Héraclès

Héraclès enfant étouffant les serpents.
Héraclès enfant étouffant les serpents.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Héros fils de Zeus et d'Alcmène, femme d'Amphitryon.

Hérodote écrit qu'Héraclès serait une divinité égyptienne, très ancienne, Alcmène et Amphitryon étant descendants d'Égyptos. Il naît à Thèbes, quoique Argos se targue d'avoir été le lieu de sa naissance ; mais on dit aussi qu'il voit le jour à Tirynthe. Cependant ne déclare-t-il pas lui-même qu'Argien ou Thébain, peu importe, toutes les citadelles de Grèce sont sa patrie ?

Alors qu'Amphitryon est parti venger son beau-frère, tué par les fils de Ptérélas, Zeus prend son apparence et passe auprès de la jeune femme une nuit très longue durant laquelle la lune apparaît et disparaît trois fois.

Voir aussi : Alcmène

Zeus ne peut cacher sa joie de devenir père d'un enfant destiné à marcher sur les traces de Persée dont il sera le descendant. Quand Alcmène est sur le point d'accoucher, Zeus déclare, en présence de tous les dieux qu'il donnera le royaume de Perse à un enfant qui doit naître ce jour-là. Mais c'est sans compter avec la rusée Héra, irritée, comme toujours, des infidélités de son époux. Jouant sur l'ambiguïté de ses propos, et ce, d'autant plus aisément que le maître des dieux est abusé par Até, elle retarde l'accouchement d'Alcmène, se dépêche par ailleurs d'accélérer la naissance d'Eurysthée, lui aussi descendant de Persée par son père Sthénélos. À Thèbes, Alcmène met au monde des jumeaux, Héraclès et Iphiclès, le second étant fils d'Amphitryon. Ils naissent le quatrième jour du mois ; ceux qui naissent le même jour sont, à l'instar d'Héraclès, destinés à œuvrer pour autrui.

Non contente d'avoir privé l'enfant d'un royaume, Héra expédie deux serpents s'occuper des nouveau-nés, alors qu'ils viennent de s'endormir dans leur bouclier d'airain en guise de berceau. Ce sont deux dragons au venin puissant. Quand ils sont près du berceau, Zeus éveille les enfants d'Alcmène. Iphiclès, à la vue des monstres, se met à hurler ; Héraclès les laisse venir, puis il les saisit à la gorge et les étouffe.

Quelques jours plus tard, Alcmène (ou Amphitryon) fait connaître le prodige à Tirésias. L'illustre devin aveugle lui apprend que cet enfant est né pour être un héros invincible, vainqueur de monstres et d'hommes malfaisants, qu'après avoir accompli douze travaux imposés par les destins, il habitera le palais de Zeus, en compagnie d'Hébé son épouse. Zeus, de son côté, après avoir châtié Até, obtient d'Héra, en guise de compensation, qu'Héraclès acquière l'immortalité après avoir accompli ses travaux.

Cet épisode marque une pause dans ses relations avec Héra, pause à peine accréditée par le fait qu'Héra lui donne le sein : craignant des représailles de la reine des dieux, Alcmène abandonne son enfant dans la plaine dite « d'Héraclès », à Tirynthe. Sur les prières d'Athéna, Héra accepte de donner le sein à ce bébé abandonné. L'enfant mord le sein avec tant d'avidité, mais aussi avec tant de force que les gouttes, jaillissant dans le ciel du sein brutalement libérées, forment la Voie lactée. On dit aussi qu'Héra commence de donner le sein à l'enfant puis, apprenant qui il est, elle le repousse brusquement ; c'est alors que des gouttes de lait s'échappent. Athéna rend ensuite le petit Héraclès à sa mère.

Variante

Amphitryon lui-même envoie les reptiles vers les enfants : il veut savoir lequel est d'origine divine.

Voir aussi : Voie lactée

L'enfance

Héraclès passe son enfance à Thèbes. Il a les meilleurs maîtres : Amphitryon lui apprend à conduire les chars ; Autolycos, ou bien Harpalycos de Phanotée, lui enseigne l'art du pugilat ; Rhadamanthe (ou Eurytos, ou bien encore le Scythe Tentaros ou Teutaros, bouvier d'Amphitryon) celui du tir à l'arc ; Castor, fils d'Hippalos, celui de combattre les armes à la main tout en guidant son cheval ; ses connaissances en astronomie et en médecine lui viennent du Centaure Chiron ; Linos, petit-fils d'Apollon, lui apprend à chanter et à jouer de la lyre, art pour lesquels Héraclès n'est manifestement pas doué : excédé par les remontrances de son maître, le demi-dieu lui jette son instrument à la tête et le pauvre Linos en meurt. La tradition orphique veut qu'Héraclès ait été le disciple d'Orphée. Héraclès est déjà un adolescent haut de taille et remarquablement musclé, inconscient de sa force. Afin d'éviter d'autres accidents de ce genre, son père (Amphitryon) lui confie la garde de ses brebis, tâche à laquelle le jeune homme se consacre jusqu'à l'âge de dix-huit ans.

Voir aussi : Linos

L'âge adulte

Il n'a pas encore choisi sa vie, que le Vice et la Vertu, sous l'aspect de deux femmes, tentent de le rallier chacun à sa cause. La femme-Vice est parée d'or et de bijoux ; ses joues sont poudrées, ses yeux maquillés ; elle se déplace langoureusement dans ses sandales en or. La femme-Vertu a l'air habitué aux efforts ; son regard est sévère et son seul ornement semble être la tristesse ; elle porte un vêtement si misérable qu'on peut croire qu'elle préférerait aller nue, si la décence ne l'en empêchait. La femme-Vice promet à Héraclès, s'il choisit sa route, de le faire dormir chaque nuit dans un lit de fleurs, de le nourrir de miel et de lait et d'autant de nectar qu'il en souhaite ; le moindre de ses désirs sera exaucé, sans contrepartie. La femme-Vertu déclare à Héraclès que s'il choisit sa voie, il vivra dans la peine et que rien ne lui apparaîtra cher qu'il ne l'ait d'abord acquis dans l'effort ; tout orgueil lui sera interdit. Héraclès choisit la route de la Vertu.

C'est au cours de cette période que ses exploits d'adulte commencent. Sur le mont Cithéron, il tue le lion énorme qui décime les troupeaux d'Amphitryon et de Thespios. Pour le remercier, Thespios, qui lui a déjà offert l'hospitalité, lui propose les faveurs de ses cinquante filles ; Héraclès fait un garçon à chacune, les Thespiades. C'est aussi à cette époque qu'il arrache un olivier dans le bois duquel il se fabrique sa massue « dont l'odeur écartait les chiens ». Par ailleurs, Hermès lui fait don d'une épée, Apollon d'un arc et d'un carquois garni, Athéna d'un péplos.

Voir aussi : Thespios

Héraclès épouse la cause des Thébains, en guerre contre les Minyens d'Orchomène qui les ont assujettis au paiement d'un lourd tribut. Quand Héraclès a fait déborder le Céphise dont les eaux inondent les champs de blé ennemis, quand il a tué ou incité à la paix leur roi Erginos, Créon, le roi de Thèbes, le proclame protecteur de la cité et lui donne sa fille Mégare en mariage. Héraclès a huit enfants. Mais Héra, qui ne peut supporter tant de félicité chez cet être qu'elle déteste, le frappe de folie : ainsi, Héraclès massacre, à coups de flèches et de massue, sa femme (peut-être) et ses enfants, aussi bien que deux de ses neveux ; par sa fuite, le troisième, Iolaos, échappe au massacre. Amphitryon lui-même échappe à la mort grâce à l'intervention d'Athéna, qui plonge Héraclès dans un profond sommeil.

Voir aussi : Mégare

Accablé, Héraclès, après être resté longtemps seul dans un souterrain, se réfugie auprès du roi Thespios. Celui-ci le purifie et lui conseille de consulter l'oracle de Delphes. C'est la pythie, par la voix d'Apollon, qui le nomme Héraclès, appelé alors Alcide, « le Fort » ; Héraclès, « Gloire d'Héra », par référence aux travaux que la déesse lui impose ; car telle est la réponse de l'oracle : Héraclès doit se rendre à Tirynthe et se mettre au service d'Eurysthée pendant une période de douze années, au cours de laquelle il devra accomplir dix exploits – ce même Eurysthée dont Héra a accéléré la naissance et qui, à présent, commande Héraclès en son nom. Agir ainsi fait les affaires du roi, tant il est jaloux de la renommée d'Héraclès et tant il craint d'être un jour détrôné par lui. Eurysthée lui impose donc dix travaux auxquels, en cours de route, il ajoute la quête des pommes d'or et la capture de Cerbère ; accomplis, ces exploits garantissent l'immortalité à Héraclès. (Les auteurs ne s'accordent pas sur la chronologie des travaux.)

Les travaux

Le lion de Némée. Dans la forêt de Némée, ville d'Argolide, vit un lion redoutable, fils d'Échidna et de Typhon. Ce félin géant dévore les troupeaux, terrorise les habitants, surtout les Bembinéens. Héraclès se rend vite compte que chacune de ses flèches rebondit sur son cuir épais. Aussi se saisit-il de sa solide massue et lui en assène-t-il un coup violent sur la tête. Sous le choc, la massue casse, mais l'animal n'en demeure pas moins étourdi. Héraclès se précipite sur le fauve par-derrière, pour se mettre à l'abri de ses griffes et étreint de ses deux mains son cou musculeux, jusqu'à lui ôter toute possibilité de respirer. Après quoi, il cherche le moyen de le dépouiller, entreprise ardue puisque ni le fer, ni la pierre ne peuvent entamer cette peau. Le héros a alors l'idée de se servir de ses griffes. De ce cuir épais plus dur que le fer, Héraclès se fait un casque et une armure impénétrables. C'est l'un des exploits auxquels on rattache l'institution des jeux néméens.

Variante

Pour se fabriquer son armure, Héraclès utilise la peau du lion du Cithéron qu'il tue à dix-huit ans.

Voir aussi : Lion de Némée

L'Hydre de Lerne. Ce monstre reptilien redoutable, doté de neuf têtes de serpent (nombre le plus courant), enfant de Typhon et d'Échidna, est élevé par Héra « dans son implacable haine contre le vigoureux Héraclès ». Il vit près d'Argos, sur la colline du Pontinos et dans le lac de Lerne, étendue marécageuse dont certaines légendes racontent qu'il est une entrée des Enfers. Chaque fois qu'Héraclès tranche l'une de ses têtes, une ou deux autres repousse(nt) aussitôt. Se débarrasser du dragon est d'autant plus difficile que la tête centrale est immortelle. Conseillé par Athéna, le héros fait appel à son neveu Iolaos : celui-ci, à l'aide d'une torche enflammée, brûle le cou de la bête dès qu'une tête est coupée, l'empêchant ainsi de renaître. Héra, constatant le triomphe de son ennemi, lui dépêche dare-dare une écrevisse (ou un crabe ou un scorpion) géante, Carcinos ; l'animal réussit à piquer Héraclès au pied... avant de finir écrasé. La déesse place l'animal parmi les astres, qui forme le signe du Cancer. Quant à la neuvième tête, Héraclès l'enfouit profondément sous un énorme rocher. Avant de s'en aller, il trempe ses flèches dans le fiel du monstre pour les rendre mortelles.

Le sanglier d'Érymanthe. Un sanglier féroce vit dans les bois d'Érymanthe, en Arcadie, dévastant le pays de Psophis. Certains situent la chasse au sanglier en Thessalie. Comme la consigne d'Eurysthée est de capturer l'animal vivant, la chasse dure de longs mois. À Pholoé, Héraclès fait une halte chez les Centaures. Malheureusement, pour une histoire de (bon) vin, don de Dionysos, un affrontement a lieu, au cours duquel, par accident, meurent ses deux amis, le Centaure Pholos et le Centaure Chiron. Héraclès continue de poursuivre le sanglier. Il oblige l'animal à gravir la pente montagneuse, là où la neige est si épaisse qu'il ne peut avancer davantage. Héraclès le capture, armé d'une massue alourdie d'airain que lui a donnée Héphaïstos, et d'un filet ; il le charge sur ses épaules et revient auprès d'Eurysthée. Le roi est si impressionné par la furie du sanglier qu'il court se mettre à l'abri dans une jarre de bronze logée sous la terre.

Voir aussi : Chiron, Pholos

La biche de Cérinée (Cérynie). Elle a cinq cornes d'or et des sabots d'airain, elle est d'une rapidité incroyable, elle ne se fatigue jamais. On dit qu'elle dévaste les champs, que sa bouche crache du feu. Et parce qu'elle est consacrée à la déesse Artémis, il n'est pas question de la tuer. Elle donne beaucoup de fil à retordre à Héraclès, qui doit la poursuivre toute une année avant de la capturer, au moment où, du mont Artémision où elle s'est réfugiée, il lui prend de franchir le Ladon. Peut-être l'animal est-il à court de souffle, peut-être Héraclès confectionne-t-il un piège, peut-être encore utilise-t-il un filet ? Sur le chemin du retour, cependant, le héros rencontre Artémis qui lui demande des comptes. Héraclès répond qu'il ne fait qu'obéir aux ordres d'Eurysthée. La déesse le laisse aller mais obtient la promesse qu'aucun mal ne sera fait à Cérinée.

Sa mission le mène jusqu'au pays des Hyperboréens, dont il admire les oliviers ; plus tard, il les transplante dans la plaine d'Olympie, afin que leurs feuilles tressent des couronnes aux athlètes vainqueurs.

L'animal a été consacré à Artémis par Taygète, fille d'Atlas, que la déesse a métamorphosée en biche pour qu'elle puisse échapper aux ardeurs de Zeus.

Voir aussi : Taygète

Les oiseaux du lac de Stymphale. Ces oiseaux gigantesques ont été élevés par Arès. Leur tête, leurs ailes, leur bec sont en bronze ; ils se servent de leurs plumes comme de véritables flèches contre les humains qu'ils dévorent. Ils hantent le lac de Stymphale, en Arcadie. Athéna fournit à Héraclès des castagnettes d'airain (à moins qu'il n'imagine lui-même de se servir d'un tambour d'airain) dont le retentissement étrange épouvante les oiseaux, qui quittent la région pour ne plus y revenir. Ils se réfugient sur une île où les Argonautes les retrouvent.

Il semble que les oiseaux de Stymphale, qu'Héraclès met en fuite, ne doivent pas être confondus avec les volatiles qui peuplent l'île d'Arès et contre lesquels les Argonautes se défendent.

Une autre version mentionne que dès qu'un oiseau, terrorisé au bruit des castagnettes, prend son envol, il est aussitôt transpercé par une flèche empoisonnée d'Héraclès. Tous périssent ainsi.

Variante

Héraclès se sert de crotales pour éloigner les oiseaux.

Voir aussi : oiseaux du lac de Stymphale

Les écuries d'Augias. Augias est le roi de l'Élide. Il possède de vastes écuries dont il n'a pas pris la peine de s'occuper pendant trente ans. Aussi sont-elles dans un état lamentable : elles sont très sales, elles empestent et l'odeur attirent les mouches par millions. Eurysthée commande à Héraclès de nettoyer les écuries en une journée, ce qui est, évidemment, ajouter à la peine l'humiliation. Le héros se présente à Augias et, sans préciser qui le mandate, il propose au souverain ses services rapides en échange du dixième de son troupeau. Augias accepte. Héraclès se fait accompagner du prince Phylée pour qu'il serve de témoin à la transaction. Le héros, qui ne veut surtout pas toucher au fumier (dignité oblige), détourne le cours des fleuves voisins, l'Alphée et le Pénée, dont les eaux retentissantes s'engouffrent alors dans les écuries, charriant les immondices sur leur passage et les menant vers la mer. Seulement, entre-temps, Augias apprend qu'Héraclès agit sur l'ordre d'Eurysthée ; il refuse donc de payer le prix promis, malgré les exhortations de son fils qui épouse le parti d'Héraclès. On dit aussi que le roi lui refuse son salaire parce que l'exploit a été accompli avec plus de ruse que d'efforts.

Phylée est condamné à l'exil à Doulichion. Quelque temps plus tard, Héraclès et Phylée reviennent en Élide, à la tête d'une armée ; le héros tue Augias et installe son fils sur le trône de son père.

Voir aussi : Augias

Le taureau de Crète. Poséidon fait don à Minos, roi de Crète, d'un taureau blanc, afin que le souverain le lui offre en sacrifice. Mais Minos, trouvant l'animal si beau, ne peut se résoudre à le tuer ; il immole au dieu un bovidé plus commun. Outré d'une telle manœuvre, le dieu frappe de furie le taureau, qui se met aussitôt à dévaster l'île. Héraclès le capture et, après lui avoir fait franchir la mer, il le ramène à Argos sur ses épaules. On dit aussi que le taureau lui sert de monture. Eurysthée consacre l'animal à Héra, protectrice de sa cité, puis le remet en liberté. Il gagne Marathon où, plus tard, Thésée le tuera.

Variante

Minos demande à son père de lui fournir une victime digne de ses autels. Zeus lui envoie un taureau blanc, si beau que Minos, plutôt que de le sacrifier, en fait le chef de son troupeau. Zeus, indigné, rend le taureau fou furieux : l'animal se met à saccager les champs et même les remparts de la ville. Héraclès maîtrise la bête qu'il porte ensuite à Argos, où Eurysthée la consacre à Héra. Mais la déesse, haïssant ce présent qui, une fois de plus, démontre la suprématie d'Héraclès, expédie le taureau en Attique ; là, il est appelé le taureau de Marathon, tué plus tard par Thésée.

C'est ce taureau qui, selon une version, tue Androgée, le fils du roi de Crète Minos ; le souverain ne voudra jamais croire à un accident.

Voir aussi : Androgée (Variante 1), Thésée

Les juments de Diomède. Héraclès reçoit l'ordre de ramener à Argos les quatre juments du roi de Thrace, Diomède, fils d'Arès et de la nymphe Cyréné. Leur maître les nourrit de chair humaine, celle des étrangers qui traversent son territoire. Avec son ami Abdéros, le fils d'Hermès, Héraclès s'empare des juments et les mène au bord de la mer. Mais là, les sujets du roi, les Bistones, et le roi lui-même se dressent devant les voleurs. Héraclès confie les cavales à son ami, le temps de faire place nette. Les gardes sont mis en fuite et Diomède assommé d'un coup de massue. Lorsqu'elles voient leur maître à terre, les juments, Podarge, Lampon, Xanthe et Déinos se ruent sur lui et le dévorent, comme elles viennent de dévorer le malheureux compagnon (ou amant) d'Héraclès. Afin de perpétuer son souvenir, le héros fonde la ville d'Abdéra. Rassasiées, les juments se calment et se laissent mener docilement jusqu'à Argos, où Eurysthée ordonne qu'on les remette en liberté. Les cavales sont dévorées à leur tour par les bêtes sauvages du mont Olympe ou, suivant d'autres versions, tuées par Héraclès ou consacrées par Eurysthée à la déesse Héra.

Voir aussi : Diomède (Variante 2), Abdéra

La ceinture de la reine des Amazones. Hippolyté, reine des Amazones, possède une ceinture magique, don d'Arès, que la fille d'Eurysthée, Admète, convoite. Aussi son père commande-t-il à Héraclès de s'en emparer. Héraclès regroupe autour de lui des héros parmi les meilleurs : Thésée, Ajax Télamon, Iolaos, Sthénélos, Iphiclès... À l'entrée de leur territoire, Héraclès tue Mygdon et Amycos, les frères de la reine qui lui barrent le passage. Chez Apollonios de Rhodes, Héraclès enlève Mélanippé, la sœur de la reine et, comme rançon, exige la ceinture. Mais la plupart du temps, la conquête de la ceinture se fait avec violence. D'abord accueilli en ami, Héraclès doit se battre contre les guerrières, dont les soupçons sont éveillés par la déesse Héra ; mais Diodore a aussi rapporté qu'arrivé aux embouchures du Thermodon, Héraclès demande d'abord la ceinture, qui est l'objet de son voyage. Comme Hippolyté la lui refuse, Héraclès livre bataille aux guerrières. Après s'être emparé de la ceinture, Héraclès tue Hippolyté ; selon une autre version, Héraclès fait don de la reine à Thésée qui l'épouse ensuite. Cet épisode est à l'origine d'une guerre entre Amazones et Athéniens.

Voir aussi : Amazones

Sur le chemin du retour Héraclès délivre Hésioné du monstre marin qui, envoyé par Poséidon, s'apprête à la dévorer. En signe de gratitude, le père de la jeune femme, le roi de Troie Laomédon, promet de lui donner ses plus beaux chevaux, présent de Zeus en échange de son fils Ganymède ravi sur l'Olympe – parole qu'il ne tient pas et qui suscite la colère vengeresse d'Héraclès : il monte une expédition de six navires et revient saccager la ville. Les habitants ne le lui pardonnent jamais, refusent de lui rendre aucun honneur.

Voir aussi : Hésioné, Priam, Laomédon

Les bœufs de Géryon. Fils de Chrysaor et de Callirhoé, Géryon est un géant à trois corps et peut-être aussi à trois têtes. Il vit dans l'île d'Érythie, par la suite identifiée à l'une des Baléares. Il possède un troupeau de bœufs roux qui suscite la jalousie de tous. Héraclès est donc chargé de s'emparer des bêtes. Afin de laisser trace de son passage, Héraclès élève de part et d'autre du détroit de Gibraltar deux colonnes qui portent son nom. Mais la chaleur est tellement insupportable que le héros tourne son arc vers le soleil et décoche une flèche. Hélios, surpris par tant d'audace, mais aussi fort impressionné, fait don à Héraclès d'une embarcation ou coupe en or ; celui-ci la pousse sur l'océan et la fait avancer en se servant de sa peau de lion comme d'une voile. Océan, à son tour, dresse ses flots contre Héraclès ; devant les menaces du héros, les flots s'apaisent. Lorsqu'il a gagné le territoire de Géryon, il doit en découdre avec Eurytion, le gardien du troupeau, puis avec Orthros, le chien à deux têtes. Il les tue tous les deux, avant de s'attaquer à Géryon. Constatant que le triple géant se trouve en mauvaise posture, Héra veut lui prêter main-forte. Mais Héraclès, guère troublé, blesse d'une flèche la déesse, qui doit renoncer à son projet (ne montre-t-il pas par là que toute déesse qu'elle est, Héra n'est qu'une femme, et que lui-même est digne de figurer parmi les immortels ?). La déesse aura sa petite revanche par la suite : elle envoie un taon qui affole et disperse les animaux dans les montagnes de Thrace. Géryon est tué à coups de flèches. Ensuite, Héraclès place les bœufs dans son embarcation et, à l'aide du vent soufflant dans sa peau de lion, il peut prendre le chemin du retour. Il traverse la Gaule où il fait œuvre civilisatrice en débarrassant le pays de tous ses brigands, en abolissant les coutumes barbares, notamment celle qui consiste à tuer les étrangers. Ses compagnons sont si nombreux qu'avec et pour eux il fonde une ville : Alésia.

Il reçoit l'hospitalité du roi Bretannos dont il épouse la fille, Celtine, et qui lui donne un fils, Celtos (Galatès ?). Héraclès parcourt l'Italie, l'Illyrie, la Thrace. Il restitue la barque à son propriétaire puis offre les bœufs à Eurysthée qui les sacrifie à Héra (celle-là même qui voulait empêcher Héraclès de les prendre...). Durant son trajet, il en profite pour construire une route entre la mer et le Lucrin.

Nombreux sont ceux qui tentent de dérober les bœufs d'Héraclès (Alébion, Croton, Larinos, Ligys, etc.), sans succès. La légende de Géryon est déjà connue d'Hésiode.

Voir aussi : Géryon, Alébion, Celtos

Les pommes d'or des Hespérides. Comme cadeau de noces, Gaia a offert à Héra des pommes d'or qui ont été aussitôt placées par la déesse en un lieu secret, néanmoins gardées par les trois Hespérides, filles d'Atlas, et par le dragon Ladon entouré autour de l'arbre. Comme Héraclès ignore où se situe le jardin fabuleux, il va trouver Nérée, divinité de la mer, qui se montre fort peu coopératif... jusqu'à ce qu'Héraclès, l'empoignant, lui fasse comprendre qu'il est dans son intérêt de parler. Nérée lui conseille donc de rendre visite au géant Atlas, seul capable de s'emparer des fruits. Mais Atlas, qui supporte la voûte du ciel sur ses épaules, avoue n'être pas très chaud pour affronter Ladon. Qu'à cela ne tienne ! Héraclès va décocher une flèche mortelle au dragon, puis revient auprès d'Atlas. Héraclès prend la place du géant, car il faut bien que la voûte du ciel soit soutenue, et Atlas part à la cueillette des pommes. Mais ce qu'Héraclès n'a pas prévu, c'est qu'Atlas, après avoir mené à bien sa mission, lui confesse qu'il n'est plus disposé à porter le monde sur ses épaules. Si Héraclès a la réputation de n'être pas très intelligent, il sait, en l'occurrence, faire preuve de finesse : il prétexte que la voûte est mal placée sur ses épaules ; soit : Atlas soulève la voûte, histoire de laisser le temps à Héraclès d'ajuster sa peau de lion. Mais sitôt libéré le héros s'enfuit avec les précieuses pommes. Eurysthée les offre à Athéna qui les rend au jardin.

Variantes

I. Les Hespérides possèdent de si belles brebis que, par licence poétique, on les dit « dorées ». On a dit aussi que ces brebis sont d'une couleur qui tirait sur l'or. Quant au dragon, il n'est qu'un berger, appelé Dracon, très fort, très courageux, qui n'hésite pas à tuer ceux qui tentent de lui ravir quelque pièce de son troupeau. En effet, en grec, la confusion est possible entre mêlas (« brebis ») et mêlon (« pomme »).

II. Il y a, dans le pays d'Hespéritis, deux frères, nommés Atlas et Hespéros. Hespéros a une fille, Hespérie, qu'il donne en mariage à son frère. Dès lors, le pays d'Hespéritis prend le nom d'Hespérie. Atlas a sept filles, qu'on appelle Atlantides, par référence à leur père, ou Hespérides, par référence à leur mère. Comme elles sont d'une beauté et d'une sagesse sans égales, Busiris, le roi d'Égypte, conçoit le dessein de se les approprier. Il commande à des pirates d'entrer dans leur pays, de les enlever et de les lui amener. Leur forfait accompli, comme ils s'en reviennent vers la cité de Busiris, ils tombent sur Héraclès. Ce dernier, ayant appris l'infortune de ces jeunes vierges, tue les ravisseurs et rend ensuite les Atlantides à leur père. Ce dernier, pour récompenser le héros, offre à Héraclès les pommes qu'il vient chercher (et lui enseigne l'astronomie).

Voir aussi : Hespérides, Ladon

Au cours de cette épreuve qu'Héraclès affronte Antée, Busiris, les Pygmées et délivre Prométhée de l'aigle qui n'en finit pas de lui dévorer le foie.

Voir aussi : Antée, Busiris, Prométhée, Pygmées

La capture de Cerbère aux Enfers. D'après Homère, c'est la « plus terrible épreuve ». Eurysthée a demandé à Héraclès de lui ramener vivant le terrible chien Cerbère, gardien des Enfers. Il est secondé et conseillé dans cette entreprise par Hermès et Athéna. Héraclès, avant d'entamer sa descente au cap Ténare, doit se faire purifier du meurtre des Centaures et initier (par Musée ou Eumolpos suivant les auteurs) aux mystères d'Éleusis. Héraclès emploie la force pour que Charon daigne lui faire traverser le Styx sur sa barque. Sur la rive, Héraclès rencontre l'ombre de Méléagre, si pitoyable qu'il lui promet d'épouser sa sœur, Déjanire. Mais Hadès ne supporte pas qu'un vivant viole son territoire, et bientôt l'affrontement a lieu, au cours duquel Héraclès blesse Hadès à l'épaule. Celui-ci, avant de monter au ciel pour se faire soigner par Péan, accepte que le héros s'empare de Cerbère, à la condition qu'il n'utilise aucune arme. Héraclès, protégé par sa peau de lion, assomme le chien avec ses poings. C'est Athéna qui gouverne la barque lors du retour sur le Styx. Quand Cerbère aperçoit la lumière du jour, il se met à vomir une écume qui fait pousser une plante toxique, l'aconit. À la vue de Cerbère, Eurysthée, terrorisé, court se réfugier dans sa jarre de bronze. Héraclès ramène ensuite l'animal au royaume des ombres.

Variante

Héraclès descend aux Enfers par une crevasse du Chersonèse Achérusien (près d'Héraclée du Pont), profonde d'environ quatre cents mètres.

Voir aussi : Cerbère

À la suite de ces épreuves, Héraclès se trouve libre de toute obligation envers Eurysthée. Mais là ne finissent pas les exploits. De plus, un treizième exploit est recensé : d'avoir couché avec les cinquante Thespiades, en une, sept ou cinquante nuits.

Voir aussi : Thespios, Travaux d'Héraclès

Les enfants d’Héraclès, d’après Apollodore

La vie après les travaux

Eurytos, roi d'Œchalie dans l'île d'Eubée, promet sa fille Iole en mariage à qui le surpassera au tir à l'arc. Après la mort de Mégare, Héraclès voit là l'occasion de se choisir une nouvelle femme. Il triomphe d'Eurytos, mais ce dernier ne tient pas sa promesse, prétextant qu'Héraclès a utilisé des flèches magiques et ajoutant qu'il serait fou de donner sa fille en mariage à celui qui a massacré ses propres enfants.

Héraclès gagne alors Tirynthe où il achète innocemment douze poulains et douze pouliches à Autolycos, qui les a volés à Eurytos. Le souverain d'Œchalie, s'étant aperçu de la disparition de ses chevaux, accuse aussitôt Héraclès. Le jeune prince Iphitos, qui a du mal à croire Héraclès capable d'un tel larcin, se met en route pour Tirynthe où il rencontre le héros qui lui offre l'hospitalité. Malheureusement, en raison d'un malentendu, Héraclès, tue Iphitos dans un accès de colère en le précipitant du haut des remparts de la ville. Tuer un hôte, sous son propre toit, est un grand crime, dont il faut se purifier.

Voir aussi : Iphitos

Héraclès et Omphale. Nélée, roi de Pylos, ayant refusé de le purifier, Héraclès se rend à Delphes et interroge l'oracle. La pythonisse, non contente de lui refuser son service, l'insulte, ce qui provoque une nouvelle colère du héros. Il s'empare du trépied sacré, menaçant d'aller fonder ailleurs son propre sanctuaire. Alerté, Apollon se dresse devant Héraclès. Ils ne tardent pas à en venir aux mains, à tel point que Zeus, par l'intermédiaire de sa foudre, intervient pour les séparer. Plus tard, sur l'ordre de Zeus, Héraclès rend le trépied.

Une variante mentionne que, mille ans plus tard, Apollon anéantit les habitants de Phénéos (Arcadie), parce qu'Héraclès avait déposé le trépied dans leur cité.

Finalement, il est décidé qu'Héraclès (peut-être choisit-il lui-même sa sentence) aura expié le meurtre d'Iphitos après avoir été, pendant une (ou trois) année(s), l'esclave d'Omphale, la reine de Lydie.

Sur son séjour auprès de la reine, les versions diffèrent :

Héraclès vit comme une femme, tressant sa chevelure et se parant de bijoux, humilié à filer la laine, alors qu'Omphale se vêt de sa peau de lion et brandit sa massue ;

la reine tombe amoureuse de lui et le héros coule des journées paisibles, non sans accomplir des exploits extraordinaires : pour le compte de sa maîtresse, mais aussi pour le plus grand bien de la Lydie, qui jouit alors d'une paix et d'une sécurité absolues, puisque Héraclès débarrasse son territoire de tous les brigands malfaisants.

(L'absence d'Héraclès permet ainsi à Thésée, son « remplaçant », de montrer sa valeur.)

Héraclès et les Argonautes. Il semble que ce soit durant cette période qu'Héraclès se soit momentanément joint aux Argonautes (qu'il aurait quittés sur les côtes de Mysie en raison de la disparition de son protégé, Hylas) et qu'il ait participé à la chasse au sanglier de Calydon. Hérodoros soutient qu'Héraclès ne s'embarque pas sur le navire Argo, parce que, en ce temps-là il était esclave auprès d'Omphale ; il a un enfant avec la reine de Lydie, Lamos, mais aussi Cléodéos avec une esclave.

Voir aussi : Omphale, Aristomachos

Selon Phérécyde, au contraire, Héraclès est abandonné par ses compagnons à Aphétæ, en Thessalie, parce que le navire Argo a pris la parole pour se plaindre du poids important du héros. Démarate soutient carrément que c'est lui qui prend le commandement des Argonautes.

Les derniers exploits. Libéré d'Omphale, il retourne à Tirynthe où, avec des héros tels que Pélée, Iolaos, Télamon, Oïclès, il monte une expédition punitive contre Laomédon, souverain de Troie. Laomédon et ses proches sont tués, à l'exception de sa fille Hésioné et de son fils Podarcès qui, naguère, a pris la défense d'Héraclès contre son père.

Voir aussi : Laomédon

Héraclès se rend ensuite en Élide pour tuer Augias dont il a nettoyé les étables et qui ne lui a pas payé le prix promis. Il marche ensuite contre Pylos et tue Nélée et ses enfants, Nestor excepté à qui est remis le trône. Puis il combat Hippocoon, tyran de Sparte, qui a usurpé la place de son frère Tyndare, bientôt remis à la tête du royaume. Lorsque les dieux l'appellent pour combattre les Géants, Héraclès répond présent.

Déjanire. Calmé après tous ces hauts faits, Héraclès se rend en Étolie où il demande la main de Déjanire, la fille d'Œnée, le roi de Calydon. Mais Déjanire a un autre prétendant, le dieu-fleuve Achéloos, qu'il faut combattre, et vaincre.

Voir aussi : Achéloos

Après sa victoire, les nouveaux époux vivent trois ans heureux. Cependant, un jour, Eunomos (ou Ennomos ou Eurynomos), jeune page de son beau-père, au cours d'un repas, renverse de l'eau sur les mains d'Héraclès... qui le tue d'une gifle.

Bien qu'il soit pardonné, parce que c'est un accident, l'exil s'impose. Il faut traverser l'Événos dont les eaux tumultueuses, accrues par les orages de l'hiver, si elles n'impressionnent pas Héraclès, préoccupent Déjanire. Héraclès franchit le fleuve en éclaireur. Quand il est sur la rive opposée, apparaît près de sa femme le Centaure Nessos (Nessus) qui se propose de la faire passer sur son dos. Mais loin de se montrer serviable, Nessos cherche à violer Déjanire, dont les cris alertent Héraclès. Celui-ci arme son arc et décoche une flèche empoisonnée sur Nessos. Nessos, avant de mourir, offre à Déjanire un philtre censé lui assurer la fidélité de son mari.

Voir aussi : Nessus

La mort

Établi à Trachis, Héraclès laisse momentanément sa femme afin de réaliser sa dernière vengeance : tuer Eurytos et s'emparer de sa fille Iole, qu'il envoie auprès de sa femme Déjanire. Devant tant de jeunesse, Déjanire commence à nourrir des soupçons sur son mari. Elle se rappelle le philtre d'amour offert par Nessos. Elle en imbibe donc la tunique d'Héraclès et, lorsque ce dernier revient à Trachis, elle la lui fait porter par Lichas. Lorsque le héros enfile le vêtement, il ressent d'atroces brûlures : la tunique empoisonnée par le philtre colle à sa peau et il ne peut l'enlever sans s'arracher également des lambeaux de chair. Dans sa furie, il se saisit de Lichas et, après l'avoir fait tourner trois ou quatre fois en l'air, il l'envoie dans les eaux de l'Eubée où le héraut est métamorphosé en rocher.

Hyllos, son fils, apprend la vérité à Déjanire. Horrifiée par son acte, la malheureuse se poignarde. De son sang répandu s'élève une plante, l'héracléon.

Héraclès ne comprend pas pourquoi sa femme veut sa mort, pourquoi Zeus lui réserve un tel sort. Mais quand Hyllos lui apprend que Déjanire a été trompée par le Centaure Nessos, Héraclès sait qu'il va mourir, lui l'invincible. Il se souvient de la prophétie de son père : ce ne sera pas un vivant qui le tuera, mais un mort, un hôte des Enfers.

On dit qu'il se jette dans le Dyras, fleuve de Thessalie, non loin des Thermopyles, dont les eaux conservent pour toujours la chaleur.

Il prie Hyllos, une fois son corps au sommet de l'Œta, de l'y brûler. Il lui demande d'épouser Iole. Mais l'enfant ne pouvant se résoudre à allumer le bûcher, c'est Philoctète, ou Poéas, son père, qui accomplit l'acte et qui en retour hérite son arc et ses flèches, la massue étant trop lourde pour son bras. Dès que les flammes atteignent une certaine hauteur, un orage éclate, suivie d'une éclipse de Soleil, d'où son surnom latin d'Hercule Astrologus. Un nuage descend jusqu'à Héraclès qui, dans un char tiré par quatre coursiers, est transporté sur l'Olympe où il peut jouir de l'immortalité. Il se réconcilie avec Héra qui lui donne sa fille en mariage, Hébé. Athéna lui fait don d'un voile, Héphaïstos d'une massue et d'une cuirasse ; Poséidon lui offre un cheval, Hermès une épée, et Apollon un arc qu'il accompagne de quelques conseils destinés à faire d'Héraclès un archer hors pair ; quant à Déméter, elle tient également à honorer la vertu du héros : elle institue des « petits mystères » afin de le purifier du meurtre des Centaures.

Le culte

C'est sans doute grâce à cette apothéose que l'on peut vénérer Héraclès à la fois comme un héros et comme un dieu. Il incame la force, le courage, mais aussi la générosité : il est le défenseur du faible, contre les tyrans, contre les monstres, contre les éléments déchaînés de la nature. Au sortir de l'adolescence, n'a-t-il pas eu à choisir entre la Volupté (ou le Vice) et la Vertu, et n'a-t-il pas choisi cette dernière comme ligne de conduite à son existence ?

On fait d'Héraclès une divinité solaire, eu égard à ses exploits : la victoire sur le lion de Némée symbolise celle du Soleil sur l'orage, par analogie entre le rugissement du lion et le grondement du tonnerre ; sa descente aux Enfers pour y capturer Cerbère, c'est le Soleil qui se couche le soir et reparaît le matin, etc. Chacune des douze épreuves pouvant être interprétées, avec plus ou moins de pertinence, comme le triomphe du Soleil sur un élément opposé. Ses rencontres avec Prométhée, Chiron et Atlas lui permettent d'accéder à la sagesse.

Voir aussi : Théron

Héraclès est représenté sous les traits d'un homme vigoureux, bronzé, à la musculature bien dessinée, pas toujours barbu et pas toujours d'une taille imposante ; cependant, son pied est d'une longueur de « deux coudées » (0,90 mètre) ; quant à sa taille, elle est diversement évaluée à sept pieds (2,28 mètres), à quatre coudées (1,77 mètre), à quatre coudées et un pied (2,07 mètres). Revêtu de la peau du lion de Némée, dont la tête lui sert de casque, il porte massue, carquois et flèches.

Héraclès est honoré à Cos, à Sicyone, en Crète, à Tyr, à Thèbes, à Marathon ; les Marathoniens prétendant de surcroît avoir été les premiers à considérer Héraclès comme un dieu. Il n'est pas inutile de rapporter ici ce que disent les Crétois : Héraclès, fils de Zeus, est né dans leur île bien avant le fils de l'Argienne Alcmène ; ils ignorent cependant qui est sa mère. Ce dont ils sont sûrs, c'est que, surpassant tous les autres hommes en force et en courage, il parcourt la Terre en punissant les malfaiteurs ou en délivrant les contrées des bêtes sauvages qui les rendent inhabitables. Après avoir mis ainsi les hommes en sûreté, il devient lui-même invincible et invulnérable, et la mémoire de ses bienfaits lui vaut les honneurs divins. Héraclès, fils d'Alcmène, prend l'Héraclès crétois pour objet de son émulation ; étant parvenu à l'immortalité par les mêmes voies, il se confond avec son prédécesseur dont il recueille ainsi la gloire.

L'un des sanctuaires les plus célèbres d'Héraclès se trouve à Agrigente. Il est également vénéré en Italie, là où l'on suppose qu'il s'est arrêté. Mais il s'agit là d'Hercule. Hérodote dit que les Grecs honorent deux Héraclès : l'un comme un dieu, l'autre comme un héros.

Par les Héraclides, ses descendants, Héraclès est l'ancêtre des Grecs du Péloponnèse. La terre lui doit sa paix, la mer sa sécurité.

Voir aussi : Héraclides

Variante

C'est après sa remontée des Enfers, où il est allé capturer Cerbère, que certains auteurs placent la folie d'Héraclès et le meurtre de sa femme et de ses enfants. Au cours de cette épreuve, Héraclès délivre Thésée, cloué sur le trône de l'Oubli. Pendant son séjour, Lycos s'empare par la force du trône de Thèbes et veut à tout prix épouser Mégare, la femme d'Héraclès. De retour sur Terre, Héraclès supprime l'usurpateur. Mais Héra, irritée de ses succès et vexée d'être finalement elle-même à l'origine de sa gloire, lui fait perdre la raison : ainsi Héraclès, ne reconnaissant plus ni sa femme ni ses enfants, les tue tous. Lorsqu'il revient à lui, horrifié de ses propres crimes, il veut mourir. Thésée lui offre de l'accompagner à Athènes afin de s'y purifier : « Mon pays t'offrira un refuge. C'est là que Mars purifiera tes mains sanglantes et te rendra tes armes. Viens, Alcide, allons vers cette terre qui rend aux dieux mêmes leur innocence. »

Voir aussi : Héraclès furieux

Variante

Après avoir tué Eurytos et ses fils, s'être rendu maître de la cité, avoir enseveli quelques-uns de ses compagnons d'armes – Hippasos, fils de Céyx, Argios et Mélas, fils de Licymnios – il met à sac la ville et fait d'Iole sa prisonnière. Près du promontoire de Cénée, en Eubée, Héraclès élève un autel à Zeus Cénéen et décide d'accomplir un sacrifice. Alors il envoie à Trachis son messager Lichas afin qu'il lui rapporte les vêtements du culte. C'est de Lichas que Déjanire apprend tout de l'amour d'Héraclès pour Iole, et elle craint que son époux n'aime cette fille plus qu'elle-même. Alors, persuadée que le sang de Nessos est réellement un philtre d'amour, elle en enduit la tunique d'Héraclès. Le héros l'endosse et célèbre le sacrifice. Mais, sous l'effet de la chaleur, le poison de l'Hydre, dont la tunique est imprégnée, se dissout et brûle la peau d'Héraclès. C'est alors qu'il saisit Lichas par les pieds et le projette hors du territoire. Il cherche à ôter son vêtement, mais, déjà, il adhère à son corps et Héraclès ne peut que se déchirer les chairs. Il est ensuite mené par mer à Trachis. Déjanire, dès qu'elle apprend ce qui est arrivé, se pend. Héraclès fait promettre à Hyllos, l'aîné de ses fils, qu'il a eu de Déjanire, qu'une fois adulte il épousera Iole ; puis il gravit l'Œta, dresse un bûcher, y grimpe et ordonne qu'on y mette le feu. Personne ne veut le faire. Alors Poéas, qui passait par là, à la recherche de son troupeau, exécute l'ordre. Il allume le bûcher et Héraclès lui fait don de son arc. Quand les bois sont entièrement consumés, un nuage soulève Héraclès et, parmi les tonnerres et les foudres, il le mène jusqu'au ciel. Là-haut, le héros obtient l'immortalité et se réconcilie avec Héra, qui lui donne pour femme sa fille Hébé. Et d'Hébé, il a deux fils, Alexiarès et Anicétos.

On situe la naissance d'Héraclès vers 1261, et sa mort vers 1209 av. J.-C., suivant le calcul d'Érathosthène.

Voir aussi : Héros

Héraclès enfant et les serpents

À peine échappé au sein de sa mère, le fils de Zeus, Héraclès, avait paru avec son frère jumeau à la lumière éclatante du soleil. Sa naissance ne trompa pas l'œil d'Héra ; la déesse au trône d'or le vit descendre dans ses langes de safran. La reine des dieux, enflammée de courroux, envoie aussitôt des serpents. Ils trouvèrent les portes ouvertes et pénétrèrent jusqu'au fond du vaste appartement, brûlant de promener autour des enfants leurs gueules avides. Héraclès releva la tête et s'essaya à son premier combat. Saisissant avec ses deux mains les deux cous des serpents, il les brise dans son étreinte irrésistible : bientôt la vie s'exhale de leurs corps monstrueux. Un mortel effroi frappe les femmes qui s'empressaient autour du lit d'Alcmène. Elle-même, presque sans voiles, s'élance de sa couche pour repousser l'attaque des serpents. Bientôt les chefs des Cadméens accourent en foule avec leurs armes d'airain. La main d'Amphitryon agite un glaive tiré du fourreau, il s'avance le cœur percé d'une vive douleur ; car le malheur qui nous frappe nous trouve tous également sensibles ; l'âme se console vite des infortunes d'autrui. Tout à coup il s'arrête, plein d'une stupeur terrible et délicieuse, car il a vu le courage et la force prodigieuse de son fils.

Pindare

La mort d'Héraclès

Alors il frappe l'air d'un cri terrible comme un taureau qui, blessé et emportant la hache dans sa plaie, s'échappe et remplit le temple effrayé de ses mugissements ; ou comme le bruit du tonnerre qui gronde, Alcide ébranle les cieux et les mers. Chalcis résonne au loin de sa voix, toutes les Cyclades y répondent, les roches de Capharée et tous les bois d'alentour en retentissent. Nous le voyons pleurer. On s'imagine que son ancienne rage est revenue. Ses serviteurs prennent la fuite.

[...] Il ravage son propre corps et déchire d'une main cruelle ses membres vigoureux. Il veut se dégager de la tunique fatale.

[...] Hélas ! quel scorpion, quel cancer détaché de la zone torride dévore mes entrailles ? Mes poumons, autrefois gonflés de sang, ont perdu leur force, et mes fibres se dessèchent. Mon foie s'enflamme : une chaleur lente a tari tout mon sang. L'épiderme est déjà brûlé. C'est par cette voie que le poison s'est infiltré dans mon corps. Il a mis mes côtes à nu, il a rongé mes chairs et consumé la moelle de mes os pour y fixer son empire. Que dis-je ? mes os mêmes ne subsistent plus ; leurs articulations sont rompues ; ils se brisent et se fondent. Ce vaste corps tombe en lambeaux, et les membres d'Hercule ne suffisent pas aux ravages du poison. Oh ! quel doit être ce fléau dont moi-même j'avoue la puissance ! Ô forfait exécrable ! Voyez, peuples, voyez ce qui reste du grand Hercule !

Sénèque

Héraclès enfant étouffant les serpents.
Héraclès enfant étouffant les serpents.
La mort d'Héraclès.
La mort d'Héraclès.
Les enfants d’Héraclès, d’après Apollodore
Les enfants d’Héraclès, d’après Apollodore