Journal de l'année Édition 1978

Du 01 juillet 1977 au 30 juin 1978

Ça c'est passé le

Suisse.

Entretiens Caramanlis-Ecevit sur le contentieux gréco-turc, à Montreux.

Ça c'est passé le

Bruxelles.

Accord des Neuf sur les montants compensatoires agricoles ; le franc vert est dévalué (1,2 %).

Sommaire

  • La vie politique en France
    • Synthèse

      Après coup, lorsque l'événement est survenu, il est toujours facile de prétendre : « Je m'y attendais, je l'avais prévu. » Et aisé aussi d'attribuer rétroactivement à telle péripétie, dont l'importance, sur le moment, n'avait pas été perçue, un caractère décisif. Cependant, prévisionnistes et futurologues se trompent comme les autres et même plus souvent que les autres. À cet égard, l'année 1977-1978, pleine d'enseignements, devrait inciter les prophètes à la modestie.

    • Élections

      Répartition des voix et sièges. Le changement de nom de certains partis politiques et les regroupements depuis 1967 sont à l'origine d'une multiplication des sigles. Pour la lecture des graphiques couleurs, ci-contre, il convient de se souvenir des changements qui se sont opérés année par année.

    • Conjoncture

      C'est bien la première fois qu'un gouvernement gagne des élections après avoir mené une politique d'austérité. Le succès, d'une ampleur imprévue, de la majorité aux élections de mars 1978, n'a fait que confirmer Raymond Barre dans ses certitudes et a pratiquement contraint le chef de l'État à demander à son Premier ministre de rester en place, alors que tout le monde prévoyait son départ.

    • Productions

      Un paradoxe inquiétant se dessine de plus en plus nettement dans le monde de l'énergie. D'une part, les études les plus récentes confirment que, en dépit des avertissements des partisans de la croissance douce et du Club de Rome, le développement industriel de la planète exigera longtemps encore des quantités toujours croissantes d'énergie. Mais, d'autre part, la crise économique de ces dernières années a freiné, c'est vrai, les besoins, ne serait-ce que temporairement, et retarde la prise en compte du long terme. De sorte que le risque est grand de connaître dans quelques années une situation de pénurie, lorsque les besoins repartiront et que la production ne sera pas au rendez-vous. Les experts situent cette crise vers 1985.

    • Dossier

      Les revenus, en France, sont mal connus. Les renseignements dont on dispose sont souvent incomplets, disparates ou anciens. Le Centre d'étude des revenus et des coûts, à la demande du Premier ministre, Raymond Barre, a tenté de résoudre cet épineux problème. Son rapport Revenus des Français est publié le 22 novembre 1977. Celui-ci est loin de proposer une solution satisfaisante. C'est une première approche, et, tout au long des 308 pages de cette étude, les auteurs signalent toutes les informations qui leur manquent.

    • Social

      La défaite de la gauche marque assurément un changement profond dans la vie sociale. Avant le scrutin, le gouvernement se refuse à toute promesse, adopte une attitude rigide (exemple d'EDF, la seule du secteur nationalisé à tenter l'épreuve de force en décembre 1977) et refuse de discuter la suggestion de FO pour une 5e semaine de congés payés. Dans le secteur privé, le patronat s'enferme dans le mutisme.

    • Budget

      Beaucoup de Français rêvaient d'une politique radicalement nouvelle dont le budget aurait été l'outil. La défaite de la gauche aux élections de mars 1978 a mis un terme à cet espoir. Et l'on s'est retrouvé avec un budget terne, sans imagination, celui que Raymond Barre avait fait voter à l'automne 1977 et que certains avaient pris pour un budget d'attente.

    • Commerce extérieur

      La principale caractéristique du commerce international réside, en 1977, dans sa faiblesse inattendue. Contrastant avec une croissance en volume de 11 % en 1976, les échanges mondiaux ne progressent que d'environ 4 %, en raison d'une nette stabilisation au second semestre. Une certaine accélération, tout en fin d'année, ne parvient pas à renverser la tendance ni à rattraper la croissance annuelle moyenne de 7 % en volume qui prévalait durant la période 1965-1975.

    • Bourse

      Le plongeon effectué par la Bourse de Paris en mai 1977 avait conduit l'indice général peu au-dessus de 50, niveau inférieur de moitié à celui de 1961. Une perte de 50 % en francs courants, bien plus considérable encore en monnaie constante, qui alarmait à juste titre les milieux financiers à l'heure où le second gouvernement de Raymond Barre présentait un nouveau volet de mesures destinées à redresser la situation économique avec, notamment, un emprunt de 6 milliards de F, qui en feront 8 dans la réalité. Tout était-il donc perdu pour la Bourse ?

    • Matières premières

      L'année 1977 n'a pas connu les excès, caricaturaux, enregistrés en 1976 sur de nombreux marchés. Mais l'allure générale est demeurée chaotique, la spéculation amplifiant les moindres rumeurs beaucoup plus que ne l'aurait normalement permis une conjoncture économique mondiale terne. Seuls les métaux précieux ont suivi une pente régulière, ascendante, motivée par des achats constants de la part du Moyen-Orient et du Sud-Est asiatique, tandis que l'offre s'essoufflait. Dans un secteur voisin, la société de Beers multipliait, début 1978, les mises en garde au public contre une hausse aberrante des cours du diamant qui semblait lui échapper. Quant à l'or, il n'a cessé de bénéficier d'incitations à la hausse : pressions inflationnistes toujours fortes, faiblesse du dollar, incertitudes politiques dans plusieurs pays, tensions sporadiques au Proche-Orient.

    • Législation

      L'utilisation de l'informatique suscite, dans tous les pays, de violentes controverses. La maîtrise de ce que l'on pourrait appeler une information de masse, facilement disponible, est une menace pour la société qu'aucun gouvernement ne peut plus ignorer.

    • Armée

      Le président de la République, chef des armées, en demandant au commandement français que les forces d'intervention extérieures soient les « vedettes » du défilé militaire du 14 juillet 1977 à Paris, souhaitait ainsi mettre à l'honneur une partie des unités qui avaient apporté leur aide au Zaïre, en avril 1977, en transportant des détachements marocains.

    • Aménagement du territoire

      La redistribution des pouvoirs, la régionalisation, la bataille contre la bureaucratie sont, en France, de vieux serpents de mer. Périodiquement, on réunit solennellement une commission, plus solennellement on publie son rapport et ses propositions. Le rapport Guichard (Journal de l'année 1976-77), joliment dénommé Vivre ensemble, avait été salué en 1976 comme une contribution significative à cette recherche d'un meilleur équilibre entre les exigences (légitimes) de l'État et les revendications de plus en plus pressantes des collectivités locales (communes, départements), des régions et des associations (notamment celles qui militent pour un meilleur cadre de vie et un urbanisme plus intelligent).

  • La vie politique internationale
    • Marché commun

      L'année 1977-1978 aura été, pour la Communauté européenne, celle de la déception en matière économique et de la crise en matière agricole. Déception pour l'économie, car aucune reprise des affaires n'a eu lieu. Les objectifs fixés dans ce domaine n'ont pas été atteints. Le chômage est resté à un niveau élevé. La Commission de Bruxelles n'a pas pu convaincre les pays membres de prendre des mesures de stimulation supplémentaires. Les Allemands, qui avaient jugulé leur inflation (avec une hausse des prix inférieure à 4 % par an) et qui continuaient d'avoir un fort excédent commercial, n'ont pris que des mesures de relance limitées, dans la crainte de retomber dans l'inflation En outre, les pressions exercées sur les monnaies ne faisaient que rendre plus difficiles toutes mesures de relance.

    • Dossier

      Il y a presque exactement deux siècles, les premières manifestations d'un phénomène déterminant de l'histoire humaine se produisaient dans la France paysanne de Louis XVI : l'homme commençait à limiter volontairement sa descendance et à l'abaisser au-dessous des limites du biologique, sans pour autant recourir ni aux moyens sociaux traditionnels (élévation de l'âge au mariage, augmentation du nombre des célibataires définitifs), ni à l'avortement ou à l'infanticide. Ce phénomène, qui n'avait pas de précédent si ce n'est dans certaines classes de la noblesse ou de la haute bourgeoisie, est passé largement inaperçu des contemporains, même si certains, tel l'économiste Thomas Malthus en Angleterre, constataient et déploraient « qu'on trompât la nature jusque dans les chaumières ». Et c'est seulement dans la période toute récente qu'on lui a donné un nom et qu'on l'a fait sortir du ghetto des tabous : la contraception, c'est-à-dire la dissociation de la sexualité et de la reproduction.

  • La vie politique à l'étranger
    • Afrique

      Le Cap. 26 130 000. 22. 2,5 %. Économie. PIB (75) : 1 339. Production (75) : G 123 + A 145 + I *120. Énerg. (*75) : 2 953. C. E. (75) : 15 %. Transports. (*75) : 65 061 Mt/km. (*75) : 2 117 000 + 800 300.  : 477 000 tjb. (75) : 3 993 M pass./km. Information. (74) : 24 quotidiens ; tirage global : *1 738 000. (74) : *2 335 000. (71) : 498 000 fauteuils ; (75) : 1 936 000. Santé. (73) : 12 060. Éducation. Prim. (72) : 4 653 452. Sec. et techn. (*70) : 565 000. Sup. (73) : 98 577. Institutions. État indépendant le 31 mai 1910. République proclamée le 31 mai 1961. Constitution de 1961. Président de la République : Nicolaas Diederichs, élu le 21 février 1975, succède à Jim Fouché. Le Premier ministre Balthazar Johannes Voster se succède à lui-même après les élections du 30 novembre 1977.

    • Amérique

      Ottawa. 23 140 000. 2. 1,4 %. Économie. Le Canada apparaît toujours relativement privilégié, notamment avec une balance commerciale légèrement excédentaire, une production énergétique variée et abondante (hydroélectricité, principalement, et pétrole, malgré un fléchissement de la production). Le marasme de la sidérurgie (malgré la reprise de l'extraction de minerai de fer, en grande partie exporté) et la poursuite du recul de la production d'aluminium témoignent que l'économie canadienne n'est pas à l'abri de la crise mondiale. La lutte contre l'inflation n'a pas encore été couronnée de succès ; le chômage a atteint un taux inquiétant voisin de 8 %. Le pays, dont le marché intérieur est réduit au regard du volume de sa production, est donc tributaire d'une demande extérieure, fluctuante en raison de la crise. PIB (75) : 6 995. Production (75) : G 124 + A 119 + I 120. Énerg. (*75) : 9 880. C. E. (75) : 20 %. Population active (76) : 9 572 000, dont A : 5,9 % ; I : 29,7 % ; D : 64,4 %. PIB par secteur (75) A : 4,4 % ; I : 29,9 % ; D : 58,7 %. Prix à la consommation (évolution 76) : + 7,5 %. Balance commerciale (76) exp. : 38,6 MM $ ; imp. : 38 MM $. Balance des paiements (76) : excédent de 3,2 MM $. Productions (76) : blé 23,5 Mt, pétrole 63 Mt, gaz naturel 68,3 Gm3, électricité 293,4 TWh, cuivre 0,75 Mt, fer 36,6 Mt, acier 13,2 Mt, aluminium 0,6 Mt, papier (75) 12 Mt. Transports. (*75) : 2 930 M pass./km, 197 216 Mt/km. (74) : 8 472 200 + 2 027 600.  : 2 639 000 tjb. (75) : 11 116 M pass./km. Information. (73) : 121 quotidiens ; tirage global : 5 207 000. (74) : *20 252 000. (74) : 8 232 000. (73) : 650 900 fauteuils ; fréquentation : 89 M. (75) : 13 142 000. Santé. (74) : 37 277. Mté inf. (74) : 15. Éducation. (74). Prim. : 2 617 333. Sec. et techn. : 2 629 409. Sup. : 706 652. Institutions. État fédéral indépendant en 1931 (Statut de Westminster). Constitution de 1867. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : Jules Léger. Premier ministre : Pierre Elliott Trudeau.

    • Asie

      Kaboul. 19 800 000. 30. 2,4 %. Économie. PIB (70) : 88. Production (75) : A 126. Énerg. (*75) : 52. C. E. (70) : 6 %. Transports. (71) : 38 400 + 26 100. (75) : 250 M pass./km. Information. (74) : 15 quotidiens ; tirage global : 499 000. (74) : *111 000. (70) : 12 000 fauteuils ; fréquentation : 19,2 M. (75) : 25 000. Santé. (73) : 701. Éducation. Prim. (73) : 621 437. Sec. et techn. (75) : *172 000. Sup. (73) : 9 399. Institutions. État indépendant depuis 1921. République instaurée après le coup d'État du général Sadar Mohamed Daoud Khan (17 juillet 1973) qui élimine le roi Mohamed Zahir Chah. Proclamation d'une République démocratique après le coup d'État militaire du colonel Abdul Kadir qui renverse Sadar Mohamed Daoud Khan, le 27 avril 1978. Constitution en préparation. Président de la République et Premier ministre : Nur Mohamed Taraki.

    • Europe

      Tirana. 2 550 000. 89. 2 %. Économie. Énerg. (*75) : 741. Information. (74) : 2 quotidiens ; tirage global : 115 000. (74) : 173 000. (74) : *4 000. Éducation. (71). Prim. : 518 002. Sec. et techn. : 85 441. Sup. : 28 668. Institutions. République populaire proclamée le 11 janvier 1946. Nouvelle Constitution adoptée par l'Assemblée le 28 décembre 1976. Président du présidium : major général Hadji Lleshi, élu en 1953. Président du Conseil : colonel général Mehmet Chehou. Premier secrétaire du Parti : général Enver Hodja.

    • Océanie

      Canberra. 13 640 000. 2. 1,5 %. Économie. PIB (74) : 6 364. Production : G (73) 116 + A (75) 132 + I (75) 112. Énerg. (75) : 6 485. C. E. (74) 13 %. Transports. (*75) : 29 792 Mt/km. (*75) : 5 012 300 + 1 200 300.  : 1 247 000 tjb. (75) : 10 104 M pass./km. Information. (73) : 58 quotidiens ; tirage global : *5 126 000. (73) : 2 815 000. (73) : 3 013 000. (72) : 478 400 fauteuils. (75) : 5 267 000. Santé. (72) : 17 972. Mté. inf. (75) : 14. Éducation. (74). Prim. : 1 778 826. Sec. et techn. : 1 059 180. Sup. : 252 972. Institutions. Fédération de 6 États (Commonwealth of Australia), indépendante 1er janvier 1901. Constitution de 1901. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : sir Zelman Cowen. Premier ministre : Malcolm Fraser.

  • Vie intellectuelle
    • Idées

      Pr Maurice Tubiana Le refus du réel (Robert Laffont) Chef du département des radiations de l'Institut Gustave-Roussy, directeur d'un des services de recherche de Villejuif, le professeur Maurice Tubiana a observé pendant trente ans les réactions des patients devant un mal qui – souvent à tort – répand la même terreur que jadis la peste ou la lèpre. Il a été conduit à extrapoler sa réflexion à la plupart des comportements humains actuels, qu'il caractérise par leur irrationalité et l'absence d'esprit critique. Pour conjurer l'angoisse existentielle, nous mettons la tête dans le sable, nous masquons la réalité par une barrière de mythes et d'illusions. Les thèmes de l'aliment naturel, du passéisme, du retour à un environnement non industriel ne font qu'exprimer notre peur du monde moderne, notre hantise de la mort individuelle inéluctable, tandis que le besoin de surnaturel, ne trouvant plus d'aliment dans les fois religieuses, transparaît à travers la vogue des guérisseurs et autres charlatans. On dénonce la pollution, les tensions urbaines, la technologie, alors que jamais la santé n'a été meilleure qu'aujourd'hui en Occident, la mortalité plus faible, l'espérance de vie plus longue. Le principal facteur de maladie est aujourd'hui l'autopollution par l'alcool, le tabac, la suralimentation, auxquels s'ajoute la sédentarité. Pour refuser cette évidence, on dénonce les centrales nucléaires, dont le risque, en trente années de fonctionnement, est égal « à celui causé par la consommation de trois cigarettes ou d'un litre de vin ». Le remède ? Chercher un nouvel équilibre entre l'homme et son milieu. Le progrès des sciences humaines peut être d'un puissant secours.

    • Lettres

      « ... Le livre sublime, qui se clôt peut-être sous nos yeux, de la littérature française », écrit Jean d'Ormesson, observateur lucide que ni son tempérament ni son talent ne portent à jouer les Cassandre, dans son livre de réflexions et de souvenirs Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouée. Certes, un grand écrivain peut se lever demain, un groupe se former, et les cartes seront distribuées pour une nouvelle partie. Mais l'impression d'un certain marasme se confirme d'année en année si on essaie d'aller un peu plus loin que les enthousiasmes de commande de la mode et de la publicité, et cela peut-être parce que les événements majeurs de la réflexion se situent hors du domaine strictement littéraire.

    • Architecture

      La couleur envahit les murs. Traditionnellement présentes dans les villes d'Allemagne, d'Italie ou dans les villages du Mexique, les couleurs violentes ou pastels se sont imposées, en quelques années, dans les mornes cités HLM ou sur les bâtiments ingrats, usines et entrepôts, des grandes villes. Une aubaine pour certains architectes qui donnent à la recherche d'un habillage aimable le soin qu'ils n'ont pu consacrer à la plastique du bâtiment... Céramique ou peinture, béton teinté dans la masse, les techniques sont variées. Du simple dégradé harmonique dans les couleurs de la terre ou du ciel, aux compositions plus agressives (chevrons, rayures, figures abstraites), les coloristes pratiquent plusieurs registres.

    • Arts

      Paradoxe ? À peine lancée la grande machine de Beaubourg qui propulse l'œil à facettes de la foule vers les mondes futuribles, on s'empresse de revenir à l'art du passé. Année de bilans, de rétrospectives, d'expositions érudites. Aux États-Unis, les deux plus grandes manifestations artistiques ont été consacrées à Cézanne et à Matisse ; en Europe, à Rubens et à Courbet. On rend compte et on fait les comptes.

    • Spectacles

      La cruauté du public, la brutalité de l'Administration, la férocité des conflits de personnes et la violence des luttes syndicales font qu'à l'Opéra de Paris, depuis dix ans, le drame se joue encore plus souvent dans la salle et dans les coulisses que sur la scène. Le 23 juillet 1977, un homme s'est jeté du 14e étage : Jean Salusse, président du conseil d'administration de la Réunion des théâtres lyriques nationaux. Cet énarque de 45 ans, major de la promotion de J. Chirac, conseiller d'État et directeur de la Caisse nationale des monuments historiques, avait été nommé à ce poste par Michel Guy, en 1974, mais « pour aider plus que pour contrôler ».

    • Sciences

      Les lauréats voient récompenser « leurs travaux théoriques fondamentaux sur la structure magnétique des systèmes magnétiques et désordonnés ». Le dénominateur commun de leurs recherches est l'application de la mécanique quantique à des domaines tels que la physique des solides. Tout en constatant les lois des champs magnétiques et électriques ainsi que des phénomènes comme la conductivité et la semi-conductivité, la physique échouait naguère à en donner une théorie générale, capable par exemple d'expliquer certains effets imprévus ou d'en prédire d'autres, trouvés ensuite par l'expérience. Dans l'atome, chaque électron crée un petit champ magnétique, dont les caractéristiques sont en relation avec son spin, nombre quantique qu'on peut se représenter comme traduisant la rotation de la particule sur elle-même. Lorsque les trajectoires électroniques sont distribuées au hasard dans l'espace, la résultante des champs magnétiques individuels est nulle ou négligeable. Quand elles s'orientent dans une même direction, soit provisoire (sous l'action d'un champ extérieur), soit permanente (dans la structure semi-rigide d'un réseau cristallin), la matière acquiert des propriétés magnétiques : c'est le ferromagnétisme, longtemps étudié par Van Vleck. Autre découverte : le comportement des électrons dans les semi-conducteurs amorphes. Les verres et divers alliages n'ont pas de réseau cristallin ordonné, mais une structure désordonnée, aléatoire. Anderson et Mott ont montré que des électrons peuvent alors, dans certains cas, se trouver localisés, piégés. Un tel matériau présente des propriétés semblables à celles des semi-conducteurs cristallins. Il y a une vingtaine d'années, cette découverte présentait surtout un intérêt théorique. Elle trouve aujourd'hui d'importantes applications. On espère fabriquer bientôt des cellules photovoltaïques 250 fois moins chères que les actuels cristaux de silicium, autorisant la conversion directe à l'échelle industrielle de l'énergie solaire en électricité. D'autres matériaux, comme les alliages spéciaux, sont inventés et produits grâce à des considérations théoriques sur la structure des édifices atomiques et les mouvements des électrons qui les traversent. Récemment, on a commencé à élucider un phénomène paradoxal : dans certaines situations, un même matériau passe d'un état isolant à un état métallique où il devient bon conducteur.

  • La vie religieuse
    • La vie religieuse

      C'est désormais une sorte de tradition romaine : quand approche le 26 septembre, jour anniversaire du pape, les spéculations sur son éventuelle démission se multiplient dans la presse et dans les salons romains. En 1977, les spéculations sont particulièrement vives puisque, ce jour-là, Paul VI atteint 80 ans : on sait qu'à partir de cet âge les cardinaux ne peuvent plus participer à l'élection d'un nouveau pape. Certains observateurs se demandent donc si le souverain pontife ne s'est pas fixé cette limite à lui-même, s'il ne va pas se retirer, d'autant que son état de santé inspire toujours quelques inquiétudes.

  • La vie quotidienne
    • Éducation

      Lorsque René Haby quitte le ministère de l'Éducation après quarante mois d'exercice, la réforme de l'enseignement qu'il a entreprise est encore loin d'être achevée. Il s'agit de réorganiser toute la scolarité obligatoire, le deuxième cycle secondaire et le baccalauréat, de changer la pédagogie et même l'administration de l'éducation : de définir « une politique d'éducation jusqu'à la fin du siècle », selon les termes du président Giscard.

    • Automobile

      On aurait pu redouter que la suppression, un an sur deux, du doyen des Salons de l'automobile, celui de Paris, n'amène les constructeurs français à une certaine pause en matière de lancement de nouveaux modèles. Il n'en a rien été. Et malgré l'absence du Salon de Paris en octobre 1977, on a vu chacun des quatre grands prendre à cœur de présenter des voitures d'un intérêt certain.

    • Mode

      Sans distinction d'opinion, d'âge ou de galbe, les femmes ont porté, cet hiver, le veston, masculin de carrure, parfois emprunté aux garçons — veste de velours renforcée de cuir ou paletot de chasse soigneusement patiné —, avec des pantalons étroits ou avec des jupes froncées, des kilts ; le carnier à l'épaule, la casquette sur l'oreille.

    • Consommation

      La France n'a plus de ministre de la Consommation dans le 3e gouvernement Barre du 3 avril 1978. Il est vrai qu'il ne s'agissait que d'un secrétariat d'État, un peu artificiellement rattaché au ministère de l'Économie et des Finances. Ceux qui avaient espéré que ce strapontin ministériel se transformerait un jour en un vrai ministère rassemblant tous les services qui, à l'Agriculture, à la Santé, à l'Industrie, aux Finances, etc., s'intéressent de près ou de loin à la consommation ont été déçus.

    • Information

      Après les grands bouleversements qu'elle a connus au cours des précédentes années, la presse française est fidèle à son image en 1977-78 : d'un côté, de nombreux titres se créent, mais, de l'autre, deux quotidiens parisiens (J'informe, le Quotidien de Paris) disparaissent et un troisième (l'Aurore) est vendu à la fin du mois de juin 1978.

    • Faits divers

      À 41 ans, Édouard-Jean Empain est de ces hommes à qui la vie n'a rien refusé. Héritier du troisième groupe financier français, il est à la tête d'un holding, le groupe Empain-Eichneider, qui emploie 120 000 personnes et brasse 22 milliards de chiffre d'affaires. Marié, père de quatre enfants, celui que ses amis ont surnommé Wado est peu connu du grand public. Il préfère les clubs de tirs et les cercles de jeux aux réunions mondaines.

    • Détente

      Face au développement du Loto, l'inquiétude renaît dans les milieux hippiques. Sans être mauvaises, les recettes du tiercé ne suivent plus la courbe ascendante qui assure la prospérité de l'institution. D'où le recours à un certain nombre de jeux nouveaux comme le quarté — qui connaît un certain essoufflement —, le supercouplé et le projet de supertiercé.

    • Sports

      100 mètres : 1. Sainte-Rose 10″ 53 ; 2. Meite (CI) 10″ 63 ; 3. Echevin 10″ 64.

  • Nécrologie

    Lord Edgar ADRIAN (87 ans), physiologiste britannique, Nobel de médecine 1932 ; Cambridge, le 4-8-77.