La polémique reste donc ouverte, sans que l'on puisse prévoir de quel côté la balance pourrait pencher. Pour les commerçants, l'an I de la libération s'ouvre décidément sur un grand nombre d'incertitudes.
Grands travaux
Un point fort de la balance extérieure
L'exportation française de biens d'équipement professionnel à destination civile a dépassé la barre des 100 milliards de F en 1980. Ces flux physiques de machines, matériel industriel, avions, etc., franchissant la frontière concrétisent, pour une large part, l'exécution de ce que l'on appelle communément les « grands contrats ». Ceux-ci, que favorise une nécessaire politique de crédits exportation à moyen et long terme, se situent principalement sur le tiers monde et les pays de l'Est.
En cette même année 1980, sociétés d'ingénierie, industriels et entrepreneurs français ont engrangé, hors contrats militaires, pour plus de 70 milliards de F de grosses commandes d'équipement en provenance de l'étranger. C'est 25 % de plus qu'en 1979. Les effets se feront surtout sentir dans les fournitures et travaux des deux ou trois années suivantes.
Près de 44 % du montant des commandes ainsi obtenues l'ont été sur les pays en développement producteurs de pétrole (principalement Iraq, Arabie Saoudite, Libye, Émirats, Algérie, Nigeria, Gabon, Indonésie) ; plus de 33 % sur des pays en développement non pétroliers (Brésil, Égypte, Corée du Sud, Tunisie, par exemple) ; environ 13 % sur des pays à économie planifiée (URSS, RDA, Chine...).
Majeure
Au-delà des livraisons proprement dites de biens d'équipement, il convient de saisir le poste grands travaux et coopération technique, qui constitue une composante majeure de la balance des services au sein de la balance des paiements courants de la France avec l'extérieur. Comprenant recettes et dépenses en matière de bâtiment, travaux publics, ingénierie, études et montage d'installations clés en main, prospection et forages, recherche et assistance technique, ce poste n'a cessé de dégager un solde positif accru depuis 1973 : de moins de 3 milliards de F alors, il est passé à plus de 13 milliards en 1978 et 1979, puis à 16,3 milliards en 1980. L'amélioration de l'excédent de la balance des services (36 milliards de F en 1980, la France étant devenue le deuxième exportateur de services du monde) s'appuie fortement sur les grands travaux. Cette tendance se poursuivra, les grands contrats d'équipement étant plus tournés vers les travaux d'infrastructure que par le passé.
En prestations purement intellectuelles, l'ingénierie française, qui génère de notables courants d'exportation au profit de l'industrie nationale, a réalisé un chiffre d'affaires sur l'étranger de l'ordre de 3,5 milliards de F en 1980.
Dans le même temps, l'activité hors l'Hexagone des entreprises françaises de travaux publics (cela représente 25 % de leur activité globale) s'est redressée : le montant des travaux réalisés avoisine 23 milliards. S'y ajoutent environ 5 milliards pour la partie bâtiment. Soit un total de 28 milliards de F.
Les marchés conclus en 1980 témoignent de l'évolution favorable : 30 milliards en travaux publics, 9 milliards en bâtiment. Principales zones géographiques concernées par les succès français : Afrique noire (54 % du nombre des contrats et près de 28 % de leur montant total), Moyen-Orient (10 % en nombre, mais plus de 44 % en montant), Asie (plus de 2 % en nombre, 10 % en montant), Amérique du Nord (à peine 2 % en nombre, près de 6 % en montant), Amérique latine (près de 9 % en nombre, plus de 4 % en montant). Il est des contrats portant sur des chantiers très importants : en Iraq (réseau d'adduction d'eau à Bagdad, logements, travaux routiers), Arabie Saoudite (hygiène publique), Algérie (génie civil), au Nigeria (travaux routiers et de génie civil), en Indonésie (aéroport de Djakarta).
Agriculture
Le revenu des paysans en chute libre
Les moissons battent leur plein. En ce mois de juillet 1980, les récoltes de blé et d'orge s'annoncent abondantes. La production de betteraves sucrières et d'oléagineux aussi. En revanche, dans le secteur végétal, les vendanges de l'automne reviennent à la normale — globalement, car la Champagne enregistre un fort déficit, ce gui gênera l'expansion des ventes de son vin prestigieux — et la récolte de maïs recule. Dans le domaine animal, l'évolution est moins brillante. Si la production laitière continue de croître et que celle des volailles poursuit son expansion, l'élevage bovin en est pratiquement réduit à la croissance zéro.