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Énergie

Vers la remise en ordre du marché

L'histoire se répète, mais avec des nuances. En 1973-74, c'était un conflit entre deux puissances ennemies, l'Égypte et Israël, qui avait été le prétexte du premier choc pétrolier (hausse des prix et glissement du pouvoir vers les pays producteurs). En 1978-79, ce fut un soulèvement intérieur — la révolution iranienne — qui déclencha le second choc.

L'éclatement d'un nouveau conflit armé, le 22 septembre 1980, entre l'Iraq et l'Iran cette fois, n'a pas eu en revanche pour conséquence un troisième bond en avant des prix. Tout se passe comme si, après deux épisodes de hausses politiques, l'offre et la demande étaient en train de retrouver les conditions d'un dialogue équilibré sur le marché du pétrole.

L'Arabie Saoudite portait le prix de son baril de brut de 26 à 30 dollars en mai 1980, suivant ainsi, avec un certain retard et un certain décalage, selon sa stratégie habituelle, les hausses appliquées les mois précédents par les autres producteurs de l'Opep (le second choc).

Réunis à Alger le 11 juin 1980 (Journal de l'année 1979-80), les pays de l'Opep portaient de 28 à 32 dollars le prix de référence du baril, mais limitaient à 5 dollars les diverses primes (dites de qualité) s'ajoutant à ce prix de base. Il y avait là un commencement de remise en ordre des prix, après la folle course-poursuite de l'année précédente.

Excédents

À Bali, en décembre 1980, la fourchette des prix était portée officiellement à 32-41 dollars. Mais l'Opep — qui avait dû passer sous silence son vingtième anniversaire, le 15 septembre 1980, à cause du conflit Iraq-Iran — devait désormais s'en tenir là, pour la bonne raison que les pays producteurs ne sont plus en mesure d'imposer de tels prix. À partir de mars 1981, ils auront de plus en plus de peine à obtenir les fameuses primes de leurs acheteurs. Et, le 26 mai, l'Opep, réunie à Genève, décide le gel des prix pour dix-huit mois. Fait sans précédent, le 3 juin, le Mexique annonce une baisse de 4 dollars sur le baril. Il sera suivi quelques jours plus tard par l'Équateur et la Grande-Bretagne et plusieurs pays membres de l'Opep.

La réalité, c'est en effet que le marché mondial apparaît maintenant excédentaire en pétrole. Pourtant, la production de l'Opep a diminué de 12 % en 1980, en raison principalement de l'effacement de la production de l'Iran et de l'Iraq (qui, cependant, n'ont jamais interrompu totalement leurs livraisons).

Mais, d'un autre côté, l'Arabie Saoudite n'a pas voulu réduire sa production, les pays n'appartenant pas à l'Opep ont augmenté la leur (États-Unis et Mexique notamment) et, surtout, la demande a marqué, pour la première fois, en 1980, une nette diminution. Une production en baisse de 4 % au niveau mondial a donc largement suffi à couvrir les besoins. Les stocks se sont même accrus dans les pays consommateurs.

Économie d'énergie

Même si la crise économique a largement contribué à cette contraction de la consommation de pétrole, ce dont personne ne peut se réjouir, il semble bien que les remèdes préconisés dès le début de la crise — économies d'énergie et développement de nouvelles ressources — commencent aussi à peser sérieusement sur l'évolution des faits. La France est sans doute le pays qui a appliqué une telle politique le plus rapidement et avec le plus d'efficacité. On peut en dresser maintenant un bilan significatif.

La production intérieure brute française a augmenté, entre 1974 et 1980, de 22 %, et la consommation d'énergie de 7,5 % seulement. En sept ans, la France a ainsi économisé 100 millions de tep, soit plus d'une demi-année de consommation. Il existe désormais une véritable industrie des économies d'énergie, qui a investi 7,5 milliards de F en 1980 et assure, directement ou indirectement, du travail à 100 000 personnes.

Énergie nucléaire

C'est sur l'énergie nucléaire, on le sait, que porte le principal effort de renouvellement des sources d'énergie. Sur les vingt tranches nucléaires mises en service dans le monde en 1980, sept l'ont été en France. Depuis janvier 1981, un kWh sur trois consommés chez nous provient d'une centrale électronucléaire. Au milieu de 1981, la France était le deuxième pays du monde pour la puissance atomique installée, après les États-Unis et devant le Japon.