Journal de l'année Édition 2002

Du 01 janvier 2001 au 31 décembre 2001

Sommaire

  • Dossiers chronologie
    • République démocratique du Congo : Kabila tué par ses « enfants »

      À un ami étranger qui l'avait prévenu du danger que représentaient selon lui les « chiens fous » composant sa garde rapprochée, Laurent-Désiré Kabila avait répondu : « Mais non, ils ne me feront jamais rien. Ils sont avec moi depuis le début. Ce sont mes enfants. » C'est pourtant l'un de ces « enfants » qui l'a tué de plusieurs balles, le 16 janvier, dans son bureau du Palais de marbre, à Kinshasa, bras armé d'un improbable complot destiné à renverser le régime du despote.

    • Davos/Porto Alegre : quel capitalisme mondialisé ?

      D'abord, les forces en présence. D'un côté, Davos, station de ski située dans le massif suisse des Grisons, accueille pour la 31e année consécutive, du 25 au 31 janvier, le World Economic Forum (Forum économique mondial), où se retrouve chaque hiver le gratin mondial des entrepreneurs, décideurs politiques et économistes. Officiellement, pour discuter de l'avenir de la planète. Accessoirement, pour faire tourner le business : « Quand je viens ici, je gagne deux ans de rendez-vous », résume Helmut Maucher, P-DG de Nestlé et chantre, comme de nombreux autres invités à Davos, de la mondialisation libérale. De l'autre côté, Porto Alegre, capitale de l'État brésilien du Rio Grande do Sul (limitrophe de l'Uruguay), reçoit aux mêmes dates le premier Forum social mondial, conçu comme une réponse des organisations non gouvernementales (ONG) à Davos. Depuis 1992 et le Forum global des alternatives parallèle au Sommet de la Terre de l'ONU à Rio de Janeiro, ce « mouvement citoyen opposé à la mondialisation libérale », selon l'expression de Pierre Tartakowsky, secrétaire général de l'association Attac et co-organisateur du Forum social mondial, n'a cessé de s'amplifier. Avant Porto Alegre, son fait d'armes le plus brillant reste l'échec de la réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 1999 à Seattle.

    • Le retour de Bernard Kouchner aux affaires

      À soixante et un ans, l'ancien secrétaire d'État à la Santé (1997-1999) fait très vite savoir qu'il souhaite prendre la tête d'un ministère de plein exercice. Comme administrateur civil de l'ONU au Kosovo, poste qu'il occupait depuis juillet 1999, il peut se targuer d'un bilan honorable. « Il a accompli un travail remarquable », a tenu à saluer le Premier ministre Lionel Jospin.

    • Environnement : l'Amérique fait cavalier seul

      « Le mode de vie américain n'est pas négociable ! » avait prévenu Bill Clinton alors qu'il était encore président des États-Unis. Cet axiome reflète une réalité : un citoyen américain « émet » chaque année 5,4 tonnes de dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre. Tout en ne représentant que 5 % de la population mondiale, l'Amérique du Nord rejette le quart du total mondial de ces gaz et participe largement au réchauffement climatique que la communauté scientifique, désormais quasi unanime, attribue à l'utilisation massive des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Cela n'a pourtant pas empêché le nouveau locataire de la Maison-Blanche, George W. Bush, d'annoncer, à la mi-mars, qu'il renonçait à limiter les émissions de CO2 américaines et que Washington ne ratifierait pas le protocole de Kyoto, qui impose aux pays industrialisés de réduire leurs émissions de 5,2 % en moyenne par rapport à leur niveau de 1990 (d'ici à 2012).

    • Le génome humain en voie de déchiffrage

      La fourchette reste large, mais cette dévaluation suffit pour bousculer quelques idées reçues et pour infirmer l'équation faisant correspondre une fonction à un gène. Un même gène pouvant avoir plusieurs fonctions, les apprentis sorciers de la génétique voient se réduire leurs chances d'imiter la nature après cette découverte qui replace l'homme, en toute humilité, dans la grande chaîne du vivant. Presque complètement décrypté, le génome humain nous livre ses premiers secrets ; mais le mystère de la vie reste entier...

    • Le siècle léger et éternel de Charles Trenet

      Dans la nuit du dimanche 18 au lundi 19 février, Chartes Trenet s'est « éteint paisiblement » et a « rejoint le ciel et les étoiles », comme l'a indiqué son entourage, à l'âge de quatre-vingt-sept ans à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), des suites d'une attaque cérébrale. Ses cendres sont conservées dans le caveau familial de Narbonne.

    • La fièvre aphteuse traumatise l'agriculture européenne

      Une fois encore, c'est de Grande-Bretagne que souffle ce nouveau vent de panique, provoqué par la découverte, le 19 février, d'un foyer de fièvre aphteuse. Le mal, que l'on croyait éradiqué en Europe, se propage comme une traînée de poudre en Grande-Bretagne, tandis que la France et les autres pays de l'Europe continentale cherchent à se prémunir contre l'épizootie à coups d'embargo et en multipliant les mesures préventives dont font les frais une fois encore les éleveurs. La campagne d'éradication, qui s'est traduite par l'abattage de millions d'animaux, est parvenue à endiguer le fléau, sur le continent en tout cas plus qu'en Grande-Bretagne, où le bilan pèse lourdement sur les professionnels de l'élevage, déjà sinistrés.

    • Un « crime contre la culture » perpétré au nom d'Allah ?

      Une petite semaine. C'est le temps qu'il a fallu aux taliban pour détruire Shahmana et Solsol, les plus grands bouddhas du monde – hauts respectivement de 35 et 53 m, sculptés il y a plus de 1 500 ans dans une falaise de grès dominant la plaine de Bamiyan, au centre de l'Afghanistan.

    • Israël : la victoire annoncée d'Ariel Sharon

      Vingt-cinq points d'avance sur son adversaire travailliste, le Premier ministre sortant Ehoud Barak : la victoire d'Ariel Sharon n'a surpris que par son ampleur sans précédent, plus imposante encore que ce que les sondages avaient prévu. Le chef du Likoud recueille en effet 62,5 % des suffrages exprimés, contre 37,5 % pour Ehoud Barak. Sharon, le général « faucon », surnommé le « bourreau du Liban » pour y avoir dirigé l'intervention israélienne de 1982, celui qui, par sa présence provocatrice sur l'esplanade des Mosquées, en septembre 2000, a relancé l'Intifada, est ainsi parvenu à battre par K.-O. le Premier ministre qui a été le plus près de la conclusion d'un accord de paix avec les Palestiniens !

    • La France municipale penche à droite

      L'électorat de gauche s'est donc modifié sociologiquement et politiquement sans pour autant se consolider. Le taux d'abstention, qui a atteint 38,73 % au niveau national (soit 4 points de plus qu'aux municipales de 1995), a indéniablement pénalisé les listes de la majorité gouvernementale.

    • Chine – États-Unis : la crise diplomatique de l'avion espion

      Immédiatement, le président américain George Bush exige que la Chine autorise des diplomates américains à se rendre sur place. La Chine se braque et exige des excuses. Derrière une guerre des mots : un test majeur dans les relations entre les États-Unis et la Chine.

    • ZLEA : union panaméricaine ou extension du marché intérieur états-unien ?

      Tel père, tel fils. En 1990, George Bush avait rêvé de créer le plus grand marché commun du monde, courant de l'Alaska jusqu'à la Terre de Feu. Au cours de deux premières rencontres, organisées à Miami et Santiago en 1994 et 1998 avec ses homologues du continent, Bill Clinton aura posé les premiers jalons de la future Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), vaste ensemble regroupant 800 millions d'habitants pour un PIB de 11 000 milliards de dollars. Son successeur, George W. Bush, veut conclure les négociations avant 2003.

    • Télé-réalité : Loft folie

      « La première fiction réelle et interactive », c'est ainsi que la chaîne nationale M6, « la petite chaîne qui risque de monter », présentait sa version hexagonale de Big Brother, un jeu d'origine hollandaise qui filme des femmes et des hommes enfermés dans un appartement sous l'œil des caméras. La version française, « LoftStory », offre une seule originalité, sans doute le côté latin du concept, puisqu'il s'agit de former un couple idéal. Une finalité qui, en l'occurrence, a inspiré de nombreux postulants : 38 000 candidats, dont 350 auditionnés.

    • L'affaire Aussaresses

      Cet opposant forcené au mouvement nationaliste algérien, l'un des personnages clés de la bataille d'Alger, n'exprime aucun regret et assume tous ses actes. Affublé de multiples surnoms par les historiens, « commandant O », « Boisfeuras », « le Barbu », « général basses œuvres », il reste pour l'historien Pierre Vidal-Naquet le « chef de file d'une équipe de tueurs professionnels » et son livre, « les mémoires d'un assassin ».

    • Le retour de Berlusconi

      Le total des voix de droite pour la Chambre des députés (45,4 %) a même été inférieur à celui des voix de gauche (47,8 %). Mais les droites étaient unies, et les gauches divisées. Cette situation, à l'opposé de celle qui prévalait cinq ans auparavant, a offert sur un plateau le gouvernement du pays à Silvio Berlusconi.

    • Jeunesse kabyle : les émeutes du désespoir

      « Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts ! » Slogan ahurissant de détresse, entendu des milliers de fois durant les jours de colère qui ont éclaté en Kabylie (Algérie), à l'est de la capitale Alger, à partir d'avril 2001. Pendant plus de trois mois, les émeutiers âgés de 15 à 30 ans, armés de pierres et de cocktails Molotov, vont crier leur haine d'un pouvoir opaque et « assassin », et dénoncer pêle-mêle la corruption, l'arbitraire et la brutalité des forces de l'ordre.

    • La lourde tâche de l'« Indien » Toledo

      La diffusion télévisée de cet enregistrement et l'indignation populaire devaient amorcer la débâcle d'un système patiemment bâti pendant des années. Dès lors, la vie politique et judiciaire péruvienne a été rythmée par la dénonciation et l'étalage de la corruption généralisée au sein de l'appareil étatique et militaire, et la complicité avouée d'un grand nombre de personnalités publiques de premier plan.

    • Une construction européenne en perte de légitimité ?

      La construction européenne, telle que les Quinze ont imaginé de la poursuivre à Nice, survivra-t-elle à ce mois de juin paroxystique ? « Non » ont répondu les Irlandais appelés à se prononcer par référendum le 8 juin, quant à la ratification du traité sur l'élargissement de l'Union européenne. Une semaine après ce vote de sanction, près de 15 000 militants « antimondialisation » sont également venus, lors du sommet des 15 et 16 juin à Göteborg en Suède, manifester pacifiquement, pour la plupart, leurs inquiétudes face à une « Europe coupée des citoyens ».

    • Le roi Siméon II, Premier ministre de la République bulgare

      Le 15 juillet, le président Stoïanov charge « Sa Majesté » de former le nouveau gouvernement d'une République bulgare qu'il pourrait engager dans un processus de transition vers la monarchie. Entouré d'une équipe de jeunes économistes bulgares d'Occident, le monarque virtuel, de retour en son pays après cinquante-cinq années d'un exil essentiellement espagnol, préfère ne pas aborder le sujet et affirme se préoccuper surtout du redressement économique d'un pays en proie à une crise persistante.

    • Belgrade envoie Milosevic sur le banc des accusés à La Haye

      Si ce transfert expéditif provoque une crise politique à Belgrade, soulignant les désaccords entre le président Kustunica, favorable à un procès de Milosevic en Serbie, et le Premier ministre serbe Djindjic, maître d'oeuvre de son extradition, la population serbe semble en général indifférente et pressée de reconstruire le pays en tournant la page d'une histoire peu glorieuse.

    • Un traité sino-russe pour la stabilité

      La « multipolarité » est décidément un concept très en vogue dans le monde... non américain. Au début du mois de juillet, le président français, Jacques Chirac, en visite à Moscou, avait réaffirmé la volonté de la France, constante depuis la présidence du général de Gaulle, de fonder un espace géostratégique « multipolaire » au sein duquel le partenariat franco-russe – et plus largement, ici, les relations entre l'Union européenne et la Russie – occuperait une place prépondérante. Deux semaines plus tard, c'est au tour du président chinois, Jiang Zemin, lui aussi en déplacement à Moscou, d'exprimer, chaudement approuvé par son homologue russe Vladimir Poutine, le souhait de voir émerger un « monde multipolaire » dont les relations Moscou-Pékin constitueraient l'un des axes. Ces deux gestes illustrent la tendance des « autres » grandes puissances à vouloir se démarquer de celle qui se déclare volontiers unique depuis la fin de la « guerre froide » : les États-Unis. La rencontre des dirigeants russe et chinois a précédé de quelques jours l'entretien entre Vladimir Poutine et George W. Bush en marge du sommet du G8 à Gênes, qui était leur deuxième tête-à-tête. Leur première entrevue, en juin, à Göteborg, avait déjà été précédée d'une rencontre entre les présidents russe et chinois, à Shanghai.

    • Le sommet de la violence à Gênes

      Les chefs d'État et de gouvernement des sept pays les plus industrialisés plus la Russie (G8), ainsi que le président de la Commission européenne, ont entamé leur sommet annuel, le 20 juillet, dans le Palais ducal de Gènes, par une réunion au cours de laquelle ils ont réaffirmé que le maintien de politiques budgétaires strictes et la défense du principe de libre-échange étaient les conditions nécessaires au développement de la croissance mondiale et donc au bien-être de chacun. Au même moment, des milliers de manifestants antimondialisation tentaient de pénétrer la « zone rouge » protégeant le lieu de réunion du G8. Les premiers estimaient que « le ralentissement de l'économie mondiale a été plus prononcé que prévu au cours de l'année écoulée, [mais que] les fondamentaux économiques restent sains et devraient fournir une base solide pour une expansion renouvelée » ; les seconds affirmaient que, hors de la libéralisation et de la mondialisation, « un autre monde est possible », comme ils le proclament depuis leur première démonstration de force, à Seattle en décembre 1999.

    • La chute annoncée du président indonésien Wahid

      « C'est un ouléma sage et tolérant, connu pour son libéralisme et sa défense de la laïcité de l'État, que l'Assemblée consultative du peuple (MPR), le collège électoral présidentiel, avait élu en octobre 1999. Vingt et un mois plus tard, le 23 juillet, c'est un homme isolé et unanimement conspué dont elle a prononcé la destitution, un dirigeant autoritaire et accroché au pouvoir, accusé d'incompétence et de corruption. Abdurrahman Wahid aura usé en moins de deux ans, dans l'exercice de la politique, son immense autorité morale.

    • Le protocole de Kyoto enfin applicable

      « Nous avons là le plus grand accord international en ce qui concerne l'environnement », a estimé le ministre français Yves Cochet à l'issue de la sixième conférence des parties à la Convention des Nations unies sur le changement climatique, qui réunissait les représentants de 180 pays à Bonn, du 16 au 23 juillet. Non seulement, en effet, le protocole de Kyoto a survécu, mais ses modalités d'application ont enfin été précisées. Qui l'aurait prédit, après le fiasco retentissant de la réunion de La Haye, en novembre 2000, qui suivait les précédents échecs de 1998 à Buenos Aires et de 1999 à Bonn, et, plus encore, après le rejet du protocole par l'administration américaine, en mars 2001 !

    • L'OTAN désamorce la guerre en Macédoine

      C'est un retour en force, mais discret, qu'opère l'OTAN le 26 août en Macédoine, en proie depuis mars à de violents combats entre Macédoniens slaves et albanais. La Macédoine, petit pays balkanique de moins de 2 millions d'habitants, partagé entre une majorité slavophone et une minorité albanophone représentant près de 30 % de la population, avait traversé les événements yougoslaves dans un calme relatif.

    • Le pharmacien Bayer dans la tourmente

      Dans un secteur pharmaceutique déjà en crise en raison de la controverse sur les médicaments génériques, Bayer réagit un mois après en changeant de président et en scindant le groupe en deux entités distinctes, la pharmacie et la chimie. Depuis le 8 août, Bayer, le géant allemand de l'industrie pharmaceutique, doit plus que jamais éprouver la nostalgie de cette époque lointaine où la découverte de l'aspirine lui décernait ses titres de gloire.

    • Le spectre de la violence continue à hanter la Corse

      Moins d'une semaine plus tard, deux autres proches de ce mouvement sont assassinés. Faisant redouter une vendetta, ce regain de violence dans l'île invite le projet corse au premier plan de la rentrée politique.

    • Durban : des dérives du discours à l'absence de dialogue

      Depuis un an ou deux, Durban, port de l'océan Indien, qui est aussi la troisième ville d'Afrique du Sud, est un peu devenue la capitale du dialogue Nord-Sud. En 2000, elle avait successivement accueilli le IIIe Festival international des écrivains et la XIIIe Conférence internationale sur le sida, deux manifestations qui avaient pris un tour nettement politique. Les pays du Sud, et notamment africains, y avaient vu une occasion d'exprimer la souffrance de leurs populations lors de conflits civils, ou d'épidémies, dans lesquels la responsabilité des États occidentaux était à leur sens lourdement en jeu.

    • Le calme qui précède la tempête

      L'été qui précède les événements du 11 septembre paraît tout à fait calme. Depuis le printemps, les médias survivent en exploitant jusqu'à l'usure un nouveau scandale mêlant mœurs privées et politiques et qui rappelle étrangement l'affaire Lewinsky. Ce nouvel imbroglio implique encore une jeune stagiaire, Chandra Levy, qui a disparu subitement sans laisser de traces et un représentant à la chambre du Congrès, Gary Condit, dont le sourire mièvre ne semble jamais quitter un visage qui se crispe au fil des semaines.

    • Mardi, 11 septembre 2001

      Le vol 93 de United Airlines, 45 personnes à bord, quitte l'aéroport de Newark près de New York en direction de San Francisco. Un peu plus au nord, à Boston, un autre vol de United Airlines, le numéro 175, décolle en direction de Los Angeles avec 65 personnes à bord. Toujours de Boston, le vol 11 d'American Airlines se dirige vers la même ville californienne avec ses 92 passagers. Un quatrième appareil, le vol 77 d'American Airlines, s'envole aussi pour Los Angeles à partir de l'aéroport de Dulles, à une trentaine de kilomètres de Washington, avec 58 personnes à bord.

    • La réaction américaine

      Aux États-Unis, la stupéfaction générale est encore plus grande que le choc provoqué par l'ampleur du désastre. Dans ces situations de crise, les États-Unis réagissent invariablement de la manière suivante : d'abord, c'est le ralliement autour de la bannière étoilée. Vient ensuite le « serment » d'allégeance au président des États-Unis, personnage symbolique, véritable porte-drapeau de toute la nation. Le serment précède le moment de recueillement introspectif permettant au peuple de comprendre et d'analyser l'événement. Enfin, on recherche la solution au problème, avant de mettre tous les moyens en œuvre pour atteindre les objectifs et résoudre ce problème. C'est exactement le scénario qui se produit dès le lendemain des événements du 11 septembre.

    • Le terrorisme : mal chronique du xxie siècle ?

      Lorsque la secte Aum Shirinkyo déversa un gaz toxique dans le métro de Tokyo en 1995, les experts annoncèrent le commencement d'une nouvelle ère dans le terrorisme, celle des armes de destructions massives, comprenant les armes bactériologiques et nucléaires. Dans le court terme tout au moins, cette analyse s'est révélée fausse. Et, six ans plus tard, l'attentat terroriste le plus spectaculaire de l'histoire sera d'un classicisme des plus déconcertants. Sur un plan technologique, on ne pouvait agir avec plus de sobriété qu'en recourant à l'arme blanche. Quant aux détournements d'appareils de l'aviation civile par des terroristes, c'est une pratique qui remonte à plusieurs décennies. Les attentats suicides ont également cours depuis de nombreuses années.

    • Économie mondiale : du ralentissement à la récession

      L'année commence mal. Le 3 janvier, le monde ne s'est pas tout à fait réveillé des fêtes célébrant le passage au IIIe millénaire qu'Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale (banque centrale) des États-Unis, annonce une baisse d'un demi-point des taux directeurs, pour les ramener à 6 %. Rien d'inquiétant a priori, la mesure est technique : en baissant le taux d'intérêt auquel les banques américaines se refinancent, la « Fed » permet à celles-ci de prêter moins cher aux entreprises qui veulent investir et aux particuliers qui entendent consommer. Mais, cette fois-ci, il semble que l'économie américaine ait bien besoin de ce petit coup de pouce. Après une décennie 1990 époustouflante qui l'a vue croître à un rythme annuel supérieur à 5 % (5,2 % en 2000), elle vient de subir « un ralentissement très spectaculaire », prévient Greenspan et, en ce début d'année, son taux de croissance « est probablement proche de zéro ».

    • L'Amérique frappée par le bioterrorisme

      Six ans après l'attentat chimique au gaz sarin perpétré dans le métro de Tokyo par la secte religieuse Aum Shinri-Kyo, les États-Unis ont été victimes du premier acte bioterroriste meurtrier de l'histoire. Entre le 5 octobre et le 21 novembre, des courriers contenant des spores de la bactérie responsable de la fièvre charbonneuse (« anthrax » en anglais) ont provoqué la mort de cinq personnes et la contamination de quatorze autres (exposées sans avoir développé la maladie ou ayant contracté sa forme cutanée).

    • Union sacrée de l'APEC à Shanghai

      Ce sera certainement l'image que l'on retiendra du Forum de la coopération économique Asie-Pacifique (APEC) réuni à Shanghai du 19 au 21 octobre : le président chinois, hôte du sommet, et ses homologues américain et russe posant devant les photographes, vêtus de vestes traditionnelles chinoises. Cette image des trois hommes habillés à l'identique renvoie à la fois à l'idée d'uniforme, qui traduit leur unanimité face au problème du terrorisme international, et à l'idée de déguisement, qui illustre une réalité tout aussi partagée, celle de la realpolitik, qui fait qu'une alliance sert d'abord des objectifs particuliers à chacun des « alliés ».

    • Toulouse : explosion de l'usine AZF

      Quelque 25 000 logements touchés, dont 11 000 détruits, 50 000 sinistrés... Près de deux mois après l'explosion, les « sans-fenêtres » manifestent, début novembre, contre la lenteur des procédures d'assurance, quelques jours après l'appel de détresse lancé par le maire (UDF), Philippe Douste-Blazy qui demande la mise en place d'un « plan Marshall » pour sa ville.

    • Renault-Nissan : une alliance renforcée pour des intérêts partagés

      En 2001, seule la contribution de Nissan aux résultats de sa maison mère permettra à Renault d'éviter des pertes. En octobre, et pour la deuxième fois de l'année, le constructeur français a revu à la baisse ses résultats prévisionnels. Au cours des neuf premiers mois de l'année, son chiffre d'affaires a certes enregistré une hausse de 6,8 %, mais ses ventes ont subi un recul de 2,4 %. Ces résultats laissent présager une marge opérationnelle en baisse au second semestre, alors que son taux de rentabilité du premier semestre n'était déjà que de 1,5 %, contre 6 % un an auparavant. Le ralentissement de la croissance mondiale, encore accentué après les attentats du 11 septembre, n'explique pas tout – la santé de PSA Peugeot-Citroën en est la preuve. Les causes principales de la baisse de régime de Renault sont internes. La multiplication des investissements à l'étranger – implantation au Brésil, rachat du roumain Dacia et du coréen Samsung, prise de contrôle de Nissan – a privé le groupe des ressources nécessaires à sa propre croissance. Les 33 milliards de francs investis dans le constructeur japonais, par exemple, représentent le coût du développement de huit à dix nouveaux modèles. Aussi la gamme des voitures au losange a vieilli et le renouvellement de ses modèles les plus vendus tarde. À titre de comparaison, sur les 33 modèles que Nissan proposera à la vente à l'horizon 2005, 22 seront nouveaux.

    • La leçon afghane de l'Allemagne, un pas vers la normalité internationale ?

      Le 8 novembre 2001, le chancelier Gerhardt Schröder présentait au Bundestag sa proposition d'envoyer des troupes allemandes participer à l'effort international de lutte contre le réseau terroriste Al-Qaida et le régime taliban qui le protège.

    • Le débat sur l'insécurité fait un retour en force

      Faut-il ou non réglementer les raves, ces fêtes improvisées dédiées à la musique techno qui secouent de temps à autres la campagne française et initient les régions rurales les plus reculées à des mœurs urbaines par trop laxistes sinon délictueuse ? Le débat semble passionner les législateurs, sinon l'opinion, alors que le ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant, après avoir fait voter en mai par le Sénat un texte réglementant les raves, doit reculer devant les vives critiques des députés de gauche. Signe de temps plutôt pacifiques, c'est en ces termes, somme toute anodins, que semble se poser alors le débat sur la sécurité. Mais il ne va pas tarder à apparaître comme un cache-misère, masquant un dossier sécuritaire que le gouvernement a toujours répugné à attaquer de front et qui s'impose avec d'autant plus de force que les chiffres troublent la relative sérénité affichée dans les villes et leurs banlieues.

    • L'Amérique en guerre

      Au départ, tout portait à croire qu'une intervention éloignée n'aurait que très peu de chances de se produire. La soi-disant stratégie du « zéro mort » et la politique isolationniste du nouveau gouvernement constituaient autant d'éléments dont l'addition rendait plus qu'improbable une intervention militaire d'envergure dans un pays hostile comme l'Afghanistan. Pourtant, l'aviation américaine entamait la campagne de bombardements en Afghanistan dès le 8 octobre. Comment le gouvernement américain en était-il arrivé à cette décision ?

    • La marche sur Kaboul

      Les médias occidentaux commentent l'événement, souvent de manière critique. Il apparaîtra rapidement que, cette fois, les stratèges (américains) ont évolué avec le temps alors que les commentateurs sont, en grande majorité, en retard d'une guerre. Car cette guerre n'est ni un second Viêt Nam ni l'invasion soviétique de l'Afghanistan.

    • La fin de la guerre

      Ce processus mettra encore un mois à s'achever, la reddition des combattants d'Al-Qaida dans le complexe montagneux de Tora Bora survenant à la mi-décembre. Toutefois, l'anéantissement du sanctuaire afghan d'Al-Qaida ne marque qu'une étape, cruciale il est vrai, de la lutte que Washington entend mener contre le terrorisme international.

  • Dossiers Art et Culture
    • Le journal du cinéma

      La grande surprise vient du triomphe inespéré du film de Jean-Pierre Jeunet, le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, œuvre intimiste, mais qui se trouve en phase avec une attente du public, celle de voir un cinéma en liberté loin de toute langue de bois. Le film de cet ex-court-métragiste est en passe de devenir, même devant Astérix et Obélix, le film de langue française le plus vu de tous les temps.

    • L'année littéraire

      Enfin les dernières bouffées millénaristes se manifestaient dans les nombreux tableaux angoissants de la psyché individuelle (à défaut de s'efforcer de peindre comme dans des temps révolus l'entier d'une société). Vint la tentative de lancer de nouveau le brûlot Houellebecq (Plateforme). De fait, le livre se vendit bien. Le tourisme sexuel en terre exotique et la pédophilie constituaient des thèmes dits « porteurs », mais la critique, cette fois, fut plus réticente, soulignant parfois l'indigence de la forme, voire le venin des idées. Éclata alors, au mois de septembre, le tonnerre d'un désastre imprévisible qui occulta les effets et les noirceurs de la fiction. Personne n'avait imaginé l'Amérique agressée au cœur de sa puissance. On se mit à chercher dans les livres les allusions prophétiques à ce terrible attentat, on voulut savoir qui étaient les assassins, de quelle guerre nouvelle il s'agissait... Les choix de lectures et l'appréciation des textes s'en trouvèrent assurément modifiés. Mais nul ne sait si l'effet sera durable.

    • Le journal des expositions

      Le repli sécuritaire de certains collectionneurs, publics ou privés, et, plus encore, le coût exponentiel des assurances pèsent aujourd'hui, plus qu'hier, sur le montage financier de la moindre exposition. Sera-t-il encore possible de monter des grandes rétrospectives ? On est en droit de se poser la question au moment où de nombreux commissaires d'exposition se voient de plus en plus contraints de faire des coupes draconiennes dans la sélection des œuvres.

    • 2001, année du « bel canto »

      Le monde entier aura donc célébré Verdi, de l'Italie, sa terre natale, jusqu'aux antipodes, l'Australie notamment. La France, à laquelle il donna quelques ouvrages en primeur, n'aura pas été en reste. Ainsi, les Chorégies d'Orange lui auront été entièrement consacrées, et pour lui seul auront dépassé leur périodicité habituelle, s'étendant sur deux mois entiers avec trois opéras donnés deux fois, Aïda, Rigoletto et Don Carlo, mais aussi avec la Messe de requiem et des récitals. Une programmation qui aura attiré plus de 100 000 aficionados, un peu plus que l'Aïda du grand Stade de France, avec 75 000 spectateurs. Confié à une jeune équipe faisant ses débuts en ce lieu mythique, ce Rigoletto aura permis au jeune chef italien Marco Guidarini et au metteur en scène français Paul-Émile Fourny de s'imposer.

    • Théâtre 2001, une année de transition

      Plan Vigipirate ou non, le public a continué à se rendre dans les théâtres, toujours aussi nombreux. Si quelques salles ont subi durant les mois de septembre et d'octobre une baisse de fréquentation, cela tient essentiellement au fait que les radios et les télévisions, occupées par les frappes américaines sur l'Afghanistan, ont renoncé à nombre de reportages culturels, privant du même coup les créations de toute publicité.

  • Sports et Résultats
    • Une saison d'émotion

      C'est un destin tragique. Une histoire à faire pleurer. Une trajectoire émouvante comme seul, peut-être, le sport sait en générer. Sacrée championne du monde de Super-G en février 2001, Régine Cavagnoud avait enthousiasmé les amateurs de ski alpin par son courage, sa ténacité, son inébranlable volonté pourtant longtemps contrariée par de vilaines blessures. Neuf mois plus tard, sa mort, sur la piste d'entraînement d'un glacier autrichien, a bouleversé la France entière.

    • Disciplines

      Deux ans après des Mondiaux sévillans entachés par des scandales majeurs liés au dopage (Merlene Ottey, Linford Christie, Javier Sotomayor), les Championnats du monde d'Edmonton auraient dû se dérouler dans une atmosphère plus sereine. La régularité des contrôles, l'exemplarité des sanctions, la prise de conscience de la gravité du mal par les instances internationales semblaient en effet avoir contribué à faire reculer le spectre du fléau.

    • Résultats

      100 m 1. M. Greene (É-U) 9″ 82 2. T. Montgomery (É-U) 3. B. Williams (É-U)

  • Statistiques
  • Nécrologie

    Albicocco (Jean-Gabriel)Réalisateur de cinéma français Cannes, 15 février 1936 Rio de Janeiro, 10 avril 2001 Fils d'un chef opérateur, assistant de Jules Dassin, il réalise son premier long-métrage, la Fille aux yeux d'or, en 1961, avec Marie Laforêt, qu'il épouse la même année. Il connaîtra un autre succès en 1967 avec l'adaptation du roman d'Alain-Fournier, le Grand Meaulnes. Il se consacre ensuite à la promotion du cinéma français d'auteur, notamment au Brésil.