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Des perspectives préoccupantes

Après les grands bouleversements qu'elle a connus au cours des précédentes années, la presse française est fidèle à son image en 1977-78 : d'un côté, de nombreux titres se créent, mais, de l'autre, deux quotidiens parisiens (J'informe, le Quotidien de Paris) disparaissent et un troisième (l'Aurore) est vendu à la fin du mois de juin 1978.

Parisien libéré

Vingt-neuf mois de durs combats auront été nécessaires pour que l'affaire du Parisien libéré soit réglée. C'est d'abord le conseil des prud'hommes qui ordonne le paiement, par le journal, des congés payés, du treizième mois, des congés d'hiver depuis le 3 mars 1975 aux 580 salariés et 600 F de dommages et intérêts à chacun, soit 7,5 millions de F. C'est surtout, le 11 juillet 1977, l'accord conclu entre la direction et le Livre : 110 ouvriers et 2 cadres sont réintégrés dans le groupe, 40 ouvriers sont reclassés dans d'autres imprimeries et reçoivent une indemnité de 10 000 F, 62 partent à la retraite avec la même indemnité, 22 seront en préretraite à 55 ans au cours des trois prochaines années, 170 devront trouver un emploi aux NMPP. C'est enfin raccord définitivement signé le 16 août au ministère du Travail après une ultime rencontre entre Christian Beullac, Claude Bellanger, P-DG du quotidien, et les dirigeants de la Fédération et du Comité parisien du livre. Il n'y aura eu, en définitive, ni vainqueurs ni vaincus, si l'on considère que l'on abandonne la notion de monopole d'embauché, que l'ajustement doit être réalisé avec la moyenne des salaires effectivement pratiqués sur la place parisienne (alors qu'ils sont, à Saint-Ouen, de 15 % moindres que dans la capitale) et qu'est également abandonnée la revendication d'une troisième semaine de congé d'hiver.

D'autres conflits, internes cette fois, éclatent au Parisien libéré à la suite de divergences de vues entre les héritiers d'Émilien Amaury, Francine Amaury et son frère Philippe, qui lui conteste la qualité d'actionnaire majoritaire qu'elle revendique.

Claude Bellanger, peu de temps avant son décès (13 mai 1978), cède à Jean-Claude Aaron environ 25 % du capital de la société du Parisien libéré.

Au Figaro et à France Soir, des mouvements de grève sont provoqués par le plan de restructuration de Robert Hersant, qui veut transférer à la Plaine Saint-Denis les imprimeries des deux quotidiens. Celles-ci emploient quelque 1 200 salariés et on avance le chiffre de 600 licenciements. Finalement, une entrevue a lieu entre Robert Hersant, les représentants du Comité intersyndical du livre parisien et les délégués syndicaux des deux journaux.

À la suite de la publication d'un manifeste électoral de Robert Hersant dans le Figaro, Jacques de Lacretelle, Louis Chauvet, Marcel Gabilly et Michel-Pierre Hamelet expriment leurs réserves devant ce qu'ils considèrent comme un abus de droit.

La Générale occidentale, qui avait acquis, en mars 1977, 45 % du capital de l'Express, devient majoritaire fin avril 1978. James Goldsmith est nommé P-DG du groupe. Jean-Jacques Servan-Schreiber, fondateur du titre, conserve un tiers du capital.

Grèves

Quelques organes connaissent des mouvements de grève sporadiques : aux Échos, où les ouvriers chargés de la composition du journal n'acceptent pas les conditions de travail et les salaires (du 3 au 17 août 1977) et où les journalistes s'opposent au licenciement du secrétaire général de la rédaction (5 janvier 1978) ; à l'AFP, pour protester contre la « multiplication des pressions et des actes de censure », puis pour exiger l'institution d'un plan minimal de carrière ; à Antenne 2, où les journalistes se plaignent des « pressions du pouvoir en place » et où la CFDT affirme que « les manipulations ont atteint un niveau rarement égalé » ; à FR3, où le SNJ dénonce la mise en place d'un « encadrement renforcé » pendant la période électorale et où les journalistes publient un livre blanc au titre éloquent : « L'information bâillonnée ». À la fin de la campagne électorale, le SNJ demande la mise en place d'un véritable statut des journalistes propre à garantir sérieusement la liberté d'expression et le droit à l'information. Grève enfin des clavistes du groupe Aigles. Après un mois de grève, un protocole d'accord intervient le 9 juin.

Liberté

L'adoption, par le Parlement, d'un texte de loi interdisant la publication des sondages d'opinion une semaine avant les élections est assimilée, à plusieurs reprises, à un acte de censure et la Fédération nationale de la presse exprime ses regrets.