Travaux d'Héraclès

Les travaux d'Héraclès.
Les travaux d'Héraclès.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Missions dont Héraclès s'acquitte en réparation de ses crimes (involontaires).

Il existe plusieurs versions qui expliquent pourquoi Héraclès a dû accomplir ses différents travaux. Il faut garder à l'esprit qu'Héraclès et Eurysthée sont cousins, que celui-ci, né le premier par la volonté d'Héra, est roi de Tirynthe et de Mycènes ; Héraclès est donc son sujet.

Voir aussi : Eurysthée

Versions

I. Ayant involontairement tué Électryon son oncle paternel, Amphitryon, « père mortel » d'Héraclès, est exilé d'Argos ; c'est pour lui obtenir le retour dans sa patrie, où lui-même aspire à s'établir, qu'Héraclès s'offre à Eurysthée de purger la terre de ses monstres.

II. En récompense de sa victoire sur les Minyens d'Erginos, Créon, le roi de Thèbes accorde à Héraclès la main de sa fille Mégare, et lui confie son royaume. Eurysthée, craignant qu'Héraclès ne devienne trop puissant, lui ordonne d'accomplir des travaux. Héraclès refuse tout d'abord, mais son père (Zeus) lui enjoint d'obéir à Eurysthée, son roi. Héraclès consulte alors l'oracle de Delphes sur la conduite à tenir. La Pythie lui apprend que la volonté divine est qu'il se soumette à Eurysthée ; après quoi il acquerra l'immortalité. Bien que jugeant indigne de sa vertu de servir un homme qui vaut beaucoup moins que lui, Héraclès n'imagine pas possible de désobéir à Zeus. C'est à ce moment (selon les versions) qu'Héra précipite son esprit dans la démence : Héraclès tue sa femme et ses enfants. Recouvrant peu à peu la raison, et conscient de ses crimes, il reste longtemps affligé, à l'écart du monde. Enfin, il décide de se plier aux volontés d'Eurysthée, après avoir été guéri par Médée qui s'est réfugiée auprès de lui quand elle-même a eu tué ses propres enfants. Mais on dit aussi qu'Héraclès devient fou à son retour du Tartare, et qu'il massacre sa famille, la prenant pour celle d'Eurysthée dont il veut se venger.

III. Héraclès accomplit patiemment ces exploits pour plaire à Eurysthée car il est son amant.

Cet article consacré aux travaux d'Héraclès suit fidèlement la légende telle qu'elle a été rapportée par Apollodore, avec les inévitables digressions, autrement dit les « mini-exploits » que le héros accomplit dans le cadre des douze hauts faits, ainsi que les ellipses figurant dans le texte original. Pour le nombre des travaux, les variantes et les autres précisions, le lecteur se reportera à l'article consacré à Héraclès, ainsi qu'aux articles indiqués ci-dessous.

I. Le Lion de Némée

Son premier travail imposé est de rapporter la peau du lion de Némée, une bête féroce et invulnérable, née de Typhon. Héraclès gagne donc Cléones. Il y reçoit l'hospitalité d'un ouvrier agricole, Molorchos. Et, comme ce dernier s'apprête à offrir une victime en sacrifice, Héraclès lui suggère d'attendre trente jours : s'il revient sain et sauf de la chasse, Molorchos devra sacrifier à Zeus Sauveur ; dans le cas contraire, Molorchos devra offrir le sacrifice à Héraclès, en tant que héros. Arrivé à Némée, Héraclès piste le lion. À peine a-t-il commencé à lui décocher quelques flèches, qu'il comprend que cet animal est invulnérable : sa massue sur l'épaule, il se met à le suivre. Le lion se réfugie dans une grotte à deux entrées. Héraclès en condamne une et pénètre par l'autre. Il s'approche du fauve, il le saisit au cou et l'immobilise ; et il lui serre la gorge si fort qu'il meurt étouffé. Puis, le lion en travers des épaules, il retourne à Cléones. Il retrouve Molorchos. Comme c'est le trentième jour, Molorchos se dispose à accomplir le sacrifice en l'honneur d'Héraclès mort. Finalement, tous deux immolent une victime à Zeus Sauveur. Ensuite Héraclès porte le lion à Mycènes. Eurysthée, terrifié par la force du héros, lui interdit dès lors l'entrée de sa ville : les preuves de ses exploits seront à l'avenir exposées devant les portes. On dit aussi qu'Eurysthée, trop effrayé, s'est réfugié dans une jarre de bronze, qu'il a fait apprêter sous la terre. Et ses ordres, pour les exploits futurs d'Héraclès, il les transmet de cet endroit, par la voix du héraut Coprée, le fils de Pélops l'Éléen. Coprée a tué Iphitos : exilé, il a gagné Mycènes, et a été purifié par Eurysthée ; il s'est établi dans la cité.

Voir aussi : Lion de Némée

II. L'Hydre de Lerne

Son deuxième travail est de tuer l'Hydre de Lerne. Ce monstre vit dans les marais de Lerne, mais souvent il s'aventure dans la plaine et ravage le bétail et la campagne. Il a un corps énorme hérissé de neuf têtes : huit d'entre elles sont mortelles, sauf celle du milieu qui est immortelle. Héraclès monte sur le char que guide Iolaos. Arrivés à Lerne, où les chevaux sont arrêtés, Héraclès trouve l'Hydre sur une colline non loin de la source Amymoné, où elle a sa tanière. Héraclès décoche à l'intérieur des flèches enflammées, contraignant l'Hydre à sortir : à peine est-elle dehors qu'il lui saute dessus et l'immobilise. Mais aussitôt elle s'entortille autour d'une de ses jambes et l'enserre. Héraclès commence alors à fracasser les têtes avec sa massue, mais sans résultat : pour chaque tête fendue, deux nouvelles surgissent. Arrive un crabe d'une grandeur épouvantable, au secours de l'Hydre, qui mord le pied d'Héraclès. Après l'avoir tué, le héros appelle Iolaos à la rescousse. Ce dernier met le feu à un buisson et, à l'aide de brandons enflammés, il empêche les neuf têtes de repousser, en brûlant la chair à la base des têtes dès qu'elles tombent. De cette façon Héraclès réussit à décapiter l'Hydre de toutes ses têtes, y compris de celle qui est immortelle. Il enterre cette dernière non loin de la route qui, de Lerne, mène à Éléonte, et place dessus un imposant rocher. Il découpe en morceaux le corps de l'Hydre, puis trempe ses flèches dans son sang. Eurysthée déclare ensuite qu'on ne peut pas prendre en compte cet exploit, parce qu'Héraclès n'est pas venu à bout de l'Hydre seul, mais avec l'aide d'Iolaos.

Voir aussi : Hydre de Lerne

III. La biche de Cérinée (Cérynie)

Le troisième travail consiste à rapporter vivante à Mycènes la biche de Cérynie, qui vit alors à Œnoé (en Argolide). C'est une biche aux cornes d'or consacrée à Artémis. Comme il ne veut ni la blesser et encore moins la tuer, Héraclès doit la pourchasser une année entière. Finalement, la biche, épuisée par tant de course, se réfugie sur le mont Artémision ; c'est là, alors qu'elle s'apprête à franchir le lac Ladon, qu'Héraclès l'attrape ; il la charge sur ses épaules et gagne rapidement l'Arcadie. Mais Artémis et Apollon le rencontrent sur leur chemin. Artémis lui enlève la biche des épaules et l'accuse d'avoir voulu tuer un animal sacré. Héraclès se confond en excuses, précisant que c'est nécessaire, et ajoutant qu'Eurysthée est le seul coupable. De cette façon, la colère de la déesse s'apaise et le héros peut porter la biche encore vivante à Mycènes.

IV. Le sanglier D'Érymanthe

Pour son quatrième travail, Héraclès doit ramener vivant le sanglier d'Érymanthe, une bête qui dévaste Psophis, lorsqu'il déboule de la montagne appelée Érymanthe. Comme il traverse Pholoé, Héraclès rencontre le Centaure Pholos, le fils de Silène et d'une nymphe Mélienne. Pholos offre à Héraclès de la viande rôtie alors que lui la mange crue. Quand, ensuite, Héraclès réclame du vin, Pholos répond qu'il n'a pas le cœur d'ouvrir la jarre, qui appartient à la communauté des Centaures. Mais Héraclès lui prodigue quelques paroles d'encouragement et Pholos ouvre la jarre. Peu après, l'odeur du vin s'étant répandue, les autres Centaures rappliquent à la caverne de Pholos, armés de pierres et de bâtons. Les premiers qui osent se précipiter à l'intérieur sont Anchios et Agrios. Héraclès les repousse, en leur jetant des tisons ardents ; quant aux autres, il les prend pour cibles de ses flèches, et les pourchasse jusqu'à Malée. Là, ils se réfugient auprès de Chiron, que les Lapithes ont chassé du Pélion, et qui s'est installé en ce lieu. Les Centaures se pelotonnent derrière lui. Héraclès les vise ; une flèche traverse le bras d'Élatos et vient se planter dans le genou de Chiron. Affligé, Héraclès se porte auprès du bon Centaure, ôte la flèche et applique sur la plaie les médecines que Chiron lui-même lui a données. Mais la blessure est incurable, et Chiron se retire dans sa grotte. Il désire mourir, ce qui est impossible, puisque par nature il est immortel. Alors Prométhée demande à Zeus qu'il puisse devenir immortel à la place de Chiron, et ainsi celui-ci peut-il mourir. Les Centaures rescapés s'enfuient dans toutes les directions : certains gagnent le mont Malée, Eurytion va à Pholoé, et Nessos au fleuve Événos. D'autres sont accueillis à Éleusis par Poséidon, qui les cache dans les montagnes. Pholos, entre-temps, a extrait d'un cadavre une des flèches d'Héraclès, et s'étonne qu'une si petite chose ait pu tuer des créatures si grandes. Mais la flèche lui échappe des mains, le blesse à un pied et le tue immédiatement. Revenu à Pholoé, Héraclès voit Pholos mort : il l'enterre, puis il reprend la chasse au sanglier. Par ses cris, Héraclès réussit à le débusquer, le pousse, épuisé, dans la neige haute, l'attache et le porte à Mycènes.

Voir aussi : Centaures, Chiron, Pholos

V. Les écuries d'Augias

Son cinquième travail consiste à débarrasser de leur fumier, en un seul jour, toutes les étables d'Augias. Augias est roi d'Élis, fils d'Hélios selon les uns, ou de Poséidon selon les autres, ou bien, selon d'autres encore, de Phorbas. Il possède de très grands troupeaux de bétail. Héraclès va le voir et, sans lui révéler l'ordre d'Eurysthée, il lui assure qu'en un seul jour il nettoiera tout le fumier si Augias lui cède la dixième partie du bétail. Et le roi, considérant l'entreprise impossible, lui donne sa parole. Héraclès prend à témoin Philée, le fils d'Augias ; puis il ouvre une brèche dans l'enclos des étables, dévie le cours des deux fleuves voisins, l'Alphée et le Pénée, et canalise leurs eaux vers l'intérieur des étables, après avoir ouvert une autre brèche afin que l'eau puisse s'évacuer. Il révèle alors à Augias qu'il a accompli cette entreprise sur l'ordre d'Eurysthée, et le roi refuse de lui remettre la rémunération convenue, niant même la lui avoir jamais promise, et il déclare qu'il est tout à fait prêt à aller devant les tribunaux. Face aux juges, Héraclès appelle Philée afin qu'il témoigne contre son père, et le jeune homme confirme que la rémunération lui est due. Augias, furieux, avant même que le verdict ne soit émis, ordonne à Héraclès et à Philée de quitter l'Élide. Philée, alors, gagne Doulichion et s'y établit ; tandis qu'Héraclès se rend à Olénos, auprès du roi Dexaménos. Il le trouve sur le point de donner en mariage, contre sa volonté, sa fille Mnésimaché au Centaure Eurytion. Le roi prie Héraclès de lui prêter son aide : le héros tue Eurytion alors qu'il rejoint son épouse. Par la suite, Eurysthée refuse de prendre en compte ce travail, prétextant qu'il l'a accompli pour de l'argent

Voir aussi : Augias

VI. Les oiseaux du lac de Stymphale

Le sixième travail consiste à chasser les oiseaux de Stymphale. Non loin de la cité de Stymphale, en Arcadie, il y a un marais appelé Stymphale, entouré d'une épaisse forêt. S'y sont réfugiés quantité d'oiseaux, par crainte des loups. Héraclès se trouve dans l'impossibilité de les faire sortir de la forêt ; alors Athéna lui donne des castagnettes de bronze qu'elle a reçues d'Héphaïstos. Le héros monte sur une colline surplombant le marais, et agite les castagnettes : les oiseaux, effrayés, ne supportent pas le terrible grondement, et prennent leur envol. Ainsi, Héraclès peut finalement les tuer avec ses flèches.

Voir aussi : Oiseaux du lac de Stymphale

VII. Le taureau de Crète

Le septième travail consiste à capturer le taureau de Crète. Acousilaos soutient qu'il s'agit du taureau envoyé par Zeus pour transporter Europe ; d'autres, cependant, prétendent qu'il s'agit de celui que Poséidon a envoyé de la mer quand Minos promet de sacrifier au dieu ce qui viendra de l'océan. Selon la légende, quand Minos voit la beauté de ce taureau, il l'enferme dans ses étables et en sacrifie un autre à Poséidon ; et le dieu, en colère, le transforme en bête sauvage. Héraclès, donc, gagne la Crète pour ce taureau ; il sollicite l'aide de Minos, mais le roi lui répond qu'il doit l'affronter seul. Héraclès le capture et le porte à Eurysthée, mais celui-ci, par la suite, le libère. Le taureau s'en va errant vers Sparte, puis à travers toute l'Arcadie, il traverse l'isthme et gagne Marathon, en Attique, où il provoque la ruine des habitants de la région.

VIII. Les juments de Diomède

Le huitième travail consiste à porter à Mycènes les juments du roi de Thrace Diomède. Ce dernier, fils d'Arès et de Cyrène, règne sur les Bistones, un peuple de Thrace très belliqueux ; il possède des juments anthropophages. Héraclès met à la voile avec une équipe de volontaires, attaque les gardiens des écuries, et mène les juments sur la plage. Mais les Bistones prennent les armes et les poursuivent. Alors Héraclès confie les juments à Abdéros. Celui-ci, fils d'Hermès, et originaire d'Oponte en Locride, est aimé d'Héraclès. Les juments le mettent en pièces et le dévorent. Entre-temps Héraclès a défait les Bistones, tué Diomède et contraint les survivants à la fuite. Après avoir fondé la cité d'Abdéra près de la tombe d'Abdéros, le héros amène les juments à Eurysthée. Celui-ci les ayant libérées, les juments gagnent le mont Olympe, où elles sont dévorées par les bêtes sauvages.

Voir aussi : Diomède (Variante 2)

IX. La ceinture d'Hippolyté

Le neuvième travail consiste à rapporter la ceinture d'Hippolyté. Hippolyté est la reine des Amazones ; ce peuple, établi près du fleuve Thermodon, est vraiment remarquable dans la guerre. Les femmes s'exercent à des travaux masculins, et si par hasard l'une d'elles noue une relation avec un homme et reste enceinte, elles élèvent uniquement les filles ; elles se coupent le sein droit, pour n'être pas entravées dans le maniement des armes, et conservent le gauche pour pouvoir allaiter. Hippolyté a reçu la ceinture d'Arès, en signe de sa supériorité sur toutes les autres. Héraclès a été envoyé pour s'emparer de cette ceinture, pour la donner à Admète, la fille d'Eurysthée, qui la veut. Il prend la mer avec une équipe de volontaires, sur un seul navire, et aborde sur l'île de Paros où habitent les enfants de Minos : Eurymédon, Chrysès, Néphalion et Philolaos. Mais deux des compagnons d'Héraclès, ayant débarqué, sont tués par les fils de Minos. Alors le héros, irrité, les supprime sur l'heure, et donne l'assaut à la ville jusqu'à ce que ses habitants lui envoient une ambassade avec la proposition de choisir deux hommes qui lui plairaient, en échange de ses deux compagnons morts. Héraclès lève le siège, et choisit Alcéos et Sthénélos, les fils d'Androgée fils lui-même de Minos. Ensuite il part et arrive en Mysie, où il est l'hôte de Lycos, fils de Dascylos. Pour le remercier de son hospitalité, le héros aide Lycos dans sa guerre contre le roi des Bébryces : nombreux sont ceux qui meurent de la main d'Héraclès, le roi Mygdon lui-même, frère d'Amycos. Il offre à Lycos un vaste territoire soustrait aux Bébryces : et la région tout entière est appelée Héraclée.

Quand finalement le héros jette l'ancre dans le port de Thémycire, Hippolyté vient lui rendre visite : la reine s'informe du but de sa mission, et lui promet la ceinture. Mais Héra, déguisée en Amazone, parcourt la ville, en disant que des étrangers sont arrivés avec l'intention d'enlever la reine. Alors les Amazones s'arment, prennent leurs montures et galopent vers les navires. Héraclès, quand il les aperçoit en ordre de bataille, soupçonne une trahison : il tue Hippolyté, lui arrache la ceinture et, après avoir mis en déroute toutes les autres, il appareille pour Troie.

Voir aussi : Hippolyté, Amazones

En ces jours, la cité est affligée par un grave fléau, à cause de la colère d'Apollon et de Poséidon. Les deux dieux, en effet, pour mettre à l'épreuve l'outrecuidance du roi Laomédon, ont pris l'apparence de deux mortels, et sont convenus avec lui de fortifier les murs de la citadelle de Pergame, en échange d'une rétribution. Mais quand ensuite ils ont achevé le travail, Laomédon refuse de les payer. Alors Apollon envoie une épidémie et Poséidon un monstre marin, lequel, sortant des eaux avec la marée, s'aventure sur la terre ferme et cause des ravages parmi les hommes. Les oracles ont révélé que ce grand malheur prendra fin si Laomédon expose sa fille Hésioné en pâture au monstre : aussi la jeune fille est-elle enchaînée à un rocher près de la mer. Héraclès voit la jeune fille exposée, et promet qu'il la libérera si Laomédon lui cède les juments que Zeus lui a donné en échange de l'enlèvement de Ganymède. Laomédon lui donne sa parole, Héraclès tue le monstre et sauve la jeune fille. Mais le roi refuse de lui donner la rétribution promise : Héraclès menace de faire la guerre à Troie, puis il repart.

Voir aussi : Laomédon

Arrivé à Ainos, il reçoit l'hospitalité du roi Poltys. Alors qu'il s'apprête à reprendre la mer, sur la plage d'Ainos il frappe et tue l'insolent Sarpédon, fils de Poséidon et frère de Poltys. Il débarque ensuite à Thasos, soumet les Thraces qui y habitent et la donne à coloniser aux fils d'Androgée. De Thasos il arrive à Torone : là, Polygonos et Télégonos, les deux fils de Protée, fils lui-même de Poséidon, le défient en duel, et Héraclès les tue tous les deux. Il arrive finalement à Mycènes et remet la ceinture à Eurysthée.

X. Les bœufs de Géryon

Le dixième travail imposé à Héraclès est de capturer les bœufs de Géryon dans l'île d'Érythie. Cette dernière se trouve en bordure d'Océan et son nom actuel est Gadir. L'île est habitée par Géryon, fils de Chrysaor et de Callirhoé elle-même fille d'Océan. Son corps est celui de trois hommes qui auraient grandi ensemble, réunis jusqu'à la taille, puis séparés en trois flancs, au niveau des cuisses et jusqu'en haut. Il a des bœufs roux, dont s'occupe Eurytion, et que garde Orthros, le chien à deux têtes né d'Échidna et de Typhon. Dans sa traversée de l'Europe pour capturer les bœufs de Géryon, Héraclès tue de nombreuses bêtes féroces. Il passe par la Libye et arrive à Tartessos ; là, pour marquer son passage, il érige deux colonnes, l'une en face de l'autre, comme frontières entre l'Europe et la Libye. Puis, comme au cours de son trajet le soleil le brûle, il menace le dieu avec son arc : et le Soleil, plein d'admiration pour le courage de cet homme, lui donne sa coupe (son vaisseau) d'or pour traverser l'Océan. Arrivé à Érythie, Héraclès grimpe sur le mont Abas. Mais Orthos, le chien, s'étant aperçu de sa présence, se précipite sur lui. Héraclès alors l'assomme avec sa massue, puis il tue le bouvier Eurytion venu au secours du chien.

Ménoetès, qui fait paître non loin les troupeaux d'Hadès, rapporte à Géryon ce qui vient d'arriver. Et Géryon s'en va affronter Héraclès près du fleuve Anthémos, alors que le héros emmène déjà le bétail. Ils en viennent aux mains, et Géryon est mortellement frappé. Héraclès fait avancer les bêtes dans la coupe du Soleil, et arrive à Tartessos où il la restitue au dieu.

Après être passé par le territoire d'Abdéra, Héraclès arrive en Ligurie où Ialébion et Dercynos, deux fils de Poséidon, cherchent à lui voler son bétail. Mais le héros les tue, puis il descend le long de la côte tyrrhénienne. À Rhégium, un taureau s'échappe, court se jeter dans la mer et nage jusqu'en Sicile. Il traverse toute la région et parvient jusqu'au royaume d'Éryx, roi des Élymes et fils de Poséidon, qui unit le taureau à ses vaches. Héraclès confie son troupeau à Héphaïstos, se lance à la recherche du taureau et le trouve au milieu des bêtes d'Éryx. Le roi lui déclare qu'il le lui rendra uniquement si Héraclès parvient à le battre dans un combat aux poings. Le héros sort vainqueur à trois reprises, tue Éryx, récupère le taureau et se remet en route avec ses bêtes vers la mer Ionienne. Mais, quand il arrive aux criques, Héra envoie un taon tourmenter les bêtes, qui se dispersent vers les montagnes thraces. Héraclès les suit, réussit à en rassembler la plus grande partie, et les mène vers l'Hellespont. Celles qu'il ne peut pas trouver retournent à l'état sauvage. Avec son troupeau ainsi péniblement rassemblé, Héraclès se retrouve devant le fleuve Stry-mon, ce qui le contrarie. Alors il remplit de rochers son lit et ses eaux ne sont plus navigables. Enfin, il mène les bœufs à Eurysthée qui les sacrifie à Héra.

Voir aussi : Géryon

XI. Les pommes d'or du jardin des Hespérides

Le héros accomplit ces exploits en huit ans et un mois. Mais Eurysthée, n'ayant pas validé ceux de l'Hydre et des étables d'Augias, impose encore un travail à Héraclès, le onzième : le héros devra lui apporter les pommes d'or du jardin des Hespérides. Ce dernier se trouve, non comme certains l'ont dit, en Libye, mais bien sur le mont Atlas, au pays des Hyperboréens, et c'est le cadeau de noces offert par Gaia à Zeus et à Héra. Un dragon immortel en a la garde, fils de Typhon et d'Échidna, qui a cent têtes et qui sait parler avec les voix les plus variées et sur tous les tons. Les nymphes des Hespérides montent également la garde : Églé, Érythie, Hespérie et Aréthuse. Chemin faisant, Héraclès arrive au fleuve Échédoros où Cycnos, fils d'Arès et de Pyrène, le défie en duel : Arès en personne se range aux côtés de Cycnos et dirige le combat. Mais la foudre s'abat entre eux et l'affrontement est interrompu. Héraclès poursuit sa route vers le pays des Illyriens, jusqu'au fleuve Éridan, où il trouve les nymphes filles de Zeus et de Thémis. Elles lui indiquent le lieu où dort Nérée. Héraclès le saisit dans son sommeil et le ligote, même si Nérée continue de prendre mille formes différentes, et il ne le lâche pas tant qu'il ne lui a pas révélé où trouver les pommes des Hespérides. Le héros s'achemine ainsi vers la Libye. En ce temps-là, sur ce pays règne Antée, fils de Poséidon, qui a l'habitude de contraindre à la lutte tous les étrangers, pour les tuer. Aussi force-t-il Héraclès à se battre : mais le héros l'empoigne, le soulève de terre, lui casse les os et le tue. Chaque fois en effet qu'il touche terre, Antée devient toujours plus fort parce que – si l'on en croit certains – il est le fils de la Terre elle-même.

Voir aussi : Antée

La Libye traversée, Héraclès arrive en Égypte. Le roi de cette contrée est Busiris, fils de Poséidon et de Lysianassa fille elle-même d'Épaphos. Busiris sacrifie tous les étrangers sur l'autel de Zeus, conformément à une prophétie. Depuis neuf ans, en effet, l'Égypte est ravagée par la famine, et Phrasios, un savant prophète, arrivé de Chypre, lui a prédit que la disette prendra fin si chaque année il sacrifie à Zeus un étranger. Le premier à être égorgé est le devin lui-même ; puis ce sont tous les étrangers qui se présentent. Héraclès lui aussi est capturé et mené sur l'autel ; mais le héros casse les cordes qui le lient, et tue Busiris avec son fils Amphidamas.

Voir aussi : Busiris

Puis il traverse l'Asie et arrive à Thermydron, le port de Lindos. Là, il détache un des deux taureaux d'un char d'un bouvier, le sacrifie et s'en fait un festin. Le bouvier ne peut faire autrement que de fuir vers le sommet d'une montagne et maudire Héraclès de loin. Et, en souvenir de cet épisode, les habitants de Lindos accomplissent des sacrifices en prononçant des malédictions.

Puis le héros traverse l'Arabie, où il tue Émathion, fils de Tithon ; il poursuit son chemin vers la Libye, vers la mer extérieure où il prend à Hélios sa coupe. Il passe ainsi de l'autre côté et aborde sur la terre ferme d'en face. Ayant rejoint les montagnes du Caucase, il tue avec ses flèches l'aigle, fils d'Échidna et de Typhon, qui dévore le foie de Prométhée ; puis Héraclès le libère, après s'être fait une couronne d'olivier, et présente à Zeus le Centaure Chiron qui veut mourir à la place de Prométhée.

Prométhée a conseillé à Héraclès de ne pas cueillir les pommes avec ses mains, mais de soulager Atlas du poids du ciel, et de l'envoyer à sa place. Arrivé au pays des Hyperboréens, le héros convainc Atlas et soutient le ciel à sa place. Atlas cueille trois pommes du jardin des Hespérides, et les porte à Héraclès. Ensuite il ne veut plus reprendre le ciel sur ses épaules. Héraclès alors lui demande de lui accorder le temps de mettre autour de sa tête un bandeau pour porter ce poids ; Atlas dépose les pommes à terre et accepte de soutenir le ciel un moment encore : Héraclès prend les pommes et s'enfuit. Il y a en a qui soutiennent que ce n'est pas Atlas qui lui porte les pommes : le héros les aurait cueillies lui-même, après avoir tué le serpent gardien. Puis il les porte à Eurysthée qui en fait cadeau au héros lui-même. Et Héraclès les donne à Athéna, mais la déesse les restitue aux Hespérides, parce qu'il n'est pas permis, par la loi divine, que les pommes se trouvent dans un autre endroit.

XII. Cerbère

Comme douzième travail, il lui est imposé de ramener Cerbère de l'Hadès. Cerbère a trois têtes de chien, une queue de dragon et toute la longueur de son dos est hérissée de têtes de serpents de toutes espèces. Pour se préparer à cette entreprise, Héraclès se rend à Éleusis, auprès de Mélampous, afin d'être initié aux mystères. Or, en ce temps-là, l'initiation n'est pas accordée aux étrangers ; aussi, pour cette raison, Héraclès doit-il se faire adopter par Pylios. Et, de surcroît, il ne peut pas assister aux mystères parce qu'il n'a pas été purifié après le meurtre des Centaures. Eumolpos le purifie, et finalement Héraclès est initié. Ayant atteint le cap Ténare, en Laconie, là où s'ouvre le passage pour descendre dans l'Hadès, Héraclès s'y engage et descend. Quand les âmes le voient, elles s'enfuient toutes, excepté Méléagre et la Gorgone Méduse. Héraclès sort son épée, comme si la Gorgone était vivante, mais Hermès l'avertit qu'il ne s'agit là que d'un vain fantasme. Arrivé près de la porte de l'Hadès, il trouve Thésée et Pirithoos, celui qui aspirait à la main de Perséphone ; c'est pourquoi ils sont à présent prisonniers. Dès qu'ils voient Héraclès, ils tendent les mains vers lui, dans l'espoir que sa force pourra les délivrer. Le héros réussit à prendre Thésée par la main et à le mettre debout ; mais, alors qu'il tente de relever Pirithoos, la terre tremble, et il doit lâcher prise. Puis il fait rouler la pierre qui écrase Ascalaphos. Et pour offrir un sacrifice de sang aux âmes, il égorge une bête du troupeau d'Hadès. Mais leur gardien, Ménétès, fils de Ceuthonymos, le défie à la lutte. Héraclès aussitôt le bloque à la taille et lui brise les côtes. Perséphone alors intercède en sa faveur et Héraclès le laisse aller. Il parle ensuite à Hadès de Cerbère et le dieu lui accorde de l'emmener, à la condition qu'il le vainque sans armes. Héraclès le trouve près des portes de l'Achéron : protégé par sa cuirasse et recouvert de sa peau de lion, il lui met les mains autour du cou et ne bouge plus jusqu'à ce que la bête, suffoquant, tombe à terre. Héraclès la prend, et remonte non loin de Trézène. Déméter, ensuite, transforme Ascalaphos en hulotte. Héraclès montre Cerbère à Eurysthée puis le ramène dans l'Hadès.

Voir aussi : Cerbère