Géryon

Les bœufs de Géryon.
Les bœufs de Géryon.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Géant tricéphale, avec peut-être aussi trois corps et trois paires d'ailes, deux ou trois paires de jambes.

Géryon est le fils de Chrysaor et de Callirhoé, la fille de l'« Océan fameux ». Trois boucliers couvrent son corps. Roi d'Érythie, et vivant à Cadix ou ailleurs, il possède un troupeau de bœufs magnifiques, qu'il nourrit de chair humaine, et dont il a confié la garde à un berger d'une taille gigantesque (Eurytion), à un chien à deux têtes (Orthros) et peut-être aussi à un dragon à sept têtes.

Héraclès arrive sur son territoire grâce au vaisseau (aux sens de « bateau » ou de « vase », de « coupe ») d'or que lui a offert Hélios et qui lui permet de traverser l'Océan. Prévenu par le berger Ménétès de la venue du héros, mais surtout de ses intentions hostiles à son égard, Géryon se prépare au combat, bien que sa mère Callirhoé ait tenté de l'en dissuader. Poséidon, qui est le père de Chrysaor, désire intervenir en faveur de son petit-fils ; il doit y renoncer devant les instances pressantes d'Athéna. Géryon, qui est peut-être moins monstrueux qu'on ne le dit habituellement, et vraisemblablement aigri par une existence sans gloire, se demande quelle tactique adopter pour affronter un héros tel qu'Héraclès : faut-il combattre à visage découvert, ou bien profiter de la surprise d'une embuscade ? Il n'a qu'un bouclier et un casque (qui finit par tomber) à opposer à la massue et aux flèches empoisonnées du fils d'Alcmène.

Héraclès anéantit tous ses adversaires ; et comme Géryon est l'homme le plus grand qu'il lui a été donné de rencontrer, Héraclès consacre ses ossements à Olympie afin que son exploit demeure dans les mémoires ; Géryon, quant à lui, est célébré comme un héros. Héraclès repart avec les bœufs, sur sa « coupe » d'or qu'il restitue à Hélios. Toutefois, lors de son passage en Sicile, à Agyrion, là où les bêtes ont laissé leurs empreintes dans la terre, il dédie un culte à leur précédent propriétaire. Près de Cadix se trouvent deux « arbres de Géryon », des pins, qui laissent perler des gouttes de sang.

Variantes

I. Géryon n'a pas trois corps : ce nom désigne trois frères, si étroitement unis qu'ils semblent n'avoir qu'une âme commune ; ils ne provoquent pas non plus Héraclès : voyant leurs troupeaux enlevés, ils combattent le héros pour récupérer leurs bêtes.

II. Il est une ville, dans le Pont-Euxin, qu'on appelle Tricarénie (« Trois Têtes » ou « Trois Sommets »). Et Géryon, qui y vit, est renommé parmi les hommes de son temps, pour ses grandes richesses. Il possède notamment un troupeau de bœufs, si beaux qu'Héraclès désire se les approprier. Il tue donc Géryon au moment où celui-ci tente de l'empêcher de commettre son forfait. Mais quand les gens voient les bêtes de près, ils s'étonnent : les bœufs sont très laids. Et l'on demande : « D'où viennent ces bœufs ? » Et l'on répond : « Héraclès les a pris à Géryon le Tricarénien [le Géryon qui était cet homme à « Trois Têtes »]. » La rumeur que Géryon avait trois têtes s'est ainsi répandue un peu partout.

Voir aussi : Héraclès, Cerbère (Variante 2)

Héraclès se rendant chez Géryon dans la coupe d'Hélios.
Héraclès se rendant chez Géryon dans la coupe d'Hélios.
Les bœufs de Géryon.
Les bœufs de Géryon.