Beaucoup d'argent, parfois avancé par les pouvoirs publics, est investi dans ces disciplines nouvelles dont on ne sait pas encore sur quoi et quand elles déboucheront. Ce qui est certain, c'est que la France est bien placée dans ces activités situées au confluent de la matière grise, de la production industrielle et du marketing.
Elle l'est aussi dans l'électronique professionnelle. C'est un domaine où la France fait partie des grands leaders mondiaux. Il s'agit là d'une activité liée de près à l'industrie de l'armement, car, aujourd'hui, tout programme militaire un tant soit peu sophistiqué comprend une part non négligeable d'électronique : systèmes de guidage, radars, etc. Des firmes comme Thomson-CSF et Matra ont continué, l'an passé, d'engranger de substantielles commandes à l'exportation. Au total, l'électronique professionnelle a valu à la France, en 1980, un chiffre d'affaires de 16,3 milliards de F (dont 50 % à l'exportation), en progression de 28 % sur 1979.
Mais, là encore, la politique étrangère du nouveau gouvernement pourrait créer quelques problèmes aux exportateurs qui travaillent avec le Golfe, l'Afrique du Sud et l'Amérique latine.
Aérospatiale
Un secteur qui demeure compétitif
L'industrie aéronautique française a connu en 1980 une activité soutenue lui permettant à la fois d'accroître ses effectifs (110 000 personnes au 31 décembre contre 108 000 un an plus tôt et 103 000 en 1970), son chiffre d'affaires (33 milliards de F contre 27,6 en 1979) et ses commandes à l'exportation, qui se sont élevées à 27 milliards de F. Sa compétitivité est donc restée intacte, malgré une pression de plus en plus vive de l'industrie US, tout au moins dans le domaine des avions de combat.
Exportation
L'exportation reste le moteur principal de cette expansion régulière, masquée cependant quelque peu par la politique de sous-traitance poursuivie systématiquement dans le double but d'éviter, en cas de crise, une pléthore d'effectifs et de renforcer le tissu industriel dans plusieurs domaines : assemblage, usinage sur machines à commande numérique, mécanique de précision, élaboration des matériaux.
Sur 19 milliards de livraisons à l'exportation (face à 5,5 milliards d'importation) l'activité avions a représenté 30,8 %, les hélicoptères 14,5 %, les missiles et les véhicules spatiaux 38,6 %, les moteurs 6,4 % et l'avionique 9,7 %. Deux secteurs génèrent en fait l'essentiel des profits : les missiles tactiques et les hélicoptères ; les ventes et livraisons d'avions militaires ont en effet commencé à marquer le pas, dans l'attente du Mirage 2000 (disponible à l'exportation à partir de 1983 seulement), qui a pris un certain retard par suite des difficultés rencontrées dans la mise au point de son radar. Dassault n'en a pas moins poursuivi — à ses frais — le développement du Mirage 4000 biréacteur et amorcé l'étude d'une version monoplace d'appui tactique du biplace école Alpha Jet.
Carrière
L'Airbus A 300 et le futur A 310 ont poursuivi leur brillante carrière commerciale, qui permet à Airbus Industrie de faire jeu égal avec Boeing dans le domaine des avions court- et moyen-courrier de grande capacité. Du 1er juillet 1980 au 30 juin 1981, le nombre d'appareils placés est passé de 409 à 469, soit 316 A 300 et 153 A 310 vendus (options comprises) à 40 transporteurs répartis sur les cinq continents. Les ventes nouvelles les plus remarquables ont été celles effectuées en Amérique du Sud (Brésil), en Amérique du Nord (Canada) et en Chine nationaliste. La cadence de production était en juin dernier de 4 avions par mois, et plus de 140 appareils étaient en service dans 26 compagnies. La hausse du coût du carburant continue à faciliter les ventes de l'Airbus, plus économique à exploiter que les gros porteurs américains, tri- ou quadriréacteurs.
À l'occasion du 34e Salon du Bourget (5-14 juin 1981), Airbus Industrie, soutenue vigoureusement par le gouvernement français, a annoncé officiellement le lancement de l'A 320, un biréacteur de 130/140 places appelé à succéder aux DC 9, B 727 de McDonnell Douglas et Boeing (3 000 avions en service). L'A 320 doit entrer en service en 1986 et permettra à Airbus Industrie d'être en meilleure position en offrant une gamme d'appareils complète entre 130 et 350 places. Tandis qu'Air France annonçait immédiatement sa décision d'acquérir 50 A 320, Boeing, pris de court et bloqué par le succès de ses propres appareils, relativement anciens cependant, annonçait que son futur biréacteur de 150 places de nouvelle génération ne sortirait qu'en 1988.