urine
Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».
Liquide sécrété par les néphrons (unités fonctionnelles du rein), qui s'écoule par les voies urinaires excrétrices (calices, bassinets, uretères) et s'accumule dans la vessie avant d'être évacué par l'urètre.
1. La composition de l'urine
L'urine est un liquide jaune pâle, ambré, limpide à l'émission (→ miction), d'odeur safranée et légèrement acide. Elle est constituée d'eau, dans laquelle sont dissoutes des substances minérales (sodium, potassium, calcium, magnésium, chlorure, sulfates, phosphates) et organiques (urée, créatinine, acide urique, acides aminés, enzymes, hormones, vitamines), et contient des globules rouges et des globules blancs en faibles quantités (moins de 5 000 par millilitre). On ne trouve normalement dans l'urine ni sucres (→ glucides), ni protéines, ni bactéries.
Le volume d'urine excrété est normalement compris entre 0,5 et 2 litres par 24 heures, mais varie en fonction de l'âge du sujet, de la quantité de boissons qu'il a absorbée, de son alimentation, de son activité physique, du climat, etc.
2. L'élaboration de l'urine et physiologie
La formation de l'urine est assurée par les néphrons, unités fonctionnelles et anatomiques du tissu rénal (→ rein), au nombre de 1 à 1,2 million par rein. Le glomérule, première partie du néphron, élabore l'urine primitive par filtration du sang (→ filtration glomérulaire) ; cette urine est ensuite transformée dans le tubule rénal, deuxième partie du néphron, par des phénomènes de réabsorption (récupération d'une partie de l'eau, du sodium, etc.) et de sécrétion, en une urine définitive, dont la quantité et la composition varient de façon que le milieu intérieur du corps reste constant (→ homéostasie).
L'urine joue donc un double rôle : élimination de déchets tels que l'urée, la créatinine et aussi un grand nombre de médicaments et de toxiques, d'une part, maintien de la constance du milieu intérieur de l'organisme grâce à une régulation des quantités d'eau et de sels minéraux à éliminer, d'autre part.
3. Les pathologies liées à l'urine
• Un changement de couleur de l'urine peut révéler un ictère (urine brun acajou) ou une hématurie (urine rouge).
• Une oligurie ou une anurie (respectivement, réduction importante – volume inférieur à 0,5 litre par 24 heures – ou arrêt total de la sécrétion d'urine) témoignent d'une insuffisance rénale, le plus souvent aiguë. Celle-ci est soit fonctionnelle, et dans ce cas rapidement réversible une fois sa cause identifiée et traitée (hypotension artérielle, déshydratation), soit organique, due à des lésions anatomiques du néphron ; dans ce cas, elle peut durer de plusieurs jours à plusieurs semaines et nécessiter une épuration du sang par dialyse.
Pour en savoir plus, voir les articles anurie, oligurie.
• Une pneumaturie (présence de gaz dans les urines) est le plus souvent due à une fistule vésico-intestinale.
Pour en savoir plus, voir l'article pneumaturie.
• Une polyurie (débit urinaire supérieur à 3 litres par 24 heures) peut être la conséquence d'apports hydriques trop abondants (boisson, perfusions) ou traduire un état pathologique : diabète insipide (dû à l'absence ou à l'inefficacité de l'hormone antidiurétique), diabète sucré non équilibré, etc.
Pour en savoir plus, voir l'article polyurie.
• La présence d'éléments anormaux dans l'urine ou dans le sédiment urinaire est symptomatique de certaines maladies : diabète s'il s'agit de glucose, néphropathie quand ce sont des protéines, acidocétose en cas de corps cétoniques, affection hépatique en cas d'urobiline, etc.
• Une variation de la composition de l'urine peut révéler une maladie : ainsi, une augmentation anormale du taux de calcium (→ calciurie) peut signaler une hyperparathyroïdie, tandis qu'une diminution anormale de ce taux est caractéristique d'une hypoparathyroïdie ou d'une insuffisance rénale.
Enfin, les problèmes d'émission d'urine peuvent consister en une fuite d'urine (écoulement anormal), une incontinence urinaire (perte involontaire), une énurésie (émission nocturne chez l'enfant), une dysurie (difficulté à uriner), une pollakiurie (mictions fréquentes).
Pour en savoir plus, voir l'article appareil urinaire.
PRINCIPAUX CONSTITUANTS DE L'URINE | |||
Principales causes de diminution de ces valeurs | Valeurs moyennes | Principales causes d'augmentation de ces valeurs | |
Éléments minéraux | |||
Sodium (natriurie) | Régime sans sel, déshydratation | De 3 à 7 g (c'est-à-dire de 50 à 150 mmol)/24 h | Insuffisance surrénalienne (maladie d'Addison, par exemple) |
Potassium (kaliurie) | Insuffisance surrénalienne | De 2 à 4 g (c'est-à-dire de 50 à 100 mmol)/24 h | Syndrome de Conn |
Calcium (calciurie) | Hypoparathyroïdie, insuffisance rénale | De 100 à 400 mg (c'est-à-dire de 2,5 à 10 mmol)/24 h | Hyperparathyroïdie |
Chlore (chlorurie) | Déshydratation | De 4 à 9 g (c'est-à-dire de 120 à 250 mmol)/24 h | Insuffisance surrénalienne |
Éléments organiques | |||
Acide urique (uricurie) | Crise de goutte, régime végétarien | De 0,35 à 1 g (c'est-à-dire de 2 à 6 mmol)/24 h | Crise de goutte, leucémie |
Urée (azoturie) | Insuffisance rénale, insuffisance hépatique | De 10 à 35 g (c'est-à-dire de 180 à 600 mmol)/24 h | Augmentation du catabolisme azoté (fièvre), intoxication (au phosphore, à l'antimoine) |
Créatinine (créatininurie) | Insuffisance rénale | De 0,5 à 2,5 g (c'est-à-dire de 5 à 20 mmol)/24 h (valeur fixe pour un même individu) | Myopathie |
Urobiline (urobilinurie) | De 0,2 à 3,5 mg (c'est-à-dire de 0,33 à 5,91 µmol)/24 h | Certaines affections hépatiques, hémolyse | |
Constituants chimiques anormaux | |||
Glucose (glycosurie) | Absence | Hyperglycémie (diabète sucré), diabète rénal | |
Protéines (protéinurie) | < 0,05 g/24 h | Protéinurie orthostatique, protéinurie d'effort, néphropathie glomérulaire, myélome multiple | |
Corps cétoniques (acétonurie, cétonurie) | Absence | Hypercatabolisme (fièvre), jeûne prolongé, diabète sucré décompensé avec acidocétose | |
Éléments cellulaires | |||
Cellules épithéliales desquamées | Quelques cellules | Inflammation des voies urinaires, cancer de la vessie ou des uretères | |
Cylindres | De 1 à 2 cylindres hyalins/min | Inflammation des voies urinaires, néphrite | |
Hématies | Inférieur à 5 000/min | Affection vésicale, prostatique, urétrale ou rénale | |
Leucocytes | Inférieur à 5 000/min | Infection des voies urinaires (pyélonéphrite, prostatite) | |
mmol = millimole ; µmol = micromole |