Ça c'est passé le
France.
Nouvelle bavure policière : un gendarme tue un automobiliste à Saint-Macaire (Gironde).
Nouvelle bavure policière : un gendarme tue un automobiliste à Saint-Macaire (Gironde).
Sadegh Ghotbzadeh, ancien ministre des Affaires étrangères, est arrêté pour « provocation ».
Le 1er juillet 1980, ceux qui doutent du succès de Valéry Giscard d'Estaing ne sont pas légion. La situation mondiale est tendue. Tout l'été, les mauvaises nouvelles affluent. La révolution islamique se poursuit sans douceur en Iran. La guerre civile martyrise toujours le Liban ; les négociations ne progressent plus, entre Israël et l'Égypte; les fusées SS 20 soviétiques, continuent à être déployées ; deux sujets de sérieuses préoccupations supplémentaires font leur apparition : une guerre éclate entre l'Iran et l'Iraq, qui fait peser une menace accrue sur le pétrole ; en Pologne un puissant mouvement populaire balaie Edouard Gierek et le pouvoir en place, tolère plus qu'il n'aime son successeur Kania, met en évidence un leader syndicaliste qui va devenir célèbre, Lech Walésa, mais irrite fort Moscou.
L'année 1980-1981 a été profondément marquée par les conséquences du deuxième choc pétrolier et la politique de lutte contre l'inflation : hausse des prix, ralentissement économique et augmentation du chômage entrent pour une bonne part dans le changement politique intervenu en mai sur le thème de la relance et de l'emploi.
Avec ou sans changement de président de la République, le franc aurait fini par craquer. Aussi étrange que cela paraisse, le franc était, en effet, surévalué au sein du système monétaire européen, par rapport au mark allemand notamment.
L'histoire se répète, mais avec des nuances. En 1973-74, c'était un conflit entre deux puissances ennemies, l'Égypte et Israël, qui avait été le prétexte du premier choc pétrolier (hausse des prix et glissement du pouvoir vers les pays producteurs). En 1978-79, ce fut un soulèvement intérieur — la révolution iranienne — qui déclencha le second choc.
Une diminution spectaculaire du nombre des conflits, le gel des négociations, une désunion syndicale plus forte que jamais, un attentisme politique de toutes les confédérations syndicales à l'exception de la CGT, dont l'appareil se mobilise pour Georges Marchais. Mais, finalement, après le succès de François Mitterrand, une relance générale des discussions sociales, des mesures sociales immédiates substantielles, l'annonce de profondes réformes de structure, telles sont les caractéristiques contrastées d'une situation qui s'est paradoxalement retournée à partir du succès politique de la gauche, auquel aucun syndicaliste ne croyait vraiment.
Un sondage effectué en 1981 révèle que plus de 70 % des Français interrogés ignorent tout des dispositions de la loi Sécurité et liberté. Pourtant, rarement texte de loi aura suscité autant de réactions et de remous. Risque d'atteinte à la liberté privée, limitation du pouvoir judiciaire, non-respect des droits de la défense, ou bien coup d'arrêt porté à la violence et meilleure garantie des libertés individuelles ?
L'aménagement du territoire se régionalise de plus en plus. Non qu'il se décentralise franchement, ni que, progressivement, les régions se substituent à la DATAR pour tracer les grandes lignes de la politique à suivre et pour gérer les crédits. Mais la mode est, pour le moment, aux grands plans régionaux.
Le budget est au centre du grand renversement de politique qui a suivi l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Alors que Jacques Chirac fait une campagne reaganienne, axée sur la nécessité de baisser les impôts et donc de faire des économies budgétaires, le nouveau gouvernement socialiste s'est au contraire lancé dans une politique de dépenses publiques. L'idée, conforme à la théorie de Keynes, est de stimuler l'économie et de sortir, par-là, du sous-emploi. La chose paraissait possible puisque, selon les experts du PS, « les caisses sont pleines, c'est le seul acquis de Raymond Barre »... Au cours de son débat télévisé du 5 mai 1981 avec Valéry Giscard d'Estaing, F. Mitterrand avait concédé : « Le déficit budgétaire par rapport aux pays voisins me laisse une marge suffisante pour (...) pouvoir animer l'économie de mon pays ».
Juillet 1980, le temps des vacances, mais aussi le temps de la sérénité pour la Bourse de Paris, dont les habitués ne soupçonnent pas encore le choc qui les attend quelques mois plus tard. Sur le plan économique, la première moitié de l'année a été excellente. Sur le plan monétaire, la forte baisse des taux d'intérêts américains — le prime rate fléchit en juillet à 10,75 %, contre 20 % en avril — favorise les différentes places mondiales.
Plus sombre que jamais est la couleur du commerce extérieur français en 1980. Le déficit global toutes zones, matériel militaire inclus, constitue un véritable gouffre avec – 62 milliards de F en termes FOB : 552 milliards de F à l'importation, pour 490 milliards de F à l'exportation. Un tel solde négatif est plus de quatre fois et demie supérieur à celui de 1979 (– 13,5 milliards), et le taux de couverture des importations par les exportations descend de 96,9 à 88,8 %.
Jamais, en une année, les activités du ministère de la Défense en France et celles de l'institution militaire n'auront été autant paralysées par les changements d'hommes intervenus dans la haute hiérarchie de cette administration, soit que les événements politiques ont entraîné ces modifications, soit que des disparitions brutales de responsables ont affecté le commandement. C'est, d'abord, le poste de ministre de la Défense qui a connu quatre titulaires différents et c'est, ensuite, celui de chef d'état-major des armées qui a été attribué successivement à trois généraux en l'espace d'une douzaine de mois.
Enrichie d'un dixième membre avec l'adhésion de la Grèce, le 1er janvier 1981, la Communauté économique européenne a traversé des temps difficiles.
« Il y a 100 ans, les deux tiers des personnes qui lisaient dans le monde savaient lire en français. Actuellement, cette proportion est d'environ un dixième, et elle sera dans 20 ans d'un cinquantième. » Ce ne sont pas là propos de futurologues pessimistes. Le constat a été très officiellement établi le 14 septembre 1979 par le président Giscard d'Estaing, au cours d'une interview à Paris-Match. Nul ne pouvait souligner avec plus de force le déclin, apparemment irréversible, de la langue française.
Le Cap. 28 480 000. 25. 2,8 %. Économie. PIB (77) : 1 436. Productions (77) : A 8 + I 42 + S 50. Énerg. (76) : 2 985. CE (77) : 16 %. Transports. (*77) : 69 330 Mt/km. (*77) : 2 163 500 + 821 200. : 661 000 tjb. (77) : 4 491 M pass./km. Information. (75) : 24 quotidiens ; tirage global : 1 776 000. (76) : *2 500 000. (71) : 498 000. (77) : 2 191 000. Santé. (73) : 12 060. Éducation. Prim. et Sec. et techn. (72) : 4 653 452. Sup. (73) : 98 577. Armée. : 71 000. Institutions. État indépendant le 31 mai 1910. République proclamée le 31 mai 1961. Constitution de 1961. Président de la République : Marais Viljoen, élu le 19 juin 1979 ; succède à Balthazar Johannes Vorster, démissionnaire. Premier ministre : Pieter Willem Botha.
Washington. 218 060 000. 24. 0,7 %. Économie. Les États-Unis se sont installés à la fois dans la récession et dans l'inflation. Le PIB n'a augmenté que de 2 %, alors que le taux d'inflation a été environ de 13 %, pourcentage exceptionnellement élevé pour le pays. En revanche, le nombre des chômeurs n'a pas augmenté (mais guère diminué non plus) en 1979, mais a recommencé à s'élever au début de 1980 (plus de 8 millions de personnes). La part du commerce extérieur s'est accrue, cependant la balance commerciale est toujours déficitaire, en grande partie en raison des achats de pétrole, qui représentent, en valeur, entre le quart et le cinquième des importations. En revanche, depuis l'avènement du président Reagan, le dollar a progressé. Cette remontée n'est cependant pas sans inconvénient, puisqu'elle grève les exportations et risque de ne pas faciliter le rééquilibrage du commerce extérieur. PIB (77) : 8 665. Productions (77) : A 3 + I 34 + S 63. Énerg. (76) : 11 554. CE (77) : 7 %. Population active (78) : 94 373 000, dont A : 3,7 % ; I : 31,2 % ; D : 65,1 %. Prix à la consommation (évolution 78) : + 9 %. Balance commerciale (78) exp. : 143,7 MM$ ; imp. : 173,3 MM$. Balance des paiements : – 23,4 MM$. Productions (78) : blé 48,4 Mt. maïs 180 Mt, coton 2,4 Mt, houille 593 Mt, pétrole produit 485 Mt (324 Mt de brut et 109 Mt de produits raffinés importés en 1977), gaz naturel 547 Gm3, électricité 2 185 TWh (en 77), fer 46,4 Mt, acier 124 Mt, aluminium 4,4 Mt, automobiles 9,1 M d'unités. Transports. (*77) : 16 565 M pass./km, 1 206 366 Mt/km. (76) : 109 003 000 + 26 152 000. : 16 188 000 tjb. (77) : 53 110 M pass./km. Information. (75) : 1 812 quotidiens ; tirage global : 61 222 000. (75) : *402 000 000. (75) : *121 100 000. (77) : 162 072 000. Santé. (76) : 248 443. Mté inf. (77) : 14. Éducation. (76). Prim. : *25 928 000. Sec. et techn. : *20 355 000. Sup. (75) : 11 184 859. Armée. : 2 022 000. Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1787. Président et chef de l'exécutif : Ronald Reagan, élu le 4 novembre 1980 ; succède à Jimmy Carter.
Kaboul. 15 490 000. 24. *2,3 %. Économie. PIB (76) : 153. Productions (77) : A 49 + I 25 + S 26. Énerg. (76) : 41. CE (75) : 9 %. Transports. (71) : 38 400 + 26 100. (77) : 283 M pass./km. Information. (75) : 17 quotidiens. (76) : *115 000. (73) : 8 300 fauteuils ; fréquentation : 1,5 M. (77) : 28 000. Santé. (77) : 719. Mté inf. (74) : *185. Éducation. (76). Prim. : 748 359. Sec. et techn. : 194 967. Sup. (75) : 12 256. Armée. : *40 000. Institutions. État indépendant depuis 1921. République démocratique instaurée après le coup d'État du 27 avril 1978, dirigé par le colonel Abdul Kadir, qui évince le général Sadar Mohamed Daoud Khan, qui, le 17 juillet 1973, avait éliminé le roi Mohamed Zahir Chah et proclamé la république. Président de la République et chef du Conseil révolutionnaire : Babrak Karmal, mis en place par le coup d'État du 27 décembre 1979 qui évince du pouvoir Hafizullah Amin, lui-même ayant évincé, le 14 septembre 1979, Nur Mohamed Taraki. Premier ministre : Sultan Ali Keshtmand (11 juin 1981).
Tirana. 2 670 000. 94. *2,5 %. Économie. Énerg. (76) : 867. Information. (75) : 2 quotidiens ; tirage global : 115 000. (76) : *180 000. (76) : *4 500. Santé. (72) : 14 371. Éducation. (71). Prim. : 518 002. Sec. et techn. : 48 473. Sup. : 28 668. Armée. : 41 000. Institutions. État indépendant depuis 1912. Les élections du 11 janvier 1946 instaurent un régime socialiste garanti par la Constitution de 1946, plusieurs fois amendée par la suite. Une nouvelle Constitution (28 décembre 1976) proclame l'État République socialiste et populaire. Chef de l'État (qui exerce également d'importantes responsabilités dans l'exécutif) et président du présidium : major général Hadji Lleshi, élu en juillet 1953. Premier secrétaire du parti : général Enver Hodja. Président du Conseil : Mehmet Chehu. En dépit de son aspiration viscérale à l'indépendance et de son intransigeance idéologique qui l'ont amenée à rompre avec Pékin en 1978, l'Albanie, privée de l'aide chinoise qui couvrait environ le tiers de ses besoins, se montre plus pragmatique sur le plan économique. L'autarcie reste, bien sûr, la règle. Mais le développement des industries extractives (cuivre, chrome, pétrole) permet de s'orienter de plus en plus vers l'exportation. L'Albanie, qui entretient des relations diplomatiques avec 94 pays, multiplie les accords commerciaux non seulement avec la Yougoslavie, son principal partenaire, et les autres pays socialistes (à l'exception de l'URSS, qui tente, en vain, de renouer), mais aussi avec les pays occidentaux. Ainsi, avec la France, les exportations augmentent en un an de 73 % et les importations de 56,6 %.
Canberra. 14 420 000. 2. 0,8 %. Économie. PIB (76) : 7 239. Productions (75) : A 5 + I 32 + S 63. Énerg. (76) : 6 657. CE (76) : 12 %. Transports. (*77) : 32 028 Mt/km. (*77) : 5 550 000 + 1 330 000. : 1 532 000 tjb. (77) : 11 576 M pass./km. Information. (75) : 70 quotidiens ; tirage global : *5 320 000. (76) : 10 500 000. (76) : 4 785 000. (72) : 478 400 fauteuils. (77) : 5 685 000. Santé. (72) : 17 972. Mté inf. (76) : 18,8. Éducation. (76). Prim. : 1 611 213. Sec. et techn. : 1 114 250. Sup. (75) : 274 738. Armée. : 71 000. Institutions. Fédération de 6 États (Commonwealth of Australia), indépendante le 1er janvier 1901. Constitution de 1901. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : sir Zelman Cowen. Premier ministre : Malcolm Fraser.
Michel Serres Le passage du nord-ouest (Éd. de Minuit) Des mathématiques jusqu'à la philosophie, Michel Serres travaille depuis longtemps déjà à établir onctions et transferts. Après La communication, L'interférence, La traduction, La distribution, c'est la cinquième fois qu'il propose un volume placé sous le signe du symbolique du dieu Hermès, le messager. D'emblée, il nous rappelle quelle est son ambition : « Je cherche le passage entre la science exacte et les sciences humaines. » « Mais, dit-il, le chemin n'est pas aussi simple que le laisse prévoir la classification des savoirs. Je le crois aussi malaisé que le fameux passage du nord-ouest » Une comparaison que Michel Serres, venu d'une famille de marins, n'a nullement choisie au hasard. Car il lui paraît bien à l'image de nos savoirs ce passage du nord-ouest reliant l'Atlantique au Pacifique par le Grand Nord canadien. Le brouillard, le gel, la neige, la banquise, les icebergs, le risque de rester immobilisé des semaines durant, tels sont quelques-uns ces dangers guettant le voyageur décidé à l'aventure au travers de « l'immense archipel arctique fractal, le long d'un dédale follement compliqué de golfes et chenaux, de bassins et détroits. » Malgré les difficultés et la solitude, Michel Serres a été cet explorateur commentant aussi bien Zola que la thermodynamique, Lucrèce et la géométrie, les tableaux du Carpaccio que Leibnitz. Aujourd'hui, après tant de chemins parcourus dans l'indifférence, comment ne pas lui donner raison lorsqu'il dénonce la profonde séparation entre deux cultures, avec d'un côté les « instruits incultes » — les scientifiques — et de l'autre les « cultivés ignorants » — les littéraires ? Comment ne pas suivre lorsqu'il appelle la littérature au secours de la science et inversement ? Dans ce Passage du nord-ouest, Michel Serres montre encore une fois, surtout à partir de la notion d'espace, quels échanges fructueux peuvent exister entre les deux mondes, le cas de Robert Musil lui servant de fil conducteur. On ne se souvient pas toujours en effet que l'auteur de l'Homme sans qualités était un ingénieur passionné par l'algèbre et la logique. Et Michel Serres de prévenir : « Un jour, les savants, las d'un terrain aseptisé où rien ne poussera plus, iront chercher une fécondité nouvelle sur les terres mêmes qu'ils méprisent aujourd'hui. Jusque dans les dires de bonne femme, jusque dans ce qu'ils nomment bavardage, littérature, imagination. Nous sommes, nous, littéraires ou philosophes, la réserve du savoir. Oui, la fécondité de la science à venir. » Un ouvrage comme la Nouvelle alliance de Prigogine (prix Nobel de chimie) et Stengers (Journal de l'année 1979-80) semble être là pour justifier ces propos de Michel Serres.
Nobel : Czeslaw Milosz, poète essayiste polonais (9-X-80).
En attendant les réformes juridiques, administratives et fiscales qui permettraient aux commissaires-priseurs français de lutter plus efficacement contre leurs concurrents britanniques, l'écart s'est encore creusé entre le nouveau Drouot — dont le chiffre d'affaires (920 338 100 F) a progressé de 15,37 % en 1980 — et les firmes londoniennes qui ont poursuivi dans le même temps une expansion de l'ordre de 30 % pour l'ensemble de leur réseau international, notamment à Genève, Monaco, New York et Hong Kong.
Les mélomanes ont eu l'embarras du choix avec les quelque quatre-vingt-dix festivals qui leur étaient offerts. Ce sont, comme toujours. Aix et Orange qui ont connu la plus grande affluence. À Aix, la Semiramide de Rossini fut un triomphe, avec l'éblouissant affrontement de deux grands monstres sacrés : Montserrat Caballé et Marilyn Horne, qui rivalisèrent de virtuosité ; le délicat Cosi fan tutte, mis en scène par Louis Ducreux, retrouvait un regain de faveur, et l'opéra de Claude Prey, Les liaisons dangereuses (créé par l'Opéra du Rhin en 1973), surprenait par la subtilité avec laquelle le compositeur a illustré musicalement les personnages de Laclos. À Orange, après un Vaisseau fantôme médiocre en dépit de la direction souple et précise d'un jeune chef d'orchestre américain, Michael Tilson Thomas, le Rigoletto de Verdi fut acclamé. Il bénéficiait d'un remarquable trio vocal, avec Alfredo Kraus, Renato Bruson et l'exquise Barbara Hendricks.
Pour figurer sur la liste du Patrimoine mondial, les 57 premiers sites ou monuments constituant ce qu'on pourrait appeler les merveilles du monde viennent d'être sélectionnés. Ces merveilles du monde sont aussi bien des chefs-d'œuvre architecturaux que des sites qui témoignent de l'histoire des hommes, même dans leur réalité la plus sinistre. De nombreux États se sont constitués, sous les auspices de l'Unesco, en une grande famille décidée à protéger, à sauvegarder leur héritage culturel qu'ils considèrent comme leur bien le plus précieux. La convention sur la Protection du patrimoine mondial, souvent définie comme la Croix-Rouge du temps de paix, a été adoptée par l'Unesco en 1972.
Les trois lauréats sont récompensés pour « leurs découvertes sur les structures des surfaces cellulaires génétiquement déterminées qui régissent les réactions immunologiques ». En 1900, le biologiste américain d'origine autrichienne Karl Landsteiner découvrait l'existence, chez l'homme, de groupes sanguins, caractérisés par la présence, à la surface des globules rouges, d'antigènes spécifiques. Ainsi pouvait-on expliquer — et éviter — les accidents d'incompatibilité qui suivaient trop de transfusions. Cependant, le nombre limité des groupes sanguins ne suffisait pas à rendre compte de l'infinie diversité des individus, qui entraîne (sauf entre vrais jumeaux) les réactions de rejet des greffes. En 1936, le Britannique P. Gorer découvre chez la souris un système antigénique différent des groupes sanguins. Il part pour les États-Unis afin de poursuivre ses recherches avec le professeur George Snell, mais il meurt avant d'en connaître l'aboutissement : la mise en évidence sur le chromosome 6 de la souris d'un complexe de gènes baptisé H 2, qui contrôle la réponse immunitaire et la compatibilité cellulaire. En France, en 1952, le professeur Jean Dausset, travaillant dans le service d'hématologie du professeur Jean Bernard à l'hôpital Saint-Louis, découvre que les leucocytes (globules blancs) déclenchent chez les patients transfusés la production d'anticorps qui les détruisent. Il postule dès 1958 qu'il existe des groupes leucocytaires (ou tissulaires) qui jouent un rôle dans la réussite ou l'échec des greffes. La détermination de ces groupes d'histocompatibilité, préalablement à toute transplantation d'organes, a considérablement augmenté le pourcentage de succès, notamment dans la greffe de reins de cadavre. En raison de l'impossibilité de mener sur l'homme des expériences du type de celles du professeur Snell sur les souris, Jean Dausset recourt à l'observation patiente de volontaires se prêtant, dans des centaines de familles françaises, à des échanges de greffes de peau ou d'extraits de sang. Ainsi a été peu à peu élucidé, sur le chromosome 6 humain, un système génétique complexe, nommé HLA (human locus antigen) qui non seulement contrôle le rejet des greffes, mais constitue aussi l'un des composants de la plus ou moins grande vulnérabilité individuelle à de nombreuses maladies et entre dans la chaîne de réactions immunitaires de défense contre toute agression, bactérienne, virale ou autre. De son côté, le professeur Baruj Benacerraf a approfondi le caractère très général, chez tous les animaux supérieurs, de ce mécanisme immunitaire de reconnaissance et de protection du soi, et le rôle probable d'un dérèglement de ce mécanisme dans l'apparition des tumeurs malignes.
Mercredi 13 mai 1981. L'Église catholique, ce jour-là, manque de tomber dans le drame, et le monde est bouleversé : sur la place Saint-Pierre, à Rome, un homme tire sur le pape Jean-Paul II, le blessant grièvement et mettant sa vie en grave danger.
Les réformes de l'enseignement laissent-elles un arrière-goût amer ? La réforme Haby a été l'objet d'attaques venant à la fois de la droite et de la gauche du milieu enseignant et des spécialistes. Aujourd'hui, avant même d'être achevée, cette réforme tend à être chargée de tous les péchés par une fraction plus large de l'opinion.
Lutte ouverte ou concertation ? Le dialogue est décidément bien difficile entre consommateurs, entreprises et pouvoirs publics, et, malgré les très nombreuses rencontres, tables rondes et autres forums organisés en 1980 et 1981, les partenaires en restent à tenter de définir une règle du jeu qui satisfasse tout le monde. L'heure n'est plus à contester la réalité du pouvoir consommateur, mais à s'accorder sur la manière dont ce pouvoir doit effectivement s'exercer.
Le 67e Salon de l'automobile de Paris (2-12 octobre 1980), avec 1 040 000 visiteurs, égale sensiblement, en 1980, son record d'affluence de 1968. N'ayant plus lieu que tous les deux ans, il retrouve, semble-t-il, son lustre d'antan malgré les aléas de la conjoncture. Mais sa nature s'est profondément transformée.
La vignette et le nouveau permis — plus difficile — demeurent très contestés par la majorité des motards, qui ne désarment pas et poursuivent leurs manifestations dans les principales villes de France. François Mitterrand, entre les deux tours de l'élection présidentielle, se prononce en faveur de l'abolition de la vignette. Son souhait est entériné en conseil des ministres, le 10 juin. Une mesure qui prendra effet dès le 1er décembre 1981.
Pieuvre verte pour les uns, plus puissant groupe de presse français pour les autres, Hachette est un colosse aux pieds d'argile. Un colosse, certes, que ce groupe international — quarante filiales, deux milliards de F de chiffre d'affaires sur cinq continents — qui touche l'édition — avec huit sous-départements (classique, littérature, politique, etc.) et quatorze filiales (Grasset, Fayard, Stock, etc.) —, la distribution — 18 % de tous les livres vendus —, l'audiovisuel, et même 8 % du capital de la Compagnie luxembourgeoise de télé-diffusion, qui contrôle RTL et Télé-Luxembourg. Mais un colosse aux pieds d'argile parce que son capital est très réparti : la Banque de Paris et des Pays-Bas (4,39 %), UAP (6 %), l'Union des banques suisses (4,96 %), le Groupe Worms (3 %), Edmond de Rothschild (5 %), Jean Riboud (1 %), Hachette (par la société Holpa 5,29 %), des membres de la famille (5 %) et de nombreux petits porteurs.
En Amérique, 750 détenus sont susceptibles d'être exécutés du jour au lendemain.
Les Français changent de style, du moins de style de vacances. Finies les traditionnelles vacances des années 50 et 60 dévorées en une seule fois. Aujourd'hui, si l'on part moins longtemps, on part plus souvent, tout au long de l'année. Autre temps, autres mœurs.
L'effet Rykiel, qui mêle savoureusement l'érotisme et le bon genre, c'est l'ouverture, le pan de jersey qui glisse sur le corps pour dérober une courbe, en dévoiler une autre, ouvrir des perspectives entre deux volants qui s'échancrent. Ailleurs, la jambe se montre jusqu'à mi-cuisse, de face, de profil ou de dos, dans des jupes étroites plaquées aux hanches.
L'orage éclate en 1981, dans un ciel hippique d'ordinaire plus serein, avec les distancements de No Lute et d'Explorer King. Le premier, vainqueur du Prix Greffulhe, s'annonçait comme le chef de file de la génération des trois ans et passait pour un gagnant possible du Jockey-Club ; le second avait inscrit à son palmarès le Prix Noailles et le Prix de Ferrières. Les prélèvements biologiques effectués sur les deux chevaux révèlent l'administration de stéroïdes. Les sociétés de courses réagissent vite et fort : l'entraîneur par qui le scandale arrive, Aage Paus, est condamné à une amende de 100 000 F et sa licence lui est retirée. Et No Lute ? Eh bien, dans le Prix du Jockey-Club il n'est plus que l'ombre de lui-même, les produits prohibés ayant cessé d'agir, le champion détrôné rentre dans le rang !
Le sport olympique a payé un lourd tribut à la politique. L'absence de nombreuses délégations qui se sont ralliées à la consigne de boycottage lancée par le président Carter, suite à la présence soviétique en Afghanistan (Journal de l'année 1979-80), a terni le rayonnement de ces Jeux et imposé de grands sacrifices à quelques grands champions.
Nelson ALGREN (72 ans), écrivain américain ; Sag-Harbor (NY), le 9-V-81.
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