Oiseaux du lac de Stymphale

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Monstres élevés par Arès.

La tête, les ailes, le bec de ces oiseaux sont en bronze ; leurs plumes leur servent de véritables flèches contre les humains, qu'ils dévorent. Ils sévissent en Arcadie, sur l'île d'Ényalos, c'est-à-dire sur l'île d'Ares (Ényale étant une épithète du dieu). Héraclès d'abord, les Argonautes ensuite doivent les affronter. Oïlée est blessé par une plume et, bientôt, le ciel est obscurci par les oiseaux. Amphidamas imagine alors de jeter l'épouvante parmi les oiseaux en faisant le plus de bruit possible. Le procédé se révèle efficace et les oiseaux, après une malheureuse tentative, s'éloignent du vaisseau.

Variante

Ces créatures sont tuées par Héraclès, empoisonnées par les flèches trempées dans le sang de l'hydre de Lerne.

On a également supposé que les oiseaux mis en fuite par Héraclès et ceux qui attaquèrent les Argonautes étaient d'une espèce différente, les seconds paraissant beaucoup plus dangereux.

Voir aussi : Héraclès, Travaux d'Héraclès

Les Argonautes et les Oiseaux de Stymphale

Voici, proche de nous, l'île d'Arès. Vous aussi vous le savez, à la vue de ces oiseaux. Et nos flèches ne suffiront pas, je crois, pour que nous débarquions. Pensons donc à quelque autre expédient, si vous vous souvenez de Phinée, et si vous voulez aborder comme il nous l'a conseillé. Pas même Héraclès, quand il vint en Arcadie, n'eut assez de force pour chasser les oiseaux du lac de Stymphale, avec son arc. Je l'ai vu, de mes propres yeux. Or, s'étant placé sur une hauteur, dans ses mains il agita un instrument de bronze, et produisit un si grand bruit que les oiseaux, effrayés, s'enfuirent en poussant des cris stridents.

Nous aussi, nous devons songera une astuce semblable. Et voici celle que j'ai déjà imaginée : coiffons-nous de nos casques à hautes aigrettes ; et que la moitié d'entre nous continue à ramer, et que les autres recouvrent le navire de leurs lances et de leurs boucliers. Et tous ensemble nous pousserons de grands cris : par cette clameur inhabituelle, par nos aigrettes ondoyantes et nos lances tendues, les oiseaux seront épouvantés. Et si nous atteignons l'île, alors, en cognant sur vos boucliers, provoquez un immense vacarme.

Il parla ainsi, et chacun approuva cet astucieux stratagème. Les Argonautes mirent sur leurs têtes les casques de bronze, qui lançaient des éclats farouches, et que surmontaient les palpitantes aigrettes de pourpre. La moitié d'entre eux ramaient ; les autres travaillaient à recouvrir le navire de leurs lances et de leurs boucliers [...].

Puis, tel ce cri qui monte d'une troupe de guerriers en marche, à l'instant où deux armées entrent en contact, telle fut la clameur qui se répandit dans l'espace. Ils ne virent plus aucun oiseau. Et quand, arrivés dans l'île, ils frappèrent sur leurs boucliers, les oiseaux, par milliers, prirent leur envol, terrorisés.

De même que le Cronide envoie du ciel une grêle drue sur les cités et les maisons, et que les habitants, à l'abri, sont tranquillement assis à écouter le crépitement sur les toits – la tempête ne les a pas surpris : ils ont auparavant consolidé leurs maisons – ainsi les oiseaux jetaient sur les héros une grêle de plumes, en fuyant très haut sur la mer, vers les sommets des terres lointaines.

Apollonios de Rhodes