Ça c'est passé le
Pologne.
Léopold Trepper, autorisé à quitter Varsovie, gagne Londres.
Léopold Trepper, autorisé à quitter Varsovie, gagne Londres.
Réduction immédiate de 25 % de la production de pétrole, décident les membres de l'OPAEP.
Bien entendu, c'est l'aggravation de la maladie du président de la République qui, tout au long du dernier semestre de 1973 et du premier trimestre de 1974, explique l'atonie du pouvoir ; et c'est la mort de Georges Pompidou, le 2 avril 1974, qui donne le signal de l'effervescence et du bouleversement. Pourtant la santé du chef de l'État n'est pas la seule cause de la monotonie quiète ou inquiète des neuf premiers mois, si sa brusque disparition se trouve naturellement à l'origine des rebondissements qui suivent. D'autres raisons, de circonstances et d'hommes, ont joué, qui ont pesé d'un poids non négligeable sur l'évolution de la situation et sur son dénouement.
En franchissant le canal de Suez le 6 octobre 1973, au milieu de l'après-midi, les forces armées égyptiennes ne relancent pas seulement l'interminable conflit israélo-arabe : elles ouvrent un affrontement bien plus vaste encore (économique celui-là) entre les pays producteurs et les pays consommateurs de pétrole ; plus généralement même, elles conduisent à briser, au profit des seconds, la prédominance de toujours des pays industrialisés sur les pays du tiers monde, riches seulement de matières premières.
Quelque chose s'est déchiré dans l'économie mondiale en 1973-74. On ne peut rien comprendre à la situation de la France pendant cette période, si l'on ne considère pas le paysage international dans lequel elle a vécu. La crise du pétrole a brusquement concrétisé des craintes latentes depuis quelques années.
Les activités des entreprises mécaniques et transformatrices des métaux (EMTM) continuent sur leur lancée de 1973 à se maintenir à un haut niveau de production au cours du premier trimestre de l'année 1974.
Des mesures immédiates réalistes, des projets à moyen terme ambitieux : c'est ainsi que le Premier ministre devait présenter le plan social du 19 juin 1974, venu compléter et contrebalancer les mesures économiques de lutte contre l'inflation du 12 juin. Plus que d'un habituel train de mesures sociales, il s'agit, selon Jacques Chirac, d'un « premier pas » dans l'engagement d'un « processus de transformation des conditions sociales ».
Pour la quatrième année consécutive, la balance commerciale française a, en 1973, dégagé un solde positif. L'excédent, mesuré à partir des importations et exportations toutes zones exprimées FOB (or industriel et matériel militaire inclus), est important : 7 milliards de francs. Sur cette base, les importations (155,5 milliards) ont été couvertes par les exportations (162,5 milliards) à 104,5 %. Par rapport à 1972, la progression des achats (+ 22,7 %) a été légèrement plus forte que celle des ventes (+ 21,8 %).
Le budget de l'État subit les contrecoups d'une conjoncture mouvementée en 1973-74. Comment n'aurait-il pas été affecté tant par la recrudescence de l'inflation que par les menaces de récession liées à la crise pétrolière, sans parler du changement intervenu à la tête de l'État ?
La Bourse de Paris retrouve au printemps 1973 le lustre du début des années 1960 : l'indice général de la Compagnie des agents de change se situe de nouveau au-dessus de 100, sa base de fin 1961 ; le volume des transactions, étoffé par les achats de l'étranger, s'établit à des niveaux records ; le culte de la croissance pour la croissance est à son apogée, même si certaines questions commencent à se poser.
La réforme régionale, sur laquelle le général de Gaulle avait livré et perdu sa dernière bataille (Journal de l'année 1968-69), a finalement connu un timide démarrage au début de 1974.
En autorisant la campagne de tirs nucléaires prévue dans le Pacifique, malgré de nombreuses protestations tant en France que parmi les riverains, Georges Pompidou avait manifesté sa volonté de voir la mise au point et la modernisation de l'arsenal nucléaire demeurer un objectif prioritaire sous la Ve République. Cinq explosions (les 21 et 28 juillet, les 19, 25 et 28 août 1973) ont lieu après que les autorités françaises aient pris des mesures juridiques pour expulser, le cas échéant, des bateaux étrangers de la zone de Mururoa (Polynésie française). Pour la première fois en huit ans, depuis que des essais sont organisés sur des atolls du Pacifique, la France s'accorde le droit d'intervenir contre des bâtiments jugés contrevenants à l'intérieur d'une zone interdite.
La loi d'orientation du commerce et de l'artisanat, dite loi Royer, du 27 décembre 1973, a été publiée au Journal officiel du 30 décembre. Elle comporte 65 articles, qui s'articulent autour des grandes lignes suivantes :
C'est le président Nixon qui avait annoncé que 1973 serait « l'année de l'Europe ». Elle le fut, en effet, mais pas du tout au sens d'une année faste pour l'unification européenne ; ni même au sens où l'entendait sans doute le président des États-Unis, c'est-à-dire une année durant laquelle il aurait consacré l'essentiel de ses efforts à redéfinir les rapports entre le Nouveau et le Vieux Continent, après avoir réglé (pour son compte) le problème du Viêt-nam et fondé sur des bases nouvelles ses relations avec la Chine et l'Union soviétique.
À plus d'un égard, la quatrième guerre israélo-arabe (6-22 octobre) se distingue des trois précédentes, celles de 1948, 1956 et 1967. Elle constitue un tournant majeur dans le conflit du Moyen-Orient, puisqu'elle débouche, pour la première fois en un demi-siècle, sur l'ouverture d'une conférence de la paix.
Alger. 15 270 000. 7. 3,5 %. Économie. PNB (69) 288. Production (*71) : A (*71) 107. Énerg. (*71) : 492. C.E. (69) : 23 %. Transports. (*71) : 1 097 M pass./km, 1 333 M t/km. (70) : 137 200 + 106 200. (*71) : 519 M pass./km. Information. (70) : 4 quotidiens ; tirage global : 275 000. (70) : *700 000. (70) : *100 000. (70) : 184 000 fauteuils ; fréquentation : 89,3 M. (71) : 199 000. Santé. (69) : 1 698. Mté inf. (65) : 86,3. Éducation. (68). Prim. : 1 585 682. Sec. et techn. : 177 382. Sup. : 10 681. Institutions. État indépendant le 3 juillet 1962. République proclamée le 25 septembre 1962. Constitution de 1963. Président du Conseil de la révolution et chef de l'exécutif : colonel Houari Boumediene, auteur du coup d'État qui renverse Ben Bella le 19 juin 1965.
Ottawa. 21 850 000. 2. 1,6 %. Économie. PNB (71) 4 301. Production (71) : G 151 + A *112 + I 159. Énerg. (*71) : 3 167. C.E. (71) : 19 %. Transports. (*71) : 3 518 M pass./km, 173 094 Mt/km. (*71) : 6 967 200 + 1 856 000. : 2 381 000 tjb. (*71) : 7 051 M pass./km. Information. (71) : 115 quotidiens ; tirage global : 4 605 000. (71) : *16 850 000. (71) : *7 610 000. (69) : fréquentation : 78,9 M. (71) : 10 253 000. Santé. (70) : 31 166. Mté inf. (70) : 19. Éducation. (69). Prim. : 3 841 040. Sec. et techn. : 1 812 871. Sup. : 562 648. Institutions. État fédéral indépendant en 1931 (Statut de Westminster). Constitution de 1867. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : Jules Léger. Premier ministre : Pierre Elliott Trudeau.
Kaboul. 17 880 000. 27. 2,3 %. Économie. PNB (63) 60. Production (*71) : A 109. Énerg. (*71) : 27. Transports. (69) : 30 800 + 18 200. (*71) : 166 M pass./km. Information. (70) : 18 quotidiens ; tirage global : 101 000. (68) : *248 000. (70) : 12 000 fauteuils ; fréquentation : 19,2 M. (71) : 21 000. Santé. (71) : 937. Éducation. (70). Prim. : 540 687. Sec. et techn. : 121 699. Sup. : 7 397. Institutions. État indépendant depuis 1921. Un coup d'État militaire, le 17 juillet 1973, dirigé par le général Sadar Mohamed Daoud Khan renverse le roi Mohamed Zahir Chah, son cousin et beau-frère. La république est proclamée, la Constitution de 1965 est abolie, le Parlement dissous. Chef de l'État : Sadar Mohamed Daoud Khan.
Tirana. 2 290 000. 80. 3 %. Économie. Production (69) : G 168 + I 195. Énerg. (*71) : 631. Information. (71) : 2 quotidiens ; tirage global : 105 000. (71) : *165 000. (71) : *2 500. (69) : 23 700 fauteuils ; fréquentation : 8,4 M. Santé. (67) : 1 157. Mté inf. (65) : 87. Éducation. (69). Prim. : 506 683. Sec. et techn. : 58 900. Sup. : 23 180. Institutions. République populaire, proclamée le 11 janvier 1946. Constitution de 1946. Président du présidium : major général Hadji Lleshi, élu en 1953. Président du Conseil : colonel général Mehmet Chehou. Premier secrétaire du parti : général Enver Hodja.
Canberra. 12 960 000. 2. 1,9 %. Économie. PNB (70) 2 916. Production : G (70) 144 + A (*71) 121 + I (71) 145. Énerg. (*71) : 5 359. C.E. (70) : 13 %. Transports. (*71) : 25 187 M t/km. (*71) : 3 993 900 + 965 100. : 1 184 000 tjb. (*71) : 4 190 M pass./km. Information. (70) : 58 quotidiens ; tirage global : 4 028 000. (71) : 2 699 000. (70) : 2 845 000. (69) : 471 000 fauteuils ; fréquentation : 32 M. (71) : 4 157 000. Santé. (66) : 13 967. Mté inf. (71) : 17. Éducation. (68). Prim. : 1 768 060. Sec. et techn. : 1 080 524. Sup. : 164 528. Institutions. Fédération de 6 États (Commonwealth of Australia), indépendante le 1er janvier 1901. Constitution de 1901. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : sir Paul Hasluck. Premier ministre : Gough Whitlam.
Il y a un décalage auquel un lecteur qui prend connaissance d'affilée des différentes chroniques du Journal de l'année doit être particulièrement sensible : c'est l'impression que dans celle-ci, consacrée à la littérature générale, les choses ne vont pas au même rythme. Nous assistons à la fois, semble-t-il, à une accélération de l'histoire et à un ralentissement de la littérature : c'est pourquoi il est si difficile de trouver et de définir une littérature pour l'homme d'aujourd'hui.
Un point de non-retour, une étape importante vient d'être franchie. Pour la première fois, en matière de logement comme de cadre de vie, le qualitatif prend le pas sur le quantitatif. Sans doute paraît-il difficile de redresser certaines orientations déjà anciennes comme la politique des villes nouvelles, décevantes à bien des égards, ou la dégradation de l'urbanisme parisien.
L'art d'aujourd'hui se placerait-il sous le patronage de Descartes ? Après avoir bruyamment proclamé leur volonté de changer la vie, peintres et sculpteurs semblent avoir pris le parti de modifier, plus que l'ordre du monde, leurs techniques, sinon leur désir. Préface à l'année artistique, la Biennale de Paris a mis en évidence un retour de l'artiste sur soi et sur ses moyens spécifiques d'expression : d'où un refus très net des machines et des œuvres technologiques, un intérêt particulièrement vif pour les précurseurs (les grandes rétrospectives Braque, Gris, Munch, ou l'exposition consacrée au futurisme) ou les formes spontanées et aléatoires de l'art (assemblages de Dubuffet, organisations du process art). Jusqu'aux réalistes, plus ou moins au-delà de la réalité, qui voient réapparaître, à travers les formes neutres d'un pneumatique ou d'une machine à coudre, ces mouvements indéfinissables annonciateurs de la conscience.
Si l'on se fondait sur la feuille des recettes, qui est au théâtre ce qu'est la liste des best-sellers pour les livres, on jouerait une fois de plus le Boulevard gagnant. La cage aux folles, de Jean Poiret, détient pour cette année encore le record de fréquentation, suivie de peu par Le tournant de Françoise Dorin, La valse des toréadors de Jean Anouilh, dont la reprise bénéficie du numéro de Louis de Funès, et Une rose au petit déjeuner des inusables Barrillet et Grédy.
Les métaux dits de transition, parce qu'ils possèdent une couche électronique incomplète, se lient facilement à des corps pouvant leur donner des électrons. Avec des molécules organiques, ils forment des complexes dits organométalliques. Certains de ceux-ci existent dans la nature, comme l'hémoglobine, qui contient un atome de fer, ou la vitamine B12, qui contient un atome de cobalt. Les lauréats du prix de chimie ont découvert un grand nombre de combinaisons nouvelles des métaux de transition, tels les composés sandwich, dans lesquels un atome de fer est pris entre deux molécules organiques en forme de cycles, ou les composés stables de carbènes, molécules carbonées qui jusqu'alors n'étaient connues qu'à l'état fugace. Ces travaux ont jeté un pont entre les deux branches traditionnelles de la chimie (organique et minérale) et ouvert la voie à d'importantes applications, notamment en catalyse.
Le pape Paul VI inaugure, le 10 décembre 1973, dans la basilique Saint-Jean de Latran, l'Année sainte du diocèse de Rome. De la même manière, l'Année sainte, proclamée pour 1975, est anticipée dès la fin de 1973 dans tous les diocèses du monde afin que tous les fidèles puissent participer à sa préparation et en recueillir les fruits.
L'agitation dans les lycées, le malaise des professeurs, le désarroi des parents d'élèves ont mis en lumière depuis deux ans la crise de l'institution scolaire.
Personne ne se doute, à l'ouverture du 60e Salon de l'automobile (4-14 octobre 1973), de la crise pétrolière, aussi grave que soudaine, qui viendra quelques semaines plus tard frapper l'économie occidentale. Malgré une année faste (le secteur de l'automobile dépasse, depuis 1972, les prévisions du VIe Plan avec un solde bénéficiaire en devises de 7,7 milliards), les constructeurs ne se sont pas laissé aller, en 1973, à une euphorie débordante, et leur créativité a été fort modeste. L'évolution des impératifs de sécurité et d'antipollution, différente selon les pays, rend de plus en plus difficile la conception d'un véhicule exportable universellement. L'augmentation du prix des voitures n'a pas suivi celle de l'acier et des salaires. Enfin, la limitation généralisée des vitesses risque de modifier complètement le cahier des charges des nouvelles automobiles. Dans ces conditions, le lancement d'un véhicule inédit (nécessitant d'énormes investissements) serait de la plus grande imprudence.
Sans démonstration tapageuse, les organisations de défense des consommateurs progressent lentement, au cours des douze derniers mois. Cependant, faute de moyens en hommes et en argent, elles ne peuvent organiser un second Salon international.
« Vers les années 1990-2000, la structure économique et sociale et les institutions semblent très menacées. L'avenir apparaît plus que jamais incertain. On peut se demander alors comment l'État parviendra à assurer la permanence du système socio-économique et politique, et même si cela sera possible. »
Susceptible quant à son indépendance, inquiète quant à ses impératifs économiques, la presse ne connaît pas, au cours de cette année 1973-74, de drames qui révèlent aux feux de l'actualité l'instabilité de sa situation dans la société moderne. Par contre, elle doit faire face à des conflits dont l'issue ne sera pas sans effet sur son avenir.
L'affaire éclate le 20 août 1973, à la suite d'une enquête ordonnée par le ministère de l'Économie et des Finances. Près de 20 000 hectolitres de vin ont été trafiqués. Comment et pourquoi ? À première vue, c'est très simple : le vin de Bordeaux se vend très bien, en France et à l'étranger : 400 millions de bouteilles commercialisées chaque année pour un chiffre d'affaires d'un milliard et demi de francs. Certains négociants (ils sont 350 sur la place de Bordeaux) auraient cédé à la tentation de couper du bordeaux d'origine avec un vin de qualité ordinaire, pour le vendre sous l'étiquette AOC (appellation d'origine contrôlée).
La mode de printemps pétille comme un champagne de bonne cuvée. La silhouette est fluide, l'ourlet au mollet, comme en hiver. Un sujet de curiosité et de commentaires : le style des années 30, remarquablement interprété par Saint-Laurent pour habiller Arlette Stavisky (Anny Duperey) dans le film d'Alain Resnais. Renards blancs et paillettes, crêpe de Chine et sautoirs de perles, tailleur bien épaulé, blouse de soie, voilette de charme ; à quarante ans de distance, ce raffinement est toujours séducteur. Saint-Laurent dessine quelques vêtements d'une élégance rationnelle, pour aujourd'hui et pour demain, laissant à ses concurrents le flou, les volants et les fronces. Louis Féraud joue sur le cœur, qu'il pose sur des mousselines pastels, des robes ailées qu'un souffle efface et recompose. Ungaro impose le mouvement : ampleur en rondeur, plissés superposés qui s'animent au moindre geste, dans une palette ensoleillée, rose, jaune, orangé : « J'aimerais, a-t-il dit, que mes robes aident les femmes à se sentir gaies, libres, conquérantes... » Moins expansif, un uniforme s'ébauche : la robe chemisier à col cravate, manches longues et plis piqués, accompagnée d'un manteau assorti ou d'une veste. C'est peut-être la seule nuance d'austérité d'une mode menacée par les changements.
Alors que le pactole qui irrigue les courses par le canal du tiercé paraissait en voie de tarissement l'année dernière (Journal de l'année 1972-73), le montant des jeux progresse, en 1973-74, d'une façon spectaculaire : de 10 à 15 %. Et ce phénomène, qui n'est pas lié à une spécialité (la progression est de 14,70 % lors du meeting hivernal de trot, mais elle ne décroît pas avec l'obstacle) tend à s'instaurer définitivement. Ce qui permet aux sociétés de courses de ne pas trop regretter l'opposition gouvernementale au relèvement de la mise minimale. En proposant que celle-ci soit portée de 3 à 5 francs, elles espèrent trouver les ressources nécessaires pour faire face à la montée des prix de revient et à leurs charges, qui sont d'année en année plus lourdes. Mais cette mesure est jugée inopportune dans le contexte d'inflation qui marque l'année.
100 mètres : 1. Échevin 10″ 5 ; 2. Sainte-Rose 10″ 5 ; 3. Rechal 10″ 5.
Bud ABBOT (78 ans), acteur comique américain ; Woodlands Hill (Californie), le 25-IV-74.
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