Or, si les chantiers français ont encore réduit fortement leur production en 1980 (– 20 %), ils ont engrangé une très estimable moisson de commandes, qui écarte, pour le moment, tout problème grave pour leur niveau d'activité. Avec des prises de commandes qui se montent à 585 000 TJBP (tonneaux de jauge brute pondérés : cette unité de mesure, d'usage international, tient compte de la sophistication des navires et du volume de travail que leur construction réclame), soit 3,9 % des commandes mondiales, les chantiers français réalisent leurs meilleures performances depuis 1976 ; c'est même la première fois en cinq ans qu'ils prennent en commande davantage qu'ils ne livrent.

Deux faits à noter : l'importance de l'exportation, qui représente les deux tiers des commandes, avec l'arrivée de clients nouveaux comme l'Arabie Saoudite, le Qatar ou le Bangladesh ; et le haut niveau technologique de ces navires, qui démontre que nos chantiers doivent leur salut au virage qu'ils ont su prendre vers la spécialisation ou la diversification, autant qu'aux aides financières massives consenties par l'État (1,5 milliard de F en 1981) et grâce auxquelles ils peuvent continuer de travailler sur le marché mondial.

Compétition

Car, là, les conditions ne sont guère adoucies. Le niveau global des commandes s'est à peine accru en 1980 (14,4 millions de TJBP, contre 14,2 en 1979, alors que la France améliorait son score de 25 % dans le même temps) et, si l'on enregistre un redressement des prix sur le marché international, la pression de certains pays se maintient. Au premier rang d'entre eux, le Japon, qui rafle encore plus d'une commande sur deux ! Au classement par TJBP, les Nippons améliorent d'ailleurs encore leur première place, avec 46,7 % du total des commandes 1980 (contre 41,6 % en 1979). Mais, phénomène plus récent, les Coréens du Sud font irruption à la deuxième place, avec 6,8 % des commandes, et nos voisins Espagnols en décrochent 5,7 % pour leur part.

Nos 3,9 % ne se sont donc pas trouvés sous le pas d'un cheval. Et rien ne laisse prévoir que les commandes seront plus faciles à prendre dans l'avenir, puisque les experts estiment que le niveau des 14 millions de TJBP de commandes mondiales annuelles n'a guère de chance d'être dépassé à court terme. Les chantiers français, dans ce contexte, semblent en mesure de maintenir leur niveau d'activité et, sensiblement, leurs effectifs (y compris par la diversification de leurs activités, par exemple dans la construction des plates-formes offshore), mais leurs résultats financiers continueront d'accuser les rudesses de la compétition mondiale.

Distribution

L'an I de la libération des prix

Effective depuis début 1980, a libération des prix et des marges commerciales inaugure une année commerciale bien morose. Un millésime qui ne sera pas fameux.

Par rapport à 1979, l'activité croît faiblement : le chiffre d'affaires du commerce de détail progresse de 12 %, ce qui, compte tenu de la forte hausse des prix, ne correspond qu'à une augmentation de 0,6 % en volume.

La distribution accuse un ralentissement comparable en matière de créations d'emploi (+ 0,86 % par rapport à 1979), mais on note une progression quand même sensible de l'appareil commercial dans son ensemble — tendance qui ne se dément pas depuis 1975 —, malgré des difficultés de trésorerie plus fréquentes.

Réduction

Comme toujours en période de réduction de croissance, les marchandises générales sont plus durement touchées que les produits alimentaires : le textile-habillement connaît de grosses difficultés, de même que la chaussure, tandis que l'équipement du foyer se maintient de façon plus satisfaisante, notamment l'électroménager et l'ameublement. Les commerces liés aux loisirs et à la culture connaissent des évolutions très variables : bonne activité en librairie-papeterie, moyenne pour l'optique-photo, décevante chez les horlogers-bijoutiers. En alimentaire, ce sont les magasins d'alimentation générale de proximité qui résistent le mieux, tandis qu'hypermarchés et succursalistes voient leur volume d'affaires se réduire.