Pourtant, chef du gouvernement depuis décembre 1979 (Journal de l'année 1979-80), Charles Haughey n'avait pas déçu ceux qui pressentaient en lui un homme d'État habile et novateur.

Sur le plan social, on doit porter à son crédit la signature, en septembre 1980, d'un accord salarial entre l'Irish Congress of Trade Unions et la Federated Union of Employers, limitant la progression des rémunérations à 8 % pendant les neuf premiers mois d'application de l'accord, et 7 % pendant les six mois suivants.

Sur le plan politique, la victoire du Fianna Fail à une élection partielle dans le Donegal, le 6 novembre 1980, constitue un succès personnel pour le Premier ministre, qui n'a pas hésité à payer de sa personne dans cette région frontalière traditionnellement contrôlée par les partisans de Neil Blaney, un républicain pur et dur, proche de l'IRA provisoire.

Sur le plan diplomatique enfin, Charles Haughey n'a pas ménagé ses efforts pour débloquer la situation en Irlande du Nord, qu'il considère comme la « première priorité politique » de son gouvernement.

Les unionistes d'Ulster sont restés sourds à ses appels, malgré sa détermination à envisager les plus larges concessions pour « protéger et sauvegarder leurs intérêts et traditions ».

Froidement accueillie à Belfast, cette offensive de charme a porté ses fruits de l'autre côté du canal Saint George. Le sommet anglo-irlandais de Dublin, qualifié de « rencontre historique », amorce le 8 décembre 1980 ce rapprochement en décidant d'analyser « la totalité des relations entre les îles » dans un esprit d'étroite coopération. Dans les milieux nationalistes et unionistes, on parle de tractations secrètes, voire de « trahison ». Mais la grande majorité de ses concitoyens approuve Charles Haughey, artisan incontesté de cette nouvelle entente cordiale.

Le point faible de la cuirasse, c'est l'économie et, à un moindre degré, la détérioration de la situation en Irlande du Nord. D'autant plus vulnérable qu'elle est plus ouverte sur l'extérieur et tributaire de l'exportation de la moitié de la production nationale, l'économie irlandaise, durement affectée par les crises pétrolières et la récession internationale, est « la lanterne rouge du Marché commun », selon une étude de la Commission européenne publiée le 30 avril 1981.

Avec 10,5 % de la population active au chômage, une inflation record qui devrait se situer aux alentours de 16 % pour l'année 1981, un déficit de la balance des paiements correspondant à 14 % du PNB, un taux de croissance inférieur à 1 % et une chute du revenu agricole de 45 % entre 1978 et 1980, la République d'Irlande est au creux de la vague.

Cette montée des périls et les mêmes difficultés économiques qui avaient entraîné le départ de son prédécesseur ont été fatales à Charles Haughey.

Islande

Reykjavik. 230 000. 2. 1,2 %.
Économie. PIB (77) : 8 715. Énerg. (76) : 4 556. CE (77) : 27 %.
Transports. (*77) : 70 100 + 7 900.  : 175 000 tjb. (77) : 1 802 M pass./km.
Information. (75) : 5 quotidiens ; tirage global : 94 000. (76) : 64 000. (76) : *53 000. (75) fréquentation : 2,3 M. (77) : 95 000.
Santé. (74) : 372. Mté inf. (77) : 9,5.
Éducation. (75). Prim. : 26 418. Sec. et techn. : *26 000. Sup. : 2 970.
Institutions. République indépendante le 27 juin 1944. Constitution de 1944. Présidente de la République : Mme Vigdis Finnbogadottir, élue le 29 juin 1980 ; succède à Kristjan Eldjarn. Premier ministre : Gunnar Thoroddsen.

Italie

Rome. 56 700 000. 188. 0,3 %.
Économie. Le pays a connu un rythme d'expansion élevé, de l'ordre de 5 %, qui s'est traduit par une inflation toujours forte et un déficit de la balance commerciale résultant d'une forte croissance des importations. Mais ce déficit est comblé, une fois encore, par les revenus du tourisme et les envois des émigrés ; la balance des paiements demeure excédentaire (bien que le solde se soit réduit). Le taux de chômage est toujours difficile à apprécier, en raison de la généralisation du travail au noir, véritable économie parallèle qui a même envahi la sidérurgie (avec la production d'acier à bas prix), puis le travail du cuir, le textile, la bijouterie, etc. La situation énergétique s'est détériorée, avec le recours accru aux importations d'hydrocarbures. Des coupures de courant ont été opérées, ce qui explique d'ailleurs qu'en dépit de la croissance de l'économie la production d'électricité ait diminué.
PIB (76) : 3 040. Productions (76) : A 8 + I 43 + S 49. Énerg. (76) : 3 284. CE (76) : 23 %.
Population active (78) : 19 932 000, dont A : 15,5 % ; I : 38,3 % ; D 46,2 %. Prix à la consommation (évolution 78) 12 %. Balance commerciale (78) exp. : 56 MM$, imp. : 56,4 MM$. Balance des paiements : 7,8 MM$. Productions (78) : blé 8,8 Mt, vin 65 Mhl, pétrole brut importé 108 Mt, gaz naturel 13,3 Gm3, électricité 167 TWh, automobiles (voit, part.) 24,2 M d'unités, touristes 15,2 M.
Transports. (*77) : 38 361 M pass./km, 17 100 Mt/km. (*77) : 16 371 200 + (76) : 1 682 000.  : 11 492 000 tjb. (77) : 10 455 M pass./km.
Information. (75) : 78 quotidiens ; tirage global : *6 296 000. (76) : 13 024 000. (76) : 12 377 000. (75) fréquentation : 515,7 M. (77) : 16 125 000.
Santé. (76) : 114 244. Mté inf. (77) : 17,6.
Éducation. (76). Prim. : 4 741 650. Sec. et techn. : 5 058 303. Sup. : 976 712.
Armée.  : 365 000.
Institutions. République proclamée le 10 juin 1946. Constitution de 1947. Président de la République : Alessandro Pertini, élu le 8 juillet 1978 ; succède à Giovanni Leone, démissionnaire. Premier ministre : Giovanni Spadolini (30 juin 1981).

Les gouvernements se succèdent, minés par le terrorisme et les scandales

Bologne, samedi 2 août 1980. Sur les quais de la gare, mais aussi dans les salles d'attente et dans le grand hall d'entrée, c'est la joyeuse pagaille des départs en vacances. Plusieurs milliers de personnes ont envahi les lieux dans une véritable ambiance de kermesse. Soudain, à 10 h 25, l'explosion. En une seconde, la moitié du bâtiment est soufflée, des blocs de ciment de plusieurs dizaines de kilos volent en éclats, les charpentes métalliques et les murs s'écroulent.