La campagne présidentielle s'engage avec une exceptionnelle vigueur. Le parti socialiste soutient R. Eanes, sauf Mario Soares qui entretient un vieux contentieux avec lui. Les communistes prennent position : « Nous n'allons pas voter pour Eanes, nous voterons contre le général Soares. » À trois jours du scrutin, le destin frappe l'ambitieux Sa Carneiro, qui se tue dans un accident d'avion en même temps que le ministre de la Défense, Amara da Costa.

Deuil

Les funérailles nationales et le deuil très sincère qu'éprouvent les Portugais pour cet homme énergique et plein de talents n'empêchent pas l'élection triomphale de Ramalho Eanes dès le premier tour de scrutin avec 56,43 % des suffrages. Cependant qu'avec 40,25 % le poulain du Premier ministre défunt ne parvient pas à retrouver la totalité des voix obtenues par l'AD deux mois auparavant. Les 1,48 % totalisés par Otelo de Carvalho illustrent mélancoliquement la fin des illusions lyriques de 1974.

C'est l'ami de toujours et le bras droit de Sa Carneiro, Francisco Balsemao, qui est désigné comme chef du gouvernement. Brillant et flegmatique, ce journaliste de 42 ans a davantage le sens de la conciliation que son prédécesseur.

En bons termes avec les socialistes comme avec le président de la République, il demeure néanmoins fidèle aux options de l'AD : entrée du Portugal dans la CEE, atlantisme, anticommunisme — illustré par l'expulsion du chef d'escale de l'Aeroflot et de l'ambassadeur de Cuba, déclaré persona non grata — et surtout réforme constitutionnelle diminuant les pouvoirs du chef de l'État et abandonnant toute référence à la « voie socialiste ».

Le fait que F. Balsemao ait choisi le 25 avril pour réaffirmer ces thèses indique que le projet de Sa Carneiro reste vivace et que la guérilla institutionnelle entre la majorité parlementaire et le président Eanes va connaître des rebondissements.

Roumanie

Bucarest. 22 050 000. 93. 1 %.
Économie. Productions (77) : A 16 + I 72 + S 12. Énerg. (76) : 4 036.
Transports. (*77) : 23 206 M pass./km, 70 035 Mt/km.  : 1 428 000 tjb. (77) : 607 M pass./km.
Information. (74) : 20 quotidiens ; tirage global : 2 716 000. (76) : 3 104 000. (76) : 2 963 000. (75) : 218 800 fauteuils ; fréquentation : 185,7 M. (75) : 1 196 000.
Santé. (76) : 28 568. Mté inf. (77) : 31,2.
Éducation. (75). Prim. : 3 019 776. Sec. et techn. : 1 091 154. Sup. : 164 567.
Armée.  : 184 500.
Institutions. République socialiste, proclamée le 30 décembre 1947. Constitution de 1965. Président de la République, président du Conseil d'État et secrétaire général du parti : Nicolae Ceaucescu, réélu pour cinq ans le 28 mars 1980. Président du Conseil : Ilie Verdetz.

Bucarest s'inquiète des suites de l'affaire polonaise

La participation, le 5 décembre 1980, de Nicolae Ceaucescu au sommet communiste de Moscou prouve l'importance que le chef de l'État attache aux événements polonais. La crainte, sinon l'angoisse de la contagion, conditionne en grande partie la politique roumaine de ces douze mois. Plusieurs faits le démontrent.

D'abord, le réalignement sur Moscou, apparemment inattendu de la part d'un homme qui a toujours dénié à quiconque — URSS comprise — le droit de s'ingérer dans les affaires d'autrui. En 1968, lors du Printemps de Prague (Journal de l'année 1968-69), N. Ceaucescu refuse d'assister ou d'être représenté aux conférences qui ont été consacrées à la Tchécoslovaquie, et, en diverses occasions ensuite — invasions du Cambodge, de l'Afghanistan, par exemple ; relations avec la Chine ou Israël —, il montre qu'il sait prendre quelques distances avec les Soviétiques.

Condamnation

Mais ce qui se passe en Pologne est trop grave pour passer outre à l'invitation de Leonid Brejnev. Militant orthodoxe du mouvement communiste, N. Ceaucescu sait que, dans cette conjoncture, la cohésion du bloc est le plus sûr garant de la stabilité du pouvoir socialiste en Roumanie. Pragmatique, il sait aussi mesurer les limites de son indépendance : la détérioration de la situation économique oblige désormais la Roumanie à développer ses échanges avec ses partenaires de l'Est, notamment avec l'URSS qui lui vend son pétrole (Journal de l'année 1979-80).