Reprenant les propos de son secrétaire d'État Alexander Haig, il dénonce en outre la collusion de l'URSS avec le terrorisme international. À propos de la Pologne, il ne manque pas une occasion de lancer les mises en garde les plus fermes et face à la situation afghane, il se déclare prêt à livrer des armes aux résistants.

Moratoire

Attitude identique vis-à-vis du Salvador et de l'Amérique centrale : l'hôte de la Maison-Blanche dénonce avec violence l'aide apportée, selon lui, par l'URSS à la rébellion. Provocant dans tous les domaines, il s'offre même le luxe d'un hommage appuyé à Andrei Sakharov qu'il qualifie, à l'occasion de son 60e anniversaire, de « patriote russe au meilleur sens du terme ».

L'URSS poursuit de son côté son offensive contre la décision de l'OTAN d'installer, à partir de la fin 1983, 572 missiles dans plusieurs pays d'Europe occidentale, pour contrebalancer l'armement soviétique. Elle propose, lors du XXVIe Congrès, un moratoire pour geler au niveau actuel l'arsenal nucléaire à moyenne portée des pays de l'OTAN et de l'URSS, et négocier immédiatement la réduction de ces armements. Mais les Occidentaux opposent un front uni à cette offre, et le chancelier Schmidt, de retour des États-Unis fin mai 1981, se voit accuser par la Pravda de s'être « aligné sur Washington ».

Reproches

Avec la France — partie non prenante dans cette affaire — Moscou veut conserver les « traditionnels rapports d'amitié et de coopération » ; mais, après l'élection de François Mitterrand, on ne peut oublier, outre la préférence donnée à Valéry Giscard d'Estaing lors de la campagne, les reproches de « sympathie atlantiste » adressés au candidat de la gauche. L'URSS se félicite cependant de l'entrée de quatre ministres communistes dans le deuxième gouvernement Mauroy.

Outre la poursuite de la campagne antimissiles, l'autre caractéristique de la diplomatie soviétique de ces douze mois est la tentative de retour sur la scène proche-orientale, pour mettre fin au relatif isolement dans le monde arabe, depuis l'intervention de l'armée rouge en Afghanistan.

Le président syrien Hafez el Assad, le chef de l'État libyen Kadhafi, le ministre koweitien des Affaires étrangères, le roi Hussein de Jordanie et le président algérien Chadli se rendent tour à tour à Moscou, où les dirigeants ne manquent pas de leur rappeler qu'aucune paix durable n'est possible dans la région sans la participation de l'URSS.

Autre initiative : Leonid Brejnev propose le 5 décembre 1980 à New Delhi un plan de paix et de sécurité pour le golfe Persique qui vise, essentiellement, à limiter la présence des Américains dans la région.

Pénétration

La visite dans la capitale soviétique des chefs d'État d'Éthiopie, du Mozambique et du Congo, la signature avec ce dernier d'un traité d'amitié montrent que l'URSS continue de chercher non seulement à consolider ses positions, mais à accroître sa pénétration en Afrique, dont la tête de pont reste la Libye. Selon des experts britanniques, on y compterait plus de 5 000 conseillers militaires des pays de l'Est.

Objectif identique en Asie Embourbée en Afghanistan, où elle n'a même pas réussi à assurer la solidité de l'équipe au pouvoir alors que son armée ne remporte aucun succès décisif, l'URSS cherche, sans grand succès, à accroître son influence. Lors du XXVIe Congrès, elle propose des « pourparlers concrets » avec la Chine, le Japon et « toutes les parties intéressées » pour appliquer des mesures de confiance en Extrême-Orient.

Le vice-ministre des Affaires étrangères Nikokai Firyubin, en visite en Malaisie et en Thaïlande, tente en avril 1981 de rapprocher les points de vue des pays non communistes d'Asie du Sud-Est et du groupe prosoviétique indochinois sur la question du Cambodge, mais en vain. Même le voyage de Leonid Brejnev en Inde, en décembre 1980, n'est pas couronné du succès qu'on pouvait en attendre, et c'est plutôt sur un constat de divergences que s'achèvent les entretiens avec Mme Ghandi.

Quant à la Chine, en dépit des vœux répétés du numéro un soviétique d'entretenir avec elle des « liens de bon voisinage », elle reste sourde aux appels au rapprochement et ne manque pas une occasion de dénoncer l'« hégémonisme soviétique ». Après la décision prise par Washington de livrer des armes à Pékin, Moscou lance une mise en garde dans la Pravda du 27 juin : « L'URSS prendra les mesures qui sont dictées par la nouvelle situation. »

Mutinerie

La prison psychiatrique de Tcherniakhovsk, près de Kaliningrad, aurait été le cadre, en janvier, d'une mutinerie de plusieurs patients. Selon le correspondant moscovite du Financial Times, ces prisonniers, qui voulaient protester confie l'administration forcée et à haute dose de médicaments transformant le comportement, auraient pris en otage plusieurs membres du personnel, qu'ils auraient relâchés après que le directeur de l'hôpital eut promis d'ouvrir une enquête sur leur plainte. L'ordre rétabli, les patients auraient été molestés par les infirmiers et vingt-cinq d'entre eux emmenés vers une destination inconnue.

La place Rouge était grise

Tentative de suicide par le feu ou autodafé ? Le 2 août 1980, la place Rouge à Moscou est le théâtre d'un mystérieux incendie. Vers midi, plusieurs touristes occidentaux, présents à l'occasion des JO, voient une colonne de fumée noire s'élever d'un foyer d'environ deux mètres carrés, situé entre l'entrée du Kremlin et le mausolée de Lénine. Les témoignages divergent. Certains déclarent avoir vu une forme, « comme un corps entouré de flammes ». D'autres affirment le contraire : il n'y avait personne. Sur une photographie de l'Associated Press on distingue deux grandes colonnes de fumée noire et, à une certaine distance, deux policiers et un civil emmener vers un car de police un homme aux cheveux blancs. Malgré l'absence de toute version officielle, on saura, fin juin 1981, qu'il s'agissait bien d'une tentative de suicide. La victime, Ivan Marinchenko, 53 ans, remis de ses blessures, est interné dans un hôpital psychiatrique de Moscou où un dissident l'a rencontré : il voulait, par son geste, protester contre son expulsion de l'appartement où il habitait en Crimée.

JO : La fête ratée

En dépit de la demande de transfert ou d'annulation des JO de Moscou si l'URSS ne retire pas ses troupes d'Afghanistan dans le délai d'un mois, lancée par Jimmy Carter le 20 janvier 1980, les JO les plus controversés de l'histoire olympique ont lieu à Moscou du 19 juillet au 3 août. 81 comités nationaux (dont le français) ont répondu favorablement à l'invitation soviétique mais 35 autres Font refusée, dont ceux des États-Unis, de la RFA, du Japon, du Canada et de la Chine. Néanmoins ils laisseront le souvenir d'une fête ratée. Cette impression est notamment illustrée lors de la cérémonie d'ouverture. Car outre les délégations qui ont refusé, ou n'ont pu venir, on y remarque l'absence des 16 délégations participantes des pays occidentaux : afin de ne pas cautionner le régime soviétique, elles ont décidé de ne pas défiler et obtiennent que leur drapeau national ne soit jamais hissé.

Yougoslavie

Belgrade. 22 160 000. 87. 0,8 %.
Économie. Productions (76) : A 17 + I 50 + S 33. Énerg. (76) : 2 016.
Transports. (*77) : 10 459 M pass./km, 22 225 Mt/km. (*77) : 1 923 900 + 199 200.  : 2 366 000 tjb. (77) : 1 732 M pass./km.
Information. (75) : 26 quotidiens ; tirage global : 1 896 000. (76) : 4 526 000. (76) : 3 463 000. (75) : 470 000 fauteuils ; fréquentation : 81,7 M. (77) : 1 556 000.
Santé. (76) : 27 150. Mté inf. (77) : 35,2.
Éducation. (76). Prim. : 1 461 191. Sec. et techn. : 2 311 746. Sup. (75) : 394 992.
Armée.  : 264 000.
Institutions. République socialiste proclamée le 29 novembre 1945. Devient République fédérale le 31 janvier 1946. Constitution de 1963, amendée pour la quatrième fois en février 1974. Président de la présidence de la République et président du parti : Serguei Kraïgher, élu le 15 mai 1981 ; succède à Tzviétine Miatovitch. Président du conseil exécutif fédéral : Veselin Djouranovitch.

Les émeutes du Kosovo témoignent d'un malaise croissant

Un an après la mort du maréchal Tito, les 25 millions de Yougoslaves ressentent encore le vide laissé par sa disparition (Journal de l'année 1979-80), mais entendent respecter scrupuleusement l'héritage reçu : égalité et unité des six républiques et des deux provinces autonomes, grâce au collège des huit présidents qui se succèdent annuellement à la tête de la fédération ; non-alignement ; autogestion des unités de production.

Agitation

Mais, outre une grave dégradation de la situation économique, une autre faille — importante — se manifeste ; l'agitation dans le Kosovo, région autonome de la République serbe, frontalière de l'Albanie, et dont 70 % des 1,5 million d'habitants sont de souche albanaise.