Journal de l'année Édition 1978 1978Éd. 1978

Commerce extérieur

Lent retour à un équilibre fragile

La principale caractéristique du commerce international réside, en 1977, dans sa faiblesse inattendue. Contrastant avec une croissance en volume de 11 % en 1976, les échanges mondiaux ne progressent que d'environ 4 %, en raison d'une nette stabilisation au second semestre. Une certaine accélération, tout en fin d'année, ne parvient pas à renverser la tendance ni à rattraper la croissance annuelle moyenne de 7 % en volume qui prévalait durant la période 1965-1975.

Décélération

Le ralentissement sensible du rythme d'expansion économique dans les pays industriels du monde occidental explique largement la décélération du commerce international.

En effet, pour le monde occidental, le taux d'accroissement de la production industrielle est réduit de moitié entre 1976 et 1977, tombant de 9 à 4,5 %. L'augmentation du volume de ses importations, ramenée de 14 à 4-5 %, traduit de façon singulière l'affaiblissement de la demande intérieure, tant au niveau de la consommation privée que de l'investissement en capital fixe.

La contraction générale de la demande et la production industrielle stagnante produisent leurs effets sur le commerce extérieur. Les résultats globaux (toutes zones, or et matériel militaire compris) font ressortir en valeur une augmentation des importations FOB qui n'est que de 12,8 % (contre + 33,2 % en 1976), soit une évolution quasiment nulle en volume, compte tenu de la hausse des prix.

Quant aux exportations FOB, elles progressent de 17,3 %, c'est-à-dire à une cadence assez proche de celle enregistrée en 1976 (+ 20 %) ; en volume, la progression s'établit à environ 6 %.

La bonne tenue des exportations françaises, en particulier dans le domaine industriel, vaut d'être soulignée, car les livraisons sont tout de même contrariées par la conjoncture déprimée sévissant chez les principaux partenaires commerciaux. De surcroît, l'évolution d'ensemble des exportations est d'autant plus remarquable que les ventes agricoles, qui représentent traditionnellement une part notable des fournitures hors l'Hexagone, sont sérieusement amoindries par suite des conditions climatiques défavorables de 1976 (sécheresse) et du début 1977 (gelées tardives et pluies).

Bilan

Avec, au total, 331 milliards de F d'importations et 320 milliards de F d'exportations, le déficit de la balance commerciale est ramené à – 11 milliards de F en 1977 (contre – 20,9 milliards en 1976). C'est bien, mais c'est encore beaucoup trop.

Le taux de couverture remonte, d'une année à l'autre, de 92,9 % à 96,7 %. La réduction spectaculaire du déséquilibre de la balance marchandises se répercute d'une manière substantielle au niveau de la balance des paiements courants entre la France et l'extérieur, dont le solde tombe de – 29 à environ – 16 milliards de F.

Ce n'est qu'en fin d'année que la balance commerciale renoue, après de longs mois, avec l'excédent : + 1,4 milliard en octobre 1977 et + 1,6 milliard en décembre. Cela résulte d'un fort redémarrage des ventes agricoles et du rythme très soutenu des exportations de biens d'équipement, de produits chimiques et de produits de consommation.

Cependant, ces résultats mensuels du dernier trimestre, marqués par les effets positifs de la politique de redressement, et qui confirment la nette tendance à l'amélioration qui s'était déjà dessinée antérieurement, demeurent irréguliers.

Novembre voit un déficit de – 2 milliards, dû à une vive hausse des importations de biens de consommation (+ 14 %), coïncidant avec une reprise sensible de la demande des particuliers. Interviennent également de forts achats de précaution de produits pétroliers, vu l'incertitude sur les nouveaux prix applicables en janvier 1978 et la baisse du dollar.

Spéculation

En outre, la tenue du franc s'altère notamment sous la pression de la spéculation à la hausse des devises fortes (Deutschmark et franc suisse). La dépréciation du taux de change effectif de la monnaie française sera de l'ordre de 6 % en 1977.