Alors que les combats redoublent dans le sud du pays, autour de Huambo, la représentante de l'ONU, Margaret Anstee, renonce à réunir à Addis-Abeba les représentants du gouvernement et de l'Unita. La ville tombe le 7 aux mains des rebelles.

Les Américains commencent leur opération « Provide Promises » (tenir les promesses) en Bosnie-Herzégovine. Plusieurs avions larguent des colis de vivres et de médicaments sur l'enclave musulmane de Cerska (est de la Bosnie).

Le nouveau code de procédure pénale entre en vigueur. Il prévoit notamment une réforme de la garde à vue (entretien avec un avocat dès la vingtième heure), de l'inculpation (qui devient une « mise en examen »), un renforcement des droits de la défense et une mise en détention décidée collégialement. Juges d'instruction et policiers demeurent très critiques, notamment en ce qui concerne le manque de moyens affectés à la mise en application de cette réforme.

Après avoir demandé que le mandat des Nations unies au Cambodge ne soit pas prolongé, Norodom Sihanouk annonce qu'il renonce « définitivement à former un gouvernement de coalition nationale comportant une participation khmère rouge ».

L'enquête du professeur Alfred Spira sur le comportement sexuel des Français est publiée à la Documentation française. Ce travail démontre une stabilité globale en ce domaine. Plus de 80 % des personnes interrogées se déclarent hétérosexuelles et monogames. 16 % seulement des sondés déclarent avoir changé leur comportement sexuel depuis l'apparition du sida.

Un premier suspect est arrêté dans l'affaire de l'attentat à la bombe du World Trade Center, à New York. Il s'agit de Mohammed Salameh, un Palestinien de 26 ans, détenteur d'un passeport égyptien ; il fréquentait la mosquée Al-Salam à Jersey City, un lieu animé par le cheik Omar Abdel Rahmane, religieux égyptien connu pour ses virulents pamphlets contre l'Occident et inspirateur des actions antitouristes menées par les intégristes en Égypte. D'autres suspects, d'origine arabe également, sont arrêtés dans les jours qui suivent.

Libération révèle que le journaliste du Monde Edwy Plenel, spécialisé dans les enquêtes d'investigation, a été mis sur écoutes téléphoniques par la cellule antiterroriste de l'Élysée, entre la fin de 1985 et le début de 1986. Sans nier les faits, la présidence de la République fait savoir qu'à sa connaissance il ne saurait s'agir d'écoutes officielles (réglementées depuis par la loi du 10 juillet 1990). Edwy Plenel porte plainte pour « atteintes aux libertés ». Le 12, Libération révèle qu'entre 1983 et début 1986, plus d'une centaine de demandes d'écoutes ont été présentées, concernant notamment l'écrivain Jean-Edern Hallier ou l'actrice Carole Bouquet.

Le chef de l'État, Frederick Chiluba, décrète l'état d'urgence et fait emprisonner plusieurs opposants, au motif que les partisans de l'ancien président Kenneth Kaunda menaceraient le régime en place.

Cyril Collard, écrivain, cinéaste, auteur des Nuits fauves, film emblématique des « années sida », meurt de cette maladie à l'âge de 35 ans (chrono. 8/03).

Jacques Roseau, président de Recours-France, principale organisation des rapatriés d'Algérie, est assassiné de trois balles de revolver dans sa voiture, à Montpellier. Le ou les agresseurs ne sont pas identifiés. Cette disparition tragique est déplorée par l'ensemble de la classe politique, à l'exclusion du Front national. (chrono. 7/04)

Réunie à Paris, la commission antidopage de la Fédération internationale d'athlétisme annonce que Ben Johnson, le sprinter canadien, a subi le 17 janvier un nouveau contrôle positif et qu'il est suspendu de toute compétition. L'athlète annonce qu'il se retire définitivement.

Shin Kanemaru, ancien vice-président du Parti libéral-démocrate et personnalité clé de la vie politique japonaise, est arrêté pour fraude fiscale portant sur près de 500 millions de francs. Une fois de plus, la corruption institutionnalisée d'un parti au pouvoir sans interruption depuis quarante ans apparaît au grand jour.

Gulbuddin Hekmatyar, leader du Parti intégriste Hezb-I-Islami, devient Premier ministre, alors que le mandat du président de la République, Burhanuddin Rabbani, pourtant adversaire du Hezb, est prorogé jusqu'à la mi-1995. L'avenir de cette alliance dépend de l'attitude du général Ahmed Shah Massoud, jusqu'alors ministre de la Défense, et homme fort du Jamiat-I-Islami, principale force opposante au Hezb. (chrono. 17/05)

À l'issue des assises nationales du RPR, Jacques Chirac est réélu à la quasi-unanimité président du parti. Pour gommer les oppositions au sein du mouvement, Édouard Balladur et Philippe Séguin ne prennent pas la parole, tandis que Charles Pasqua estime que Maastricht ne constitue qu'une « petite ambition ». Pour sa part, M. Chirac déclare que le futur gouvernement de cohabitation n'acceptera « aucune entrave » à son action.

Le président de la République Oscar Luigi Scalfaro refuse de signer un décret-loi du gouvernement dépénalisant partiellement les délits de corruption politique et réclame la démission du ministre de la Justice, Giovanni Conso. (chrono. 27/03)

La Nuit des Césars couronne les Nuits fauves de Cyril Collard (4 distinctions dont celle du meilleur film français) et Indochine de Régis Warnier (5 distinctions, dont le César de la meilleure actrice pour Catherine Deneuve).

Aux Communes, une majorité (314 contre 292) composée de travaillistes et de conservateurs « eurosceptiques » retarde de plusieurs semaines, pour des questions de procédure, l'adoption du traité de Maastricht. Ce vote constitue un cuisant échec pour John Major et renforce le camp des partisans, discrètement encouragés par Margaret Thatcher, de l'organisation d'un référendum sur la ratification britannique. (chrono. 23/07)

Le gouvernement déclenche une vaste opération policière à l'encontre des militants islamistes au Caire et à Assouan, dans le sud du pays. Cette offensive provoque la mort de 23 personnes, dont cinq policiers. D'autres affrontements meurtriers se produisent à nouveau le 17 mars à Assiout.

La proximité exceptionnelle de la lune provoque un coefficient de marée de 119, le plus fort depuis le 10 mars 191 1918. Des milliers de personnes se rendent sur les plages bretonnes pour ramasser des coquillages.

François Mitterrand rencontre pour la première fois Bill Clinton à Washington. Les deux chefs d'État minimisent leur opposition sur les négociations du GATT et évoquent la possibilité d'une réunion prochaine du G7 sur la Russie. À propos du conflit bosniaque, le président français annonce ensuite qu'il va réunir à Paris les deux négociateurs de l'ONU et de la CE, MM. Vance et Owen, avec le président serbe, Slobodan Milosevic. (chrono. 11/03)

Gabriele Cagliari, président de l'ENI (société des hydrocarbures, deuxième holding d'État), est incarcéré dans le cadre de l'opération « Mains propres », menée par le juge Antonio Di Pietro contre la corruption.

David Gunn, un médecin connu pour pratiquer des IVG, est abattu en Floride par un militant « pro-vie », adversaire de l'avortement. Bill Clinton se déclare « attristé et furieux ».

Le Conseil des ministres adopte deux projets de révision de la Constitution, qui s'inspirent largement des propositions du Comité Vedel. Le Parlement voit ses pouvoirs renforcés (session unique de 9 mois, une séance hebdomadaire dont l'ordre du jour est fixé par les parlementaires eux-mêmes, vote de confiance obligatoire pour tout nouveau gouvernement, renforcement du rôle des commissions) ; sont également prévues une procédure de référendum d'initiative populaire, une extension des pouvoirs du Conseil constitutionnel, une réforme du Conseil supérieur de la magistrature et, malgré l'opposition du Conseil d'État, une abrogation de l'article 16. Ces deux projets sont déposés sur le bureau du Sénat.

Au pouvoir depuis 1966, le général Suharto est réélu sans opposition à la présidence de l'État, pour son sixième mandat.

À la suite de l'accord signé le 7 entre les représentants du Front patriotique rwandais (FPR) et le gouvernement, le cessez-le-feu entre en vigueur. Son respect demeure précaire, tandis que se multiplient les accrochages entre partisans du général-président Juvenal Habyarimana et les rebelles, majoritairement tutsis, qui s'opposent à la répression ethnique menée par le pouvoir hutu. Les rebelles du FPR réclament également le départ des 700 hommes de troupe français.

Slobodan Milosevic, président de la Serbie, rencontre à Paris Cyrus Vance et David Owen, en présence de François Mitterrand. À l'issue de deux heures d'entretien, le leader serbe refuse toujours de s'engager personnellement sur le plan de paix des médiateurs de l'ONU et de la CE. (chrono. 25/03)

Après avoir refusé une inspection internationale de ses sites nucléaires, le régime de Pyongyang décide de se retirer du traité de non-prolifération auquel il avait adhéré en 1985.

Tout en admettant le report du référendum initialement prévu pour le 11 avril, Boris Eltsine enjoint les députés de Russie d'accepter un « pouvoir présidentiel fort ». Le discours est immédiatement critiqué par une grande partie des parlementaires et par le président du Parlement, Rouslan Khasboulatov. (chrono. 20/03)

Une vague d'attentats à la bombe tue 273 personnes et fait plus d'un millier de blessés à Bombay. Ces actes de terrorisme, qui visaient des objectifs économiques, font suite à une série sanglante d'affrontements entre extrémistes hindouistes et musulmans. Le Pakistan fait aussitôt savoir qu'il n'est en rien impliqué dans ces sanglants événements. L'enquête s'oriente vers les milieux de la pègre organisée (chrono. 17/03).

Alain Gautier remporte sur Bagages-Superior le Vendée-Globe, la course autour du inonde en solitaire sans escale, en 110 jours, 2 heures et 22 minutes. Le record reste détenu par Titouan Lamazou (109 jours, 8 heures et 48 minutes). Cette deuxième édition de la course a été marquée par la disparition en mer de l'Américain Mike Plant et du Britannique Nigel Burgess.

Le gouvernement et l'opposition se sont mis d'accord sur un « pacte de solidarité » destiné à renflouer l'économie des Länder de l'ex-RDA, sans augmentation des impôts directs avant 1995. L'opposition sociale-démocrate, qui réclamait cette augmentation moins pénalisante pour les plus défavorisés que la hausse des impôts indirects, a obtenu en contrepartie que les prestations sociales ne soient pas diminuées. Les ressources nécessaires seront donc trouvées dans des économies budgétaires et dans un accroissement de l'endettement public. Le 18, la Bundesbank baisse son taux d'escompte d'un demi-point.

Les travaillistes du Premier ministre sortant, Paul Keating, remportent les élections législatives contre les conservateurs menés par John Hewson. Malgré un bilan morose (1 million de chômeurs pour une population de 17,5 millions d'habitants), les travaillistes ont su convaincre l'opinion en s'opposant au programme fiscal des conservateurs, qui prévoyait l'introduction de la TVA. L'abandon du lien constitutionnel avec la Couronne britannique n'a presque pas été évoqué lors de la campagne électorale.

L'Exposition l'Âge d'or de la peinture vénitienne ouvre au Grand Palais. Elle évoque la période glorieuse de la peinture vénitienne au xvi^e siècle, dominée par l'œuvre de Titien et de Giorgione.

La population adopte par référendum une Constitution affranchissant la principauté de la tutelle des deux coprinces, l'évêque d'Urgell et le président de la République française.

Le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, rencontre Bill Clinton à Washington. Sans s'engager sur le fond, le président américain est d'accord avec son interlocuteur pour ne pas rouvrir le dossier des 400 Palestiniens expulsés et ne s'oppose pas à la stratégie israélienne consistant à rechercher d'abord un accord avec la Syrie. Les Palestiniens continuent cependant d'exiger le retour des bannis et en font une condition indispensable pour leur participation aux négociations de paix dont la réouverture est prévue pour le 20 avril. Sur le terrain, dans le territoire de Gaza, les violences ne cessent de s'aggraver, obligeant M. Rabin à écourter son voyage aux États-Unis.

Michel Rocard déclare qu'il existe « un règlement de comptes personnel (...) entre beaucoup de Français et le président de la République ».

Laadi Flici, membre du Conseil consultatif national, est assassiné à Alger. Il est le troisième personnage politique à être victime d'un attentat en quatre jours.

Cinq jours après les attentats de Bombay, une explosion tue 60 personnes à Calcutta. À nouveau, le Pakistan est fortement soupçonné par la presse et une partie de la classe politique.

Par la bouche de son dirigeant, Abdullah Ocalan, l'organisation kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) annonce un cessez-le-feu unilatéral du 20 mars au 15 avril (chrono. 8/06).

Les Douze refusent de renforcer la protection contre les importations de poisson dans la Communauté. Charles Josselin, secrétaire d'État à la mer, s'est heurté à l'opposition de ses collègues européens (sauf l'Irlande), alors que des manifestations violentes de marins-pêcheurs se sont multipliées en France. Le 24, le gouvernement débloque une enveloppe de 45 millions de francs pour compenser les pertes de revenus.

Jacques Delors, président de la Commission européenne, rencontre Bill Clinton à Washington. Malgré les paroles apaisantes du président américain, M. Delors déclare qu'il « reste inquiet », notamment en ce qui concerne l'attitude du représentant américain aux négociations du GATT, Mickey Kantor.

Cependant, les États-Unis reviennent le 19 sur leur décision de fermer à partir du 22 les marchés publics américains aux entreprises européennes.

Un attentat à la bombe dans un centre commercial de Warrington (nord de l'Angleterre) tue un enfant et fait cinquante blessés. L'Armée républicaine irlandaise (IRA) revendique l'attentat, mais en « regrette profondément les conséquences tragiques ». Le Sinn Féin, branche politique de l'IRA, condamne cet « engrenage de violence ». Toutefois, les négociations pour le retour de la paix en Ulster demeurent bloquées depuis novembre 1992. (chrono. 19/05)

Le général Philippe Morillon, commandant en chef des forces de l'ONU en Bosnie, obtient le passage d'un convoi humanitaire vers la ville musulmane de Srebrenica, à l'est de la Bosnie, où survivent difficilement 60 000 personnes. Le général français était volontairement resté depuis le 11 dans la ville assiégée par les forces serbes, afin d'exiger avec plus de force le passage du convoi bloqué depuis neuf jours. Salué par les uns, Philippe Morillon est aussi critiqué par certains, qui lui reprochent d'avoir fait trop de concessions aux bandes serbes. Fort de son succès, il obtient le 20 l'évacuation de 674 blessés de la ville. (chrono. 25/03)

Estimant que « le pays ne peut plus vivre dans un climat de crise permanente », Boris Eltsine annonce l'instauration par décrets d'une « administration spéciale » en Russie jusqu'à la tenue d'un référendum-plébiscite le 25 avril. Cette décision marque un nouvel épisode dans la lutte entre le Kremlin et le Parlement russe dirigé par Rouslan Khasboulatov. Celui-ci saisit aussitôt la Cour constitutionnelle pour contester la légalité des décrets présidentiels, prélude à une éventuelle destitution du chef de l'exécutif. La plupart des dirigeants occidentaux manifestent leur soutien au président russe. Malgré quelques manifestations, l'opinion demeure indifférente en apparence. Cependant, certains proches de Boris Eltsine, dont le vice-président Alexandre Routskoï, s'opposent à la démarche présidentielle. (chrono. 23/03)

Avec une abstention de 30,7 %, le premier tour des élections législatives est marqué par une défaite historique du PS (17,62 %, contre 34,1 % en 1988 et 32,6 % en 1986), un score beaucoup plus faible que prévu de l'Entente des écologistes (7,7 %), un tassement du PCF (9,21 %), un succès modéré de l'UPF (20,35 % pour le RPR et 19,22 % pour l'UDF) et une percée du Front national (12,52 %). Compte tenu du système majoritaire, l'UPF peut tabler sur une écrasante majorité en sièges à l'Assemblée, à l'issue du deuxième tour. Aucun membre du gouvernement n'a été élu dès le premier tour. (chrono. 28/03)

Pour la troisième fois depuis le début du mois, des Blancs sont victimes d'agressions meurtrières. Ces attentats sont attribués à l'Armée populaire du peuple d'Azanie, branche armée du Congrès panafricain. L'ANC de Nelson Mandela condamne ces actes de violence.

Près de 100 000 personnes défilent à Alger pour protester contre le terrorisme. Les manifestants crient des slogans comme « Alger ne sera ni Khartoum, ni Kaboul, ni Téhéran ! ». D'autres défilés similaires se déroulent dans les grandes villes de province. Certains estiment que la mobilisation aurait été plus forte si les mots d'ordre anti-FIS avaient été plus nettement affirmés. Le même jour, les militants islamistes attaquent une caserne dans le centre du pays, tuant 18 militaires.

Premier ministre depuis un an, Jean-Luc Dehaene remet sa démission au roi Baudouin. La crise qui couvait au sein du gouvernement entre sociaux-chrétiens flamands et socialistes francophones avait rebondi lors des discussions sur les mesures à prendre pour combler le déficit budgétaire. Les francophones n'ont pas accepté les désindexations partielles des salaires envisagées dans la fonction publique. Le 30, M. Dehaene revient sur sa décision, un compromis ayant été trouvé au bénéfice des socialistes francophones.

La Cour constitutionnelle juge illégale la volonté de Boris Eltsine d'appliquer une « administration spéciale » ; par contre, elle ne s'oppose pas au principe du référendum constitutionnel. Alors que certains parlementaires estiment que cette condamnation judiciaire ouvre la voie à une destitution du président, Rouslan Khasboulatov, le président du Parlement, rencontre Boris Eltsine le 24. Cette ultime tentative de conciliation entre les deux chefs de l'exécutif et du législatif échoue. (chrono 27/03)

Frederik De Klerk fait savoir que son pays a disposé de l'arme nucléaire, mais qu'il y a renoncé en 1990, au vu de l'évolution de la situation internationale. À cette date, les six bombes déjà construites ont été mises hors d'usage. Le président sud-africain justifie cette annonce publique par le souci de couper court à toutes les insinuations ; certains estiment que le pouvoir en place a également souhaité priver son éventuel successeur de la possession d'une panoplie nucléaire.

Ezer Weizman est élu par la Knesset à la présidence de l'État en remplacement de Chaïm Herzog. Âgé de 69 ans, ce sabra (natif du pays), neveu du premier président d'Israël Chaïm Weizman, fut l'un des chefs de l'armée pendant la guerre des Six-Jours ; sa trajectoire politique l'a conduit de la droite de l'échiquier politique à la gauche et en a fait un des plus ardents partisans du dialogue avec les Arabes.

Le président bosniaque Alija Izetbegovic signe le plan de paix Vance/Owen que les Serbes continuent de refuser. Le 26, sous l'égide des généraux Erik Lars Mahlgren et Philippe Morillon, respectivement commandants des troupes de l'ONU en ex-Yougoslavie et en Bosnie, un cessez-le-feu est signé par les Serbes. Il doit intervenir à partir du 28. Il est également prévu l'ouverture d'un corridor terrestre et aérien vers Srebrenica.

À l'issue de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire, Jiang Zemin devient chef de l'État ; il occupait déjà les sièges de secrétaire général du Parti communiste chinois et de chef des armées. Choisi en 1989 par Deng Xiaoping pour remplacer à la tête du parti Zhao Ziyang, affaibli par les événements de la place Tienanmen, Jiang Zemin passe pour un apparatchik pragmatique. Âgé de 67 ans, il fut notamment maire de Shangai. En place depuis 1988, Li Peng conserve, pour sa part, son poste de Premier ministre. L'Assemblée décide enfin d'inscrire dans la Constitution le principe de l'« économie de marché socialiste », qui remplace celui de l'économie « planifiée ».

Une enquête est ouverte par le parquet de Palerme à l'encontre de Giulio Andreotti, démocrate-chrétien, sénateur à vie, sept fois président du Conseil, l'un des principaux personnages de la scène politique italienne depuis l'après-guerre. Il est soupçonné de collusion avec des « associations de type mafieux ». Son nom avait déjà été prononcé lors de plusieurs des grandes affaires qui ont défrayé la chronique italienne (notamment l'affaire de la Loge P2), mais c'est à propos du meurtre, l'an passé à Palerme, du député européen Salvo Lima, très proche de M. Andreotti, que celui-ci a été finalement inculpé. Plusieurs « repentis » de la Mafia ont affirmé que M. Lima était la courroie de transmission entre l'organisation criminelle et le pouvoir à Rome et qu'il travaillait pour quelqu'un de très haut placé dans le « même courant politique ». Écœuré, Mario Segni, l'homme qui est à l'origine des référendums qui doivent décider en avril du devenir institutionnel du pays, décide le 29 de quitter la Démocratie-chrétienne, son parti comme celui de son père, ancien président de la République. Le 30, c'est au tour du ministre des Finances, le socialiste Franco Reviglo, d'être l'objet d'une information judiciaire dans le cadre de l'opération « Mains propres ». (chrono. 13/05)

Mahamane Ousmane, candidat de l'opposition sociale-démocrate, est élu président de la République. Âgé de 43 ans, économiste formé en France et au Canada, le nouvel élu, peu connu sur la scène politique, a créé la surprise en battant le candidat de l'ancien parti unique au pouvoir, Mamadou Tandja.

Réunis en Congrès extraordinaire depuis le 26, les députés repoussent la demande de destitution de Boris Eltsine et de Rouslan Khasboulatov, les majorités requises n'étant pas atteintes. Dans les rues de Moscou, près de 100 000 partisans du président russe acclament celui-ci quand il déclare, juché sur un camion : « Nous avons renversé le joug du totalitarisme. Nous avons pris le chemin d'un pays civilisé. »

Le deuxième tour des élections législatives confirme les tendances du premier. Avec une abstention de 32,48 %, l'UPF recueille 54,11 % des voix (RPR, 28,27 % et UDF, 25,84 %) et près de 80 % des sièges (RPR, 245 et 12 apparentés, UDF, 213 et 2 apparentés). Le PS totalise 28,25 % des voix, mais seulement 9 % des sièges (52 et 5 apparentés). Avec 4,61 % des suffrages, le PCF maintient son groupe parlementaire (24 sièges). Les Écologistes comme le front national n'ont aucun représentant à l'Assemblée. Les socialistes qui doivent abandonner 205 sièges sont les grands perdants de la consultation. Michel Rocard, lui-même, est battu par l'UPF Pierre Cardo dans sa circonscription des Yvelines, ce qui complique singulièrement sa tâche de rénovateur de l'ensemble de la gauche française.

Lors de la 65^e cérémonie des Oscars du cinéma américain, Indochine, du Français Régis Warnier, reçoit la distinction du meilleur film étranger. Clint Eastwood, pour son film Impitoyable, et Federico Fellini, pour l'ensemble de son œuvre, sont les autres grands gagnants de l'année.

Quelques heures après avoir été réélu député de la 2^e circonscription du Rhône contre le candidat du RPR Alain Mérieux, Michel Noir, maire de Lyon, est mis en examen pour recel de biens sociaux dans le cadre de l'affaire Pierre Botton, son gendre. Ce dernier affirme avoir dépensé, notamment par le biais de ses sociétés, plus de 25 millions de francs pour asseoir la notoriété de son beau-père, dont il fut le directeur de campagne entre 1987 et 1989.

Lors d'une brève allocution télévisée, François Mitterrand annonce qu'il nomme Premier ministre Édouard Balladur, dont il salue « les compétences ». Né le 29 mai 1929, ancien élève de l'ENA, le nouveau chef du gouvernement fut un proche collaborateur de Georges Pompidou pendant dix ans, avant de devenir ministre d'État aux Finances, de 1986 à 1988, et député RPR du XV^e arrondissement de Paris depuis 1986. Au cours de son intervention, le Président prend également soin de délimiter avec précision son propre domaine d'action : la politique extérieure, la politique de défense et la politique européenne.

Alors que les incidents entre Palestiniens et Israéliens se multiplient, Yitzhak Rabin décide de « fermer » la Cisjordanie, qui demeure ainsi isolée de l'État juif. Cette mesure de sécurité pose de très gros problèmes économiques.

Avant de clore leurs travaux, les députés adoptent différentes dispositions concernant la consultation du 25 avril : cette consultation devra prendre la forme d'un référendum et non celle d'un simple vote, ce qui suppose l'aval de la majorité des inscrits et non celui des votants. Par ailleurs, ce référendum devra se décomposer en quatre questions dont certaines sont favorables à la direction russe (« Faites-vous confiance au président Boris Eltsine ? ») et d'autres moins (« Approuvez-vous la politique économique et sociale menée depuis 1992 ? »). (chrono. 25/04)

Édouard Balladur forme son nouveau gouvernement : ramassé (il ne comporte que 29 ministres et aucun secrétaire d'État), plutôt centriste (16 UDF, dont Simone Veil, Pierre Méhaignerie et François Léotard contre 13 RPR parmi lesquels Charles Pasqua, Alain Juppé et Jacques Toubon), et nettement pro-européen (2 « antimaastrichiens » seulement). La moyenne d'âge de la nouvelle équipe au pouvoir, qui ne compte que trois femmes, est de 52 ans.

Le Parti national populaire (PNP, social-démocrate) du Premier ministre sortant, Percival J. Patterson, remporte facilement les élections générales.

Le Conseil de sécurité de l'ONU adopte la résolution 816 autorisant le recours à la force pour faire respecter la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie. Le même jour, Cyrus Vance, émissaire des Nations unies en ex-Yougoslavie abandonne en raison de son âge sa mission, pour être remplacé par le ministre norvégien des Affaires étrangères, Thorvald Stoltenberg.