Le constructeur automobile suédois entend réduire sa dépendance du secteur voitures de tourisme, dont l'avenir est particulièrement incertain, et diversifier ses activités dans les domaines de l'énergie et du commerce international. Avec un chiffre d'affaires annuel d'environ 40 milliards de F et 75 000 employés, le nouveau groupe Volvo-Beijer devient le plus important des pays nordiques.

Suisse

Berne. 6 340 000. 153. 0,2 %.
Économie. PIB (77) : 9 570. Énerg. (76) : 3 340. CE (77) : 29 %.
Transports. (*77) : 9 240 M pass./km, 6 324 Mt/km. (*77) : 1 932 800 + 154 000.  : 231 000 tjb. (77) : 9 236 M pass./km.
Information. (75) : 95 quotidiens ; tirage global : 2 573 000. (76) : 2 108 000. (76) : 1 809 000. (75) : 188 400 fauteuils ; fréquentation : 23 M. (77) : 4 145 000.
Santé. (76) : 12 118. Mté inf. (76) : 10,7.
Éducation. (77). Prim. : 502 337. Sec. et techn. : 443 711. Sup. (75) : 64 720.
Armée.  : *18 500.
Institutions. République confédérale. Constitution de 1874. Président de la Confédération : Kurt Furgler. Vice-président : Fritz Honegger.

La Confédération n'est plus totalement épargnée par la crise

Le 29 mars 1981, l'Helvétie s'est mise à l'heure d'été. Cet événement, banal pour ses voisins, a pris dans les conversations la place de la pluie et du beau temps : depuis la Seconde Guerre mondiale, on n'avait jamais fait cette expérience. Mais l'insularité horaire de la Suisse avait fini par devenir pratiquement intenable.

Pour la seconde fois, le Conseil fédéral avait sollicité des chambres la compétence de dépasser le soleil. Et nul n'avait lancé de référendum : on a donc fini de jongler avec les horaires des trains internationaux, des avions et des programmes radiotélévisés d'Allemagne fédérale, d'Autriche, de France et d'Italie.

Colère

S'il aligne ses pendules, malheureusement le pays les vend moins bien. La concurrence japonaise devient si redoutable que la Société suisse pour l'industrie horlogère (SSIH), qui coiffe en particulier les marques de prestige Oméga et Tissot, doit demander aux banques un gros ballon d'oxygène : quelque 300 millions pour un redémarrage.

Désastre économique ? Non, loin de là. Lorsqu'ils ont fait le bilan de l'année 1980, les Suisses ont constaté qu'ils détenaient le record absolu de la stabilité monétaire ; que le chômage restait un phénomène marginal (0,2 % !) ; et que le PNB avait augmenté, en chiffres réels, de 2 %.

Mais ils ont dû reconnaître aussi que l'année 1981 serait l'amorce d'un dérapage. Car on importe l'inflation comme l'heure d'été : les frontières les mieux défendues ne restent pas indéfiniment étanches, et la hausse des prix, repartie, menace de se fixer entre 6 et 10 %.

Or, tandis qu'elle s'acharne à se distinguer par son confort matériel, la Suisse, tout à coup, se singularise par ses désordres de rues. Stupeur générale. Que veulent donc ces jeunes gens en colère contre lesquels se déploient les phalanges de la police ?

Réponse factuelle d'abord. La première émeute a éclaté devant l'opéra de Zurich, dans la nuit du 30 au 31 mai 1980. Les manifestants protestaient contre une demande de crédit de 61 millions de FS destinés à rénover ce haut lieu du spectacle européen, mais d'un spectacle « bourgeois », « élitaire », « en smoking »; bref : d'un spectacle qui dévore l'argent des contribuables, alors que les citoyens âgés de plus ou moins vingt ans n'ont pas assez de musique à leur goût, trouvent la ville ou la vie ennuyeuse, manquent de locaux de réunion, de discussion, de distraction.

D'où cette exigence paradoxale : les jeunes veulent que les autorités leur octroient des « centres autonomes », qu'ils géreront eux-mêmes, et dans lesquels ne s'exerceront ni tutelle, ni surveillance, ni police.

Péripéties

Le corps électoral zurichois approuve, le 8 juin, à une petite majorité, le crédit pour l'opéra. Les échauffourées se rallument. Le 28 juin, quelques centaines de mécontents s'emparent d'un immeuble désaffecté, que la police reprendra, mais qui leur sera restitué. Car les péripéties s'enchaînent et se ressemblent. À Zurich, à Bâle, à Lausanne, elles présentent les mêmes aspects :
– La revendication d'un centre autonome ;
– Le flottement des autorités, qui concèdent ou tolèrent l'occupation de telle bâtisse, puis, gagnées par l'inquiétude, la font évacuer, et d'ailleurs y trouvent souvent, outre des objets volés, des caches de drogue ;
– La présence, incontestable, de délinquants et de casseurs ;
– La participation, prédominante à coup sûr, d'adolescents persuadés qu'ils représentent une espèce de classe sociale négligée, si ce n'est brimée par les bourgeois : alors, mi-furieux, mi-rigolards (à cet âge, la limite est imprécise), ils s'offrent le luxe de se venger et de s'amuser à la fois ;
– L'abstention de la très large majorité de la génération montante, calmement étudiante ou sagement apprentie, puisque les manifs ne rassemblent jamais plus de quelques centaines de combattants face aux forces de l'ordre ;
– Et, néanmoins, la violence des batailles, comme si, du côté des autorités aussi bien que chez les jeunes rebelles, on avait conscience d'un affrontement symbolique, dont la signification dépasserait de très loin l'enjeu proclamé.

Boycott

C'est que, si les mœurs évoluent, si la société change, les circonstances grincent un peu. La courbe démographique atteint un sommet pour les hommes et les femmes nés dans les années 60. Mais la nation dans son ensemble ou la plupart des familles séparément considérées gagnent un peu moins facilement leur pain, leur voiture et leur appartement. Dès lors, un climat de léger malaise ou de crainte s'instaure et, dans un grand nombre de secteurs, les tensions sociales s'accroissent.