Parallèlement au retour à l'ordre, les autorités mettent en place l'après - Bani Sadr. Conformément à la Constitution iranienne, le président déchu est remplacé par le Conseil provisoire de la présidence, composé du Premier ministre, du président du Parlement et du président de la Cour suprême, en l'occurrence les trois principaux adversaires politiques de Bani Sadr : Mohamed Ali Radjaï, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani et Mohamed Behechti. Le premier tour des élections présidentielles est fixé au 24 juillet. Rien ne semble plus devoir s'opposer au pouvoir sans partage des religieux du PRI.
Pourtant, tout est remis en cause le 28 juin avec l'attentat de Téhéran, au siège du PRI, qui fait 72 morts, dont l'ayatollah Behechti, numéro deux du régime islamique, l'hodjatoleslam Montazeri, chef de file de l'aile radicale du clergé, quatre ministres, six vice-ministres et une vingtaine de députés, tous membres du PRI. Mettant à profit l'émotion populaire suscitée par ce véritable carnage, attribué officiellement aux agents de l'étranger, l'imam Khomeiny agit rapidement pour assurer la continuité des institutions. L'ayatollah Ardabeli, un des cofondateurs du PRI, ancien procureur de la République, est nommé le 30 juin président de la Cour suprême, et l'un des proches de l'imam, le ministre de l'Éducation, Bahonar, est désigné à la tête du parti. Les centaines de milliers d'Iraniens qui accompagnent les dépouilles des 72 martyrs au cimetière de Behechte Zahra montrent que les religieux disposent toujours de l'appui des mostazafin (les déshérités), qui constituent l'essentiel de leur base populaire. Ils devront cependant faire face désormais au défi du terrorisme, qu'ils ont eux-mêmes suscité en privant leurs adversaires de tout autre moyen d'expression.
Iraq
Bagdad. 12 770 000. 29. *3,4 %.
Économie. PIB (75) 1 226. Productions (75) : A 7 + I 65 + S 28. Énerg. (76) : 725. CE (75) : 61 %.
Transports. (76) : 797 M pass./km, 2 254 Mt/km. (*77) : 150 400 + 74 500. : 1 306 000 tjb. (77) : 1 147 M pass./km.
Information. (75) : 7 quotidiens. (75) : *1 252 000. (76) : *425 000. (74) : *54 000 fauteuils. (76) : 320 000.
Santé. (76) : 4 547. Mté inf. (75) : 33,1.
Éducation. (76). Prim. : 1 952 340. Sec. et techn. : 600 007. Sup. (75) : 86 111.
Armée. : 222 000.
Institutions. État indépendant le 4 octobre 1932. République proclamée le 14 juillet 1958. Constitution provisoire du 16 juillet 1970, amendée le 13 juillet 1973. Président de la République et Premier ministre : Saddam Hussein ; succède, le 16 juillet 1979, à Ahmed Hassan el-Bakr, démissionnaire.
La guerre contre l'Iran accélère le rapprochement avec l'Occident
Mettant fin à une brouille de plus d'une vingtaine d'années, le président Saddam Hussein se rend, le 5 août 1980, à Taef, où il est reçu par le roi Khaled d'Arabie Saoudite. Cette visite, qui précède de peu la rupture des relations avec Damas le 18 du même mois, consacre la nouvelle orientation de la diplomatie iraqienne, tournée désormais vers les pays arabes dits conservateurs, avec à leur tête l'Arabie Saoudite et la Jordanie.
Officiellement, rien n'a transpiré des entretiens de Taef, mais il est probable que le souverain wahabite, qui partage les préoccupations de l'Iraq à l'égard du régime de Téhéran (Journal de l'année 1979-80), a donné au président Saddam Hussein son feu vert pour une action qui devait aboutir, le 22 septembre, à une guerre ouverte entre l'Iraq et l'Iran.
Mal renseigné par les représentants de l'opposition iranienne réfugiés à Bagdad, le chef de l'État iraqien escomptait de toute évidence remporter une victoire militaire rapide contre un régime présenté comme chancelant. Le faux calcul du président Saddam Hussein est d'autant plus inattendu que ce dernier avait dans le passé toujours bien pesé ses initiatives.
Sur le plan militaire, le mythe de l'Iraq nouveau gendarme du Golfe a été sérieusement ébranlé par l'enlisement de l'armée au Khouzistan. Incapable de régler par les armes son différend avec Téhéran, le président Saddam Hussein cherche une issue honorable, que les dirigeants iraniens refusent de lui accorder avec l'espoir que le régime baassiste ne survivra pas à une guerre d'usure prolongée.
Prêt
L'Iraq, qui a dû suspendre une partie substantielle de ses exportations de pétrole, est contraint de réviser ses projets de développement économique. Les revenus pétroliers devaient atteindre, en 1980, le chiffre record de 150 milliards de F, permettant au régime non seulement d'améliorer les conditions d'existence de la population, mais également de jouer un rôle politique important dans le monde arabe et auprès des pays sous-développés.