La pusillanimité gouvernementale et la passivité de la population, qui n'a manifesté son opposition à la tentative de coup de force que quatre jours après son échec, contrastent avec l'attitude énergique du roi, qui s'est dressé seul contre les putschistes.

Cette situation ne peut qu'encourager l'extrême droite à poursuivre son action de déstabilisation. De même, si la branche politico-militaire de l'ETA décide, par crainte d'un coup d'État, de « suspendre sans conditions et pour une durée indéterminée les actions prévues », les irrédentistes de la branche militaire confirment leur décision de poursuivre la lutte armée, espérant exacerber la frustration des militaires et les pousser à une répression qui justifierait leur propre violence et abattrait une démocratie qui dérange leurs desseins totalitaires.

Deux lieutenants-colonels sont abattus, les 21 et 23 mars 1981, par l'organisation séparatiste. Juan Carlos réunit les chefs d'état-major, tandis que le gouvernement décide de faire intervenir directement l'armée dans la lutte contre l'ETA et que les Cortes adoptent massivement un projet de loi « pour défendre la Constitution ». Les députés approuvent encore, le 23 avril, la réglementation de l'état d'exception permettant la suspension des principaux droits fondamentaux.

Obsession

Les attentats s'intensifient toutefois, et les rumeurs de coups d'État enflent. Le 4 mai, le général Gonzales Suso est assassiné à Madrid. Le 9, c'est le lieutenant général de Valenzuela, chef de la maison militaire du roi, qui échappe de peu aux meurtriers, mais le colonel qui l'accompagne et son chauffeur sont tués sur le coup.

Les funérailles des officiers seront prétextes à de violents mouvements d'extrême droite, réclamant l'armée au pouvoir. Une manifestation silencieuse dans toutes les grandes villes d'Espagne, en hommage aux victimes, et surtout l'arrestation d'extrémistes, dont les assassins présumés du général Gonzalez Suso, ramènent un semblant de sérénité.

Mais l'attaque de la Banque centrale de Barcelone, le 23 mai, par un mystérieux commando d'extrême droite, qui s'empare de 200 otages en prétendant les échanger contre la libération de Tejero, ranime brusquement la tension.

Après trente-sept heures d'angoisse, les groupes spéciaux de la police mettent fin au drame, mais sans que l'on parvienne à en connaître les tenants et les aboutissants, bien que l'un des membres du commando appréhendé ait révélé aux enquêteurs l'existence d'un tunnel creusé sous le passage du défilé militaire que doit présider le roi, le 31 mai.

Si ce défilé de 13 000 hommes dans la capitale catalane est un triomphe populaire pour le souverain, il n'apaise pas pour autant l'inquiétude des Espagnols, qui vivent désormais dans l'obsession d'un putsch.

Le 24 juin, un nouveau complot était découvert, amenant l'arrestation de plusieurs militaires, dont deux colonels et le commandant Ynestrillas, compromis en 1978 avec le lieutenant-colonel Tejero dans l'affaire Galaxie. La police intensifiait ses recherches dans les milieux d'extrême droite pour tenter d'extirper le mal à la racine.

À la veille de l'été, le 22 juin, les Cortes adoptaient la loi sur le divorce présentée par le gouvernement. Le projet, assez libéral, avait fait l'objet de violentes attaques de la part de l'Église et failli provoquer une scission dans la majorité parlementaire.

Finlande

Helsinki. 4 760 000. 14. 0,4 %.
Économie. PIB (77) : 6 365. Productions (77) : A 10 + I 39 + S 51. Énerg. (76) 5 177. CE (77) : 26 %.
Transports. (*77) : 2 977 M pass./km, 6 399 Mt/km. (*77) : 1 075 400 + 145 000.  : 2 359 000 tjb. (77) : 1 019 M pass./km.
Information. (75) : 60 quotidiens. (76) : 2 179 000. (76) : 1 714 000. (75) : 95 200 fauteuils ; fréquentation : 9,6 M. (77) : 2 032 000.
Santé. (76) : 7 068. Mté inf. (77) : 12.
Éducation. (76). Prim. : 438 804. Sec. et techn. : 431 090. Sup. (75) : 77 206.
Armée.  : 39 900.
Institutions. République indépendante proclamée le 6 décembre 1917. Constitution de 1919. Une réforme constitutionnelle est en préparation. Président de la République : Dr Urho Kekkonen, réélu pour un cinquième mandat le 15 février 1978. Premier ministre : Mauno Koïvisto.

Contestation

Qui aurait pu imaginer, il y a seulement quelques années, que l'autorité du président Urho Kekkonen, maître tout-puissant de la Finlande depuis 1956, puisse être subitement contestée ? L'épreuve de force engagée entre le chef de l'État, âgé aujourd'hui de 81 ans, et le Premier ministre, Mauno Koïvisto (Journal de l'année 1979-80) considéré comme l'un des plus sérieux candidats à la succession, domine sans aucun doute toute l'actualité politique de l'année.