Raid sur Tunis

Le 1^er octobre, un groupe de huit chasseurs-bombardiers Kfir israéliens effectue un raid sur le quartier général de l'OLP, installé depuis 1982 à Hammam Plage, à 20 km au sud-est de Tunis.

L'opération, qui avait été décidée le 26, se situe dans la lignée du raid d'Entebbe (Ouganda) de 1976 ou du bombardement de la centrale nucléaire de Tamuz (Iraq), en 1981). Le jour même, le Premier ministre, M. Shimon Peres, avait souligné qu'Israël n'oubliait pas le triple assassinat de Larnaca (Chypre), commis le 25 septembre précédent.

L'opération a été minutieusement préparée. L'intervention d'avions ravitailleurs a été nécessaire pour que puisse s'accomplir cet exploit technique : près de 5 000 km de vol sans escale, au cours duquel les appareils ont suivi une trajectoire échappant à la plupart des radars.

Sur place, la surprise a été totale et personne n'a eu le temps de réagir efficacement, car le groupe, dont les tirs ont été très précis, n'a été détecté que trois minutes à peine avant son arrivée. En Israël, l'opinion est satisfaite ; aux États-Unis, le raid est jugé légitime ; en Tunisie, les réactions sont très négatives de la part du gouvernement, qui soumet l'affaire au Conseil de sécurité de l'ONU. L'abstention des États-Unis, qui n'utilisent pas leur veto (le 4), contribue à faire tomber la colère des Tunisiens. Bilan de l'opération : 44 Palestiniens et 4 Tunisiens tués, destruction de l'ensemble des bâtiments de l'OLP.

L'odyssée de l'Achille Lauro

Le soir du 7 octobre, peu de temps après avoir quitté le port d'Alexandrie, en Égypte, le paquebot italien Achille Lauro, transportant quelque 500 personnes (touristes de toutes nationalités et membres d'équipage), est victime d'un acte de piraterie de la part d'un commando de quatre Palestiniens qui en prennent très rapidement le contrôle. L'OLP et le FLP (Front de libération de la Palestine) refusent toute responsabilité dans l'opération.

Le 8, le paquebot se trouve au large de Tartous, puis il se rend devant Beyrouth. À ce moment, l'un des passagers, M. Leon Klinghoffer, juif américain et handicapé moteur, est tué par les Palestiniens.

Le 9, le bateau revient vers la côte égyptienne et mouille en face de Port-Saïd. Des pourparlers s'engagent alors entre le gouvernement du président Moubarak, des représentants du mouvement de Yasser Arafat et les pirates, qui finissent par accepter de se rendre sans conditions.

Le 10, les quatre hommes, qui doivent être remis à l'OLP, sont emmenés vers la Tunisie par un Boeing égyptien ; celui-ci est intercepté en plein vol par des chasseurs américains, partis du porte-avions Saratoga, qui le forcent à atterrir en Sicile sur la base de Sigonella. Les États-Unis annoncent alors leur intention de demander l'extradition des pirates, après avoir remis ceux-ci à la police italienne qui les conduit à Rome où ils sont inculpés.

À ce moment, les autorités ordonnent la libération de l'un des pirates, Aboul Abbas, organisateur évident de l'opération. Cette décision est vivement critiquée par les États-Unis qui rappellent qu'Aboul Abbas était un terroriste déjà bien connu, qui appartenait à la tendance pro-Arafat du FLP.

L'Égypte dénonce le détournement de son avion par les Américains. Les relations entre les deux pays sont perturbées. De son côté, M. Yasser Arafat apparaît comme ayant perdu le contrôle des siens, et l'Italie se retrouve dans une situation équivoque : le 17, M. Bettino Craxi présente la démission de son gouvernement, qui est toutefois reconduit sans changement le 30.

Les postillons de la comète

Le 9 octobre, des fragments de matière, que la comète Giacobini-Zinner avait semés dans la constellation d'Orion, arrivent en essaims à proximité de la Terre. Ces projectiles très fins – de simples cailloux – pénètrent dans l'atmosphère à une vitesse qui s'évalue en km/seconde. Ils s'échauffent alors et se manifestent sous l'aspect d'étoiles filantes jusqu'à ce qu'ils disparaissent, volatilisés. Vu du sol, le spectacle se reproduit chaque année avec une intensité inégale.

En 1985, des expériences scientifiques nouvelles ont pu être réalisées à partir de l'espace ; des satellites artificiels ont eu la possibilité d'observer les météorites avant qu'elles ne pénètrent dans l'atmosphère terrestre. Le 11 septembre, le satellite américain ICE a traversé la queue de la comète Giacobini-Zinner sans prendre de photographies, n'étant pas équipé pour cela, mais en fournissant des données scientifiques importantes et parfois surprenantes.

D'un autre côté, des observations particulières ont été entreprises par les Français et par les Soviétiques, qui ont installé un piège à météorites appelé Comet sur la station Saliout 7. Cet instrument est destiné à rapporter sur Terre des spécimens de météorites appelés Perséides, Giacobinides ou Orionides, ces dernières provenant de la comète de Halley.

Orson Welles

Né à Kenosha, dans le Wisconsin, en 1915, Orson Welles est le fils d'un industriel-inventeur dont la famille vient sans doute d'Italie. Très jeune, il montre son goût prononcé pour tout ce qui touche le théâtre, apprend par cœur des pièces entières de Shakespeare, joue divers rôles et dirige bientôt une petite troupe d'amateurs.

Devenu professionnel en 1931, il se fait engager par un théâtre de Dublin (Irlande). En 1938, à New York, la station de radio CBS lui permet d'adapter très librement la Guerre des mondes de H.G. Wells, ce qu'il fait d'une façon si réaliste qu'il arrive à convaincre de nombreux auditeurs de l'arrivée d'envahisseurs martiens. Dans la nuit du 30 octobre, il déclenche ainsi une petite panique qui lui assure une rapide célébrité. Il apparaît alors comme l'homme miracle des nouveaux médias et conclut avec la compagnie cinématographique RKO d'Hollywood un contrat très avantageux.

En 1940, il peut créer son Citizen Kane, qui manque d'être détruit par le producteur, mécontent des audaces en tout genre du réalisateur. Sabotée, la sortie du film entraîne un véritable désastre financier. À la fin de la même année, Orson Welles est considéré comme un pestiféré dans les milieux cinématographiques américains. Sa carrière d'acteur et de réalisateur se poursuit cependant. En 1947, il réussit à créer un nouveau long métrage, la Dame de Shanghai, nouvelle réussite artistique, mais aussi nouveau scandale pour les producteurs qui ne lui pardonnent pas les outrages qu'il fait subir aux valeurs américaines.

En Europe, où il se rend alors, ou aux États-Unis, il réalise plusieurs émissions télévisées et quelques films, dont Mr. Arkadin (1955), où son sens de la démesure s'exprime librement. Il persévère néanmoins jusqu'au Procès de Kafka (1962), dont la réalisation prouve au public, qui connaissait le grand acteur depuis le Troisième Homme de Carol Reed (1948), qu'il se trouve en présence d'un authentique génie cinématographique.

Orson Welles est mort à Hollywood, le 10 octobre 1985.

Yul Brynner

L'acteur Yul Brynner est mort à New York le 10 octobre.

Ses origines sont quelque peu mystérieuses. S'il est né le 11 juillet, il y a divergence sur l'année : 1917 (la vraie) ou 1920 (celle qui a été diffusée dans les milieux cinématographiques). Son lieu de naissance est Vladivostok, mais Sakhaline a été avancé par les amateurs d'exotisme. L'acteur lui-même a été évasif sur ses premières années. Venu très jeune à Paris, il figure dans une troupe de musiciens, s'engage comme trapéziste au cirque d'Hiver et devient machiniste au Théâtre des Mathurins. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se retrouve aux États-Unis avec un groupe de Russes ; en 1942, il est speaker à la radio, où il anime des émissions destinées à la France. En 1945, à New York, il se fait remarquer dans la pièce Lute Song, mise en scène par Nicholas Ray. En 1949, il participe au tournage du film de Laslo Benedek, la Brigade des stupéfiants, et joue le rôle d'un gangster chevelu, mais, en 1951, à Broadway, dans la comédie musicale le Roi et moi, il apparaît avec le crâne rasé, qu'il conservera toujours.

Sa tête lisse et son regard, ses attitudes et sa présence, son style et son humour discret font rapidement de lui une vedette, confirmée en 1956 par la version filmée du Roi et moi de Walter Lang. Il poursuit ensuite sa carrière à Broadway comme à la télévision et, parallèlement, joue dans une série de films de valeur inégale, mais dans lesquels il trouve toujours à utiliser son tempérament et son étrangeté naturels : les Dix Commandements, Anastasia, les Frères Karamazov, les Boucaniers, le Voyage, Salomon et la reine de Saba, le Testament d'Orphée, les Sept Mercenaires, Tarass Boulba, la Bataille de la Neretva, Mondwest, les Rescapés du futur.

Claude Simon

En attribuant le prix Nobel de littérature 1985 au romancier français Claude Simon, l'Académie suédoise a mis un terme à la punition qui frappait notre littérature depuis vingt et un ans, après que Jean-Paul Sartre eut décliné le prix en 1964.

Né à Tananarive en 1913, élevé dans la région de Perpignan, où il exploite toujours les vignes de sa propriété de Salses, Claude Simon s'adonne d'abord à la peinture et à la photographie, puis sa sympathie pour les républicains espagnols l'attire à Barcelone en 1936. Sa vie est marquée par la guerre et la débâcle de 1940 (la Route des Flandres, 1960).

Son entrée aux éditions de Minuit en 1957 le rattache au groupe du « nouveau roman », dont il est l'un des grands avec Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute et Michel Butor. Dans ses premiers romans (le Vent, 1957 ; l'Herbe, 1958 ; le Palace, 1962 ; Histoire, 1967), il campe des personnages qui passent sans cesse du monde des faits au domaine de la mémoire et du rêve, puis il donne dans ses essais (Orion aveugle, 1970) et ses nouveaux récits (la Bataille de Pharsale, 1969 ; les Corps conducteurs, 1971 ; Triptyque, 1973 ; Leçon de choses, 1975 ; les Géorgiques, 1981 ; la Chevelure de Bérénice, 1983) l'illustration d'une nouvelle pratique de l'espace littéraire, où la réalité fragmentée se recompose suivant un rythme proche de l'écriture picturale.

NNT chez les PTT

À 23 heures, le 25 octobre, M. Mexandeau, ministre délégué chargé des PTT, appuie sur un bouton. Il adresse ainsi à quelque 1 700 centraux l'ordre d'établir immédiatement les nouvelles connexions : la NNT (Nouvelle Numérotation Téléphonique) vient d'entrer en service.

Le nombre supplémentaire ajouté aux anciens numéros, qui passent ainsi à 8 chiffres, constitue une véritable étape technique après celle de l'automatique. Le temps de la « demoiselle du téléphone » paraît maintenant bien lointain : les 23 millions d'abonnés actuels et les nouvelles techniques de communication (vidéotex, Minitel, téléconférence, etc.) dont ils se servent ont contraint l'administration à se donner les moyens de les satisfaire. L'utilisation d'une nouvelle numérotation à 8 chiffres était donc devenue indispensable.

L'opération avait été prévue dès le début des années 70. Le travail de transformation a pris des années et coûté 4,8 milliards de F avant d'aboutir au geste du 25 octobre. Ce soir-là, l'ordre ministériel transmis, 22 000 agents se sont affairés à vérifier le bon fonctionnement du réseau en procédant à des milliers d'appels d'essai. À 23 heures 42, tout était terminé.

Le public n'a pas été dérouté par le changement, et le nombre des erreurs, de l'ordre de 15 %, est resté bien inférieur aux prévisions des responsables. La France peut désormais penser à l'exportation de son nouveau matériel.