir les engagements pris lors de la lutte contre la dictature du général Manuel Noriega.

Le SPD accepte, sous l'impulsion de son président Björn Engholm, le principe de la réforme du droit d'asile. Depuis trois ans, des centaines de milliers de personnes d'Europe centrale ont afflué en Allemagne, provoquant des mouvements de rejet dans la population et consolidant les formations d'extrême droite. Ce revirement « réaliste » des sociaux-démocrates ouvre la voie à la réforme constitutionnelle défendue par le chancelier Kohl et son gouvernement. Le 17, le SPD accepte aussi la participation de l'armée aux missions de l'ONU.

Le Parlement tadjik se réunit, après des mois de paralysie due à la guerre civile : le 19, il entérine la démission d'Abkarcho Iskandarov, qui exerçait de plus en plus symboliquement l'intérim de la présidence, et élit Ali Rahmanov à sa place, ce qui consacre la suprématie des procommunistes. Le 25, un accord de cessez-le-feu est conclu, qui vise à mettre fin à la guerre civile qui dure depuis six mois.

Une enquête, publiée dans 50 Millions de consommateurs, dresse la liste de 200 services d'urgence « à éviter ou à fermer », en raison de leur équipement insuffisant en matériel ou en personnel. Le ministre de la Santé, Bernard Kouchner, favorable à une réorganisation des structures hospitalières, en profite pour relancer les projets de réforme.

Le film de Spike Lee Malcolm X, sort aux États-Unis : adapté de l'Autobiographie du leader noir, recueillie en 1964-1965 par Alex Haley (l'auteur de Racines), il aura coûté 30 millions de dollars.

La France décide de vendre à Taïwan, pour la somme de 17,5 milliards de francs, 60 Mirage 2000-5 et 1 500 missiles, ce qui entraîne un refroidissement des relations entre Paris et Pékin (qui est officiellement en guerre contre Taïwan depuis 1949) : la Chine, dont le marché connaît une croissance spectaculaire, menace la France de mesures de rétorsions. (chrono. 29/12)

Benazir Bhutto, ex-Premier ministre (destituée en août 1990), et chef de l'opposition, organise une « longue marche », afin de dénoncer la politique de son remplaçant, Nawaz Sharif, de le forcer à démissionner et de provoquer de nouvelles élections. Le déploiement des forces de l'ordre disperse rapidement les manifestants.

Après dix-huit mois de parité stable avec l'écu, et devant la multiplication des attaques spéculatives, la Suède décide de laisser flotter la couronne (qui perd alors 10 % de sa valeur). Le 21, l'Espagne et le Portugal dévaluent à leur tour leurs monnaies de 6 %. Le SME, autrefois pôle de stabilité du système monétaire international, subit une crise profonde et des ajustements de plus en plus nombreux, ce qui multiplie les interrogations sur son efficacité.

Dans la négociation du GATT, les Européens et les Américains s'accordent sur un compromis agricole. Il est prévu de diminuer de 21 % le volume des exportations subventionnées de la CE et de limiter à 4,6 millions d'hectares les surfaces cultivées en oléagineux (soit une baisse de 15 %). La France refuse ce compromis qu'elle juge incompatible avec la Politique agricole commune (PAC). Les manifestations d'agriculteurs se multiplient. Pierre Bérégovoy décide d'engager la responsabilité de son gouvernement sur l'attitude de fermeté de la France.

Un incendie endommage gravement une partie du château de Windsor, demeure de la famille royale depuis 850 ans. Une polémique éclate pour savoir qui paiera les réparations, évaluées à près d'un milliard de francs : l'État doit-il le faire, alors que la reine est la femme la plus riche du monde ? Pour tenter de sauver l'image de plus en plus mauvaise de la monarchie, Élisabeth II propose de payer l'impôt sur le revenu.

Mort du président Kaysone Phomvihane, ancien Premier ministre et ancien secrétaire général du Parti révolutionnaire populaire lao (communiste). Il est remplacé par Nouhak Phoumsavan, qui était jusqu'à présent le président de l'Assemblée nationale.

Trois ressortissants turcs meurent dans un incendie vraisemblablement provoqué par des extrémistes de droite. Les violences se multiplient en Allemagne depuis les échauffourées de Rostock, en août dernier. Il est désormais question d'interdire les organisations néonazies et d'aggraver les peines pour le port de symboles nazis. (chrono. 6/12)

Sept personnes sont tuées à la station de ski de Val-Thorens (Savoie) par une avalanche qui traverse une piste balisée. Deux enquêtes, judiciaire et administrative, sont ordonnées afin de rechercher d'éventuelles responsabilités.

Sept mois après s'être octroyé les pleins pouvoirs, le président Alberto Fujimori retrouve sa légitimité, à l'occasion des élections à l'Assemblée constituante. Son parti, Nouvelle Majorité-Changement 90, obtient 47 % des suffrages exprimés et 44 sièges sur 80 (soit la majorité absolue). Ce scrutin est aussi un échec pour le Sentier lumineux, qui avait tenté d'empêcher les Péruviens d'aller voter.

Arges Sequeira, la figure de proue des propriétaires terriens en lutte pour la récupération des biens confisqués par la révolution sandiniste entre 1979 et 1990, est assassiné. Les soupçons se portent sur le Front sandiniste de libération nationale (FSLN). Ce meurtre aggrave les difficultés de la présidente Violetta Chamorro, qui subit des critiques de plus en plus acerbes de la population.

L'opposition refuse sa confiance au gouvernement, qui avait engagé sa responsabilité, devant l'Assemblée nationale, sur le refus du projet d'accord conclu entre les États-Unis et la CE. Cependant, Pierre Bérégovoy obtient 301 voix contre 251, et évite ainsi le risque d'une motion de censure sur une politique agricole, contestée.

Au cours d'un voyage en Israël, François Mitterrand réaffirme son espoir d'une « paix véritable au Proche-Orient », invite les Israéliens à prendre des « mesures de confiance » pour faciliter le dialogue avec leurs interlocuteurs arabes, et insiste sur la représentativité de l'OLP. Interrogé sur l'affaire de la gerbe déposée sur la tombe de Philippe Pétain, le président déclare que la douleur de la communauté juive de France « fut comprise et partagée par le gouvernement de la République. Il m'appartient d'en faire la démonstration. »

Les Irlandais votent pour choisir leurs députés et se prononcer par référendum sur l'avortement. C'est un double échec pour le gouvernement d'Albert Reynolds, puisque le Fianna Fail recule de dix sièges aux législatives, perdant 5 % de son électorat, et que le « non » à la tentative timide de libéralisation de l'avortement est majoritaire.

Le Parlement, où les procommunistes sont majoritaires depuis les élections des 25 octobre et 15 novembre, élit comme chef d'État Algirdas Brazauskas, l'ancien dirigeant du PC lituanien, en remplacement de Vytautas Landsbergis. Une élection présidentielle au suffrage universel est prévue d'ici à quatre mois.

Didier Ratsiraka, le président sortant, est largement distancé (avec seulement 29,22 % des suffrages) par Albert Zafy, le « candidat du changement », qui obtient 45,16 % des voix. Un second tour est prévu pour le mois de janvier 1993. La population rejette massivement les 17 « années Ratsiraka ».

Le secrétaire général des Nations unies envisage sérieusement d'envoyer une aide internationale pour assurer la distribution de l'aide humanitaire. En effet, 70 à 80 % des secours sont accaparés par différentes milices armées et revendus dans les pays voisins, alors que les Somaliens continuent, par milliers, de mourir de faim. (chrono. 3/12)

Frederik De Klerk présente son programme, qui devrait aboutir d'ici avril 1994 aux premières élections « multiraciales » de l'histoire du pays. L'Assemblée législative ainsi élue serait chargée de mettre en place un gouvernement d'unité nationale, afin d'instaurer une véritable démocratie. Mais le respect de ce calendrier suppose la maîtrise des violences qui secouent le pays, ainsi que l'amélioration de la situation économique. D'autre part, Nelson Mandela exige que les élections aient lieu dès 1993.

Un accord de cessez-le-feu, « général et immédiat » est accepté par le gouvernement angolais et l'Unita (l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola), qui s'engagent à respecter l'accord signé en mai 1991 au Portugal et qui avait été remis en cause après le succès du parti au pouvoir aux élections de septembre.

À quelques jours de l'ouverture du Congrès des députés, et devant l'exacerbation de la querelle entre « libéraux » et « industriels », Boris Eltsine remanie son gouvernement (démission du ministre de l'Information et suppression du poste du secrétaire d'État, Guennadi Bourboulis) et recentre sa politique. Il propose « une pause de douze à dix-huit mois dans la confrontation politique » afin de consacrer toute son énergie à la situation économique catastrophique du pays. (chrono. 14/12)

En données brutes, le nombre de chômeurs dépasse désormais les trois millions, ce qui traduit une augmentation annuelle de 4,9 % en données corrigées. Il est probable que ce seuil historique sera aussi dépassé en données corrigées d'ici la fin 1992. Cette aggravation s'explique par l'augmentation des licenciements économiques (+ 11,7 %), et par des non-renouvellements de contrats à durée déterminée (+ 7,7 %)...

La Cour de cassation casse partiellement le non-lieu (rendu le 13 avril) en faveur de Paul Touvier, et censure la chambre d'accusation de Paris sur le dossier du massacre de sept juifs à Rillieux-la-Pape. Elle estime que Paul Touvier a obéi, selon ses propres dires, aux ordres de la Gestapo, organisation criminelle de l'Allemagne nazie, et peut donc être tenu pour responsable de crimes contre l'humanité. Le dossier est confié à la chambre d'accusation de Versailles.

Christian Blanc, président de la RATP depuis février 1989, annonce sa démission, décidée il y a déjà plusieurs mois. Il a contribué à moderniser l'entreprise, à faire baisser la criminalité dans le métro, à remplacer le concept d'« usager » par celui de « client ». Mais il n'est pas parvenu à introduire le service minimum en cas de grève (devant les réticences du gouvernement), et il est contraint de suspendre son projet de réforme de la filière conducteur, devant le mouvement de contestation du 17 au 23 novembre.

Une nouvelle tentative de coup d'État militaire, faisant plus de 250 morts, échoue : le gouvernement de Carlos Andres Perez, bénéficiant de l'appui de la population, parvient à maîtriser les militaires putschistes. Il instaure le couvre-feu et suspend, pour une durée indéterminée, les principales garanties constitutionnelles. (chrono. 6/12)

Antoine Waechter est contraint de partager le pouvoir avec Dominique Voynet, chef de file des « Verts pluriels », donc de l'alliance avec Génération Écologie, ce qui confirme à la fois la bipolarisation du mouvement et la percée d'une nouvelle personnalité. Le mouvement aura donc quatre porte-parole : Antoine Waechter et Andrée Buchmann, d'une part, Dominique Voynet et Yves Cochet de l'autre. Les Verts restent sourds à la proposition de Laurent Fabius qui réitère son offre de « partenariat ».

Réuni en convention nationale, le Parti socialiste adopte le « contrat » qu'il proposera aux élections législatives : deux ambitions sont mises en avant, « protéger les citoyens », et « réformer la société ». D'autre part, les candidats ont été désignés dans plus de 90 % des circonscriptions, et Laurent Fabius a renouvelé sa « proposition permanente de partenariat » aux écologistes.

Le roi Baudouin se rend pour la seconde fois (la précédente remontant à mai 1961) en France pour une visite officielle de deux jours.

François Mitterrand annonce son programme de révision constitutionnelle. Il se prononce en faveur d'un mandat présidentiel de six ans ou plus, d'un élargissement du champ référendaire, d'une augmentation des pouvoirs du Parlement (aux dépens du gouvernement et non du président de la République). L'opposition estime que ce n'est pas le moment d'engager un tel débat, et qu'il s'agit d'un piège, d'un traquenard pour la diviser. Le 2 décembre, un comité consultatif pour la révision de la Constitution est créé. Il est constitué de 16 personnalités, juristes et hommes politiques, dont Georges Vedel, président, professeur de droit, Marceau Long, vice-président du Conseil d'État, Pierre Mauroy, et Pierre Sudreau, ancien ministre du général de Gaulle.