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Nouvelle-Calédonie
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Élection de M. Jean-Louis Curtis à l'Académie française, au fauteuil de Jean-Jacques Gautier.
Après un vrai « Noël au balcon » et un mois de décembre plus doux que la normale, la période allant du 27 décembre 1985 au 1er janvier 1986 est marquée par un refroidissement intense, quasi généralisé, qui atteint son paroxysme le 31 décembre et le 1er janvier. On note : – 7,9 °C à Paris-Montsouris, – 10,4 °C à Mont-de-Marsan, – 14,3 °C à Châteauroux (ancien record – 14 °C en 1938), – 16,5 °C à Poitiers et à Romorantin. Les seules régions épargnées par cette vague de froid brève mais sévère sont le littoral breton, la région niçoise et la Corse.
Avril 1986 restera dans les mémoires : ce mois n'avait jamais été plus hivernal depuis... 1879. Les températures ont été inférieures, voire très inférieures aux normales sur l'ensemble du territoire. Ainsi de nombreux records de froid ont-ils été enregistrés pendant la première quinzaine : – 4,1 °C à Lorient, – 3,3 °C à Deauville et – 7,9 °C à Château-Chinon le 12. Les précipitations, quant à elles, imputables à la permanence d'un temps perturbé, sont globalement excédentaires. Toutefois, les réserves en eau du sol restent faibles en Languedoc-Roussillon, Côte d'Azur et Beauce ainsi que dans les départements de Loire et du Puy-de-Dôme ; le rapport R/RU de la réserve en eau disponible à la réserve utile n'est que de 70 p. 100 dans ces régions. Les chutes de neige ont été fréquentes et abondantes sur les massifs montagneux : sur les Pyrénées le 6, dans le sud-ouest du Massif central le 8, sur les Alpes les 8 et 9 et entre le 19 et le 28. Entre le 11 et le 13 avril, il a également neigé en Picardie, dans le Nivernais et le Berry et même dans le Midi toulousain. L'insolation est anormalement faible et de nombreux records de déficience ont été battus : 86 heures à Lyon et 99 heures à Mâcon, au lieu de 104 et 113 heures, records de 1983.
Les chaleurs caniculaires de la fin de juin ont, à la fois, mis brutalement fin aux froidures du printemps et auguré d'un été peu ordinaire tant au niveau des températures qu'à celui des précipitations. Du 1er juillet au 25 août, les températures ont été supérieures aux normales calculées de 1950 à 1980 sur l'ensemble du territoire, à l'exception de l'Ouest et du Nord-Ouest. Précisons toutefois que cette période a été marquée par la succession régulière de séquences chaudes et fraîches de courte durée. En août, des records absolus ont été enregistrés : 37,9 °C à Nevers, 38,1 °C à Bourges, 36,6 °C à Colmar le 3, 33,3 °C à Saint-Étienne-Bouthéon, le 17. Du 26 août à la fin du mois de septembre, les températures ont été inférieures aux normales dans l'Ouest, le Nord, le Nord-Ouest, le Nord-Est, le Centre-Est et légèrement supérieures dans le Sud-Ouest, le Sud-Est et la Corse. Des températures anormalement basses ont été relevées entre le 27 août et le 5 septembre sur une grande partie du pays : 4,5 °C à Vannes le 28, 4,9 °C à Millau le 29, 4,8 °C à Tours le 30, 0,6 °C à Romorantin le 4 septembre, 3,5 °C à Auch le 5, alors que des températures maximales records ont été observées à Perpignan, le 15, 35 °C, et à Saint-Martin-d'Hères (Isère), près de Grenoble, le 16, 33,4 °C.
En octobre, les températures, bien que très variables d'un jour sur l'autre et notamment pendant la dernière décade, furent supérieures aux moyennes 1951-1980 sur l'ensemble du pays. De nombreux records ont été enregistrés entre le 1er et le 15. Ainsi a-t-on relevé des températures maximales exceptionnellement élevées (à Lorient : 25 °C le 3, contre 22,6 °C en 1972, et à Millau : 26,1°, contre 25,6° en 1976), et des températures minimales très élevées (16,5 °C à Blagnac, 13,2 °C à Mâcon et à Lyon-Bron le 14 octobre et 14,8° à Saint-Dizier le 15 [ancien record 12,2° en 1967].) L'inégale distribution spatiale et temporelle des pluies d'octobre fut imputable aux variations du champ de pression. Du 1er au 11, les hautes pressions ont entretenu sur le pays un temps ensoleillé, chaud et sec. À partir du 12, l'anticyclone, en se décalant vers l'Europe de l'Est, a favorisé l'advection d'air chaud et instable sur le Sud (du 12 au 17), puis l'installation d'un temps perturbé d'ouest qui, du 18 au 31, a affecté toute la France. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le Languedoc-Roussillon (120 mm à Coustouge, Ferrals-les-Corbières et Portel-des-Corbières dans l'Aude, le 12 ; 125 mm à Nant et 69 mm au mont Aigoual en 10 heures le 13...) ont provoqué inondations, coulées de boue, éboulements et d'importants dégâts matériels. Les réserves en eau du sol se sont ainsi reconstituées dans de nombreuses régions mais elles demeurent faibles, voire très faibles, à la fin du mois dans le Sud-Ouest, les pays de Loire, le Centre, le Lyonnais, la Provence et la Corse.
Devant fêter le 4 novembre son quarantième anniversaire, l'UNESCO n'avait pas oublié de déclarer 1986 Année internationale de la paix. L'initiative de l'organisation internationale a été relayée par le pape Jean-Paul II, le 27 octobre, lors de la rencontre œcuménique d'Assise, qui était conçue comme « la préfiguration d'un monde en paix ». Aux côtés d'Amnesty International, de Médecins sans frontières ou de Médecins du monde, dont l'audience est consacrée par de multiples interventions sur les lieux de détresse, sont apparus les « nouveaux gourous », ceux que nous inventent les médias, les spectacles et le sport : le 25 mai, le chanteur Bob Geldof et Sport Aid ont mobilisé quinze millions de personnes dans 260 villes de 75 pays pour sensibiliser les foules à la lutte contre la faim en Afrique.
Riche en événements, l'année politique semblait néanmoins devoir être sans surprise. La défaite de la gauche aux élections était prévue et nul ne doutait que la cohabitation, pour être un jeu subtil, était inévitable. Et vint, en fin d'année, l'inattendu. D'autant plus surprenant que tout semblait calme de ce côté-là.
Les élections législatives du 16 mars et sénatoriales du 28 septembre 1986 ne furent pas de divines surprises pour l'union de l'opposition RPR-UDF qui les remporta. Depuis les partielles du 17 janvier 1982, la gauche au pouvoir avait subi des échecs électoraux qui laissaient prévoir sa défaite. Le rétablissement du scrutin de liste proportionnel lui permit d'en limiter l'ampleur au prix du retour au Palais-Bourbon de l'extrême droite. Mais il ne put empêcher la constitution d'une majorité parlementaire qui, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, ne coïncidait plus avec la majorité présidentielle. Dès lors se trouvaient posés de nombreux problèmes politiques d'ordre constitutionnel et en premier lieu celui de la cohabitation.
Pour trois raisons au moins, l'année 1986 pourra être marquée d'une pierre blanche dans la chronique de la décentralisation et de la régionalisation. Pour la première fois dans l'histoire de la République, des élections ont eu lieu le 16 mars – le même jour que les législatives – pour désigner au suffrage universel 1 840 conseillers régionaux. 1986 a été aussi l'année pendant laquelle a été achevée la quasi-totalité de ce qu'on appelle les « transferts de compétences », c'est-à-dire de pouvoirs, autrefois exercés par l'État et ses fonctionnaires, et qui relèvent désormais des collectivités locales, Régions, départements, communes. Enfin – troisième élément à relever –, c'est la mort de Gaston Defferre, qui fut l'artisan, l'inventeur et le grand maître de la décentralisation. On se souviendra de cette boutade que lança un jour le maire de Marseille, à peine nommé au gouvernement, en juin 1981, et installé place Bauveau : « Si j'avais pu choisir tout seul mon titre de ministre, je me serais fait appeler ministre de la Décentralisation et de l'Intérieur, et non l'inverse. »
« Car ce n'est pas régner qu'être deux à régner, Celui qui s'y résout est mauvais politique. » Sans doute Corneille n'imagine-t-il guère, lorsqu'il écrit la Mort de Pompée, que ses deux vers résumeront, quelque trois cents ans plus tard, l'année politique de l'an 1986. La maxime pourtant n'est pas universelle : parfois la volonté se brise sur les circonstances et, quel que soit le vœu de l'un et de l'autre, la couronne ne peut se porter qu'à deux. Et, en cette fin du xxe siècle, les murs ont beau afficher des slogans plus publicitaires que politiques – « Au secours, la droite revient » pour les uns, « Vivement demain » pour les autres –, les plus avertis remarquent qu'au fond ces affiches disent la même chose et rejoignent l'opinion de la classe politique. Elle, si elle donne raison en secret à Corneille, n'ignore pas qu'elle va être contrainte d'accepter bientôt une situation toute nouvelle. D'ailleurs, elle s'y est préparée ; elle sait depuis plusieurs mois, bien avant les élections législatives, que l'hypothèse si souvent imaginée va devenir réalité : un président de la République d'un bord et une majorité de l'autre. Elle en est si consciente qu'elle a, sinon inventé, du moins popularisé un mot pour traduire ce cas étrange : la cohabitation. Rarement, en aussi peu de temps, une expression aura connu un aussi grand succès, au point de susciter la nausée tant elle est répétée dans les discours, les journaux, les radios, les télévisions. Sa petite sœur – la « coexistence » –, utilisée par ceux qui entendent marquer, jusque dans le langage, la différence entre les deux camps, ne parviendra jamais, elle, à s'imposer.
La fin de 1985 avait été marquée par un double attentat spectaculaire. Le 7 décembre, des engins explosaient dans deux grands magasins parisiens, boulevard Haussmann, faisant 35 blessés. Les terroristes allaient frapper cinq autres fois au cours de l'hiver, sans compter les bombes désamorcées à temps.
Le 15 octobre 1986, un livre au titre très sobre est mis en vente : Amnesty International. Rapport 1986. Un volume de 437 pages, qui fait le tour du monde en 128 pays, dénonçant les atteintes aux droits de l'homme quel que soit le régime politique.
Élément majeur du processus multilatéral de sécurité en Europe engagé à la suite de l'acte final d'Helsinki (août 1975), la Conférence sur le désarmement en Europe s'est ouverte à Stockholm en janvier 1984. But de l'opération : diminuer les risques de tension et de confrontation militaire sur la totalité du Vieux Continent, de l'Atlantique à l'Oural. Alors même que les négociations de Vienne sur la réduction des armements classiques piétinent depuis 13 ans, le programme de la Communauté de défense européenne pouvait sembler au-dessus des moyens de 35 nations réunies dans la capitale suédoise. Et pourtant, la quatrième session s'est achevée, le 22 septembre 1986, par un accord.
1986 les chiffres nous font parfois des clins d'œil. Un siècle auparavant, le 28 octobre 1886, les Français offraient aux États-Unis la statue de la Liberté éclairant le monde. Cent ans après, les descendants de Bartholdi et d'Eiffel, principaux artisans de cette œuvre symbolique, sont toujours aussi attachés à la liberté. Ils s'effraient de la voir bafouée dans la plupart des pays du monde et ils grondent chaque fois qu'elle leur paraît menacée dans le berceau des droits de l'homme et du citoyen.
Plusieurs événements survenus au cours de l'année 1986 signalent la permanence, à travers le monde, de ce qu'on est convenu d'appeler l'« intégrisme » islamique. L'Iran poursuit l'établissement d'institutions politiques et sociales qualifiées d'islamiques. Au Liban, le radicalisme a, de manière frappante, connu un grand essor. Le Ḥizb-Allāh (Parti de Dieu, qui n'est pas le Parti des fous de Dieu évoqué parfois par la presse) regroupe des chiites libanais ; il est capable, désormais, de concurrencer sérieusement le mouvement Amal (Espoir), de Nabih Berri, et même de l'affronter par les armes à Beyrouth, à Baalbek, et au sud du Liban. La guérilla islamique « intégriste » provoque en Afghānistān de meurtrières offensives soviétiques. Des procès ont été aussi intentés au Maghreb contre des activistes islamiques au cours de l'année 1986.
Les géants de la communication sont aujourd'hui européens. Par leur poids, et par leur taille, mais aussi par une valeur subjective : leur ambition. L'année 1986 les a propulsés sur le devant de la scène. Ils sont moins d'une douzaine, en comptant les « prétendants », viennent d'horizons divers et sont prêts à rivaliser – ou à s'associer – sur le marché d'une activité devenue désormais une véritable industrie, la communication, avec un même objectif : l'audiovisuel.
Les années 60 et 70 avaient été marquées par la conquête du confort matériel. Les années 80 sont celles de la perte du confort moral. Les grandes institutions, celles qui servaient de référence et de guide aux générations précédentes, sont pour la plupart en déclin ; certaines même sont proches de la faillite. Il y avait d'abord la religion, qui, pendant des siècles, servit de guide à l'ensemble de la société. Pas besoin d'être un observateur subtil pour constater que le fossé se creuse entre le discours officiel de l'Église catholique et les préoccupations des Français. Les mises en garde répétées contre la liberté des mœurs, les condamnations sans appel de la contraception ou de l'avortement sont reçues avec agacement par beaucoup de catholiques et restent sans effet sur leurs comportements. Il ne faut pas, bien sûr, nier l'existence et l'importance des mouvements « modernistes » qui se développent depuis quelques années à l'initiative de la « base », tels que le Renouveau charismatique ou ces petites communautés vivant selon de nouvelles règles. Mais ils ne touchent encore qu'une faible minorité de pratiquants et ne bénéficient que d'une timide reconnaissance de la part des autorités religieuses. Il y avait aussi l'école, qui jouait traditionnellement un rôle déterminant dans la formation morale des futurs adultes. Il faut bien constater que les jeunes élèves des années 80 passent plus de temps à apprendre les règles du calcul ou de la grammaire que celles de la morale ou de la vie en commun, même si Jean-Pierre Chevènement a rétabli en 1984 l'instruction civique. Les parents, d'ailleurs, ne s'en plaignent pas, qui considèrent en majorité qu'il n'appartient pas aux professeurs de se substituer aux familles pour inculquer aux enfants les principes de la morale et de la vie en société. Encore faut-il que ces principes apparaissent de façon claire aux parents pour qu'ils soient en mesure de les enseigner à leurs enfants, ce qui n'est guère le cas aujourd'hui. Il y avait encore l'État, pourvoyeur traditionnel (au moins au cours des trente dernières années) de la croissance économique et de sa juste répartition, à travers le système complexe des impôts et des prestations sociales en matière de santé, de chômage ou de retraite. Les dix dernières années ont montré les limites de son action, lorsque la situation internationale se détériore et que la prospérité économique n'est plus au rendez-vous. Les idéologies politiques, quelles qu'elles soient, se révèlent alors impuissantes à éviter aux individus les inconvénients de la crise, dont les effets se font bientôt sentir dans tous les domaines. Et l'État-Providence, habitué à gérer l'abondance et à la répartir entre tous les citoyens, se trouve tout à coup contraint de gérer la pénurie et ne parvient pas à la répartir justement, du fait de privilèges et d'inégalités structurelles qui apparaissent soudain au grand jour. Il y avait enfin les maîtres à penser, ce club d'« intellectuels » qui, pendant les années fastes, parvenait à se faire entendre du grand public et à lui insuffler quelques idées dont on retrouvait la trace jusque dans les conversations du « café du Commerce ». Ceux-là sont morts avec Sartre, Aron, Braudel, Foucault et Simone de Beauvoir. Car leurs successeurs sont comme désemparés par une situation qui résiste de plus en plus à leurs analyses, comme elle a résisté aux prédictions des experts de tous bords. Alors on considère avec une certaine réserve des affirmations ou explications le plus souvent contradictoires ; on se demande avec autant d'ironie que de frayeur « où sont passés les intellectuels » et l'on baptise à la hâte les « nouveaux intellectuels », afin d'avoir un peu de matière grise à moudre dans les discussions des salons parisiens. Pendant ce temps, c'est une nouvelle race de « maîtres à penser » qui occupe un terrain déserté par les prêtres, les enseignants, les politiciens et les intellectuels. Ces « nouveaux gourous » s'appellent Jean Boissonnat, François de Closets, Harlem Désir, Serge Gainsbourg, Serge July, Bernard Kouchner, Yves Montand, Yves Mourousi, Bernard Pivot, Renaud, Jacques Séguéla, Bernard Tapie. Ils s'appelaient, avant leur fin tragique, Coluche, Philippe de Dieuleveult, Thierry Sabine. Malgré sa ressemblance avec un inventaire à la Prévert, cette liste présente une homogénéité certaine. Tous les noms qu'elle contient ont en commun deux caractéristiques essentielles : ce sont tous des acteurs, compétents dans leurs domaines respectifs, de la vie économique et sociale ; ce sont tous des personnages fortement « médiatisés ». La tentation première, face à cette liste des « nouveaux gourous » des Français, est de faire la fine bouche. Pourtant, personne ne peut nier l'impact présent de ces personnages sur la scène française contemporaine. Certains proposeront une explication simple à ce phénomène. C'est précisément parce que tous ces personnages occupent le devant de la scène médiatique française qu'ils exercent une influence sur les opinions et les modes de pensée des Français. Toutefois, ce raisonnement ne tient pas, car il inverse la cause et la conséquence ; il témoigne d'une connaissance superficielle des médias et des rapports complexes qu'ils entretiennent avec les autres composantes de la société. C'est, en premier lieu, parce que tous les personnages cités incarnent à leur manière un des grands courants de la société actuelle qu'ils ont eu accès aux médias. C'est parce que les Français se sont reconnus (ou projetés) en eux qu'ils ont été à nouveau sollicités.
La nouvelle majorité politique était décidée à aller vite sur le terrain de la communication. Trois lois, votées coup sur coup, sont venues remodeler le paysage médiatique français : la loi sur la presse, la loi Léotard sur la communication audiovisuelle, ainsi qu'une loi anticoncentration.
La reprise mondiale tant souhaitée à la fois par les pays industriels et par le tiers monde devait nettement s'affirmer en 1986, après s'être amorcée progressivement depuis 1982. Plusieurs facteurs semblaient aller dans le sens d'une croissance plus forte : d'une part, les politiques d'assainissement suivies par de nombreux pays, le plus souvent sous l'impulsion du libéralisme, commençaient à porter leurs fruits ; d'autre part, un environnement international très favorable se dessinait avec la dépréciation du dollar, la chute du prix du pétrole et la baisse des taux d'intérêts.
Comme le mot le suggère, la désinflation se définit par référence à l'inflation. La plupart des nations occidentales ont connu sans désemparer depuis la Seconde Guerre mondiale, une augmentation quasi générale des prix des biens et des services, ces prix étant exprimés en monnaie à leur valeur nominale. Bien qu'ils n'aient pas varié à la même cadence pour chacun des biens et des services qui composent le produit intérieur brut, l'habitude s'est prise de résumer l'inflation par un seul chiffre : celui du taux annuel d'augmentation du niveau général des prix. Il est calculé soit en moyenne annuelle par le rapport du niveau d'ensemble des prix observés en année n au niveau de ceux qui avaient été enregistrés dans l'année précédente, soit en glissement par estimation de la tendance observée au cours des douze derniers mois connus. Ce procédé est commode, mais à la condition de garder présent à l'esprit : a) que le calcul d'une moyenne cache une évolution plus ou moins divergente des prix des éléments composant le produit intérieur, et en particulier les biens de consommation ; b) que les taux de salaire ont tendance à croître plus vite, sauf en période d'hyperinflation, en sorte que la dépréciation du pouvoir d'achat de l'unité monétaire n'entraîne pas fatalement celle du niveau de vie des consommateurs (voir : J. Fourastié et B. Bazil, Lorsque les prix baissent, Hachette, 1983).
Après l'éclatement de la crise lors de la cessation de paiement mexicaine en août 1982, le problème de l'endettement des pays en développement est resté en 1986 l'un des points chauds de l'actualité économique internationale. Certes, un climat d'optimisme s'était établi depuis 1984, alors qu'une crise profonde du système financier international avait été évitée, et que la formidable croissance américaine parvenait à faciliter l'ajustement économique et financier des pays endettés. Mais une certaine désillusion s'installait, en 1985, devant la morosité de la situation et des perspectives économiques internationales, la faiblesse persistante des cours des matières premières, la montée de tensions protectionnistes : autant de facteurs qui paraissaient éloigner encore toute perspective de voir, à court terme, les pays en développement endettés assainir leur équilibre financier extérieur et retrouver le chemin d'une croissance durable.
Le 16 mars 1986, quand, les Français ont choisi de faire revenir au pouvoir les partis qui étaient dans l'opposition depuis 1981, nul doute qu'ils entendaient ainsi exprimer, entre autres, leur déception devant l'impuissance des socialistes à maîtriser le problème le plus préoccupant de leur vie quotidienne, le chômage. Beaucoup de ceux qui avaient mis tant d'espoir dans les promesses de la gauche se sont sentis floués à l'heure du bilan. De 1981 à 1986, la France a perdu 647 000 emplois et le nombre des chômeurs a augmenté de 50 p. 100, passant de 1 600 000 à 2 400 000.
La situation mondiale sur le marché du blé devient de plus en plus tendue. On parle de crise malgré l'abondance des récoltes annuelles et l'accumulation des stocks dans les silos des pays grands producteurs.
Le risque et la sécurité : en 1986, ces deux concepts fondamentaux ont été particulièrement mis en relief par l'actualité scientifique et technique.
Mardi 28 janvier 1986, à 17 h 38 (heure française) : 25e lancement de la navette spatiale. Le 55e vol habité américain dans l'espace commence. Challenger s'arrache du pas de tir de cap Canaveral avec sept astronautes à bord. La fusée s'élève sous les applaudissements et les cris joyeux de très nombreux enfants venus assister au départ de la première enseignante-astronaute : Sharon Christa McAuliffe. Soixante-treize secondes plus tard, c'est le drame, suivi en direct par des millions de téléspectateurs : une énorme boule de feu orange troue le ciel et une pluie de débris enflammés retombe dans l'océan Atlantique. La navette a explosé en vol, avec les cinq hommes et les deux femmes qui constituaient son équipage. L'astronautique vient de connaître la plus grande catastrophe de son histoire.
À 130 kilomètres au nord de Kiev, à 4 kilomètres de la ville nouvelle de Pripiat, sont implantées les quatre unités de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Le 26 avril 1986, vers une heure du matin, les unités 1, 2 et 3 fonctionnent normalement. L'équipe de conduite de la 4e unité prépare un essai avant de la mettre à l'arrêt, conformément au programme d'exploitation.
Pourquoi un tel engouement pour une technologie connue depuis 6 000 ans ? Pourquoi parle-t-on de « révolution », alors que la fermentation du pain, de la choucroute ou du vin sont déjà des biotechnologies ? Ce terme récent provient de l'anglais Biotechnology et devrait plutôt se traduire par génie biologique. Le mot anglais a été breveté en 1980 par un agent de change nord-américain, M. Hutton, qui en a déposé la marque aux États-Unis.
Une série d'impressionnants incendies a marqué l'été 1986 dans plusieurs départements méditerranéens. Nombre d'entre eux se sont déclarés dans des sites connus et peuplés, où tout événement catastrophique est chargé d'une forte portée médiatique. Dans la lutte contre le feu, dix sauveteurs, pompiers et gendarmes, ont trouvé la mort, dont cinq dans un accident de bombardier d'eau à la frontière franco-espagnole.
Malgré l'irruption de nouvelles images télévisuelles et un changement de majorité politique, la culture aura, en 1986, continué son irrésistible ascension. Nouvelles images télévisuelles : les débuts d'émission de la « 5 » (le 20 février) et de TV6 (le 1er mars), la décision de privatiser TF1, entérinée au mois d'août, n'ont nullement affaibli les vertus d'un mot de plus en plus magique. Bien au contraire. Ainsi, l'attribution de TF1 en 1987 se fera-t-elle, notamment, selon le critère inédit du « mieux-disant culturel ». De plus, tout au long de l'année, les structures et compétences de la « 7 », la Société d'éditions de programmes de télévision, que préside l'historien Georges Duby, se seront affinées : sa vocation est de devenir une super-chaîne de production culturelle, destinée notamment au satellite européen TDF1. Changement politique : l'arrivée de François Léotard et de son secrétaire d'État Philippe de Villiers, dans ce qui est devenu le ministère de la Culture et de la Communication, le réexamen général des grands projets architecturaux du septennat de François Mitterrand n'ont guère bouleversé l'édifice culturel mis en place par cinq années de gestion socialiste. Le doublement du budget, c'est-à-dire de l'activité, du ministère de la rue de Valois, a été pour l'essentiel confirmé, les « grands chantiers du président » conservés, à la seule exception du Carrefour de la Communication. Même le plus controversé, l'Opéra de la Bastille, sera finalement construit, afin d'abriter « une grande salle de théâtre à vocation musicale, chorégraphique et lyrique », le palais Garnier conservant, lui, sa « vocation lyrique ». Voilà l'héritage de Jack Lang endossé, mais avec deux légers et significatifs infléchissements : une attention plus marquée envers le patrimoine, avec la nouvelle école qui lui est consacrée, des crédits en hausse pour la Bibliothèque nationale ou l'Institut français d'histoire de l'art ; et la promotion de l'« entreprise culturelle », dans la lignée du Puy-du-Fou, l'étonnant festival son et lumière créé en Vendée par Philippe de Villiers, mariant brillamment mémoire locale, grand spectacle, succès populaire et... financier.
Le 1er mars 1986, la cour Napoléon était livrée aux aménageurs du nouveau musée après avoir été, pendant deux ans, le théâtre du chantier archéologique le plus spectaculaire que la France, voire l'Europe, ait jamais connu.
La « viennoiserie », ce n'est plus seulement un ensemble de pâtisseries, ce pourrait être aussi, en 1986, un vocable générique pour désigner l'ensemble de la production artistique et éditoriale qui depuis quelques mois est consacrée à la capitale des Habsbourg et à ses fastes intellectuels, à ses pompes (funèbres), à ses œuvres, innombrables.
C'était là-bas, en Oranie... La vie d'Yves Saint Laurent (sans trait d'union) commence ainsi que débute un roman. Et se poursuivra de la même façon. Au demeurant, le héros n'aime guère raconter son existence, son « cursus » dira-t-on quand, justement, sa trajectoire ressemblera à une course aux honneurs, à la gloire, sans beaucoup d'obstacles et avec un seul handicap : sa légendaire timidité.
Pour répondre à cet objectif décrété par le ministère de la Culture, 1986 s'est particulièrement signalée (outre la célébration, des deux côtés de l'Atlantique, du centenaire de la Liberté de Bartholdi) par la tenue, à Paris, de deux expositions didactiques pourvues d'énormes catalogues et bien approvisionnées : la Sculpture française au xixe siècle, au Grand Palais, et Qu'est-ce que la sculpture moderne ? au Centre Pompidou.
L'année 1986 a été riche en événements de première grandeur avec, en particulier, le Mundial mexicain, qui a permis à Diego Maradona de gagner devant des milliards de téléspectateurs ses galons de footballeur numéro 1. Il a pris la place de Michel Platini, dont la prestation, au sein de l'équipe de France, fut perturbée par une tenace tendinite à la cheville. Mal qui a également atteint Yannick Noah, dorénavant classé deuxième, derrière Henri Leconte, dans la hiérarchie du tennis français. Autre champion malchanceux, Éric Tabarly en perdition au milieu de l'Atlantique à bord de son trimaran Côte d'Or, au cours de la route du Rhum, épreuve remportée, signe du destin, par son élève préféré, Philippe Poupon. Décidément, les temps sont durs pour nos superstars. Heureusement, il y a eu Alain Prost, une nouvelle fois champion du monde des conducteurs de Formule 1, et Bernard Hinault, principal animateur d'un Tour de France que les suiveurs ont considéré comme l'un des plus passionnants de ces quinze dernières années. Le « Blaireau » n'a pas raté sa sortie. À 32 ans, le coureur breton part à la retraite, et personne n'oubliera ses fabuleux exploits. Échéance encore lointaine pour Stéphane Caristan, successeur de Guy Drut sur 110 m haies, pour Philippe Riboud, champion du monde à l'épée, et pour Stéphan Caron, vice-champion du monde sur 100 m nage libre, devancé seulement par l'intouchable Américain Matt Biondi.
La plupart des grands sommets du monde ayant été gravis par toutes les voies, en toutes saisons, en solo, en technique alpine..., l'alpinisme de haut niveau connaît une évolution que traduisent bien les faits marquants survenus en 1986. En Europe comme dans l'Himalaya, l'alpinisme de compétition, médiatisé et sponsorisé, marque des points.
Chādī ‘Abd al-Salām (56 ans), cinéaste égyptien ; Le Caire, nuit du 8 au 9.X.86.
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