Quant à Air France, qui n'a augmenté son trafic que de 1,6 % (4,8 % pour le frêt), elle affiche quand même un bénéfice net de 10 millions de F, et un cash flow supérieur à 900 millions, pour un chiffre d'affaires de 15 milliards.
Les premiers mois de 1981 n'ont pas marqué de reprise du trafic, au contraire. Et, devant l'aggravation des conditions économiques, les compagnies aériennes regroupées dans l'IATA ont même dû se réunir d'urgence en juin 1981, à Genève, pour décider de nouvelles augmentations de tarifs dans l'espoir d'éviter des pertes financières catastrophiques mais au risque de perdre des clients.
Les années 80 commencent mal pour le transport aérien.
Bâtiment
Premières mesures pour pallier une crise profonde
« Le rythme des mises en chantier est devenu inférieur au seuil considéré par le VIIIe Plan d'Ile-de-France comme le point bas au-dessous duquel il ne faut pas descendre. » Cette appréciation morose, portée en février 1981 par un organisme réunissant les professionnels du bâtiment et les pouvoirs publics, pourrait être étendue à la plupart des régions : les logements mis en chantier en 1980 sont tombés au-dessous de la barre des 400 000 unités, alors que les besoins moyens sont évalués à 450 000 par an. Et les perspectives 1981 ne sont pas meilleures.
Pénurie
Tous les chiffres 1981 sont mauvais. L'emploi (le nombre d'heures travaillées) s'est de nouveau dégradé de 1,8 %, après avoir déjà baissé de 4,7 % l'année précédente et de 6,2 % en 1978. Les faillites d'entreprises du bâtiment se sont accrues de 7,6 %. Les mises en chantier de logements individuels, qui progressaient encore légèrement en 1979, refluent, de façon significative (– 5,5 %) et celles de logements collectifs, dont une forte demande était signalée par les études de marché, subissent un nouveau repli.
Cette évolution a conduit à une situation de pénurie parfois aiguë, dont la presse et de nombreuses interventions professionnelles se sont fait l'écho. Le phénomène de surpeuplement des logements anciens réapparaît dans les agglomérations urbaines. De jeunes ménages, pour lesquels la crise est particulièrement pénible, se groupent pour aménager des locaux qui n'ont pas été conçus à usage d'habitation. À Paris et dans les centres des grandes villes, le stock de logements disponibles tend vers zéro et la spéculation a poussé les prix à des niveaux inaccessibles pour la plupart des familles.
1980 a confirmé également la coexistence de deux marchés divergents du logement. La résidence secondaire, le logement de loisir, l'habitat cher, réservés aux tranches élevées de revenus qui constituent le secteur non aidé sont favorisés par la forte inflation qui fait de la pierre un refuge monétaire traditionnel. Les mises en chantier de ce type de logements avaient progressé de 13 % en 1979 et s'améliorent encore de 5 % en 1980. Par contre, le secteur aidé affiche des pertes sévères : de 22 % pour le locatif et de 23 % pour l'accession à la propriété. Faudra-t-il désormais parler d'un marché de pauvres et d'un marché de riches ?
Les causes de la détérioration globale, qui affecte à la fois les entreprises et la nouvelle population de mal-logés, sont connues. Le renchérissement des coûts des transports a stoppé l'émigration vers les périphéries et les banlieues, et provoqué un afflux de demandes de relogement en centres-villes. Mais, si l'on construit moins dans les premières et s'il s'y trouve encore des logements disponibles, on ne construit pas plus dans les seconds, faute de terrains et d'autorisations pour des immeubles de grande hauteur.
À cette motivation sociale s'ajoute un ensemble de contraintes financières qui réduisent le volume de la demande solvable et découragent la promotion immobilière. Certaines de ces contraintes, de nature inflationniste, sont engendrées par les conditions d'activité du bâtiment : les prix de gros des matériaux ont augmenté de 18 % l'an dernier et les taux de salaire horaire de 19 %, c'est-à-dire à des rythmes très supérieurs à ceux des revenus des demandeurs de logements. Les indices officiels du coût de la construction ont d'ailleurs progressé de plus de 15 % en 1980.